Dorothy Parker

He: Well!
She: Well!

Un jour le jeune homme avait laissé entendre qu'il n'aimait que les robes classiques mais très bien coupées et la jeune femme était pour son malheur de celles qui n'oublient rien. Aussi tomba-t-elle dans le désarroi le jour où il devint évident que le jeune homme avait également un faible pour les personnes qui portaient des robes tapageuses , audacieusement décolletées et dont les couleurs vous éclataient au visage comme une fanfare.

Il doit bien m'aimer encore un petit peu,malgré tout?Il ne m'aurait pas appelée deux fois"chérie" aujourd'hui s'il ne m'aimait pas un tout petit peu?

Voyons voir, où en étions-nous ? Oh oui, nous en étions au moment où il me déclarait son amour pour le poisson. Je me demande bien ce qu'il aime d'autre. Est-ce qu'il aime les concombres ? oui, il aime les concombres. Et les patates ? Oui, il aime les patates, aussi. Ma foi, c'est un sacré vieil amoureux ce la Nature, celui-là. C'est tout moi, çà : je soirs dîner, et je me retrouve assise à côté du Bon Bars Thoreau. Attendez, il est en train de me dire quelque chose. Ma parole, les mots jaillissent hors de lui. Il me demande si j'aime les patates. Non, je n'aime pas les patates. Aïe ! Ca y est ! J'ai créé un différend C'est notre première dispute. Il sombre dans un silence boudeur. Petit sot, aurais-je crevé ta bulle ? Tu croyais que je n'étais qu'une poupée peinte au cœur en sciure de bois ? Ah, ne le prends pas comme çà. Ecoute, j'ai quelque chose à te dire qui va ter redonner la foi. J'aime les concombres. Ma parole, il se sent déjà mieux.

L'amour, c'est comme du mercure dans la main, Sylvie. Garde la ouverte, il te restera dans la paume ; resserre ton étreinte, il te filera entre les doigts.

Une fois, ils ne m'ont pas laissée entrer au casino de Monte-Carlo parce que je ne portais pas de bas. Alors, je suis rentrée chez moi, j'ai trouvé mes bas, et j'y suis retournée. Mais j'y ai laissé ma chemise.

C'était une femme de petite taille, et depuis la naissance de son enfant, elle était passée de délicatement ronde à résolument trapue.

Tout événement qui n'avait pas été prévu dans le programme de la journée jetait Mme Durant dans une transe dont les symptômes rappelaient l'état de choc qui caractérise les survivants d'un bombardement aérien (...).

Elle commençait à éprouver vis-à-vis de l'alcool une sorte de méfiance, comme avec un vieil ami qui vous a refusé une faveur toute simple. Le whisky avait encore le pouvoir de l'apaiser la plupart du temps, mais il avait d'inexplicables et soudaines dérobades : les nuées de l'alcool se déchiraient traîtreusement devant elle et la livraient sans défense au chagrin, à la perplexité et à l'angoisse de vivre.

(Je hais les livres)
...
Et puis il y a le Roman Réaliste
Un étouffe-chrétien de cinq cents pages...
C'est un secret de Polichinelle :
Le livre est le prix des expériences intimes de l'auteur.
Ne les aurait-il pas vécues,
Jamais il n'aurait pu écrire -
Ce qui n'aurait peut-être pas été plus mal.

(Je hais les étudiants)
...
Et puis les grosses Têtes
Ceux-Qui-Ont-Réponse-A-Tout
Abordez n'importe quel sujet
Et ils se feront un plaisir de vous clarifier les idées.
...
Bon, ils ne brillent pas fort sur une piste de danse,
Mais que la réception traîne en longueur
Et que les verbes irréguliers grecs viennent sur le tapis
Ils sont le clou de la soirée.

Chère Mme Parker, soyez s’il vous plait des nôtres à dîner vendredi prochain, et n’oubliez pas vos ouvrages en retard. J’aurai pu apporter le tiroir du dessus de mon bureau ; ça aurait été l’occasion d’y mettre un peu d’ordre, ici, sur mes genoux. (…) Bien sûr, je peux toujours boire, toute seule dans mon coin. Il y a toujours cette possibilité. Oh là, là, là, il y a toujours cette possibilité. Mais je ne veux pas boire. J’aurai le vin triste. Rien que d’y penser, ça me rend mélancolique. (…) Il s’en fout si j’ai le vin triste. Tout le monde s’en moque. Tout le monde s’en fout. Et moi, si gentille. Très bien, bande de bourriches, je vais me soûler à mort, juste devant vos yeux, et je verrai bien ce que ça vous fait. C’est parti…

Pour Mme Allen le présent était intolérable, et le futur ne s’annonçait pas autrement que son hideux prolongement. Elle se tourna donc vers le passé.

Il y a les Bricoleurs,
(...)
Ils ont toujours un grand projet en tête :
Si ce n'est pas tailler la haie,
C'est installer une nouvelle étagère pour les confitures.
S'ils vous attirent dans un coin,
C'est pour vous expliquer la dernière, la meilleure :
L'économie qu'ils viennent de faire en coupant eux-mêmes le petit bois !

Je hais les Maris :
Ils me bouchent la vue....

Puis il y a le Petit Recueil d'Essais Baroques,
Pas de quoi donner mal au crane...
L'auteur se met à nu et parle de ses plats favoris,
Avoue combien il aime sa pipe
Et quels sentiments l'attachent à sa vieille canne...
Un frisson à chaque page.

Je hais les Livres :
Ils me fatiguent les yeux....

Et encore les Neveux...
(...)
Ils ont le sens de l'humour : de l'humour Noir...
Vous lancent leurs hurlements dans l'oreille,
Retirent la chaise où vous allez vous asseoir...
(...)
Je souhaite que le Gouvernement appelle sous les drapeaux tous les mâles de moins de dix ans !

Je hais la Famille :
Elle me donne des crampes d'écriture !

Je ne dois plus penser à lui. Ne plus penser à lui: autant dire ne plus respirer, ne plus entendre, ne plus voir. Arrêter le sang dans mes veines.

Pourquoi l'être aimé se met à vous détester quand il est sûr que vous l'aimez... Moi cela me semblerait si merveilleux d'être sûre.

Ce n'est pas grand chose et cela vous coûterait si peu, mon Dieu, si peu ! Mais faites seulement qu'il téléphone. S'il vous plaît, mon Dieu, s'il vous plaît.

You can lead a horticulture, but you can't make her think.