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Citations de Edith Bruck (129)


Laisse-moi caresser tes cheveux clairsemés
ta joue névralgique
ton oreille un peu sourde
tes mains agitées
ta jambe plus courte
tes épaules juvéniles
ta bouche sur ses gardes
laisse-toi aller
rapproche-toi de mon
flanc fané.

(extrait de "Pour la défense du père" - 1980).

.
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«  Nous étions toutes pareilles, emmitouflées dans des haillons, émaciées, avec des yeux de chiens affamés qui se disputent un bout d’os » …
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Les guerres entraînent des guerres. Moi, je désarmerais le monde entier.
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[La petite fille aux pieds nus]

... une ombre permanente était apparue, un brouillard s’était étendu dans les âmes, faisant taire tout commentaire et interdisant toute lumière...

[Lettre à Dieu]

Depuis la première lettre que j’avais pensé T’écrire à l’âge de neuf ans, quatre-vingts autres sont passés ! Et je me suis sentie rougir, aussi bien à cette époque qu’il y a deux nuits, pour cette même idée qui ne m’a jamais abandonnée. Cela me semblait être un blasphème que je n’avais jamais prononcé, peut-être un manque de pudeur ou une folie lucide. Mais maintenant je T’écris vraiment, tant que je vois. Je T’écris à Toi qui ne liras jamais mes gribouillis, ne répondras jamais à mes questions, à mes pensées ruminées pendant toute une vie.

Des pensées élémentaires, petites, celles de l’enfant qui est en moi, qui n’ont pas grandi avec moi et n’ont pas vieilli avec moi, et n’ont donc pas beaucoup changé. Peut-être que je ressens une urgence à mettre sur la page ce que j’ai accumulé dans mon esprit parce que le destin est en train de me priver de la vie. J’ai déjà de la peine à déchiffrer mon écriture tordue et les lignes ivres, mais j’ai hâte, le temps presse. Je constate que chaque mot et chaque ligne tendent vers le haut de plus en plus et qui sait si elle n’arrivera pas jusqu’à Toi, que Tu sois là ou que Tu sois fait de silence, d’invisibilité et sans image pour Ton peuple auquel j’appartiens. Fille d’une mère qui ne T’a pas plus adressé la parole à Toi qu’à ses six enfants et à un mari coupable parce que pauvre.
...
Je me demande depuis toujours, et je n’ai pas encore la réponse, à quoi servent les prières si elles ne changent rien ni personne, si Tu ne peux rien faire et si Tu n’entends pas, ne vois pas ou si Tu es l’invention d’un esprit supérieur, inimaginable, à moins que ce ne soit Toi qui T’es inventé Toi-même ? Moi, qui ai toujours écrit d’un jet, jour après jour, maintenant je m’arrête soudain la main suspendue ou le regard fixe dans le vide, c’est dans le vide que je Te cherche.
Nous n’avons, nous, ni Purgatoire ni Paradis, mais l’Enfer, je l’ai connu, où le doigt de Mengele indiquait la gauche qui était le feu et la droite qui était l’agonie du travail forcé, les expérimentations et la mort de faim et de froid.

Les cas de survie sont advenus sans mérite, ou si ça se trouve, aux dépens de la vie d’autrui, ou au service de l’ennemi. Pourquoi n’as-tu pas brisé ce doigt ? Dans la chapelle Sixtine, Tu tends le Tien vers Adam – homme en hébreu – sans l’effleurer comme ce médecin qui était le Oui et le Non, en prenant Ta place, Tu as permis qu’il Te remplace ! Et qu’il dirige cet index de feu contre des millions d’innocents qui T’invoquaient et T’adoraient comme ma mère. Tu ne craignais pas qu’ils Te renient ou alors Tu avais retourné le doigt contre Toi-même en suivant le destin de Ton peuple élu ? Nous, une fois sortis de cet Enfer, nous avons été abandonnés à nous-mêmes, mais Tu n’es pas mortel : n’es-Tu pas Notre Éternel Unique ? Paroles en l’air, consolatrices, faites d’espoir, nécessaires comme le pain pour qui a faim, et le monde ne manque pas de faim, pas plus qu’il ne manque d’abondance pour quelques-uns.
...
Oh, Toi, Grand Silence, si Tu connaissais mes peurs, de tout, mais pas de Toi. Si j’ai survécu, ça doit avoir un sens, non ?
Je Te prie, pour la première fois je Te demande quelque chose : la mémoire, qui est mon pain quotidien, pour moi, infidèle fidèle, ne me laisse pas dans le noir, j’ai encore à éclairer quelques jeunes consciences dans les écoles et dans les amphis universitaires où, en qualité de témoin, je raconte mon expérience depuis une vie entière. Où les questions les plus fréquentes sont au nombre de trois : si je crois en Toi, si je pardonne le Mal et si je hais mes tortionnaires. À la première question, je rougis comme si on me demandait de me déshabiller, à la deuxième j’explique qu’un Juif ne peut pardonner qu’en son propre nom, mais que je n’en suis pas capable parce que je pense aux autres, qui ont été exterminés, et qui ne me pardonneraient pas, à moi. Ce n’est qu’à la troisième que je peux apporter une réponse certaine : pitié oui, envers n’importe qui, haine jamais, c’est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre et c’est ce dont je Te remercie, dans la Bible Hashem, dans la prière Adonai, et dans la vie de tous les jours, Dieu.
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«  Il y a très très longtemps, il était une fois une petite fille qui, au soleil du printemps, avec ses petites tresses blondes virevoltantes, courait les pieds nus dans la poussière tiède .
Dans la ruelle des Six- Maisons, du village où elle habitait, il y en avait qui lui disaient bonjour et d’autres non. »
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Il y a la mer C’è il mare

Il y a la mer
il y a la montagne
l’air sent le genêt
les pièces le propre
il y a de tout
et tout est à toi
Tu n’as jamais été
Aussi riche
ni aussi seule. »
……………………………………………………………


Enduisez-moi d’huile de sésame Spalmatemi d’olio di sesamo

« Enduisez-moi d’huile de sésame
mettez-moi nue au soleil
tournez-moi d’un côté à l’autre
avec la délicatesse
d’une mère amoureuse
qui change son enfant
dites tout doux que je suis belle
que Dieu existe
et je n’aurai pas la peur pudique
de prier
De cacher
L’amour. »
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Certains après-midis, au fond du jardin, sur la pente vers la rivière Bodrog, j'écrivais et je lisais des livres qu'il me prêtait: des romans, des poèmes.. Et tout me plaisait.
J'avalais chaque ligne, chaque page et je dévorais les volumes l'un après l'autre. Au coucher du soleil que j'aimais, j'écrivais dans mon cahier au crayon de bois.
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«  Le train , Auschwitz —— où l’on marchait sur les cendres » .
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La peur, que les parents tentaient de dissimuler aux plus jeunes de leurs enfants, s'exprimait par une impatience, une nervosité, des interdictions de sortir ou de se défier à la course dans les ruelles.
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Edith Bruck
Je t'ai dit que j'ai écrit qu'en Israël, j'étais la Hongroise, en Hongrie la Juive, en Italie la Hongroise survivante. Et je suis tout cela, mais autre chose aussi. Que de fois , je t'ai expliqué que survivre ce n'est ni une vertu ni un mérite mais simplement un hasard. Et je ne suis pas d'accord avec Primo Levi : il soutenait que les rescapés dans les camps ont été les pires, les plus méchants, et souvent complices des tortionnaires et que les vrais témoins sont des naufragés. Je n'ai pas non plus de sentiment de culpabilité pour avoir survécu ; je n'ai jamais rien volé à mes compagnes, mais j'ai été volée.
p 314
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On a encore le temps
tous les espoirs
ne sont pas perdus
qui a aimé
laisse toujours quelque chose.

(p.69)
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(...) en fermant les yeux comme quand j'étais petite, je ne rêvais plus qu'une fois grande, j'aiderais mes parents, mais que je ferais la paix avec la réalité, que je ne serais plus jamais rendue aussi nue et vulnérable par un regard pervers.
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La première grande et véritable épouvante, ils la ressentirent tous quand Judit était revenue à la maison (…) et lorsque le maître Rinko, qu’elle avait croisé, affichant un sourire sarcastique, lui avait lancé « Heil Hitler » ! ». L’effroi dans les yeux, ils l’écoutaient comme si cela avait été le nom du démon ; la cuisine, les murs blancs se couvrirent d’ombre, ce nom flottait dans l’air comme une tache obscure. Ni Ditke, ni Jonas, ni Judit ne savaient bien qui il désignait. Seuls leurs parents le savaient, mais comment le dire aux enfants et que dire ?
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Loin

Loin
dans une solitude
pleine de fantômes
de voix
de regards
de pas
de souvenirs
lointains
et proches.
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Une promenade avec Primo Levi
(...)
La normalité désirée
ne nous est plus possible
dans la maison, dans la rue, avec les amis
les épouses, les maris, les amants -
une existence a été marquée
qui peut finir aussi au pied de l'escalier
comme la tienne, quand tu as cédé
au clin d’œil du vieux malin
nous appauvrissant nous et tes innombrables,
Pourquoi Primo ?

Ta figure tutélaire nous manque,
nécessaire comme l'eau à l'assoiffé,
la prière au croyant,
la lumière au non-voyant.
Notre devoir est
de vivre et jamais de mourir !
Pourquoi Primo ?
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Le vide que tu regardes
n'est jamais vide.
Le silence autour
n'est jamais silence.
Il te suffit d'écouter
il est plein de voix.
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On a encore le temps
tout espoir
n'est pas perdu
qui a aimé
laisse toujours quelque chose
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Ce qui manque, c'est une main à serrer.
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[La kapo du bloc à la jeune Ditke]
- Viens, je vais te montrer où est ta mère !
Je sautais à terre et je la suivis en courant à l'extérieur, jusque devant l'entrée de la baraque.
- Tu vois cette fumée me demanda-t-elle en m'indiquant un endroit au-delà des nombreux blocs.
- Oui
- Tu sens cette puanteur de chair humaine ?
- Mais...
- Ta mère était grosse ?
- Un peu...
- Alors elle est devenue du savon comme la mienne ! Nous crevions ici dans notre pays depuis des années, pendant que vous fêtiez encore la Pâque ? Non ?
- Euh...
- Vous pensiez que vos chers Hongrois ne vous laisseraient pas emmener ?
- Je...
- Allez allez, cesse de pleurer, ta mère est allée à gauche, hein ? On l'a brûlée !
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Nous étions huit

Nous étions huit
deux moururent en bas âge
un autre ils l'ont tué
un autre vend des pantalons à Sao Paulo
un autre des robes à Buenos Aires
un autre du pain à Brooklyn
un autre se bat avec des malades mentaux
dans un hôpital israélien
une autre, ils disent qu'elle ne fait rien, elle écrit.
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