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René de Ceccatty (Traducteur)
EAN : 9782743657895
208 pages
Payot et Rivages (02/11/2022)
4.14/5   11 notes
Résumé :
L’œuvre poétique d’Edith Bruck est indissociable de son œuvre narrative, elle puise dans sa vie de déportée hongroise et d’émigrée en Italie l’essentiel de son inspiration, faite de souvenirs, de prises de position personnelles et politiques, de réflexions sur la société et sur les choix de vie et sur sa vie familiale et conjugale.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

Je découvre avec cette anthologie poétique Edith Bruck, je n'ai pas lu la précédente " Pourquoi aurais-je survécu?". Enfant d'une famille juive-hongroise très pauvre, elle a été déportée à treize ans, ses parents n'ont, eux, pas survécu aux camps.Vie tumultueuse, d'abord en Israël , puis en Italie, dont elle a adopté la langue pour l'écriture. Son activité intellectuelle est intense.

Les poèmes s'échelonnent de 1975 à 2021. Large spectre. Voilà ce qu'elle écrit l'an dernier, avec une bonne dose d'auto-dérision mais aussi de douleur sous-jacente :

" Que veux-tu ? Tu as quatre-vingt-dix ans.
Tu n'as pas honte de survivre
à tous tes morts bien-aimés ?
Pourquoi te tiens-tu assise
comme une poule
à regarder le vide autour de toi?"

Les poèmes d'Edith Bruck sont sans fioritures, bruts, sobres, mais révèlent les plaies jamais refermées. Elle évoque ici la déportation, le manque, son besoin de témoigner mais aussi ses interrogations face à l'amour, le monde actuel, la pandémie.

Je terminerai avec ce texte que je trouve bouleversant :

" Cette nuit j'ai lu
avec les chats au loin
dans le noir
les yeux fermés
j'ai senti une main sur la tête
un geste comme suspendu
entre bénédiction et consolation
je ne savais pas à qui elle appartenait
je sais seulement que j'ai été envahie d'un grand bien-être
et j'ai souri toute seule
comme un enfant repu en rêve.

Ce n'est qu'au réveil que j'ai pensé
à la main de ma mère morte".

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💕Chronique💕

Qu'est-ce qui nous arrive?
qu'est-ce qui nous arrive
quand on écoute La voix de la vie

Que faisons-nous du silence, des équivoques
Des émotions qui nous traversent
Que faisons-nous de l'absence
De la musique d'un tatouage
Des graines et des névroses
Qui nous occupent l'esprit

J'imagine que nous cherchons
Dans la poésie, les réponses
Le début d'un mot, la fin de
Toute chose, et nous laissons
Le stylo libre de repartir en survie

Seulement, seulement, seulement
Je suis seule à lire ce recueil
Je n'ai même pas de chats
Et l'hypersensibilité voit son
Baromètre briser la mesure
La solitude et les questionnements
Sont si profonds que je m'y jette
À coeur perdu
Mais comment fais-tu Edith Bruck
Pour aimer encore aimer si fort
aimer par-dessus la souffrance

Qu'avons-nous fait
De nos plaies ouvertes
De nos mémoires
De nos corps
De notre foi
De nos amitiés
De nos morts

Est-ce que nous avons réfléchi
À nos passés, à nos drames,
À notre genre, à notre souvenir
À nos futurs, à nos croyances

Seulement seulement seulement
Des poèmes à te vriller les tripes
Des poèmes qui réparent les malheurs
Des poèmes tout doux, des poèmes chouchous, des poèmes échappatoires
Des poèmes indulgents, des poèmes-vie
Des poèmes qui ouvrent des portes
Pour que nous puissions aller, venir
Rester, trembler, rire, pleurer, chanter
Des poèmes à faire résonner toujours
Avec ce qu'il nous est de plus fondamental
La Voix de la vie

Crois-moi
C'est beau.
C'est fou ce qu'une vie peut
Donner, apprendre, reprendre
Quatre-vingt dix ans de vie
De femme
Et d'écrits poétiques
C'est ça qui nous arrive
À la fin,
Le coup de coeur espéré.

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Après la saisissante lecture de Pourquoi aurais-je survécu, j'ai voulu revenir vers l'oeuvre poétique très singulière d'Edith Bruck, au travers, cette fois-ci, de la voix de la vie, un ouvrage qui regroupe cinq de ses recueils publiés entre 1975 et 2021.

Dès les premières pages, j'ai retrouvé la même empreinte narrative, le même usage de mots simples, la même conviction, pour évoquer des sujets touchant à l'intime, à son histoire, la terrible épreuve du camp d'Auschwitz et le retour à la vie, à ce temps qui s'écoule malgré tout, malgré elle.

« Pour une fois, cette fois-ci, regarde-toi
dans le miroir !
Tu as deux yeux qui reflètent des horreurs
deux oreilles chargées de plaintes
un nez ambigu qui flaire les secrets
une bouche qui derrière des sourires
et des paroles faciles
révèle un esprit qui a vécu
et l'âme d'un papillon,
tu as deux épaules obstinées
lourdes d'un passé
qui pèse sur un coeur désarmé,
tu as un estomac gonflé de colère
les boyaux infectés de choses jamais digérées
apprends à jouer
marche, feins, cours ! »

Poésie en vers libres, sans rimes, il y a toujours dans l'écriture d'Edith Bruck, un fait déterminant, une vérité qui émerge, qui alterne entre douceur et âpreté, un récit qui fait corps, qui donne souffle à la part la plus essentielle d'elle-même, à son histoire, à son vécu.
L'amour, la maternité, l'enfance, la sensualité, le corps tout entier aimant, les êtres aimés (ses parents), le corps souffrant, la vieillesse, la solitude indélébile, la mort, ce retour à soi, l'espoir toujours, le souvenir qui toujours mène à l'écriture.

« Ses frêles os m'émeuvent
ses pas m'attendrissent
comme s'ils appartenaient à un enfant
jamais né
à un père revenu. »

Comme en surimpression, l'émotion, la sensibilité des mots et des images traversent les pages du recueil, les poèmes font à eux-seuls le portrait d'une écrivaine touchée à jamais par le souvenir, la douleur mais aussi par l'envie d'être, de demeurer. Tout simplement.

« Autour de moi
il y a tout,
ce n'est pas grand-chose
mais pour quelqu'un comme moi
mis à l'épreuve
c'est suffisant
pour comprendre
que le plus important a été vécu
et que le renoncement
ne naît pas du néant. »

.
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« Il y a très très longtemps, il était une fois une petite fille qui, au soleil du printemps, avec ses petites tresses blondes virevoltantes, courait les pieds nus dans la poussière tiède. » (Édith Bruck.)



Née dans le village hongrois de Tiszabercel, aux confins de l'Ukraine et de la Slovaquie, au bord de la Tisza, Édith Bruck née Steinschreiber, a vécu une enfance très pauvre, dans une famille juive. Elle est arrêtée en 1944 avec sa famille. Enfermée dans le ghetto de Sátoraljaújhely, elle y fête son douzième anniversaire. Quelques semaines plus tard, elle et sa famille sont déportées au camp d'Auschwitz où elle est séparée de ses parents, qu'elle ne verra plus jamais. Après la guerre, les routes la conduisent de Hongrie à la Tchécoslovaquie, l'Allemagne, la France puis en Israël « le paradis » de sa mère. Où elle n'arrivera pas à s'intégrer. Elle séjourne en Grèce, en Turquie, devient chanteuse et danseuse. Et enfin atteint sa terre promise : L'Italie.

« “N'apporte pas Auschwitz à la maison”, me disait-on. Personne ne voulait m'entendre. Alors, j'ai décidé de parler au papier. le papier écoute tout. »
Et elle écrit en italien, sa «langue pour abri ».

Et toujours lui restera : « mon père, disparu en un clin d'oeil au moment de la sélection à l'entrée du camp, alors que ma mère hurlait :''cherche ton père ! Cherche ton père !'' J'ai indiqué un homme nu quelconque au milieu de centaines d'autres, simplement parce qu'il était maigre. »
Et toujours elle luttera pour écarter la haine.

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Edith Bruck écrit d'une plume sèche, vive, cinglante, sans détour.
Elle parle des années qui suivent la déportation, de la solitude, de la vieillesse, du retour des idéologies sombres et assassines, mais aussi de l'attachement, de l'amour, de la perte des êtres aimés.
Les textes de ce recueil ont été écrits sur plusieurs décennies et sont marqués par les convictions et les épreuves de chaque âge, mais aussi par les sursauts politiques de chaque époque.
Certains poèmes sont très rapides, compacts comme des pierres jetées aux lecteurs. À nous d'encaisser.
D'autres sont plus longs, plus torturés et tortueux ou porteurs d'une démonstration plus travaillée. Comme des racines qui serpentent et s'immiscent dans nos esprits. À nous de les suivre.
Finalement, page après page, Edith Bruck offre autant de réflexion que d'émotions, mais toujours avec justesse et sans artifices, et les sujets qu'elle aborde sont universels et fondamentaux, notamment lorsqu'elle revient sur sa déportation, sur la violence inhérente à l'espèce humaine et sur les nostalgies néfastes qui fleurissent un peu partout dans le monde d'aujourd'hui.
Certaines pages, surtout dans la première partie, la plus ancienne, sont hélas un peu hermétiques et l'âpreté du style ne compense pas cette difficulté à saisir la pensée de l'autrice. Cela ne doit pas freiner la lecture : la suite est plus accessible, et nous fait réellement pénétrer ses révoltes, ses blessures, ses regrets... et, sur de rares pages, un fugitif fragment de lumière.


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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La poésie n'est pas trompeuse, elle dit la vérité qui trouble les consciences, qui touche les plaies ouvertes, privées et publiques. La poésie est cri, dénonciation, dans un monde sourd et aveugle à la beauté et à la vérité. La poésie est musique, prière, prophétie, elle voit, elle indique ce que l'on ne veut pas voir, mémoire de soi dans le monde, de l'homme qui n'apprend pas, qui répète les mêmes erreurs, qui ne s'aime pas et qui n'aime pas.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 9

Dès ma petite enfance, au lieu de prier le soir, je lisais les poèmes que j'apprenais sur les bancs de l'école primaire. Ma mère me grondait, en me répétant que la poésie que je murmurais avant de m'endormir ne pouvait remplacer la prière.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 19

Vas-y tendre ami
et pense que ce jeune ennemi
de l'autre côté comme toi a peur
pas plus que toi n'est coupable
penses-y et tu comprendras
tendre ami.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 34

Qu'est-ce qui nous arrive ?

Pourquoi nous leurrons-nous une fois de plus ?
Ce silence même couve une rancœur,
le terrain est en nous fertile
les mots non dits sont des graines
d'où naissent des fleurs malades.
Qu'est-ce qui nous empêche
de couper le cordon ombilical ?

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 57

...
si tu ne regardes pas les passants
tu me dépasseras
comme si j'étais une inconnue
qui n'attire pas ta furtive attention
et moi qui te verrai jusqu'au limite du visible
pour mes yeux fatigués
moi qui te sentirai tant que mes sens usés
pourront sentir
moi qui penserai à toi tant que je pourrais penser
je te laisserai t'en aller sans plus rien te dire.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 58 59

Seulement seulement seulement

Tout ce que j'ai
tout ce que j'ai voulu
est ici :
une chambrette
les draps jaunes
une couleur
comme une autre
pas l'étoile
à coudre sur le manteau.
L'image du passé
est riche d'itinéraires
et conduit à la découverte
que la vie est vie
même quand on est seul
et du pain il y en aura
dans un monde
où maintenant tu as une place sans t'être trahi toi-même
par des actes vengeurs
qui blessent
en boomerang.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 61

On a encore le temps
tout espoir
n'est pas perdu
qui a aimé
laisse toujours quelque chose.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 100

Vivre ici ou ailleurs
revient au même
ce qui compte
qui nous maintient en vie
n'est pas lié à un lieu
un pays en vaut un autre.
les amis ne manquent pas
car les rares qui nous restaient
ne sont pas là
ils sont pris dans le tourbillon
de leur propre malheur.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, Page 107

Sur quoi écrit un poète sinon sur l'absence, sur ce qui manque intérieurement et extérieurement ? Le bonheur ne pousse pas à écrire, quand il est là, mais si paradoxalement il est toujours là, même dans les ténèbres les plus absolues. Écrire et penser, c'est cela le bonheur, même si l'on écrit et l'on pense des choses tristes, des tourments indélébiles. Des douleurs qui avec le temps mûrissent et produisent leurs fruits en vers.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 127

American Express

Quel beau visage
m'a dit la fille aux beaux yeux derrière son comptoir
je lui ai souri heureuse
comme une mariée amoureuse
je vous laisse justement entendre quelque chose de ce genre
pour aller mieux
parfois il suffit de si peu
de presque rien
à peine d'un geste
d'un regard ;
comme quand dans les camps
on nous concédait une pomme de terre
un navet
un gant troué.
en de tels moments la vie est belle
et comme les hommes sont bons.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 131

Les nouveaux commandements

Dis oui à tous ceux qui comptent
obéis à ceux qui te conviennent
ne dis jamais ce que tu penses
encarte-toi
mêle-toi au troupeau
favorise ton clan
prie le dieu argent
ne renonce jamais à tes privilèges
garde-toi de tout le monde
ne te fie ne te fie jamais à personne.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 158

Le partage dés la petite enfance
Est créateur de paix
D'un monde nouveau
Qui n'a jamais existé.
Le pourrait il jamais ?
Cela ne dépend que de nous,
Sans prier Dieu,
La responsabilité
de tous les maux du monde
nous incombe.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 189

Si les morts parlaient

Maman pour une fois
au lieu de faire des reproches à papa
qui ne gagnait rien
Lui dirait "je t'aime",
Comme quand
Lors de la sélection
à l'arrivée à l'enfer terrestre
Elle le cherchait, elle l'invoquait.
Et lui de ses yeux de velours et de tristesse
lui demanderait un muet pardon
en lui disant "je t'aime moi aussi"
Phrases qui n'ont jamais
résonné dans la maison
(dans aucune maison ce n'était l'usage)
mais cela lui aurait fait beaucoup de bien,
tout comme à nous leurs enfants
qui ne connaissions pas leurs sentiments
inexprimés même à notre égard.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 192

Année bissextile
année d'hécatombe humaine
année d'une Rome nue
qui révèle toute sa beauté
en femme impudique.
Les rues nettoyées, désertes
Inquiètent
dans le silence s'insinue la peur
comme dans la foule aveugle.
Les rares passants murmurent
sous leurs masques blancs
les pieds prudents semblent effleurer
le sol d'un cimetière.
.Ce qui manque, c'est une main à serrer
un regard direct
une présence humaine
pour qui est seul
pour qui laisse le monde
dans un camion militaire
pour qui gît dans les rangées de cercueils
comme les migrants repêcher en mer
pour qui n'a pas pu pleurer
ses bien-aimés brûlés
sinon après Auschwitz
dans l'éternité comme les survivants.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 193 et 194
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2020

Année bissextile
année d'hécatombe humaine
année d'une Rome nue
qui révèle toute sa beauté
en femme impudique.
Les rues nettoyées, désertes
inquiètent
dans le silence s'insinue la peur
comme dans la foule aveugle.
Les rares passants murmurent
sous leurs masques blancs
les pieds prudents semblent effleurer
le sol d'un cimetière.
Ce qui manque, c'est une main à serrer
un regard direct
une présence humaine
pour qui est seul
pour qui laisse le monde
dans un camion militaire
pour qui gît dans les rangées de cercueils
comme les migrants repêchés en mer
pour qui n'a pas pu pleurer
ses bien-aimés brûlés
sinon après Auschwitz
dans l'éternité comme les survivants.
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Il y a la mer C’è il mare

Il y a la mer
il y a la montagne
l’air sent le genêt
les pièces le propre
il y a de tout
et tout est à toi
Tu n’as jamais été
Aussi riche
ni aussi seule. »
……………………………………………………………


Enduisez-moi d’huile de sésame Spalmatemi d’olio di sesamo

« Enduisez-moi d’huile de sésame
mettez-moi nue au soleil
tournez-moi d’un côté à l’autre
avec la délicatesse
d’une mère amoureuse
qui change son enfant
dites tout doux que je suis belle
que Dieu existe
et je n’aurai pas la peur pudique
de prier
De cacher
L’amour. »
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Où Dove

« Je n’ai pas de tombe
où pleurer
où apporter des fleurs.
Sur le sol d’Auschwitz
je ne mettrai plus jamais le pied.
Dans mon village natal
les pierres tombales de mes grands-parents
je les ai trouvées décapitées
et embellies par deux pots de chambre
et mes sens
sont paralysés
les pieds m’ont entraînée au loin
pour ne jamais y retourner
comme à Auschwitz.
Que pourrais-je dire, moi, survivante,
en tant que guide témoin
à des groupes d’étudiants en visite ?
Où la voix est celle des chaussures,
des lunettes,
du vent mauvais
de la terre-tombe
du silence sacré.
Même le pape François
est resté muet
assis de dos
comme un buste de marbre.
Il n’y a pas et il n’y aura jamais
de mots pour le dire.
J’essaie, je raconte, j’écris
mais ce n’est qu’un balbutiement. »
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Dès ma petite enfance, au lieu de prier le soir, je lisais les poèmes que j'apprenais sur les bancs de l'école primaire. Ma mère me grondait, en me répétant que la poésie que je murmurais avant de m'endormir ne pouvait remplacer la prière.
(...)
J'étais convaincue que la poésie était prophétie, que la poésie était la folie des purs, des innocents ; la poésie ne trompe pas et les poèmes réussis, valables, beaux contiennent des beautés et des vérités absolues. J'ai souvent tenté d'écrire des vers, mais j'ai un tel respect pour la poésie que je n'aurais jamais considéré mes gribouillis de jeunesse comme tels. Je ne saurais pas même dire ce qu'est ce livre-ci, je sais seulement que ces vers sont nés spontanément dans une des périodes les plus désastreuses de ma vie et qu'ils m'étaient nécessaires comme une bouée de sauvetage.
(Introduction au recueil "Le tatouage")
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Connaissez cette vieille dame italienne que les enfants des collèges et des lycées ont surnommée « Signora Auschwitz » ?
« le Pain perdu », d'Edith Bruck, c'est à lire aux éditions du Seuil.
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