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Critiques de Edward Carey (246)
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Petite

Fin décembre 2021- Découverte à la Bibliothèque Buffon [Paris ]



Petit trésor jubilatoire et insolite à ne pas manquer !



Après mes heures studieuses de recherche à la Bibliothèque Buffon, je me réserve toujours un moment à fureter dans les rayonnages. Bien m'en a pris, car j'ai déniché cet ouvrage aussi vivant que singulier, qui m'a fait passer un moment captivant et fort instructif.



Etant aussi "fan" que l'auteur de ce personnage féminin, Madame Tussaud, dont j'ai découvert, toute jeune, le Musée de Cire , à Londres, bien avant de mettre les pieds au Musée Grévin... , j'ai été ravie de me plonger dans sa vie des plus tumultueuses, qui a épousé les soubresauts de l'Histoire, dont la période sanguinaire de la Révolution Française...



Tout en faisant la connaissance d'une existence hors du commun, j'ai révisé mon "Histoire de France", de manière fort distrayante, car entre le style très coloré de l'auteur , ses nombreux dessins, ne manquant pas non plus de malice et d'humour....je me suis "régalé" !!!



je rejoins totalement la phrase du critique,Nick Hornby : " -Petite- est le roman que Dickens aurait sans doute écrit s'il avait vu les films de Tim Burton" !!!



Née à Strasbourg en 1761, la jeune Marie Grosholz, future madame Tussaud, est employée dès son plus jeune âge comme apprentie par un sculpteur sur cire. Lorsque le duo devient célèbre à Paris pour ses réalisations, Marie a pour modèles les plus grandes personnalités de l'époque : Voltaire, Rousseau, Benjamin Franklin, etc.

Toutefois, avant d connaître la célébrité et la reconnaissance, l lui en faudra traverser, subir des épreuves, des humiliations, des maltraitances; principalement d'une veuve, devenue la compagne et l'associée de son maître-sculpteur, une cupide mégère possédant un sens redoutable des affaires !



Nous croisons tout le beau mond du XVIIIe siècle, les grands de cette société, politiques, gouvernants, révolutionnaires, artistes, philosophes ou écrivains dont le célèbre J.L. Mercier le célèbr auteur des "Tableaux de Paris"



Un véritable OVNI littéraire...qui nous immerge également dans L Histoire, comme dans l'histoire de l'Art, dont des descriptions tout à fait étonnantes touchant le travail délicat et complexe de la "Cire" :

"-Le plâtre ignore tout de la vie, lui dit-il. C'est une matière inerte, stérile, sur laquelle, contrairement aux plantes, la lumière n'a pas d'effet. Il s'en tient aux faits, il copie les pores, les rides, mais ne se préoccupe pas de la personnalité qu'ils incarnent. Une fois mêlé à l'eau, il forme une pâte qui provisoirement, produit de la chaleur, mais une chaleur dénuée de sentiment, de chair. Elle brûle, oui, mais c'est une brûlure vide de sens. C'est la cire qui apporte la chair, la cire qui donne la peau"(p.220)



Il est certain, qu'en plus des multiples détails sur la vie incroyable de cette femme de talent, je ne regarderai plus de la même manière un visage ou un moulage en cire, quel qu'il soit !...

Un livre captivant couvrant une période historique terrifiante, mais où le talent d'illustrateur comme l'ironie fréquente d'Edward Carey, nous fait souvent sourire et rire ! ...

Je trouve totalement "juste" cette comparaison et réunion, pour qualifier au plus près le travail singulier d'Edward Carey : Dickens et Tim Burton, réunis en un seul !!
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Petite

Madame Tussaud, commence sa vie sous le nom d’Anne Marie Grosholtz.

On commence le roman en 1761.

Marie voit son destin changer très tôt, toute jeune, elle doit s’occuper d’un père défiguré par un boulet de canon.

À sa mort, sa mère et elle partent pour Berne travailler chez un médecin. Ce médecin n’est autre que Curtius, un anatomiste, un peu ermite.

Un peu étrange, c’est lui qui surnommera Marie Petite.

Sa mère a été engagée comme bonne, mais ne peut supporter cette maison, palais des horreurs avec tous ces bouts de corps que Curtius reproduit en cire.

Marie, elle, elle est fascinée, elle passe son temps dans l’atelier à dessiner et à essayer de comprendre cette magnifique machine qu’est le corps humaine.



Marie, petite, est souvent oubliée et négligée.

Un sol pour lit dans un atelier, une paillasse dans une pièce sans fenêtre, à un placard à Versailles.

Elle a peu vu des rues de Paris ou de Berne au cours de sa vie, maintenue toujours enfermée, mais à tant observer et à écouter ses pairs elle a une intelligence tout autre, elle comprend les hommes à travers leurs corps, leurs expressions.

Pauvres et indigents.

Nobles et illustres du royaume.

Grains de beauté, tache sur la peau ou poils rien ne lui échappe.

Elle apprend la géographie du corps qui exprime tant sur la personne intérieure.



Une époque où Paris où le luxueux Versailles côtoie les misérables chaumières délabrées

Le Paris des indigents nombreux avec les lendemains incertains, la faim, les nombreuses maladies.

Une époque de grands bouleversements politiques que tu vis comme si tu y assistais.



À Paris, elle va vivre chez la veuve Picot, terrible femme femme, mais femme de ressources qui sait toujours quoi faire pour remplir sa bourse.

Pleine d’idée, mais terriblement méchante avec Marie dont elle profite allègrement.

Reléguée longtemps au rang de servante.



Le roman est raconté par Petite, c’est la narratrice, tu entends sa voix remplie de chaleur et de compréhension.

Alliant détermination et esprit indomptable, Petite surmonte de nombreux obstacles avant de devenir la célèbre Madame Tussaud.



J’ai trouvé le travail sur la narration extraordinaire, car elle suit l’âge de Petite, naïve et comique à 6 ans quand tu la rencontres ; plus enjouée quand elle est une adolescente.

C’est incroyable cette expérience, car tu as l’impression de grandir à ses côtés et de tout observer à travers ses yeux.

Les rues de Paris s’animent devant toi.

Tu traverses la place Dauphine, devant toi se dresse Notre-Dame.

Paris, la cité de la boue, la ville souterraine ou un labyrinthe des ombres.

Tout y est, tout y vit. Tout y meurt.



La Bastille côtoie la comédie française.

Les nobles côtoient les plus pauvres.



Edward Carey montre surtout que peu importe le statut social, le sexe ou l’âge ; nous sommes tous identiques à l’intérieur.



L’écriture est magnifique, j’y ai retrouvé, notamment du Dickens.

Les nombreuses illustrations qui accompagnent le texte sont merveilleuses

Ces illustrations, également réalisées par l’auteur, permettent d’expliquer pourquoi il lui a fallu quinze ans pour achever ce roman.









Un roman qui est passionnant, mais aussi qui est très agréable à lire.

Le confort de lecture est total.

Je soulève aussi ce choix de couverture qui est en totale adéquation avec le message que veut nous faire passer l’auteur (je suppose, c’est une déduction de ma part) rouge comme le sang qui est le même chez tout le monde et sans doute aussi pour une autre raison que je tais, car je voudrais que tu puisses vivre la même magie de la découverte que j’ai ressentie.



La vraie Marie est cachée tout au fond à l’intérieur où elle a enfoui ses idées et ses sentiments.

Elle s’oblige à cacher ce qu’elle ressent, elle en a besoin pour surmonter chagrins, déceptions et mauvais traitements, mais elle en a aussi besoin, car elle est déterminée à redevenir ce qu’elle était à Berne : l’assistante de Curtius.



Petite, mais toute puissante.

Elle s’est élevée seule. Instruite seule.

C’est sa faim de savoir qui ont fait d’elle ce qu’elle est devenue.

Petite arrive à hauteur du cœur des gens.

Petite, chez moi elle est entrée dans mon cœur et n’en sortira pas de sitôt



Ce roman est une balance, une balance entre espoir et désespoir, autant pour Marie que pour le peuple de Paris ou Curtius.

Tu balances entre les moments où tu peux respirer à pleins poumons au sein de la maison et ceux où tu étouffes sous les odeurs nauséabondes.

Tu balances entre le silence du monde de Marie et de Curtius quand ils travaillent et la cacophonie des rues.

Tu sens la puanteur et la cire.



La cligne-musette, le moulage plus rien n’aura de secret pour toi.

J’ai aimé rencontrer les artisans et métiers oubliés,

Tu vas aussi apprendre ou réapprendre le vocabulaire destiné à décrire un visage comme un nez aquilin ou des lèvres charnues.

Mannequin ou ex-voto, tu feras désormais la différence.



Edward Carey nous ouvre les portes d’un monde inconnu, j’ai été fascinée par cette discipline.

Cet art du modelage que je connais si mal, il le met à la portée de tous.



Curtius est un personnage que j’ai adoré, sa psychologie est bien plus complexe que ce que laisse présager le début. Cet homme est très important dans la vie de Marie, il va lui donner le goût du travail, il va l’aider à exprimer ses propres réflexions.

Pour lui Marie n’est ni homme si femme, elle est juste Petite.



Diderot, d’Alembert, le décès de Louis XV, les frères Montgolfier, Benjamin Franklin, Lafayette, tant de personnages historiques et de faits que tu vas rencontrer et vivre en direct, comme si tu étais sur la place de la Bastille.



Marie n’a jamais été appréciée à sa juste valeur, tu vas découvrir chacune de ses pensées, son extrême intelligence, mais surtout sa bonté d’âme.

Un personnage que tu ne pourras qu’aimer.

J’ai été triste de la quitter.



Sœur du roi ou vagabond, pour elle ce sont uniquement des êtres humains, ils ont les mêmes droits, ils ont la même chance d’avoir leur statue de cire.



Tu vas aussi très fortement ressentir les souffrances accumulées qui débordent des cœurs jusque dans les rues de Paris.

Edward Carey rend un vibrant hommage à la condition féminine et au peuple oublié.



Je ne pensais pas du tout aimer à ce point ce roman historique.

Ce n’est ni une biographie ni une fiction.

Edward Carey a collé au plus près de la vérité, mais ayant peu de documents à sa disposition il a comblé les manques par sa propre imagination, il a ajouté un univers à la Tim Burton que j’ai évidemment adoré.



C’est un roman impressionnant de réalisme, on marche aux côtés de Marie, la célèbre Madame Tussaud, dans l’histoire.



De la Suisse jusqu’à Versailles, sa vie est incroyable.

J’ai vécu ce livre intensément.

C’est fluide et magnifiquement écrit. Décrit.

Ce récit se vit autant qu’il se lit.

Il passionnera tous les lecteurs qui veulent découvrir le destin d’une femme hors du commun.

Petite oui, mais tellement grande.



Edward Carey ajoute une touche de conte dans son roman, il crée des personnages atypiques, extraordinaires, il rend l’ordinaire extraordinaire.

Son écriture est à la fois lumineuse et noire, avec un coté gothique, un coté que j’ai retrouvé il est déjà présent dans sa première saga « Les ferrailleurs ».



Je n’avais plus lu de roman historique aussi passionnant depuis le dernier livre de Luca Di Fulvio, gage de qualité pour moi puisque c’est un de mes auteurs préférés.

Tu retrouves ce talent de conteur chez Edward Carey.

Les illustrations de l’auteur parsèment l’ouvrage, t’immergeant encore davantage.



Je suis tellement sous le charme de ce roman, autant parce que j’ai adoré relire l’auteur, mais j’ai été aussi en totale admiration devant son travail.

Il garde la personnalité de sa plume tout en étant très juste dans les faits historiques.

Les mots me manquent pour pouvoir te décrire cette plume unique.

L’étrange côtoie le réel, la vie côtoie la mort. Le burlesque côtoie le drame.



Je suis encore sous le coup de cette lecture pourtant terminée à l’heure où tu lis ces lignes depuis un mois, un roman qui m’a offert beaucoup des moments de rires, mais également quelques larmes.



Je ne peux rien rajouter sans spolier, je peux juste te dire de lire ce roman, je pourrais en parler des heures.

Je te le conseille si tu as besoin de t’évader avec un roman qui te happe dès les premières pages.

Que tu aimes les romans historiques ou non, ce roman plaira, un autre talent de Edward Carey celui de mettre l’histoire à la portée de tous. Vraiment, il n’y a rien de complexe et pourtant on en apprend des choses.



À lire absolument !!
Lien : https://unesourisetdeslivres..
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Petite

Alors bien sûr Edward Caray a inventé des situations. Mais il a construit son histoire sur des éléments véridiques. Il en fallait du courage à cette époque pour vivre. Et j'avoue que ce petit bout de femme m'a conquis.

La description du Paris des années révolutionnaires est très bien faite. Les croquis, de la main de l'auteur, ajoutent du style à l'ouvrage. C'est une très bonne lecture.
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Petite

Marie Grosholz, vous connaissez ? Moi non ! Mais Madame Tussaud ? Bien sûr ! Un sacré petit bout de femme qui a réussi à se faire connaître grâce à ses talents de sculptrice, à une époque, le 18e siècle, où ses semblables devaient vivre dans l'ombre des hommes en restant sagement à sa place, la maison !



Je suis partie dans cette lecture avec enthousiasme. Tout commençait bien, les destins de femmes m'ont toujours passionnée, particulièrement celles qui vont à l'encontre de la mouvance de leur temps. J'allais découvrir le cheminement difficile de cette artiste traversant une période sombre de l'histoire française, la révolution. Peut-être en attendais-je trop, car il a fallu que je m'accroche de toutes mes forces à la moindre aspérité du récit, il y en a quelques-unes heureusement, pour poursuivre cette biographie romancée jusqu'à son terme. La narration m'a étouffée en manquant de rythme, ressassant sans cesse les humiliations subies par la jeune Marie, petite, laide, sans instruction, bonne à faire le ménage et encore... Bien que je comprenne la détresse de cette petite fille si tôt plongée dans l'inconnu, sans aucun repère familier, par moments, j'avais envie d'entrer dans le roman et de bousculer tout le monde à grands coups du mannequin de paille d'Henri Picot (ceux qui ont lu le livre comprendront), Marie pour sa docilité, Curtius pour son aveuglement et sa servilité, la veuve Picot pour sa méchanceté et son avarice, Edmond son fils transparent pour sa soumission d'une platitude révoltante. Oui, je confesse que ce livre m'a mis les nerfs en pelote, je me suis crue dans "Les Misérables" revisité par Calimero, laissant trop souvent de côté l'éveil du talent incontestable de Marie pour la sculpture au profit d'anecdotes redondantes.



"Cette nuit-là, seule dans l'atelier, j'ai pleuré dans ma couverture, car maman n'avait pas de tombe. Il ne me restait rien d'elle, plus rien à l'exception de sa bible, qui semblait contenir qu'une miette de son malheur. Pourtant une idée me vint à l'esprit tandis que j'essuyais mes larmes et me mouchais. J'avais toujours mon nez - son nez. Donc elle était encore là. Maman, ma mère. Plus qu'une idée, c'est devenu une méthode : elle m'avait légué et c'est tout ce dont j'avais besoin pour me souvenir. Deux narines, deux jumelles qui me permettraient de respirer l'amour."



La division du roman en sept "livres" représentant une tranche de vie de Marie, par exemple :"Livre cinq - 1789-1793 --- Un palais pour le peuple - de l'âge de vingt-huit à trente-deux ans" à la manière d'un journal intime dans lequel la "Petite" raconte les péripéties et les gens qu'elle rencontre, me paraît bien trop didactique pour insuffler de la vie à la chronologie malgré l'écriture fluide de l'auteur. Quand la lassitude s'installe, il m'est difficile de la déloger, surtout quand je n'éprouve pas d'empathie particulière pour les personnages, manquant de profondeur et dont la psychologie reste, pour moi, trop superficielle. Malgré mon envie désespérée de rencontrer la vraie Marie, je suis restée sur ma faim. Par contre, j'ai beaucoup apprécié les croquis illustrant régulièrement le texte, imposant un plongeon dans l'Histoire par leur facture.



Heureusement, quelques épisodes ont été les reliefs qui ont pu me soutenir et auxquels je me suis cramponnée. L'apprentissage de la sculpture avec la cire dont Curtius donne une bien belle définition : "Cette substance que j'ai là est essentielle. Même si, en soi, a-t-il dit en la malaxant tendrement dans ses mains, elle n'est rien ni personne. Elle peut être très aimable, ou très timide, se parer de beauté ou de laideur, elle peut se faire os, se muer en paroi abdominale, en réseau artériel ou veineux, en nœuds lymphatique, briller comme un ongle, couler comme le mince sirop qui tapisse nos oreilles, ou s'enrouler comme les mille pieds d'intestins contenus dans notre ventre. Tout, tout, tout, elle peut tout être ! Elle peut même être TOI ! [...] Elle est vision, elle est mémoire, elle est histoire. Grise comme le poumon, ou brun-rouge comme le foie. [...] Elle imite la surface de tout objet avec une précision surprenante. Rêche, lisse, dentelée, brillante, plate, marbrée, grêlée, fendue balafrée, croûteuse, glissante... À toi de choisir. Il n'est pas de surface qu'elle puisse remplacer."



Malgré ma perplexité et ma déception, il est indéniable qu'Edward Carey a minutieusement épluché une documentation sérieuse pour décrire la vie de château, la Terreur, les têtes qui tombent et les sculptées qui sont souvent les mêmes. En effet, la période versaillaise de Marie pour enseigner l'art du dessin et de la sculpture à Madame Élisabeth, sœur du roi Louis XVI, si elle a réellement eu lieu, est riche en enseignements sur le fonctionnement de la Cour, papillonnante et virevoltante, inconsciente de la misère du peuple et de la colère qui se rapproche des ors de la monarchie. C'est ainsi que j'ai appris, pour les serviteurs devant garder une proximité avec leur maître, l'organisation du couchage nocturne sur un rayon de... placard ! Le rouleau compresseur de la Révolution avec les règlements de comptes, les compromissions, la suspicion omniprésente et l'angoisse permanente planant sur tous, sous le régime de Robespierre ne laissent pas insensible non plus.



Plus que le destin de Marie, ce sont les points forts de l'Histoire qui ont retenu mon attention, j'ai donc l'impression d'être passée à côté de l'un des "meilleurs livres de l'année 2021". Je suis pourtant certaine de ne pouvoir oublier ce destin improbable d'une femme que rien ne prédestinait à avoir son nom placardé dans les plus grandes villes d'Europe : Londres (où elle émigre au début du 19° siècle), Berlin, Amsterdam..., d'Asie : Shanghai, Bangkok, Tokyo..., d'Amérique du Nord : Las Vegas, New-York, Washington, Hollywood..., même à Sydney en Océanie.



Il est à noter que le Musée Grévin, bien qu'influencé par la mode des mannequins de cire de Mme Tussaud, a une origine différente. À Paris, les musées de ce type se sont succédés sans jamais égaler celui du docteur Philippe Curtius et ont fermé les uns derrière les autres. En 1881, Arthur Meyer, patron de presse, a eu envie de proposer à ses lecteurs, une représentation réaliste des personnalités paraissant au fil de l'actualité, la photographie n'ayant pas encore atteint ses heures de gloire. Naturellement, il s'est tourné vers un dessinateur-sculpteur qui avait travaillé pour lui en illustrant son journal de caricatures, Alfred Grévin. C'est ainsi que le célèbre Musée parisien a ouvert ses portes l'année suivante en 1882. Bien qu'indépendant, l'ombre de Marie Tussaud plane un peu dans ses couloirs si connus, surtout dans les caves de la Révolution.
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Petite

Roman loufoque qui s’inspire de la vie réelle de Madame Tussaud, mais si, cette femme qui a donné son nom au plus célèbre musée de mannequins de cire du monde. Et bien figurez-vous que cette femme est suisse, qu’elle a vécu toute sa jeunesse et ses premières années de femme d’affaire en France, qu’elle a cotoyé (depuis un pacard) la Cour de Louis XVI et proposé des masques mortuaures de toutes les têtes tombées pendant la révolution. Bref, ce texte est déjanté parce que la vie de Marie Grosholtz (épouse Tussaud) le permet allègrement. C’est un récit biographique, historique, parfois presque mystique et un roman d’amours. Si le style très particulier a pu me procurer une forme de lassitude par moment, je ne m’en suis pas moins régalée !
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Petite

L’histoire :

Marie Grosholtz naît en 1761, « très petit, petit bébé ». Son prénom est aussitôt raccourci en Marie puis elle est définitivement surnommée « Petite ». Cela commence un peu comme un conte qui raconterait l’histoire d’une petite fille promise à un grand DESTIN. Son père disparaît très vite, il ne restera de lui que le morceau de métal qui soutenait sa mâchoire détruite par la guerre. Marquée toute jeune par le suicide de sa mère, Petite est employée en Suisse au service de l’étrange et talentueux Docteur Curtius, sculpteur sur cire. C’est à partir de ce moment que commence l’apprentissage de cette qui deviendra la célèbre Mme Tussaud.



Ce roman restera sans doute parmi mes coups de cœur de 2021 et les raisons sont multiples. Je vous en donne ici quelques-unes.

D’abord parce que l’auteur a su stimuler et frapper mon imagination. Les descriptions me rappellent tout l’univers romanesque fantastique de mon enfance comme celui Frankenstein de Mary Shelley ou Le chef d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac.

« Il me le confia. Comme animé de sa propre vie, le moulage était encore chaud mais ne tarda pas à refroidir. […] Je l’ai examinée : c’était bien Marie, les yeux fermés, avec le nez de sa mère et le menton de son père. Il me semblait exister deux fois ».

Comment ne pas penser au mythe de Pygmalion en lisant ces quelques lignes ?



Ensuite parce que l’histoire rejoint l’Histoire et que c’est une figure féminine qui se bat sans relâche. Le lecteur accompagne Petite dans son apprentissage, contrainte de faire le moulage des têtes tombées sous la Révolution pour survivre. Elle traverse les pires massacres sans jamais baisser les bras alors qu’elle aurait eu mille occasions de laisser tomber.

Mais c’est aussi le Siècle des Lumières qui jaillit au fil des pages. On croise Voltaire, on suit les échappées parisiennes de Louis-Sébastien Mercier, chroniqueur infatigable et personnage savoureux (je lui aurais bien offert une paire de tennis !), auteur du Tableau parisien. Le roman fourmille de références culturelles sans jamais être didactique. Un subtil mélange de réalisme qui frôle le merveilleux.

Vous découvrirez Versailles comme vous ne l’avez encore jamais vu. Petite dans son placard, ou évoluant parmi les servantes d’Elisabeth, jeune sœur de Louis XVI dans un décor prestigieux mais tellement soumis à l’étiquette. Petite évoluant dans la galerie des Glaces… Et que dire de Louis XVI justement, et de sa passion insoupçonnée ?

Enfin j’ai aimé ce roman parce qu’il est drôle et poétique à la fois. Edward Carey manie avec habileté et délicatesse l’art du dialogue et de la narration. Combien de fois est-il parvenu à suspendre le temps et à me faire sourire ?

« J’ai souhaité une bonne nuit au serrurier, que j’ai laissé sur notre banc de fortune, en compagnie du serviteur en livrée bleue et de son parapluie ». Quelle belle image !



Vous l’aurez compris, ne passez pas à côté de ce roman ! Je vous conseille de découvrir cette femme courageuse, battante, étonnante Petite Poucette du Siècle des Lumières.



Bonne lecture !




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