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Critiques de Dubravka Ugresic (46)
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Il n'y a personne pour vous répondre

Après la lecture de « L’hiver des hommes » de Lionel Duroy, l’envie de prolonger le voyage en littérature serbo-croate s’est fait ressentir, et notamment de (re)découvrir la trentaine de billets qui composent « Il n’y a personne pour vous répondre » de l’écrivaine croate contemporaine Dubravka Ugresic.



Au détour d’anecdotes et d’épisodes autobiographiques, Dubravka Ugresic porte un regard sans fard sur notre époque contemporaine, une sorte de journal de bord qu’une voyageuse exilée écrit au gré de ses nombreuses escales dans les grandes villes de la planète, New-York, Paris, Amsterdam, Moscou…

Des notes prises sur le vif, révélant toute l’acuité d’observation de son auteure et occasionnant maints constats désopilants sur l’état de notre monde.



Dans ce recueil d’instantanées, colorés ou noircis selon son humeur, elle nous fait part de ses impressions, de ses questionnements et de ses sentiments face aux choses et au monde qui nous entourent.

Des différences entre le monde d’hier et celui d’aujourd’hui, des modifications subtiles ou brutales que la chute du communisme a entraînées, des méfaits des stéréotypes, des questions sur l’identité nationale ou sur la culture de masse, l’auteur, d’une plume incisive, peint un tableau au vitriol de la scène mondiale, de cette grande nation que l’on nomme l’Europe, des distinctions entre l’Ouest et l’Est, ou bien encore de l’édulcoration du rêve américain, qui s’étiole peu à peu à mesure que les produits marchands envahissent les étals des marchés de Belgrade ou Zagreb.

Son regard de voyageuse se fait plus tendre lorsqu’il s’agit de décrire les beautés des villes visitées, notamment Amsterdam où elle réside depuis quelques années, une ville qui l’enchante et dans les rues de laquelle elle aime à se perdre comme dans un labyrinthe.



Contrainte à l’exil en 1993 pour avoir osé dénoncer le nationalisme à outrance qui sévissait en ex-Yougoslavie, ce thème reste au centre de ses préoccupations.

Dubravka Ugresic garde au fond d’elle cette impression d’être sans cesse en transit, d’habiter partout et nulle part à la fois, de n’être d’y d’ici ni d’ailleurs, avec cette mémoire d’exilée qui s’attache à certains objets liés à ce bannissement forcé : une vieille valise, une maison aux oiseaux…

Malgré tout, elle porte un regard peu amène, voire très critique, sur ses compatriotes auxquels elle reproche la façon éhontée de s’ériger sans cesse en victime, comme une revendication d’un droit au malheur, comme une volonté de stigmatisation de leur histoire collective. Son ton devient féroce lorsqu’elle évoque les politiques de son pays, le nationalisme devenu trop radical, la vénération des anciens chefs de guerre et la réécriture de l’histoire de la nation.



Dubravka Ugresic aborde également des concepts plus généraux, le bonheur, les origines, la célébrité, l’Histoire… Elle émet ses craintes sur le devenir de la culture, bradée, dévalorisée, et particulièrement sur celui de la littérature à l’ère de la marchandisation du tout et n’importe quoi et du capitalisme, qui a repris à son compte certaines des théories idéologiques de base du communisme, tel le travail, pour devenir somme toute aussi totalitaire - bien que d’un totalitarisme détourné - que ne l’était le communisme.

Enfin, en s’interrogeant sur la littérature serbo-croate et comment elle est perçue par le reste de l’Europe, elle ne cache pas son amertume et sa déception devant le constat que pour être reconnu en tant d’écrivain, il faut encore et toujours porter une étiquette et s’en référer sempiternellement au passé communiste ou au conflit yougoslave.



Au final, « Il n’y a personne pour vous répondre » n’est pas un livre que l’on aura envie de lire d’une traite.

Il se compulsera plutôt un peu à la fois, comme des nouvelles, au gré des humeurs du jour, avec cette impression d’écouter une vieille amie vous donner son sentiment sur l’état du monde et avec qui l’on échangerait des idées, des réflexions, des impressions. Un livre intéressant, qui pousse à réfléchir, à se questionner sur notre époque, ses contradictions, ses failles, ses faiblesses, son devenir…

Pour autant, qui répondra à toutes les interrogations de la croate Dubravka Ugresic ? A l’heure actuelle, personne sans doute…

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Baba Yaga a pondu un oeuf

Baba yaga à pondu un œuf est une étonnante découverte de Dubravka Ugresic. Elle est avant tout reconnue comme un auteur yougoslave, d'un père croate et d'une mère bulgare.

Cette reconnaissance en tant que yougoslave s'inscrit dans la bouche d'un de ses héros, un jeune bosnien à qui elle fait dire:

" Je suis comme l'ex-Yougoslavie, comme un ragoût à la bosnienne, je suis un peu de tout.

Cette défiance à l'égard de tous les nationalismes lui vaut d'ailleurs d'avoir été contrainte à l'exil.

Ce roman est un peu déroutant car il se compose de deux parties distinctes, et un espèce de glossaire plutôt, à mon sens réservé à un public ciblé qui voudrait tout connaître de ce qu'est une Baba yaga.

Après ces précisions, j'avoue avoir été enchantée par son écriture tendre et acide, dans la première partie du livre, elle raconte et décrit la vieillesse de sa propre mère, ses manies de vieille dame, ses obsessions et ses peurs. Cette première partie est littéralement savoureuse. Elle part, tel un "badal", une sorte de pèlerin, à la recherche des souvenirs du passé de sa mère à Varna, sur la côte bulgare.

Ce " périple" lui permet de croiser et décortiquer tous ces liens qu'on appelle la filiation et qui nous offre un véritable témoignage d'amour et d'affection.

La deuxième partie du livre nous conte, l'histoire de trois petites vieilles qui s'offrent un séjour dans un spa près de Prague. En lisant leurs aventures un peu déjantées, je songeais beaucoup au film : Grand hôtel Budapest. Le destin croisé de ces trois amies et leurs progénitures méconnues ou mal connues disséminées dans le monde.

Au total, un livre inégal, mais à mon sens vaut le détour, ne serait-ce que pour cette formidable première partie.



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Le ministère de la douleur

J'ai lu ce roman pour notre Tour du Monde par les livres sur le forum Nota Bene. Cette année, les deux pays au programme sont le Danemark et la Croatie. Trouver de la littérature croate relève du sacerdoce ! Alors lorsque j'ai vu celui-ci, je me suis dit que cela pourrait être sympathique, d'autant plus que la fin de la quatrième de couverture me le laissait espérer :

"Ce nouveau roman de Dubravka Ugresic, écrivain croate dont l'œuvre est désormais traduite en plus de trente langues, a été unanimement salué à l'étranger pour sa puissance et sa subtilité. Pour cet humour noir aussi, qu'elle distille avec tant d'ironie tout au long d'un voyage aux enfers marqué par la douleur de la perte, l'isolement et la solitude auxquels on ne saurait échapper."



Pourtant, je me suis profondément ennuyée et, pour tout dire, je l'ai même abandonné après m'être forcée à le lire jusqu'à la moitié. Peut-être parce que trop de politique tue la politique. Tous les bouquins croates que j'ai lus y font référence. Cela peut se comprendre - leur Histoire est loin d'être facile - mais attention à l'excès ! Je dois également être honnête en disant que le style ne m'a pas emportée. J'attendais plus, j'attendais mieux...



Bref, je suis certainement passée à côté. Tant pis. Ce sera pour une prochaine fois.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Baba Yaga a pondu un oeuf

« - Les vieilles sorcières pondent de bons œufs » répliqua David.

Kukla se dit que le croate du jeune homme n’était pas aussi bon que ce qu’il lui avait semblé initialement. Qui sait d’où lui venait cette malheureuse expression…

- Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par là ?!

- C’est un vieux dicton polynésien. Ça veut dire que que les vieilles femmes sont porteuses de bonnes choses. »



C’est un bien étrange roman que celui-ci. D’abord par sa construction : les deux premières parties relèvent entièrement de l’art du roman. Mais la troisième, et dernière, s’apparente à un volume de la série « pour les nuls » consacré au mythe de la sorcière Baba Yaga dans tous ses états. Evidemment j’ai appris bien des choses sur cet archétype féminin, présent dans les sociétés slaves mais aussi, dans des incarnations proches, tout autour du monde.



Si cette dernière partie est érudite, elle est tout de même rattachée aux deux parties romanesques qui précèdent avec des surlignages, parfois bien lourds, de ce qu’il nous a été donné de lire précédemment… Et c’est ce qui est dommage, car ce ton, entre rêve, cauchemar et poésie, tel que j’ai pu l’apprécier notamment dans la seconde partie, n’est plus du tout là dans le dernier tiers de ce livre original.



Il y a également de grands moments comiques dans la seconde partie. Nous suivons alors Pupa, Beba et Kukla, les trois vieilles dames indignes, dans un grand hôtel thermal tchèque. Elles ont cassé leur tirelire pour l’occasion, alors que leurs ressources sont maigres. Leur arrivée dans ce monde huppé va provoquer bien des accidents !



Je découvre Dubravka Ugresic, autrice croate, avec ce roman. Mais je ne sais trop si je dois le recommander ou non. Si vous voulez tenter l’expérience, vous ne serez peut-être pas déçu, en tout cas pas par le style de la partie romanesque. Quant à moi je regrette encore de ne pas m’être arrêté à la fin de la seconde partie.

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Le ministère de la douleur

Que deviennent les réfugiés d'un pays qui n'existe plus ? Peuvent-ils recommencer une vie à l'endroit qui les a accueillis ?

Dubravka Ugresic nous propose un roman magistral, de son regard incisif et mélancolique, à travers le portrait d'une enseignante, Tanja, invitée à l'université d'Amsterdam au département de langues Slaves. Un personnage remarquable, le trait d'union entre le monde disparu, La Yougoslavie, et ses étudiants qui ont fui, comme elle, la guerre. Un regard sans concessions sur cette "Yougoslavie" qui empoisonne les relations entre tous ces personnages.

Un roman brillant sur la littérature slave, balkanique, d'Europe orientale, mais aussi sur la linguistique, arme politique par excellence et composante essentielle de l'identité nationale.

Tanja pourra-t-elle conduire son cours de littérature slave dans une classe composée des nationalités de toute l'ex-yougoslavie alors que ce pays s'entre-déchire encore et que l'on juge à La Haye les criminels de cette guerre fratricide ?
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Baba Yaga a pondu un oeuf

Nous avons souvent lu l'histoire effrayante de Baba Yaga avec mes filles (dans une magnifique version illustrée de Rebecca Dautremer et Taï-Marc LeThan) et je n'avais retenu que la méchanceté de ce personnage féminin, son isolement aussi dans son isba reposant sur des pattes de poulet, et la menace que cette mangeuse d'enfant fait peser sur la petite Miette, qui échappe de peu au bain de légumes préparé pour elle par l'ogresse.



C'est donc avec curiosité (et un peu d'appréhension) que je suis entrée dans le texte de Dubravka Ugresic, et qu'est-ce que je m'y suis plue! Dans l'imaginaire de l'autrice croate, Baba Yaga s'incarne dans plusieurs personnages de vieilles dames aussi insupportables que délicieuses. Elles sont intrépides, indépendantes, drôles et aussi toquées que le modèle des contes. J'ai trouvé que chacune des femmes des deux premières parties de ce récit-gigogne facétieux est représentée avec élégance et intelligence par Ugresic.



Si j'ai aimé la première partie plus intime puisqu'elle met en scène un personnage d'autrice et sa relation avec sa vieille mère têtue qui perd un peu la boule, j'ai particulièrement adoré le second récit, celui de trois copines d'un âge avancé qui partent prendre du bon temps dans un hôtel spa en Tchéquie et rencontre une galerie de personnages plus détonnants les uns que les autres (le masseur Mevlo demeure mon préféré) . Et que dire de la 3e partie, un traité de "babayagalogie" absolument délicieux et passionnant, qui remet en perspective aussi bien la figure de Baba Yaga, que celle de la sorcière en général, pour nous parler de la place de la femme, et particulièrement de la femme âgée, dans nos sociétés, et éclaire avec malice et fantaisie le jeu de détournement orchestré par l'écrivaine dans les chapitres précédents. Et puis il y a une enthousiasmante jubilation de la langue, du jeu de mots, du cocasse dans ce texte, merveilleusemen traduit par Chloé Billon.

Un récit joliment loufoque!
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Baba Yaga a pondu un oeuf

Ils sont fous, ces slaves des Balkans !

D’abord Miodrag Bulatović et son « Coq rouge » ……entr’autres.

Émir Kusturica, ses films aux histoires déjantées

Et maintenant « Baba Yaga qui pond un œuf »

C’est l’histoire hilarante de trois vieilles de l’ex-Yougoslavie en virée dans un grand hôtel tchèque.

L’une est minuscule en fauteuils roulant les deux jambes enfoncées dans une botte de fourrure, la deuxième a été veuve plus souvent qu'à son tour, la dernière a une poitrine si énorme qu’elle l’entraine de tout son poids vers l’avant.

Elles croisent un jeune Bosnien dont le sexe est en perpétuel garde-à-vous depuis l’explosion d’une grenade à Sarajevo et qui se fait passer pour un masseur turc et… d’autres personnages.

Elles peuvent, du premier coup, tuer un homme d’une balle de golf ou, faire sauter la banque du casino local.

« Et nous? Nous poursuivons notre route. Car tandis que la vie s’emmêle les pinceaux, l’histoire vogue vers le bleu des flots. »

………………

Le dernier chapitre du livre est un « Baba Yaga pour les nuls ». (Baba Yaga : la fameuse sorcière du folklore slave).

Où on apprend que le héros d’une des nombreuses histoires de Baba Yaga, un homme, « s’est retrouvé nez à nez avec un « Vagina Dentata », et, voyez-vous ça, il s’en est sorti vivant. »

Et l’on comprend pourquoi le corps d’une des vieilles, décédée, revient dans son pays, dans un œuf.

Et le livre devient un brulot féministe hilarant et jouissif !!!

Mais aussi plein de tendresse pour cette Baba Yaga, hors langue, hors pays : sorcière, mais hors clan, mère qui peut manger sa fille, guerrière et ménagère, une dissidente de l’international des femmes et des grands-mères.

La petite doctorante bulgare du premier chapitre (eh oui ! il y avait un premier chapitre : celui des relations de l’autrice avec sa propre mère) s’avère piquante.

Elle règle ses comptes avec l’auteur, en exil elle aussi, qui dans la première partie, l’avait traité de folkloriste.

…………………………

Bien sûr on en profite pour relater incidemment l’histoire de ces pays aux langues multiples et diverses, aux alphabets multiples et divers.

Imaginez un homme ou une femme nés en 1928; leurs parents les inondaient de guerres contre l’empire austro-hongrois, les turcs.

Ils n’ont pas 20 ans lors des horreurs de la 2°guerre mondiale (voir le panier d’yeux dans « Kaputt » de C. Malaparte.) puis l’installation du communisme.

Lors de la chute du mur de Berlin ils passaient de peu 60 ans et viraient de la propagande des pays frères aux luttes effrénées de la publicité mondialisée.

Immigrés, exilés dans leurs propres pays. Ça fait beaucoup et différents « d’avant c’était mieux » !

Puis ils rentrent dans une autre monde : celui des vieux et se sentent doublement immigrés, exilés, triplement quand on est femme.

Bien sur ce n’est pas le chef d’œuvre impérissable du siècle (et entre nous, je serais assez curieux de voir comment se passe le 2° quart du siècle actuel)

C'est un roman érudit, drôle et plein d'autodérision.

Ils sont fous ces slaves des Balkans et ils ont bien des raisons.

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Baba Yaga a pondu un oeuf

C'est un livre dont j'avais suggéré l'achat à la médiathèque, mais que j'ai tardé à emprunter. Enfin, j'ai pris le temps. Et je ne suis pas déçue.

J'ai d'abord été intriguée par le préambule, puis je me suis un peu ennuyée sur la première partie : je ne comprenais vers quoi allait cette histoire. Puis, la nouvelle histoire sur la seconde partie m'a un peu déstabilisée. Je croyais que c'était un roman et ce décrochage me laissait perplexe.

Mais je trouvais ces mamies bien attachantes, elles m'ont un peu fait penser aux vieux fourneaux. Alors j'ai poursuivi ma lecture. Et enfin la récompense dans la 3ème partie, où tout s'explique.

Mais je reconnais que cette 3ème partie quoique très intéressante, était par moment indigeste. Mais j'ai le sentiment qu'elle a rempli sa mission : éveiller ma curiosité sur ce fameux personnage de Baba Yaga.

C'est un roman qui se mérite, et je suis contente de l'avoir fini, et de m'être un peu bousculer pour ne pas l'abandonner ou mettre des mois à le lire. C'était la condition pour apprécier la récompense des dernières pages
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Baba Yaga a pondu un oeuf

Ce roman au titre et à la couverture évocateurs de la célèbre sorcière slave avait titillé ma curiosité lors de ma veille, à la bibliothèque municipale où je travaille. Je l’ai donc emprunté lorsqu’il est arrivé sur nos rayonnages.



En quatre jours, je l’avais lu ! 🙂 Baba Yaga a pondu un oeuf est un roman atypique. Il se divise en trois parties : dans la première, la narratrice (double de l’autrice) rend visite à sa mère restée à Zagreb, sa mère âgée dont la mémoire fuit et qui a besoin de l’aide de voisines pour subvenir à ses besoins. Sa mère, pour qui elle ira sur les lieux où la famille a vécu autrefois, pour raviver lien et souvenir. La deuxième partie – la plus longue – suit le trio mentionné sur la quatrième de couverture. Trois vieilles femmes en goguette – Pupa qui est impotente, Beba qui déprime et Kukla l’élégante – qui ont toute une vie derrière elles et qui, au fil de leurs aventures tragi-comiques, découvriront qu’elles ont encore toute une vie devant elle ! Enfin, la troisième partie est rédigée de la plume d’un personnage croisé dans la première partie, et nous dévoile tout le folklore lié à Baba Yaga, ainsi que la façon dont l’autrice a intégré ce thème dans son roman.



Baba Yaga est, bien sûr, une figure centrale dans ce roman. Elle n’apparaît pas en pleine lumière, mais cachée entre les lignes, dans des indices, des détails, des attitudes de personnages. De la même façon, l’oeuf du titre revient de façon récurrente au fil du roman, référence explicite à un conte qu’un personnage récite. Les contes slaves – dont Baba Yaga est issue – dansent là, entre les phrases, cachés derrière des petits détails que l’on se réjouit de saisir, tels des petits Poucets en promenade en forêt.



La vieillesse au féminin est aussi un autre thème central. Dubravka Ugresic dépeint, au fil des trois parties de son roman, différents aspects de ce troisième âge que notre société d’aujourd’hui a tellement en horreur qu’elle s’applique à bombarder les femmes de publicités pour cosmétiques rajeunissant. Être une femme vieille, c’est porter le double fardeau de son sexe et de son âge, dans un monde patriarcal. De fait, la troisième partie évoque sans fard cet aspect là. Son évocation de Baba Yaga m’a souvent fait penser à la section consacrée aux vieilles femmes dans Sorcières : la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet.



Le ton varie au fil des pages : la première partie pourrait paraître empreinte d’une mélancolie, d’une certaine tristesse à voir la mère de la narratrice figée dans ses petits rituels. La seconde, avec ses personnages secondaires hauts en couleur, quitte doucement cette mélancolie pour une attendrissante tragicomédie. La dernière, enfin, sous son vernis d’essai, offre une analyse cinglante de la société, avec un féminisme marqué. Les pages finales sont d’ailleurs un délice que je vous laisse découvrir ! Elles m’ont donné l’impression de voir Baba Yaga là, près de moi, souriant largement. Un sourire à la fois chaleureux et menaçant. Un sourire de vieille sorcière. Un sourire digne de l’ambivalence du personnage. Un sourire qui rappelle ce qu’elle était, autrefois, et ce qu’elle pourrait être, à nouveau.



Enfin, on ne peut pas mettre de côté les témoignages de la nationalité de l’autrice, qui a connu certaines périodes troubles de son pays. Ses personnages, principaux ou secondaires, ont tous vécu les remous qui ont parcouru l’Histoire de leur pays. Pupa, dont le douloureux passé ne sera dévoilé qu’à la fin de la deuxième partie. Le passage du communisme au capitalisme sauvage, qui a modifié le quotidien de bien des gens, et pas toujours selon leurs espérances, pour ceux qui se battaient pour la liberté. La guerre en Yougoslavie, avec le personnage de Mevludin, qu’une blessure de guerre afflige d’une érection permanente qui le handicape au quotidien. Les familles éclatées par l’Histoire.



Au final, Baba Yaga a pondu un oeuf est un roman qui reprend avec subtilité et justesse une figure célèbre des contes slaves, la mêle au thème de la vieillesse féminine et au passé mouvementé du bloc yougoslave et de son éclatement, un roman au style charmant pimenté d’un peu de gouaille, digne des conteuses les plus douées, un roman qui revisite les thématiques des contes slaves pour mieux les intégrer à notre monde contemporain.



Un roman que je me suis régalée à lire, qui m’a fait m’interroger sur mon propre rapport à la vieillesse – après tout, personne ne peut échapper au cours du Temps ! – et qui m’a rappelé des lectures sur la figure de la sorcière. Je vous le recommande chaudement ! :)
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Baba Yaga a pondu un oeuf

Un livre en 3 parties, d'abord une première mise en avant sur la vieillesse, la perte d'autonomie. La seconde, avec les 3 vieilles copines qui partent dans un hôtel de luxe et la dernière qui met en avant le mythe de la baba yaga avec toutes les explications.

Le tout est écrit avec humour, tendresse, mélancolie et beaucoup d'ironie.

Mais derrière ce mythe, l'autrice à surtout mis en avant la vieillesse de la femme dans un monde patriarcal.

Magnifique découverte.
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La renarde

La figure de la renarde, animal intelligent et rusé, se faufile à travers le roman, mais la renarde, c’est avant tout l’autrice elle-même, une femme et une intellectuelle qui a dû se reconstruire à travers l’exil (Ugrešić a fui son pays d’origine en 1993 pendant la guerre qui a mené à l’éclatement de la Yougoslavie). Dans son dernier ouvrage, elle nous trimbale de Pompéi au Grand Canyon en passant par l’arrière-pays croate et elle évoque de nombreux écrivains, certains très connus, comme Tanizaki ou Nabokov, d’autres beaucoup moins, comme des auteurs de l’avant-garde russe dont les traces ont été effacées.

La Renarde flirte habilement avec l’essai littéraire et l’autofiction et Ugrešić joue de cette ambiguïté. Sa narratrice et alter ego ne cherche pas à plaire, mais sa franchise et sa détermination la rendent attachante. Il m’aura fallu apprivoiser l’animal, mais je n’y ai pas résisté longtemps. J’avais toujours envie de retourner à ma lecture pour me faire raconter de nouvelles histoires.

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Baba Yaga a pondu un oeuf

Quelle surprise !

Le premier récit est raconté par une femme qui entreprend un voyage en Bulgarie. Sa mère, désormais trop âgée pour s'y rendre, y a grandit et est partie vivre en Croatie. La femme est accompagnée par une autre femme, très énigmatique, qui s'est occupée pendant quelques mois de la mère âgée. Ce périple est bien curieux, leurs rapports entre elles aussi, et la raison de ce voyage se devine.

Ensuite, le deuxième récit se révèle plus joyeux : trois amies se rendent dans un palace pour s'y détendre. La plus âgée des trois a décidé de les y inviter, avec un magot énorme dans son sac à main. Le propriétaire de l'hôtel est un médecin obsédé par le ralentissement de la vieillesse. Un avocat à la retraite vient tous les jours en voisin pour boire son café et se repaître des conversations des gens. Il se délecte du trio, elles n'ont visiblement rien à faire là. Tout est surprenant, amusant, évocateur.

La dernière partie est une lettre d'une scientifique qui reprend les évènements relatés prédécemment à l'aune des recherches qu'elle a pu mener sur les babas yagas. Malheureusement, il s'agit d'un catalogue harassant à lire. Quel dommage, je me serais bien arrêtée sur la deuxième histoire si originale et pleine d'humour.
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Baba Yaga a pondu un oeuf

Ce roman en trois parties, que j'avais choisi surtout pour son titre car j'adore les contes russes, m'a profondément ennuyée. La première partie semble sans queue ni tête. Elle ne commence nulle part et ne va nulle part, on entend simplement vaguement parler des protagonistes de la deuxième partie.

La deuxième partie, le cœur du roman, est un peu plus intéressante. On a un début et une fin, des évènements se produisent, bref il y a une histoire. Par contre, elle ne brille ni par le contenu ni par le style d'écriture. Les changements constants de narrateur n'apportent pas grand chose. Si on part sur la dimension "conte moderne", on est déçu par l'absence de merveilleux. Si on cherche un véritable roman, on se retrouve avec des éléments tellement improbables qu'on ne peut réellement se prendre à l'histoire.

La troisième partie se veut une introduction au personnage de Baba Yaga. Je l'ai ressenti comme un besoin de l'auteur de se justifier de ne pas avoir réussi à faire voir le personnage de Baba Yaga (on le voit quand même suffisamment si on est familier avec le folklore russe). C'est près d'un tiers du livre qui est consacré à cette pseudo encyclopédie du mythe, sous un format très académique.
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La renarde

Dubravka Ugrešić vient de nous quitter. Toute mon estime va à cette grande militante antinationaliste qui, malgré le démantèlement et la haine raciale en Yougoslavie dont elle a été le témoin direct, n’a pas perdu une graine de son humanité. Avec «La Renarde», tout juste traduit par Chloé Billon chez Bourgois, elle retrace le fil rouge de la création des histoires, tente de défricher le sentier abstrait de l’inspiration et nous guide dans l’aventure sinueuse de la construction narrative. On voyage à ses côtés en se laissant entraîner par sa pensée flottante, on s’agrippe ici et là au quai de minuscules épiphanies quotidiennes, drôles et pitoyables, où souffle parfois un vent de misanthropie.
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Baba Yaga a pondu un oeuf

Un roman qui laisse des traces surtout quand on est une femme. J’ai hésité à le lire car je n’aimais ni le titre, ni la couverture mais le sujet m’intriguait et je voulais en savoir plus sur Baba Yaga la terrible sorcière des légendes slaves. J’ai bien fait car malgré les bizarreries du récit, les lourdeurs parfois il souffle dans ces pages un incroyable vent de liberté et une réhabilitation des femmes et surtout des vieilles femmes.

Decoupé en trois parties, le roman met en scène des héroïnes atypiques.

Dans la première partie, une mère qui perd un peu la tête demande à sa fille (un double de l’autrice) qui s’occupe d’elle, de partir sur les traces de son passé.

Dans la seconde, trois vieilles femmes (pas des plus riches) décident de passer leur temps dans un spa de luxe, elles ne savent ni combien de temps, ni vraiment pourquoi elles font ça. Elle y croisent un tas de personnages tous plus loufoques les uns que les autres et vont voir leurs vies se transformer radicalement.

La troisième partie va éclairer les deux autres. En effet l’autrice a doté tous ces personnages d’au moins un attribut de la sorcière Baba Yaga. elle explique en quoi chacune des femmes croisées dans le roman porte un peu de sorcière en elle. Ces sorcières inventées par les hommes pour mette au bûcher des milliers de femmes qui étaient porteuses de savoirs : guérisseuses, un peu chamanes, un peu rebelles, vivant par choix à l’écart, libres et dans tous les cas dérangeant l’ordre que les hommes voulaient mettre en place. Au travers de la réhabilitation de Baba Yaga elle démontre comment au fil des siècles une vieille déesse puissante fut transformée en sorcière, comment être une femme et vieille est une double peine et pourquoi les femmes doivent réinvestir leur force créatrice.



Les dernières pages sont une claque terriblement juste, elle y énumère les affronts faits aux femmes et ça défile sur plusieurs pages : viols, esclavage, prostitution, épouses indiennes brûlées sur le bûcher de leur mari, visage vitriolé par des hommes jaloux, visages cachés, sexes mutilés, fillettes vendues pour leur virginité, femmes domestiquées, obligées de prier un Dieu mâle, sans oublier les souffrances de la chirurgie esthétique, les piqûres de botox, les femmes battues…. Les récits loufoques des premières parties prennent une tout autre teinte au dernier chapitre. L’autrice nous rappelle que Baba Yaga dormait avec son épée sous le coussin, Que vive la sorcière en nous !
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Le ministère de la douleur

Le ministère de la douleur est un roman de l'écrivain croate Dubravka Ugresic, contrainte à l'exil en 1993 pour ses prises de position antinationalistes.



Le roman, écrit à la première personne du singulier, semble à tout point autobiographique : la narratrice est une jeune femme en exil à Berlin, puis à Amsterdam où on lui offre un poste de professeur de langue slave, et plus précisément de...de quelle langue effectivement ? de serbo-croate ? de serbe ? de croate ? de bosniaque ? Des trois séparément ?

Peu motivée à enseigner dans les règles à ses étudiants, tous issus de l'ancienne Yougoslavie et dont la seule préoccupation est d'obtenir des papiers néerlandais, la professeur leur propose une sorte de programme leur permettant de questionner leur identité et leur mémoire de la guerre qui sévit, sans se douter qu'elle-même est loin d'être en l'état pour supporter ce face à face avec son propre passé.



Les thèmes évoqués par l'auteur sont variés : une grande place est laissée à la langue et à son rapport avec l'identité ; on ressent la difficulté de la narratrice à jongler entre sa propre langue aux déclinaisons multiples et l'anglais et le néerlandais. Cette question de la langue est également intimement liée à la littérature serbo-croate, commune à des peuples qui se déchirent au nom d'une identité différente.



Sans grande surprise, le thème de l'exil est également présent, avec un face à face constant entre le "nous" et le "eux", les compatriotes facilement identifiables et les Néerlandais hypocrites, les exilés et ceux qui sont restés sur place, la mafia qui étend ses réseaux et les criminels de guerre qui courent toujours. On est surpris par le regard très dur porté par la narratrice à la fois sur ses compatriotes demeurés sur place et qui semblent anesthésiés, mais aussi sur les fonctionnaires des ONG, heureux d'avoir enfin un nouveau terrain de jeu fait d'horreurs et d'atrocités à documenter.



Enfin, le traumatisme de la guerre et de la cruauté humaine ne laisse aucun des personnages indemnes ; tous semblent friser la limite de la rupture, et leurs tentatives pour faire leur deuil demeurent vaines, pas vraiment aidées par la proximité du tribunal pénal international de La Haye, si proche.



Si ces trois thèmes sous-jacents sont réellement intéressants pour mieux comprendre une guerre à la fois si proche et si lointaine, la trame narrative de la descente aux enfers de la narratrice et ses circonvolutions incessantes noient le lecteur auquel n'échappe pas les contradictions agaçantes de cette dernière ; le roman prend également un tour curieux dans sa dernière partie, et le face à face entre la narratrice et son élève favori suinte une atmosphère malsaine qui rend difficilement concevable la chute...On s'empresse donc de refermer ce ministère de la douleur insoutenable.
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Le ministère de la douleur

Quand j'enchaîne le même mois un deuxième livre d'un auteur ou d'une autrice que je découvre, c'est très bon signe. Le ministère de la douleur est moins éclaté et plus romanesque dans sa forme que La renarde et il m'a plu tout autant sinon plus.



La narratrice, Tanja, a fui la guerre et elle pose ses valises à Amsterdam, pour enseigner la littérature et les langues slaves à l'invitation d'une université. Elle se retrouve responsable d'un petit groupe d'étudiants, exilés de l'ancienne Yougoslavie, comme elle, et pour la plupart inscrits au cours dans le seul but d'obtenir les papiers qui les autorisent à rester aux Pays-Bas. Par ses méthodes d'enseignement peu orthodoxes, Tanja tente de panser les blessures, mais des tensions sourdes demeurent.



J'ai adoré ce portrait de femme, écorchée, déterminée, indépendante et non sans contradictions. L'intrigue m'a tenue sur le qui-vive et les réflexions de l'autrice sur l'identité, qui passe par la langue, le foyer et les souvenirs, sont passionnantes.

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Baba Yaga a pondu un oeuf

Quel bonheur de retrouver Dubravka Ugrešić dans ce livre décapant ! À aucun moment de ma lecture, je n'ai boudé mon plaisir. C'est intelligent, drôle et ça fait du bien.

Après Le musée des redditions sans condition, c'est mon deuxième livre de l'autrice croate. D'ailleurs la première partie de Baba Yaga a pondu un œuf m'a fait penser à ce livre que j'avais beaucoup aimé.



La première partie seulement, parce que Baba Yaga a pondu un œuf compte trois parties très distinctes. Autant dans la forme que dans le fond. Même si évidemment, on s'en doute un peu avec Dubravka Ugrešić tout finit par faire sens, même quand elle nous emmène dans des histoires abracadabrantesques, où on ne sait plus très bien qui est qui et pourquoi on lit ci ou ça, qui de l'œuf ou de la poule, si la troisième partie répond à la première tout en analysant la deuxième, ou si c'est en fait l'inverse, au bout du compte tout est bien qui finit bien, on retombe sur nos pieds, la boucle est bouclée (et c'est plutôt épatant).



En disant ça, j'ai tout dit et je n'ai rien dit. Il faudrait quand même revenir sur le sujet principal du livre, Baba Yaga, cette sorcière des contes slaves, qui fait le lien entre les différentes parties du livre. Une sorcière ? En tout cas une vieille femme (qui a peut-être ou peut-être pas des pattes de poulet et pondu un œuf). Et c'est là en fait qu'est le vrai sujet. La vieillesse des femmes. Le vieillissement. Les vieilles. Et ça fait plaisir de lire un livre aussi drôle sur le sujet. Il s'ouvre sur trois vieilles. Et on va les suivre, de Zagreb où elles vivent à une station thermale en Tchéquie où elles vont vivre des aventures incroyables. Je ne vais pas en dire plus : je ne veux pas vous gâcher le plaisir. J'espère que vous rirez autant que moi !
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Le ministère de la douleur

Amsterdam, un enseignement pour exilés de l’ancienne Yougoslavie. Le dire des souffrances, des souvenirs, des destructions, de la guerre. Les textes pour dynamiser les mémoires.



Une trahison, des compromissions, le souvenir obsédant d’un monde détruit.



Une ironie mordante en voyage.



« J’observais les voyageurs, j’écoutais ce qu’ils disaient, même si je ne comprenais pas la langue, je flairais leurs odeurs, je laissais mon regard glisser sur leur visage comme sur un écran d’ordinateur et j’engrangeai dans ma mémoire des détails, oui, surtout des détails. Des images saisies par hasard me hantaient, plus ou moins longtemps. J’avais souvent l’impression que ce n’était pas moi qui leur avais ouvert la porte, mais quelqu’un d’autre. »



Un très beau livre sur les chemins de l’exil.
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Baba Yaga a pondu un oeuf

Roman très étrange où j’aurais bien mis cinq coquillages pour certains passages et deux dans d’autres. L’autrice se raconte elle même dans la première partie et la troisième. Dans la première partie elle raconte ses rapports très compliqués avec sa mère. Et dans la troisième elle explique le mythe de baba-yaga qui doit éclairer tout ce roman. J’avoue que je n’ai pas été intéressée par cette troisième partie, j’ai préféré la deuxième partie, celle où on voit trois femmes âgées venir dans le grand hôtel de Prague profiter des bienfaits d’une station thermale.

Le récit est très loufoque alors que la quatrième de couverture promettait « un roman érudit, hilarant et plein d’autodérision » .



J’ai des réserves sur l’humour croate mais parfois oui, c’est assez drôle, en revanche je trouve que la description de la vieillesse est sans pitié et je trouve même cela assez cruel. J’ai été plus intéressée par ce que ressentent les intellectuels des « ex » pays communistes. Ils ont été souvent des contestataires et le virage vers le capitalisme et la liberté les a rendus très amers. D’abord, plus personne ne s’intéresse à leur lutte, ils ont donc appris à se taire et en plus ils voient des médiocres réussir financièrement alors qu’eux-mêmes ont beaucoup de mal à vivre avec leur retraite. L’auteure souffre de voir que le nationalisme croate s’appuie sur des sentiments xénophobes, les mêmes qui pendant la guerre ont permis l’extermination des juifs.



Tous ces moments sont vraiment très intéressants : je ne savais pas qu’en Yougoslavie il y avait eu aussi un goulag. Je n’avais jamais entendu parler de l’île-prison de Goli Otok, Pas plus que du camp de concentration de Jacenovak créé par les croates en 1941 qui est considéré comme un des pires camps de concentration. J’ignorais que les Croates d’aujourd’hui étaient aussi intolérants vis à vis des autres nationalités qui composaient leur pays sous le régime communiste. Mais pour vraiment aimer ce roman, il faut aussi accepter le côté fable du récit que l’écrivaine explique dans sa troisième partie. Baba-yaga serait donc le symbole de toutes femmes qui ont été niées au cours des siècles et Dubravca Ugrešic termine son livre par un hymne à la gloire de toutes les révoltes féminines. Le récit prend parfois des allures d’épopée et est complètement fouilli : on s’y perd complètement, je pense que c’est voulu, mais c’était un peu trop fou pour moi.
Lien : https://luocine.fr/?p=15207
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