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Citations de Edith Bruck (129)


Nous

Pour nous les survivants
c'est un miracle chaque jour
si nous aimons, nous aimons dur
comme si la personne aimée
pouvait disparaître d'un moment à I'autre
et nous aussi.

Pour nous les survivants
le ciel ou est très beau
ou est très laid, les demi-mesures
les nuances sont interdites.

Avec nous les survivants
il faut se montrer précautionneux
parce qu'un simple regard de travers
ce qu'il y a de plus banal
va s'ajouter à d'autres terribles
et toute souffrance
fait partie d'une UNIQUE
qui palpite dans notre sang.

Nous ne sommes pas des gens normaux
nous avons survécu
pour les autres
à la place d'autres.
La vie que nous vivons pour nous rappeler
et nous nous rappelons pour vivre
n'est pas qu'à nous.
Laissez nous...
Nous ne sommes pas seuls.
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Pourquoi aurais-je survécu
Pourquoi aurais-je survécu
sinon pour représenter
les fautes, surtout
aux personnes proches ?
De tant de fautes qu'elles auront
une, la plus grande, sera
le regret d'avoir fait du mal,
à moi qui ai tant supporté.
Avec moi qui suis différente
des autres et qui porte en moi
six millions de morts
qui parlent ma langue
qui demandent à l'homme de se souvenir
à l'homme qui a si peu de mémoire.
Pourquoi aurais-je survécu
sinon pour témoigner
avec toute ma vie
avec chacun de mes gestes
avec chacune de mes paroles
avec chacun de mes regards.
Et quand se terminera
cette mission ?
Je suis lasse de ma
présence accusatrice,
le passé es une arme
à double tranchant
et je perds tout mon sang.
Quand viendra mon heure
je laisserai en héritage
peut-être un écho à l'homme
qui oublie et continue et recommence...
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-Ma toute petite, me disais-tu sur le ton d'un vieux sage, aimer ne signifie pas enlever à l'autre ce qui lui plaît, aimer veut dire concéder et non pas interdire.
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En fille adoptive de l'Italie, qui m'a donné beaucoup plus que le pain quotidien, et je ne peux que lui en être reconnaissante, je suis aujourd'hui profondément troublée pour mon pays et pour l'Europe, où souffle un vent pollué par de nouveaux fascismes, racismes, nationalismes, antisémitismes que je ressens doublement : des plantes vénéneuses qui n'ont jamais été éradiquées et où poussent de nouvelles branches, des feuilles que le peuple dupe, mange, affamé, qu'il est d'identité forte, revendiquée à cor et à cri, italianité pure, blanche.. Quelle tristesse, quel danger. p156
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- Personne n'est ce qu'il est : tout le monde s'adapte, s'uniformise, en fonction des différents régimes. La vie est difficile, hors du troupeau. Le socialisme et la démocratie doivent être renforcés mais ici ce qui presse le plus, c'est la paix. Vivre sur des sables mouvants met les nerfs à vif. Le communisme dans la réalité devient dictature. Les dictateurs hypnotisent la masse qui ne pense pas, qui rallie le plus fort, applaudit quiconque, lui fait des promesses. Les dictateurs sont des manipulateurs, des voleurs de cerveaux, de rêves, ils connaissent, ils flairent les désirs des gens, et disent au peuple ce qu'il a envie d'entendre. Un vieux jeu qui se répète depuis que le monde est monde. p127
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Mais notre village nous semblait déjà loin, dans un ailleurs, avec la porte que mon père avait tenter de fermer. Ce monde-là qui avait été le nôtre était terminé, un endroit digne d'un conte, dans le bien et le mal.
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Je n'ai que le papier auquel tout raconter, comme chaque fois que j'ai besoin de dire ce qui me trouble. Le papier écoute, il est patient, silencieux, généreux, et privé de voix pour celui qui écrit. Il ne parle qu'au lecteur.
Même les Néandertaliens ont laissé des traces d'eux, en dessinant dans les grottes ! Ecrire est plus facile que parler. le papier concède la plus grande liberté, même à celui qui ment, et il ne le contredit pas s'il invente ou falsifie l'Histoire.
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Nous



extrait 2

Avec nous les survivants
il faut se montrer précautionneux
parce qu’un simple regard de travers
ce qu’il y a de plus banal
va s’ajouter à d’autres terribles
et toute souffrance
fait partie d’une UNIQUE
qui palpite dans notre sang.

Nous ne sommes pas des gens normaux
nous avons survécu
pour les autres
à la place d’autres.
La vie que nous vivons pour nous rappeler
et nous nous rappelons pour vivre
n’est pas qu’à nous.
Laissez-nous…
Nous ne sommes pas seuls…


/ traduction de René de Ceccaty
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Nous



extrait 1

Pour nous les survivants
c’est un miracle chaque jour
si nous aimons, nous aimons dur
comme si la personne aimée
pouvait disparaître d’un moment à l’autre
et nous aussi.

Pour nous les survivants
le ciel ou est très beau
ou est très laid, les demi-mesures
les nuances
sont interdites.



/ traduction de René de Ceccaty
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- Si une nullité merdeuse, une Juive immonde a le courage de porter la main sur un Allemand, si elle le fait, elle mérite de survivre. Dieu vous maudisse !
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Elle avait une curiosité malsaine, mais sa mère devait admettre que c'était la première de la classe, malgré les lois raciales, que le village n'appliquait pas à la lettre.
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Naissance
(...)
Pour les gitans un avenir chanceux m'attendait
pour mon père une bouche de plus à nourrir
pour ma mère un malheur inévitable
pour les pauvres époux religieux qui font l'amour
un signe de paix après des mois et des mois de disputes
pour mes cinq frères et sœurs et pas sept
(par chance il en était mort deux tout petits)
un jouet vivant qui s'époumonait
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Ma mère

C'était une pauvre inoffensive
gazée parce que juive
elle disait d'ouvrir la porte
à qui frappe
de donner quelque chose
à qui tend la main
et quand il y a à manger pour deux
il y en a pour trois.
Ces comptes du cœur
sont à recaler.
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Ma mère
C'était une pauvre inoffensive
gazée parce que juive
elle disait d'ouvrir la porte
à qui frappe
de donner quelque chose
à qui tend la main
et quand il y a à manger pour deux
il y en a pour trois.
Ses comptes du cœur
sont à recaler.
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Il semble que j'existe

Il semble que j'existe
les gens me sourient
m'appellent d'un nom
qui n'est pas le mien
on me regarde
on comprend quand j'ouvre la bouche
dans une langue
qui n'est pas la mienne
on me parle
on dit des choses
sur moi
et on ne me connaît pas
sur mon passeport
je suis mariée
mais je vis seule
j'ai une adresse
et j'aurai une sépulture
dans un endroit où il n'y a pas de tombe
sur laquelle pleurer
il semble que j'existe
je travaille je respire
j'entends le concierge
me dit bonjour.
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Une promenade avec Primo Levi

Pour toi si piémontais
pour tes pas presque de clandestin
pour tes yeux éblouis par tant de lumière
comme du prisonnier qui vient d’être libéré
Rome était une ville trop ensoleillée.

« Il y a une atmosphère de vacances, de fête, de marché »,
me disais-tu, de tes lèvres serrées et incrédules,
jetant un regard scrutateur et furtif
sur les vitrines tentatrices que tu t’interdisais,
Pourquoi Primo ?

La normalité désirée
ne nous est plus possible
dans la maison, dans la rue, avec les amis
les épouses, les maris, les amants –
une existence a été marquée
qui peut finir aussi au pied d’un escalier
comme la tienne, quand tu as cédé
au clin d’œil du vieux malin
nous appauvrissant nous et tes innombrables lecteurs,
Pourquoi Primo ?

Ta figure tutélaire nous manque,
Nécessaire comme l’eau à l’assoiffé,
La prière au croyant,
La lumière au non-voyant.
Notre devoir est
De vivre et jamais de mourir !
Pourquoi Primo ?
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Après?

Même les rares survivants
des camps nazis
s'en vont,
et après ?
Qui pourra jamais
continuer
à témoigner
au nom de ceux qui ont vécu
l'indicible ?
Leurs enfants ?
Souvent ils ont été
épargnés par leurs parents.
Les petits-fils fuient presque
l'expérience de leurs grands-parents
pour vivre affranchis
de cette éternelle cage
de tamponnés chiffrés.
Et une fois nous disparus,
les mystificateurs
et les nouveaux haisseurs,
les negationnistes
se multiplieront,
"Tu te rends compte,
ils nient déjà",
me disait Primo Levi,
"avec nous encore en vie !"
Je m'en suis rendu compte oui,
plus que jamais aujourd'hui !
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Enfin, je peux dire qu'il me manque, comme le pain aux affamés, et qu'il vivra en moi tant qu'il me sera donné de vivre.
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Qui peut connaître jusqu’au fond un autre, s’il n’en connaît même pas assez sur lui-même ?
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American Express

Quel beau visage
m'a dit la fille aux beaux yeux
derrière son comptoir
je lui ai souri heureuse
comme une mariée amoureuse
je voulais justement entendre quelque chose de ce genre
pour aller mieux
parfois il suffit de si peu
de presque rien
à peine d'un geste
d'un regard ;
comme quand dans les camps
on nous concédait une pomme de terre
un navet
un gant troué.
En de tels moments la vie est belle
et comme les hommes sont bons.
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