Citations de Elena Janvier (37)
HYGIENE :
Sartre disait que la différence entre les ouvriers et les bourgeois, c'est que les ouvriers se lavent les mains avant d'aller aux toilettes, les bourgeois, après. Au Japon, on se lave les mains avant et après parce qu'il n'y a que des classes moyennes.
Livres de poche
...
Au moment de régler votre achat, le libraire vous propose de couvrir votre livre, pour éviter de le salir dans les transports ou de l'endommager au contact des divers objets de votre sac.
A moins que ce ne soit par pudeur ou discrétion ? Dans le métro tous les japonais en train de lire semblent déchiffrer un seul et même livre, anonyme et sans titre.
Dans une conversation japonaise, on acquiesce souvent, ça ne veut pas dire qu'on est d'accord, ça veut dire qu'on écoute.
Au Japon, l'érotisme du décolleté n'est pas affaire de gorge mais de nuque, que l'on révèle ou dévoile.
BAISERS :
S'embrasser sur les bancs publics au Japon est un délit (incitation à la débauche). En France, c'est juste une chanson.
Les livres de poche japonais sont de vrais livres de poche. Minces et compacts , dix centimètres sur quinze tout au plus, on les glisse aisément dans sa poche. On a beau être un livre de poche sans prétention, au Japon on a tout de même sa dignité : on porte jaquette et marque-page, couverture finement toilée et parfois même un véritable signet tissé en pages centrales.
《Solitaire, sous la lampe, c'est une joie incomparable de feuilleter des livres et de se faire des amis avec des hommes d'un passé que je n'ai point connu.》Urabe Kenkô, qui écrit ceci au début du XIVème siècle dans Les Heures oisives, est maintenant mon ami.
TRAIN :
Le premier train à grande vitesse japonais, le shinkansen, s'appelait Kodama (Echo). Puis il y eut un train plus rapide, qu'on appela Hikari (Lumière), car il allait encore plus vite que l'écho. Il y a maintenant des trains encore plus rapides, bien plus rapides que la lumière. Ceux-là, on les appelle Nozomi : Espoir.
Le prochain train rapide ne s'arrêtera plus nulle part et arrivera avant de partir, mais comment l'appellera-t-on ?
Ce n'est pas parce qu'on n'aime pas le natto qu'il faut en dégoûter les autres. A regarder, même de loin, ça n'a pas l'air inoffensif du tout. Radioactif peut-être. Il faudrait tenter l'expérience mais,en cas de coupure de courant, on doit pouvoir aller réenclencher le disjoncteur à la seule lueur de la boîte de natto. ça se touille vigoureusement, amoureusement, longuement - c'est meilleur bien touillé-, et inutile de penser que ça va en améliorer l'aspect. C'est visqueux et élastique, oui les deux en même temps, un exploit, et le point commun avec le fluide végétal que secrètent certaines plantes carnivores. Le goût? Inoubliable.
Moustiques : Au Japon, les moustiques sont noirs mais tachetés de blanc. On se surprend à trouver cela assez joli, ça change des coccinelles. Pour le reste, ils font exactement le même boulot que tous les moustiques du monde. (p. 53)
Au Japon, il y a des réunions pour préparer les réunions.
selon des amies bien informée,l'homme japonais,au bord de l'extase,s'exclame,ou murmure,selon:"iku-iku!"'quelque chose comme :"j'y vais,j'y vais!")
autant etre prévenue,non?
COMPTER
Chez nous, on compte indifféremment tout ce qui peut se compter, de un à l'infini. Au Japon, la façon de compter dépend de ce que l'on compte. Selon la forme, par exemple : on comptera de même les cheveux, les rues, les crayons, car ils sont longs et fins. Les feuilles de papier ou les chemises. D'une autre manière encore, les éléphants, les ascenseurs, les machines à laver, les pianos à queue. Les animaux (jusqu'à une certaine taille, pas les éléphants). Les oiseaux, d'une autre manière encore, qui est aussi, on ne sait pourquoi, celle employée pour dénombrer les lapins.
(...)
La liste est longue, les subtilités nombreuses.
Feuilles mortes
En France, on peut shooter dans les tas de feuilles mortes. Au Japon, c'est difficile, il semblerait qu'elles soient ramassées une par une et au fur et à mesure de leur chute. Peut-être même en plein vol. C'est fort possible.
EXPRESSIONS
En latin, on dit que l'erreur est humaine; en japonais, que les singes eux-mêmes, parfois, tombent des arbres.
J’ai appris à Tokyo à fermer les yeux, sitôt assis sur une banquette de train, de bus ou de métro, dans les salles d’attente en tout genre, les salles de cinéma où l’on va seul, avant le film, les laveries automatiques et parfois sur les quais. Non pas dormir, non. Seulement atténuer le dehors, ses néons, ses visages sans nombre. Jachère de l’âme, dormance des pensées, communauté de l’oubli.
BOIRE
Enzyme
On ne tient pas l’alcool et il y a une raison : une enzyme en moins dans l’organisme de 80 % de la population japonaise. C'est l’heure du diner dans une izakaya quelconque : au premier verre de bière, le visage rosit gentiment, les tournées suivantes parachèvent le travail et, quand arrive le saké, on est déjà bien cramoisi. Le shôchu ôte les derniers restes de timidité pour lancer un " Allez, si on allait boire un verre chez Tanaka maintenant ? " Le whisky, c'est pour les braves qui n'ont pas encore roulé sous la table. A ce rythme-la, on a tous une enzyme en moins.
N’apprend qu’avec réserve. Toute une vie ne suffit pas pour désapprendre, ce que naïf, soumis, tu t’es laissé mettre dans la tête – innocent ! – sans songer aux conséquences. In Poteaux d’angles d’Henri Michaux
Apparence
Au Japon, le fin du fin n'est pas de soigner son apparence mais ce qui n'apparaît pas. Un kimono sobre, voire insignifiant, doublé d'une soie rare.
Paradoxe
Les femmes japonaises -qui ne travaillent pas- donnent de l'argent de poche à leur mari chaque semaine.