Citations de Elena Janvier (37)
Au Japon, ceux qui s’aiment ne disent pas « je t’aime » mais « il y a de l’amour », comme on dirait qu’il neige ou qu’il fait jour. On ne dit pas « tu me manques » mais « il y a de la tristesse sans ta présence, de l’abandon ». Une sorte d’impersonnel immense qui déborde de soi. La tristesse est partout, l’amour aussi. Pas de hors-champ du sentiment.
Ces choses qui font battre le cœur
À la saison des pluies les hortensias bleus du temple Meigetsu-in.
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Le fait que le cœur en Japonais se dise: kokoro…
Ma mère et quasiment le monde entier m’ont appris à prendre sur soi.Maintenant que je suis grande,j’essaie de désapprendre.
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《Solitaire, sous la lampe, c'est une joie incomparable de feuilleter des livres et de se faire des amis avec des hommes d'un passé que je n'ai point connu.》Urabe Kenkô, qui écrit ceci au début du XIVème siècle dans Les Heures oisives, est maintenant mon ami.
J’ai appris à Tokyo à fermer les yeux sitôt assise sur une banquette de train, de bus ou de métro, dans les salles d’attente en tous genres, les salles de cinéma où l’on va seul, avant le film, les laveries automatiques et parfois sur les quais. Non, pas dormir, non. Seulement atténuer le dehors, ses néons, ses visages. Jachère de l’âme, dormance des pensées, communauté de l’oubli.
Quand j’ai quitté le Japon - mais le quitte-t-on un jour ? - un ami m’a donné une minuscule grenouille en céramique qui tient dans le creux de la main. Car en japonais « grenouille » se dit « kaeru » et le verbe revenir se prononce de même.
Kintama
En France on utilise une très classieuse expression pour dire "s'enrichir".Au japon,la couille est en or de toute façon ("Kin" c'est l'or et "tama" la sphère).
N’apprend qu’avec réserve. Toute une vie ne suffit pas pour désapprendre, ce que naïf, soumis, tu t’es laissé mettre dans la tête – innocent ! – sans songer aux conséquences. In Poteaux d’angles d’Henri Michaux
Ma mère et quasiment le monde entier m’ont appris à prendre sur soi. Maintenant que je suis grande, j’essaie de désapprendre.
Depuis que mon ami Gérald S. m’a appris que nous sommes incapables de faire la différence entre les souvenirs de nos rêves et ceux que l’on garde de notre passé, je ne suis plus très sûre de ce dont je me souviens. Ma vie serait un rêve.
J’ai appris à Tokyo à fermer les yeux, sitôt assis sur une banquette de train, de bus ou de métro, dans les salles d’attente en tout genre, les salles de cinéma où l’on va seul, avant le film, les laveries automatiques et parfois sur les quais. Non pas dormir, non. Seulement atténuer le dehors, ses néons, ses visages sans nombre. Jachère de l’âme, dormance des pensées, communauté de l’oubli.
LIAISONS
En France, on ne fait plus du tout les liaisons, surtout pas à la radio, et rarement au théâtre. Les Japonais qui parlent français font toujours les liaisons. Ainsi, on sait qu'il sont japonais et non pas français.
MACHINES A LAVER
C'est comme ça et personne ne sait pourquoi : au Japon, les machines à laver lavent à l'eau froid. Si, absolument : à l'eau froide. En conséquence, on lave tous les jours. Isogashii-tanoshii ! comme on dit. S'activer, voilà qui est joyeux ! (ou quelque chose de ce genre).
Henri Michaux : Les Japonais lavent même le ciel.
TRAIN :
Le premier train à grande vitesse japonais, le shinkansen, s'appelait Kodama (Echo). Puis il y eut un train plus rapide, qu'on appela Hikari (Lumière), car il allait encore plus vite que l'écho. Il y a maintenant des trains encore plus rapides, bien plus rapides que la lumière. Ceux-là, on les appelle Nozomi : Espoir.
Le prochain train rapide ne s'arrêtera plus nulle part et arrivera avant de partir, mais comment l'appellera-t-on ?
Feuilles mortes
En France, on peut shooter dans les tas de feuilles mortes. Au Japon, c'est difficile, il semblerait qu'elles soient ramassées une par une et au fur et à mesure de leur chute. Peut-être même en plein vol. C'est fort possible.
HYGIENE :
Sartre disait que la différence entre les ouvriers et les bourgeois, c'est que les ouvriers se lavent les mains avant d'aller aux toilettes, les bourgeois, après. Au Japon, on se lave les mains avant et après parce qu'il n'y a que des classes moyennes.
BAISERS :
S'embrasser sur les bancs publics au Japon est un délit (incitation à la débauche). En France, c'est juste une chanson.
p48. Richard Brautigan note dans son journal Japonais : Les femmes sont toutes si séduisantes au Japon que les autres ont dû être noyées à la naissance
Paradoxe
Les femmes japonaises -qui ne travaillent pas- donnent de l'argent de poche à leur mari chaque semaine.
Apparence
Au Japon, le fin du fin n'est pas de soigner son apparence mais ce qui n'apparaît pas. Un kimono sobre, voire insignifiant, doublé d'une soie rare.