Citations de Elie Wiesel (319)
Conscient que la génération des survivants s’amoindrissait de jour en jour, l’étudiant ou le lecteur contemporain se découvre fasciné par leur mémoire.
Car à un degré supérieur et ultime, il s’agit de la mémoire, de ses origines et de son ampleur ainsi que de son aboutissement. Je le répète : son débordement risque d’être aussi nuisible que son appauvrissement. Entre les deux, il nous incombe de choisir la mesure tout en espérant qu’elle sera proche de la vérité.
Pour le survivant qui se veut témoin, le problème reste simple : son devoir est de déposer pour les morts autant que pour les vivants, et surtout pour les générations futures.
Pourront-ils comprendre, eux pour qui c’est un devoir humain, noble et impératif de protéger les faibles, guérir les malades, aimer les enfants et respecter et faire respecter la sagesse des vieillards, oui, pourront-ils comprendre comment, dans cet univers maudit, les maîtres s’acharnaient à torturer les faibles, à tuer les malades, à massacrer les enfants et les vieillards.
Il ne faut pas avoir peur de la nuit. La nuit est plus pure que le jour, on pense mieux, on aime mieux, on rêve mieux la nuit. La nuit tout devient plus intense, plus vrai. Une phrase prononcée prend un sens différent, plus profond, plus lointain quand son écho nous parvient la nuit.
Elie Wiesel (Aube)
La peur, ce n’est qu’une couleur, un décor, un paysage.
Le silence à deux est plus dense et parfois plus profond que le silence à un.
Il faut avoir des yeux pour pleurer. Elle n’en avait pas. Elle avait des larmes à la place des yeux.
Le journaliste se définit par ce qu'il dit, et l'écrivain par ce qu'il tait.
La vérité du journaliste n'est pas celle du philosophe. Le premier cherche les faits, le dernier s'intéresse à ce qui les dépasse.
Il peut y avoir des moments où nous sommes impuissants à prévenir l'injustice, mais il ne doit jamais y avoir un moment où nous ne parvenons pas à protester
Rien ne justifie Auschwitz. Si le Seigneur lui-même m'en fournissait une justification, je pense que je le repousserais. Treblinka a effacé toutes les justifications. Et toutes les réponses.
Ceux qui haïssaient les Juifs ne pouvaient que détester le Talmud. D'une certaine manière, pour nos ennemis il apparaissait comme un mystérieux bouclier de notre peuple ... Ne doutons pas cependant que, sans le Talmud, le peuple juif aurait perdu la plupart de ses racines lorsqu'il fut dispersé.
Une présence chaleureuse, un appel à l'action, à l'espérance, au sourire même face au malheur, une raison de croire, de croire malgré les échecs et les trahisons, croire en l'humanité de l'autre, cela s'appelle l'amitié."
On ne vit pas dans le passé, mais le passé vit en nous..Tôt ou tard, l'homme rejoint ceux qui l'ont précédé.
Quelques part sur la terre, chacun joue sa propre pièce; elle fait pleurer ou rire aux éclats un inconnu ici et un autre là-bas.
Tout dans la vie est recommencement.
Je voulais me voir dans le miroir qui était suspendu au mur d’en face. Je ne m’étais plus vu depuis le ghetto.
Du fond du miroir, un cadavre me contemplait.
Son regard dans mes yeux ne me quitte plus.
L’obscurité était totale. J’entendais seulement ce violon et c’était comme si l’âme de Juliek lui servait d’archet. Il jouait sa vie. Toute sa vie glissait sur les cordes. Ses espoirs perdus. Son passé calciné, son avenir éteint. Il jouait ce que jamais plus il n’allait jouer.
Dans un ultime moment de lucidité, il me sembla que nous étions des âmes maudites errant dans le monde du néant, des âmes condamnés à errer à travers les espaces jusqu’à la fin des générations, à la recherche de leur rédemption, en quête de l’oubli - sans espoir de le trouver.
Nuit. Personne ne priait pour que la nuit passe vite. Les étoiles n’étaient que les étincelles du grand feu qui nous dévorait. Que ce feu vienne à s’éteindre un jour, il n’y aurait plus rien au ciel, il n’y aurait que des étoiles éteintes, des yeux morts.
Raconter trop m’effrayait plus que de dire moins. Vider le fond de sa mémoire n’est pas plus sain que de la laisser déborder.