Citations de Elie Wiesel (315)
Le silence à deux est plus dense et parfois plus profond que le silence à un.
Il faut avoir des yeux pour pleurer. Elle n’en avait pas. Elle avait des larmes à la place des yeux.
Le journaliste se définit par ce qu'il dit, et l'écrivain par ce qu'il tait.
La vérité du journaliste n'est pas celle du philosophe. Le premier cherche les faits, le dernier s'intéresse à ce qui les dépasse.
Il peut y avoir des moments où nous sommes impuissants à prévenir l'injustice, mais il ne doit jamais y avoir un moment où nous ne parvenons pas à protester
Rien ne justifie Auschwitz. Si le Seigneur lui-même m'en fournissait une justification, je pense que je le repousserais. Treblinka a effacé toutes les justifications. Et toutes les réponses.
Ceux qui haïssaient les Juifs ne pouvaient que détester le Talmud. D'une certaine manière, pour nos ennemis il apparaissait comme un mystérieux bouclier de notre peuple ... Ne doutons pas cependant que, sans le Talmud, le peuple juif aurait perdu la plupart de ses racines lorsqu'il fut dispersé.
Une présence chaleureuse, un appel à l'action, à l'espérance, au sourire même face au malheur, une raison de croire, de croire malgré les échecs et les trahisons, croire en l'humanité de l'autre, cela s'appelle l'amitié."
On ne vit pas dans le passé, mais le passé vit en nous..Tôt ou tard, l'homme rejoint ceux qui l'ont précédé.
Quelques part sur la terre, chacun joue sa propre pièce; elle fait pleurer ou rire aux éclats un inconnu ici et un autre là-bas.
Tout dans la vie est recommencement.
Je voulais me voir dans le miroir qui était suspendu au mur d’en face. Je ne m’étais plus vu depuis le ghetto.
Du fond du miroir, un cadavre me contemplait.
Son regard dans mes yeux ne me quitte plus.
L’obscurité était totale. J’entendais seulement ce violon et c’était comme si l’âme de Juliek lui servait d’archet. Il jouait sa vie. Toute sa vie glissait sur les cordes. Ses espoirs perdus. Son passé calciné, son avenir éteint. Il jouait ce que jamais plus il n’allait jouer.
Dans un ultime moment de lucidité, il me sembla que nous étions des âmes maudites errant dans le monde du néant, des âmes condamnés à errer à travers les espaces jusqu’à la fin des générations, à la recherche de leur rédemption, en quête de l’oubli - sans espoir de le trouver.
Nuit. Personne ne priait pour que la nuit passe vite. Les étoiles n’étaient que les étincelles du grand feu qui nous dévorait. Que ce feu vienne à s’éteindre un jour, il n’y aurait plus rien au ciel, il n’y aurait que des étoiles éteintes, des yeux morts.
Raconter trop m’effrayait plus que de dire moins. Vider le fond de sa mémoire n’est pas plus sain que de la laisser déborder.
Et pourtant, tout au fond de son être il savait que dans cette situation-là, il est interdit de se taire, alors qu’il est difficile sinon impossible de parler.
Il fallait donc persévérer. Et parler sans paroles. Et tenter de se fier au silence qui les habite, les enveloppe et les dépasse.
"-J'ai plus confiance en Hitler qu'en aucun autre. Il est le seul à avoir tenu ses promesses, au peuple juif"
-C'est fini.Dieu n'est plus avec nous.
Et,comme s'il s'était repenti d'avoir prononcé ces mots,aussi froidement,aussi sèchement,il ajouta de sa voix éteinte:
-Je sais.On n'a pas le droit de dire de telles choses.Je le sais bien.L'homme est trop petit,trop misérablement infime pour chercher à comprendre les voix mystérieuses de Dieu.Mais que puis-je faire,moi?Je ne suis pas un Sage,un Juste,je ne suis pas un Saint.Je suis une simple créature de chair et d'os.Je souffre l'enfer dans mon âme et dans ma chair.J'ai des yeux aussi et je voit ce qu'on fait ici.Ou est la miséricorde divine?Ou est Dieu?Comment puis-je croire,comment peut-on croire à ce Dieu de miséricorde?
Idek avait les nerfs en boule. Il se contenait à grand-peine. Soudain, sa fureur éclata.
La victime en fut mon père.
– Espèce de vieux fainéant ! Ce mit-il a hurler. Tu appelles ça travailler ?
Il se mit à frapper avec une barre de fer. Mon père ploya d'abord sous les coups, puis se brisa en deux comme un arbre desséché frappé par la foudre, et s'écroula.
J'avais assisté à toute cette scène sans bouger. Je me taisais. Je pensais plutôt à m'éloigner pour ne pas recevoir de coups. Bien plus : si j'étais en colère à ce moment, ce n'était pas contre le kapo, mais contre mon père. Je lui en voulais de ne pas avoir su éviter la crise d'Idek.
Voilà ce que la vie concentrationnaire avait fait de moi…