Dorothée Moisan

Qui, en rédigeant sa liste de courses, fait le lien entre son stylo-bille et le réchauffement climatique? Peu de gens à coup sûr. Pourtant, nos placards sont remplis de pétrole. Car 99% du plastique contenu dans notre cafetière, no vêtements ou notre brosse à dent sont issus des énergies fossiles.

Si tout le monde est concerné, certaines populations sont plus fortement exposées aux dangers du plastique et de ses additifs, en amont et en aval de cette phase d'utilisation. En première ligne, il y a les riverains des sites d'extraction, des usines de production, des décharges et des incinérateurs, mais aussi les travailleurs du plastique, les pompiers ou les ramasseurs de déchets.

a la fin des années 1990, on découvre le gyre de déchets de l'océan Pacifique, une gigantesque étendue de débris plastiques. Dans cette immense soupe, des millions de sacs plastiques.

"On est dans le jeu de la rencontre et de l'hybridation depuis toujours, observe-t-il. De tout temps, les plantes ont voyagé, certaines espèces ne pouvant même subsister que si elles passent par l'estomac d'un animal dans lequel elles voyagent." Le discours qui vise à user de violence contre les invasives l'exaspère : "Si aujourd'hui, on refuse les espèces qui s'installent chez nous parce que le climat leur devient favorable et que simultanément les espèces autochtones disparaissent à cause du changement climatique, il va rester quoi ? Rien." Il préfère attendre la réponse du milieu et l'émergence d'un nouvel écosystème.

Gilles Clément

C'est une histoire très intéressante qui dit beaucoup de la nature humaine et montre aux activistes ce qu'il faut faire pour être efficace. Cela a été une leçon pour nous : on doit trouver quelqu'un de très haut placé et faire de lui un héros. Il est plus efficace d'avoir l'oreille de la bonne personne que d'essayer de conscientiser le public. p231

...on découvre qu'en 2019, la production, l'élimination et l'incinération des matières plastiques ont généré 860 millions de tonnes de gaz à effet de serre, soit les émissions de 189 centrales à charbon, les plus polluantes au monde. Si l'on maintient le rythme actuel, ce sera l'équivalent de 295 centrales à charbon en 2030 et de 619 en 2050. p29 (Source : Centre pour le droit international de l'environnement, Plastic & Climate : The hiden Costs of Plastic Planet, mai 2019)

"Si vous ne dites pas aux gens comment on peut réussir, on n'y arrivera pas... Moi. j'ai besoin de me projeter, de me motiver."
Dès cette époque, Anne développe le prototype d'une de ses armes d'écoptimisme massif : savoir, mais pas trop. "Si je m'en tiens au constat, je déprime, et quand je suis déprimée, je ne peux plus rien faire, je perds toute créativité." Et ça, pas question. "La seule énergie qui compte, c'est l'action." Se tourner vers l'avenir et échafauder des solutions. Résultat : Anne a cessé de tout lire. Elle balaie les titres et parcourt en diagonale les articles importants. "C'est ma protection. Dès que je sens que ça fait monter une angoisse, j'arrête. Cela veut dire que j'ai atteint ma jauge limite."

Anne de Béthencourt

Contrairement aux idées reçues, la survivant des êtres vivants doit plus à la coopération qu'à la compétition : "L'exploit du libéralisme et du capitalisme a été de nous faire croire que la compétition, l'agression et l'individualisme étaient les modes d'organisation naturels et spontanés du monde vivant." [L'entraide, l'autre loi de la jungle, Pablo Servigne] Mais c'est faux. Pour le chroniqueur [Guillaume Meurice], "le meilleur moyen de s'en sortir, c'est de créer du lien entre nous. Si on disparaît, on disparaîtra tous ensemble."

"J'étudie un monde qui est en voie d'extermination, c'est facile de se dire "je baisse les bras", beaucoup moins de se lever le matin et de se dire "je vais tout déchirer. Le meilleur remède à l'anxiété climatique, c'est l'action. Quelle qu'elle soit. Et ce n'est pas en déprimant qu'on va y arriver. Si tu dézoomes un peu dans la vie de l'humanité, on est face à un moment extraordinaire : la survie de notre civilisation est menacée, mais nous avons aussi cette chance de pouvoir la sauver. "

Heïdi Sevestre

Ce qui le rend fier, ce sont moins ses exploits que la conscience d'avoir suivi "la même intention, comme fil rouge" depuis quinze ans : " Trouver une meilleure manière de vivre sur cette planète, avec une empreinte positive." Positive, carrément ? "Oui, je trouve ça triste de vouloir "limiter l'empreinte négative" des humains : ça voudrait dire qu'on est négatifs. Mais on est comme les autres espèces vivantes, et on construit avec elles."

Corentin de Chatelperron