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Citations de Dorothy Marie Johnson (56)


Il se redressa et cala son dos avant d'écrire sur une page blanche :

Novembre 1868. Je m'appelle Edward Morgan, j'ai vingt ans. Je voyageais avec un groupe de Crows amicaux quand nous avons été attaqués par des Cheyennes. J'ai été séparé des autres et, en traversant un ruisseau, mon cheval est tombé sur moi, brisant sa jambe et la mienne. J'ai fait de mon mieux. Veuillez prévenir...

Il raya les deux derniers mots. Ils étaient trop brutaux. Il s'était apprêté à écrire : Veuillez prévenir Mlle Victoria Willis qu'Edward Morgan ne pourra pas rentrer pour l'épouser parce qu'il est mort de faim et de froid sous les racines d'un arbre quelque part dans le Territoire du Montana. Non, il pouvait procéder avec plus de douceur.
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Il avait prévu l'heure de sa mort, mais pas la manière dont elle arriverait. Il avait entendu le sifflement des balles, senti les vibrations des flèches cheyennes, hurlé sous les griffes du grizzly - autant d'éventualités qu'un homme menant la vie qu'il avait menée se devait d'envisager. Et il faut bien mourir un jour.
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L'accueil du fusil, l'ancien signe de paix, ne rimait à rien en ces temps modernes. Quand Bije était jeune et que le fusil était un Hawken à pierre, le coup de feu de bienvenue le vidait et devenait une preuve de bonne volonté. Aujourd'hui, il avait un Henry, avec cinq cartouches qui restaient dans le magasin. Le salut n'était qu'un mensonge. Bije avait connu pas mal de mensonges au cours de sa vie.
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Juste avant de plonger dans le camp des chercheurs d’or de Skull Creek, la route enjambait le sommet d’une colline aride et passait sous la branche horizontale d’un grand peuplier de Virginie.

Une courte longueur de corde, récemment coupée, pendait à la branche et se balançait dans le vent lorsque Joe Frail emprunta cette route pour la première fois, à pied, en menant son cheval bâté par la bride. Le camp n’avait que quelques mois d’existence, mais on avait déjà pendu quelqu’un, sans doute à juste titre. Les prospecteurs, en général, s’intéressaient plus à l’or qu’aux pendaisons. Quand Joe Frail leva les yeux vers la corde, ses muscles se contractèrent, car il se rappelait la malédiction qui pesait sur lui.
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- Y a un fusil pointé sur toi, vieux, a lancé un type. Approche-toi de la lumière, les mains en l'air.
C'était pas le moment d'enfiler mes bottes. J'ai obéi.
- T'es là depuis combien de temps ? a demandé un homme avec une moustache noire.
Ils étaient quatre. Tous armés.
- Combien de temps, on s'en fiche, a repris un barbu. Ou bien il est avec nous, ou bien il est mort.
- Je suis avec vous, j'ai répondu. C'est qui, vous ?
Le barbu a froncé les sourcils.
- T'as déjà convoyé du bétail en participation ?
- Juste contre un salaire. Je suis un cow-boy pas fainéant qui cherche une occasion.
- Elle vient de te trouver, a-t-il déclaré. On t'appelle comment ?
- Duke, j'ai fait.
- Certainement pas, a-t-il dit. Duke, c'est moi.
Il m'a regardé d'un sale œil à la lueur du feu et il a ajouté :
- Toi, tu t'appelles Leather.
- Ça m'étonnerait, j'ai répliqué. Je suis pas un dur à cuire. J'ai une peau tout à fait normale.
Brusquement, j'ai compris qui était Duke. Tout le monde le connaissait - c'était un des meneurs du Rough String. En fait, j'avais choisi de m'appeler Duke, peu de temps auparavant, à cause de la réputation qui entourait ce nom. J'ai ajouté poliment :
- Si tu le dis... Je m'appelle Leather.
- Allez chercher les bottes de Leather, a ordonné Duke. Servez une tasse de café à Leather.
C'est comme ça que j'ai changé de nom. Et c'est comme ça que je suis devenu un bandit. Pas plus compliqué que ça. Je me suis endormi honnête et fauché. Je me suis réveillé hors-la-loi et toujours fauché. Et incompris de tous.
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Une poignée d'or ne peut pas rembourser la bonté, pas plus qu'on ne peut soustraire trois cochons de cinq pommes.
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Nous découvrîmes des ossements patinés par le temps près d'une petite source. Ils avaient une aura mystérieuse, ces ossements humains inconnus sur lesquels nous étions brusquement tombés. Je sentis la mort, cette compagne familière, me frôler le dos.
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L'un dans l'autre j'étais devenu un type plutôt bien depuis que j'étais un mauvais sujet.
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La quête du rêve était nécessaire au guerrier, mais elle constituait un sujet d'inquiétude pour ceux qui restaient au camp et pensaient à lui en ces heures de souffrances et de crainte mystique.
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Elle est dans l'album de famille. Elle n'a pas besoin d’être dans le caveau familial.
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Les sœurs Harris furent vendues à deux reprises. La seconde fois, elles furent achetées par un guerrier sioux appelé Runs Buffalo, dont le peuple migrait loin vers l’ouest. Blue Jay n’eut jamais à affronter la défaite chez les Indiens. L’enfant, qui s’était fait un nom par son bagout furieux, jouit des privilèges accordés aux petites filles. On prenait soin d’elle, on la nourrissait, on lui accordait plus d’indépendance et on la grondait moins qu’au temps de la cabane qui avait brûlé. Comme les autres Indiennes de son âge, elle était plus libre que les garçons. Ses responsabilités ne débuteraient pas avant trois ou quatre ans. Le moment venu, on lui enseignerait le lent et patient travail des femmes, et elle se préparerait à être une épouse utile. Mais puisqu’elle était encore une enfant, elle pouvait jouer.
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Cela se passait avant que Crawford ne devienne une légende, et après qu'il eut cessé d'en être une, si l'on peut dire. Il était comme un dieu déchu. Il s'était couvert de gloire et avait trinqué avec ses pairs, il avait pris tous les risques et connu la souffrance, il avait gagné et perdu. Mais ses pairs étaient morts. Les chariots des émigrants avaient suivi vers l'ouest des pistes qu'il avait involontairement aidé à tracer, et tandis que la frontière se déplaçait toujours plus avant, des colonies s'étaient développées là où ses feux de camp n'avaient illuminé que la nuit vaste et silencieuse.
Quand il disparut, les historiens ressuscitèrent les légendes et se rendirent compte que la plupart d'entre elles étaient vraies. Il avait tendu des pièges pour attraper des castors et échanger leurs fourrures. Il avait vécu avec les Indiens et s'était battu contre eux. Il avait descendu l'impétueux fleuve Missouri et la Roche Jaune, ou Yellowstone, il avait vu une montagne de verre noir et l'endroit où l'enfer remonte à la surface de la terre, faisant jaillir de l'eau bouillante vers le ciel. Il avait participé aux conseils des chefs, il avait pris des scalps sans jamais perdre le sien. Mais à l'époque où je travaillais pour lui, il ne restait plus personne qui l'ait connu lorsqu'il était jeune, fort, au faîte de sa gloire.
En ce dernier été de sa vie, il n'était plus qu'un vieil homme aveugle, soigné par sa fille indienne.
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La photo avait été prise après sa capture, mais on ne l'aurait jamais deviné. Il a la tête haute, le regard hardi mais sans mépris, ses longs cheveux sont arrangés avec soin – des cheveux noirs noués en tresses d'un côté et laissés libres de l'autre, avec une légère tendance à boucler – et ses mains tiennent la pipe comme un sceptre royal.
Cette photo du guerrier captif mais non vaincu eut un certain effet sur moi. Me souvenant de lui, je me mis à contrôler mon humeur et ma langue, à cultiver le sens de la réserve en grandissant, à regarder hardiment mais sans mépris ceux qui m'ennuyaient ou m'offensaient. Je ne l'ai jamais rencontré, mais, silencieusement, j'étais fier de lui – Eagle Head, mon cousin indien.
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Big Moon dit:
- Son ombre a quitté son corps. Je ne sais pas si elle y reviendra pour de bon.
- Je pense qu'elle reviendra pour de bon, fit l'Etrangère, parce que j'ai prié et fait un sacrifice.
Au son de sa voix, Snow Mountain ouvrit les yeux. Immobilisé par la douleur, il la regardait sans y croire. Elle vit des larmes sur ses joues sombres.
Elle s'appelait toujours l'Etrangère, mais pour le restant de ses jours elle fut une femme de la tribu des Sioux Santee.
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Je me suis endormi honnête et fauché. Je me suis réveillé hors-la loi et toujours fauché. Et incompris de tous.
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Courbé contre le vent, il alla de l'avant, se rappelant la première fois où il était parti en quête d'un rêve, quand il avait douze ans. A cette époque, il ne savait rien de ce qui l'attendait, excepté que ce serait terrible. Mais il était impatient d'affronter la faim, la soif et l'épuisement car, par leur intermédiaire, venait la communion mystique avec les esprits qui pouvaient rendre un homme puissant.
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Ils étaient passés maitres dans l'art de suivre une piste. leurs vies avaient plusieurs fois dépendu de leur capacité à déchiffrer la signification d'une pierre retournée, d'une brindille cassée, d'une feuille froissée.
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Vous vous imaginez peut-être que c'était excitant de convoyer des troupeaux volés. Ça ne l'était pas. Vus à travers la poussière soulevée par les chevaux, les bouvillons ressemblaient trait pour trait à ceux que je conduisais quand j'étais un citoyen respectueux des lois. Pourquoi auraient-ils été différents ? C'était souvent les mêmes bêtes.
Quand il était volé, le bétail devenait plus facile à déplacer. Avec un troupeau honnête, les convoyeurs n'arrêtaient pas de tomber sur des représentants de la loi trop zélés ou des colons qui disaient : "Vous ne pouvez pas faire passer le troupeau par ici", ou encore "Vous n'avez pas le droit de franchir cette ligne". Mais quand le Rough String déplaçait des troupeaux, les représentants de la loi étaient partis régler des affaires urgentes et les colons accueillaient la bande à bras ouverts.
J'ai commencé à penser que c'était ça, la vraie vie. Plus sûr et plus peinard que d'être un honnête cow-boy. Personne ne s'approchait d'assez près pour vous pointer une arme sous le nez.
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Pretty Calf était ravie de se charger de son éducation. Il commençait à comprendre les coutumes de l'organisation tribale. [...]. Mais elle ne rit pas quand un guerrier prit la femme de son frère. Yellow Robe appartenait à la société des Big Dogs. Cut Neck, le voleur d'épouse, appartenait à celle des Foxes. [...] Quand Cut Neck arriva à cheval devant le tipi, chantant et riant et cria à la femme de Yellow Robe.: "Viens, sors dehors!", elle s'exécuta, l'air suffisant, comme d'habitude, docile et totalement consentante. Ensuite elle monta en croupe derrière lui [...]
- Mais pourquoi ? Demanda l'homme blanc à sa femme, Pourquoi notre frère l'a-t-il laissée partir ? Il reste assis à fumer et ne dit pas un mot.
Pretty Calf fut choquée par sa suggestion. Elle expliqua que son frère ne pouvait absolument pas récupérer sa femme. Il ne pouvait même pas la reprendre si elle voulait revenir - et elle le voudrait sans doute quand Cut Neck serait lassé d'elle. Yellow Robe n'avait pas non plus le droit d'admettre que son cœur était brisé. Les choses étaient ainsi. Ne pas s'y conformer signifiait être déshonoré.
La femme, dit-elle, aurait pu se cacher pour échapper à Cut Neck. Elle aurait même pu refuser de le suivre si elle avait été une Ba-Wurokee - une femme vraiment vertueuse. Mais elle avait été l'épouse de Cut Neck une fois déjà, quand ils étaient partis cueillir des baies, et il avait le droit de venir la réclamer.
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Je haïssais les Indiens et j’étais impatient de grandir pour les rayer de la carte, défi­nitivement.
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