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Critiques de Elizabeth Acevedo (252)
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Sur le vif

Happée , dans un rayon de ma librairie, par cette superbe et joyeuse couverture , j'ai alors découvert que ce roman avait été traduit par l'auteure française Clémentine Beauvais ( Les petites reines ). Comme je sais la dame fort occupée (elle est enseignante chercheuse en Angleterre , en plus d'écrire des bouquins), je me suis doutée que si elle avait pris le temps de traduire ce roman, c'est qu'en premier lieu : elle l'avait aimé, et comme j'aime beaucoup Clémentine Beauvais...



"Sur le vif " raconte l'histoire d'Emoni tombée enceinte à quatorze ans, qui lorsqu'on fait sa connaissance en a dix-sept. Elle s'évertue à élever sa fille de deux ans, en plus de suivre les cours au lycée, tout en travaillant dans un Fast-food pour aider sa grand-mère à faire bouillir la marmite.

Elles habitent toutes les trois, ensemble. La mère d'Emoni, afro-américaine, est morte en lui donnant naissance et le père, incapable de faire face au deuil, est reparti à Puerto Rico et ne revient qu'une fois par an. Il ne les aide pas. Famille métisse à Philadelphie dans un quartier pauvre, Emoni essaie de s'en sortir vaillamment, faisant taire les préjugés liés à son statut de mère-adolescente avec beaucoup de dignité et d'obstination , la plupart de ces gamines ne poursuivant pas leur scolarité jusqu'au lycée. Oui, Emoni est une fille sérieuse , combative et très travailleuse.

Aussi, lorsqu'un cour de cuisine ouvre dans son lycée, va-t' elle saisir sa chance ; c'est que, ce qu'aime faire Emoni , par dessus tout, c'est : cuisiner.

Cette fille "a de l'or au bout des doigts". Instinctive, intuitive, créative, Emoni est déjà très douée. Et si les élèves arrivent à lever des fonds, ils partiront une semaine en Espagne, en stage dans la restauration... Un rêve pour Emoni, un rêve inaccessible au niveau financier car Emoni se débat déjà, au quotidien, afin de joindre les deux bouts , et n' a ni les moyens, ni le temps de gagner davantage d'argent...





C'est un roman qui séduit par son côté chaleureux, sa positive attitude et par son écriture , certainement excellemment traduit par Miss Beauvais...

Alors, au delà du style, je me suis demandée pourquoi lui ? Pourquoi, sur tous les romans pour ados qui sortent, une écrivaine française avait choisi de traduire celui-là ? Tout d'abord Elizabeth Acevedo s'est faite connaître avec un premier roman "Signé Poéte X", qui a reçu de nombreux prix, auxquels s'ajoutent ceux qu'elle a reçu pour son activité de slameuse. Je n'ai pas lu son premier roman, et ne connais pas cette facette d'elle.

Mais j'ai bien aimé cette histoire positive, tout en n'ayant pas un coup de coeur...

Je crains, que ce roman ne soit pas très réaliste.

J'ai trouvé ce personnage de jeune lycéenne un peu trop parfait, un peu trop stoïque (jamais elle ne craque ). Oui, l'auteure nous indique qu'elle est très fatiguée, mais tous les obstacles sur son chemin s'effacent un à un , grâce au travail et au mérite..



L'auteur ne met pas assez en avant la petite fille, ne nous parle pas assez de Babygirl, des petits progrès si nombreux à cet âge , du langage qui se met en place. Et même si elle consulté des filles-mères, pour ce roman, ce thème-là n'est pas assez exploité. Elizabeth Acuvedo de dispersant sur d'autres thèmes, comme l'homosexualité de la meilleure amie , traité de façon rapide, ainsi qu'une romance gentillette , alors que ce qui arrive à son personnage principal occupe déjà pas mal de thèmes.

Ce qui importe à l'auteure , ce qu'elle met en avant, c'est ce qui se passe en cuisine, les créations d'Emoni, sa passion.. Ce livre étant articulé en trois parties ( Acide / Salé / Doux amer) , comportant des recettes cuisine et des dessins de fruits, plantes aromatiques à chaque début de chapitre.



Elizabeth Acevedo a su saisir ce qui préoccupent les lycéennes, à savoir : les dossiers pour les facs, une orientation professionnelle, la découverte de soi, de ce qui nous plaît, la vie lycéenne, les amies, les petits copains, la sexualité et surtout : la famille . Celle dont on vient, celle qu'on subit, et celle qu'on se construit, pas parfaite, parfois bancale, mais la sienne... Une positive attitude, une grande maturité dans les décisions qui pèsent sur ces très jeunes épaules quand aux relations avec le père (et la famille) de sa fille, sur son propre père abandonnant. Oui, Emoni est d'une grande maturité..

Mais ce roman se distingue aussi de ses confrères car, en plus de parler des origines, par un petit voyage en Europe. C'est rare pour un roman pour ados américain de parler d'autres pays que les USA, c'est rare qu'ils sortent de leur zone , qu'ils se tournent vers le monde , vers un ailleurs. C'est rare qu'ils explorent leurs origines qu'ils s'intéressent à "l'autre"...



Chaleureux, positif, gourmand : un roman dont l'héroine est un modèle de bravoure, de courage, de maturité, de sérieux, de travail, et de générosité...
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Sur le vif

J'ai découvert l'écriture lumineuse et sensorielle (si on peut qualifier ainsi une façon d'écrire) d'Elisabeth Acevedo l'an dernier avec "Signé poète X", qui m'avait séduite, surtout avec la belle traduction de Clémentine Beauvais. Ce duo récidive ici pour mon plus grand bonheur, et je remercie une fois de plus Babelio de me donner l'occasion de découvrir cette nouveauté par le biais de la MC jeunesse. Merci bien sûr aussi aux éditions Nathan.

Le charme opère dès qu'on découvre cette belle couverture, des fruits, des fleurs et ce superbe visage métis avec ses boucles et son foulard pour les retenir, tel que se décrit Emoni lorsqu'elle cuisine. Emoni, elle a 17 ans, elle est lycéenne à Schomburg Charter, un lycée de Philadelphie ("Philly") et vit dans un quartier populaire, en parfaite harmonie avec sa grand-mère avec laquelle elle adore cuisiner depuis sa plus tendre enfance. Elle n'a pas connu sa mère, décédée à sa naissance, et son père vit loin d'elle à Porto-Rico, ne revenant que quelques jours chaque année. Ce jour-là, c'est la rentrée, dernière année de lycée pour Emoni, et premier jour de crèche pour Emma, dite "Babygirl". Parce qu'Emoni n'est pas qu'une lycéenne, c'est aussi une jeune maman d'une petite fille de deux ans, et en plus de cette vie déjà bien pleine elle travaille également chez Burger hit pour aider sa grand-mère à payer les factures. Pas facile tous les jours de cumuler trois vies à l'âge où les autres jeunes filles sortent avec leurs copains et se demandent quel fac les acceptera l'année suivante... Mais Emoni a une passion depuis son plus jeune âge : la cuisine, et plus particulièrement les mélanges de saveurs qu'elle invente, puisant dans ses origines afro-américaines et portoricaines, s'inspirant de recettes que lui envoie sa tante et qu'elle revisite à sa manière, alliant "à l'instinct" épices et ingrédients trouvés dans les placards de la cuisine. Et voilà que son lycée propose une option "arts culinaires" qui semble faite pour elle, et lui offrirait en plus l'opportunité d'un séjour en Espagne pour y découvrir la gastronomie hispanique. Le rêve ! Mais ce rêve a un coût, et implique des sacrifices pour Emoni : il faudra travailler plus d'heures au lycée, et aussi chez Burger Hit pour payer ce voyage, que lui restera-t-il pour passer du temps avec sa fille ?

Là-dessus un nouvel élève débarque dans sa classe, sourire ravageur aux lèvres et charme fou. En plus il est très vite attiré par cette fille de prime abord plutôt inabordable ("on ne sera pas amis", lui assène-t-elle d'emblée). Même si elle n'est plus avec Tyrone, le père de son bébé, elle lui reste fidèle et a bien d'autres soucis de toute façon. Malachi s'intéressera donc bien vite à une autre.

Nous les suivons ainsi que leurs camarades pendant cette année scolaire décisive, où ils passeront les fameux tests qui détermineront dans quelles facs ils pourront postuler. Parmi ces camarades il y a notamment Angelica, meilleure amie d'Emoni depuis de longues années, elles se soutiennent mutuellement dans les moments difficiles. On rencontrera aussi des professeurs attentifs et bienveillants comme on aimerait en voir auprès de nos enfants. Bien sûr il y a aussi quelques personnages un peu moins sympas, mais même eux finissent par trouver grâce à nos yeux !

J'ai vu dans une critique un lecteur qualifier ce roman de "feel-good pour ados". Oui, il y a de ça, et alors ? C'est un livre qui est bien écrit, certes on y trouve pas mal d'expressions utilisées par les jeunes et de mots hispaniques (par exemple la grand-mère est appelée " 'buela" par Emoni), mais honnêtement ça ne gêne nullement la lecture ! Moi j'aime ce vocabulaire qui sollicite les sens, très visuel et olfactif, j'adore pouvoir m'imaginer ces plats jusqu'à presque en sentir le goût dans ma bouche, j'ai ressenti le trouble d'Emoni quand elle prend conscience de son attirance pour Malachi, bref je me suis totalement immergée dans cette histoire et je me suis évadée avec cette lecture. Bien sûr on peut pinailler et dire que dans la vraie vie tout ne se passerait pas comme ça, et c'est vrai, j'en ai connu des ados mamans, et leur vie ne ressemblait pas vraiment à celle d'Emoni. Mais il n'y a rien de totalement invraisemblable non plus, et l'auteure s'est documentée sur les différents sujets qu'elle aborde. Parmi ces sujets, j'ai oublié de mentionner l'homosexualité féminine, mais c'est traité de façon tellement naturelle que ça ne m'a pas vraiment interpellée.

Ce qui m'a plu également, ce sont les trois recettes qui ouvrent chacune des parties du livre : L'acide, Le salé, et Le doux-amer, c'est une bonne introduction à ce qui suit. Les chapitres sont courts, avec des titres percutants, et de petites illustrations récurrentes au-dessus. De temps en temps, le rythme est coupé par un mail d'Emoni à sa tante Sarah, où elle lui raconte ses dernières explorations culinaires. Le tout est très agréable à lire, et je proposerai sans hésiter ce roman à mes futurs élèves l'an prochain, que je sois en collège ou en lycée. Il peut être proposé à partir de 13-14 ans, mais intéressera aussi les lecteurs plus âgés, les thèmes abordés étant compatibles avec leurs centres d'intérêt.

Tout près du coup de coeur, Elisabeth Acevedo a su me séduire avec ses deux premiers romans, je lirai le prochain avec plaisir !
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Signé poète X

D'abord j'ai pas trop accroché

Faut dire que l'slam, pas trop ma tasse de thé

Un peu désorientée, mais j'ai persévéré

Et bien m'en a pris

Car au final

Eh bien j'ai adoré !



C'est l'histoire d'une fille de 16 ans, d'origine dominicaine, Xiomara, qui vit avec son frère jumeau (Xavier), sa mère engluée dans la religion, son père repenti de la boisson, à Harlem. Xiamara, ça signifie "celle qui est prête pour la guerre", et ça lui va comme un gant, elle qui doit faire face aux garçons qui reluquent ses formes généreuses, à sa mère qui ne lui laisse aucun espace de liberté, et aussi à son manque de confiance en elle-même...

Mais elle a du talent, et bientôt Ms Galiano, sa prof de lettres, va s'en apercevoir en lisant les devoirs que "X" lui rend. Elle l'invite alors à se joindre au groupe de poésie qu'elle anime. Mais ce groupe se réunit au même moment qu'à lieu la préparation à la confirmation, étape incontournable dans la culture de sa famille...Mira, Muchacha (écoute-moi bien, jeune fille...injonction préférée de la maman), il y a des priorités dans la vie !



Heureusement, Xiomara est une battante. Et grâce au slam, elle va se trouver, construire son avenir, rencontrer un ami précieux, et exprimer tout ce qu'elle ressent.

Elle est la narratrice de ce livre, et s'exprime en courts chapitres slammés. C'est une forme de journal où elle décrit jour après jour sa famille, ses proches, la vie au lycée et ses difficultés à concilier son amour pour sa mère avec ses propres désirs. C'est très touchant, et une fois surmonté l'écueil de la forme, on ressent beaucoup d'empathie pour X (et pour Jumeau également, qui ne rentre pas tout à fait dans le moule parental non plus).

Ce roman m'a été proposé par une de mes bibliothécaires, qui s'est donnée la peine de me faire une petite sélection "ados-jeunes adultes", puisque je ne peux pour l'instant pas aller fouiner dans les rayons ! Merci à elle, bonne pioche pour celui-ci !

A recommander à tout jeune ou moins jeune qui apprécie les récits de vie et/ou le slam. La traduction est de Clémentine Beauvais, elle-même auteure jeunesse qu'on ne présente plus (Les petites Reines, Brexit romance...)
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Signé poète X

Ce roman en vers libres est à l’image de sa sublime couverture : moderne, bouillonnant, plein de vie, de tensions et de possibles.



Avec le rythme et l’intensité de la poésie, Elizabeth Acevedo raconte Xiomara, seize ans, qui grandit dans une famille d’immigrés dominicains à Harlem. Ses parents auraient voulu une gentille fille qui se tienne bien à la messe. À la place, voilà cette force de la nature pas commode qui n’hésite pas à jouer des poings pour se frayer un passage. L’adolescente se pose de plus en plus de questions sur son corps qui change, sur ce Dieu qui préoccupe tant sa mère, sur la façon dont l’Église et la société traitent les filles, sur les garçons et le désir. Mais ses doutes et ses révoltes grondent en silence, sous une carapace bien verrouillée – qui, de toute façon, s’intéresse à ce qu’elle aurait à dire ?



« Au commencement était le verbe. »



Mais un jour se crée un club de slam dans son lycée. Et puis il y a l’attention d’une professeure, l’amour du frère jumeau, l’amitié de Caridad et la douceur d’Aman… Sous nos yeux émus, Xiomara range ses bottes de combat, descelle ses lèvres et trouve peu à peu sa voix. L’intensité, les colères et bouleversements adolescents sont dits avec une férocité implacable mais souvent drôle. Mais Xiomara dit aussi et surtout, avec une justesse bouleversante, la libération de pouvoir les exprimer, d’être entendue et de renouer le dialogue.



« On est différentes, cette poétesse et moi. On se ressemble pas, on vient pas du même monde. Pourtant on est presque pareilles quand je l’écoute. Comme si elle m’entendait. »



L’autrice dédie ce livre à ses élèves et aux « petites sœurs qui rêvent de se voir représentées ». Effectivement, il contribue à tendre un miroir important à celles qui n’ont toujours que peu l’occasion de se reconnaître en littérature – et, sans doute, encore moins en poésie. Mais c’est une lecture dont les autres ne devraient surtout pas se priver – et je suis d’ailleurs ravie et fière de voir mon fils aîné se tourner vers ce type de texte (puisque oui, c’est encore une de ses trouvailles qu’il a voulu me faire partager !). Ce livre, c’est une fenêtre ouverte sur des mondes qui ne nous sont pas familiers – Harlem et les communautés américaines-dominicaines, le slam, la poésie. Une altérité qui n’empêche en rien de s’identifier à Xiomara et de vibrer passionnément pour elle, par la magie des mots, qu’on soit une femme, un.e ado dont le corps devient à la fois trop grand et trop étroit, ou tout simplement humain.



Tout cela dans une langue qui claque (bravo d’ailleurs à Clémentine Beauvais pour la traduction). J'ai repensé à Un bref instant de splendeur d'Ocean Vuong, une autre lecture récente venue des États-Unis qui a en commun avec celle-ci de mêler roman et poésie pour composer un texte à la fois fluide et puissant.



Un roman d’apprentissage très original et inspirant !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Sur le vif

Le ton est donné dès la première page car le roman s’ouvre sur une recette portoricaine de tembleque, une crème de coco.

Emoni a un don, celui de cuisiner des plats inventifs et parfumés. Elevée par sa grand-mère Buela, elle doit se battre sur plusieurs fronts à la fois. Elle termine le lycée tout en élevant sa fille encore bébé et travaille dans un fastfood pour payer ses études. L’avenir ? Elle n’ose y croire mais rêve de devenir cheffe comme l’amie de son professeur d’art culinaire. Mais le quotidien lorsqu’on est une très jeune maman n’est pas toujours facile.

Les origines de l’héroïne renvoient à celles de l’autrice, Elizabeth Acevedo, afro-américaine d’origine portoricaine. Elle a pioché dans ses souvenirs pour nous raconter l’histoire de cette famille éclatée.

De nombreux sujets sont abordés au fil des pages : Il y a, bien sûr, les mères adolescentes et les préjugés que cela provoque. On trouve aussi, à travers les amis d’Emoni, le thème de l’homosexualité, la sexualité et l’amour chez les ados et la jalousie. Le racisme aussi est abordé. La cuisine est très présente, c’est le fil de l’histoire qui entraine l’héroïne vers son destin et le roman est émaillé de confection de plats et de recettes échangées avec sa tante Sarah.

Les dialogues sont alertes et donnent de la vivacité au récit. L’écriture est sincère et directe, la lecture agréable. J’ai trouvé les personnages attachants et même les plus agaçants arrivent à nous toucher. Emoni a une maturité incroyable pour une adolescente et sa détermination à tout réussir : être une mère parfaite, réussir ses études, gagner sa vie et se faire aimer des gens qui l’entourent, relève de la gageure. Ce n’est pas très réaliste mais c’est rassurant pour le lecteur adolescent.

Ce que j’ai préféré, c’est l’ambiance autour de l’art culinaire et la description des plats qui met l’eau à la bouche.

Le livre refermé, on a très envie de tester une ou deux recettes d’Emoni !

Je remercie les éditions Nathan et Babelio pour la découverte de ce roman.



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Signé poète X

Rédigé en vers libres, ce premier roman pour adolescent se démarque immédiatement. La force des mots, lancés comme des coups de poings et qui reflètent la puissance du slam, frappe le lecteur. Ces mots, ils expriment la voix de Xiomara, une adolescente de seize ans qui rêve de poésie mais se heurte à la violence des hommes et à l'incompréhension de sa mère.

Dans Harlem, il est difficile d'être une jeune fille ronde et belle, surtout lorsque l'on nait dans une famille très pieuse qui ne comprend pas le désir d'émancipation et de liberté. Et Xiomara à la force de s'emanciper, se construire et dépasser les affres de l'adolescence.Un roman essentiel sur la force des mots et l'importance de croire en soi qui transforme son regard sur le monde.
Lien : http://www.liresousletilleul..
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Signé poète X

Attirée par la superbe couverture et par deux recommandations de blogueuses que je suis (Light and Smell et Minimouth Lit), j'ai eu envie de découvrir à mon tour cet ouvrage. J'ai apprécié le voyage même si, je l'avoue, je m'attendais tout de même à un peu plus. Avec du recul, certains protagonistes auraient pu être davantage approfondis, notamment Xavier (qui a pourtant un potentiel énorme et qui devra faire face à ses propres combats), Caridad ou le père de famille. J'ai eu l'impression que cet entourage manquait cruellement de consistance ! C'est dommage, car si on les avait vus un peu plus, mon ressenti aurait été différent et j'aurais peut-être ressenti le même coup de coeur que la majorité des lecteurs. Cependant, je comprends le choix de l'auteure qui a surtout désiré mettre en avant sa narratrice ainsi que sa génitrice… En outre, j'ai regretté que certains passages ne soient pas traduits. Bien qu'on comprenne leur sens, j'aurais voulu comprendre chaque mot…



Ce roman est écrit à la première personne et prend des allures de journal intime rédigé en vers libres. Bien que déstabilisant au début, ce procédé apporte beaucoup d'émotions. Très vite, les mots de Xiomara m'ont prise aux tripes. J'ai été bouleversée par cette héroïne à forte personnalité qui va faire entendre son cri, sa détresse, sa colère et son envie de liberté à travers l'écriture. le slam sera son salut et la plume son exutoire. Assez d'être bridée, violentée et rabaissée ! La belle adolescente à la peau noire et aux rondeurs attirantes a envie d'être amoureuse comme toutes les filles de son âge ! Elle veut être considérée, écoutée, respectée, aimée. Exister. Grâce au style simple, fluide, direct et sans fioriture, Xiomara donne l'impression d'être comme n'importe quelle adolescente. Ainsi, je pense que les jeunes lecteurs n'auront aucun mal à s'identifier à elle. D'ailleurs, sa quête identitaire et ses réflexions sont celles qui traversent la majorité des gens : l'amitié, l'affection/différence/rivalité entre frère et soeur, la découverte, les premières fois, l'amour, l'interdit, etc.



Un profond sentiment de révolte m'a animée au fil des pages. En effet, je ne pouvais rester de marbre face aux injustices quotidiennes, aux phrases déplacées sur son physique et aux situations troubles que va vivre la jeune fille. Cette dernière est surtout brimée par sa mère, une femme implacable très croyante, voire fanatique. Or, la génitrice fait réellement la distinction entre sa fille et son fils. Lorsqu'un comportement lui semble déplacé, elle n'hésite pas à brandir le drapeau de la foi. Quant au père de famille, il est tout simplement éteint et dans sa bulle. Il laisse son épouse tyrannique diriger le foyer… Et détruire peu à peu l'héroïne à petits feux ! La scène finale du carnet m'a d'ailleurs complètement chamboulée. J'avais envie de hurler avec Xiomara et ne comprenais pas comment on pouvait agir ainsi !



J'ai refermé ce livre avec émoi. C'était à la fois très intéressant, puissant et avec de beaux messages. le style des vers libres est atypique toutefois, cela peut plaire comme rebuter. Mais cela a fonctionné avec moi ! Malgré mon ressenti sur le manque de profondeur des personnages secondaires, je pense que c'est tout un texte à lire, car il fait écho à des choses du quotidien, tout en mettant en lumière une héroïne à la fois forte et combattive.
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Signé poète X

Quelle surprise que ce roman ! En le débutant, je ne pensais pas l’aimer autant, et pourtant, je me suis laissé guider dans l’univers si particulier d’Elizabeth Acevedo.



Xiomara est une jeune adolescente noire qui vit à Harlem, un quartier bien connu pour accueillir une population afro-américaine nombreuse. Elle y vit avec ses parents et son frère jumeau, ou plutôt tente d’y survivre. Car Xiomara souffre de son physique avantageux, des réflexions provocantes quotidiennes des garçons, des préceptes religieux envahissants de sa mère, de sa main-mise sur sa vie, la contraignant à ne pas sortir le soir, à ne pas voir de garçon, à l’accompagner à l’église… Xiomara va se rebeller de la plus belle des manières qui soit : en silence, à travers de magnifiques poèmes, haïkus et slams, qui racontent son quotidien et toutes les difficultés dont elle doit faire face.



Ce qui frappe dès que l’on ouvre ce livre, c’est l’originalité de la mise en forme. Loin des romans traditionnels, Signé poète X est écrit comme un poème, sorte de vers jetés ça et là sur la page. Il faut un petit temps d’adaptation avant de s’y faire, mais rassurez-vous, on se laisse facilement embarquer par la plume de l’auteure et ses magnifiques écrits.



Xiomara se fait la voix de milliers de femmes, qui sont quotidiennement embrigadées, jalousées, critiquées, obligées de se cacher ou d’obéir à des voix et lois incohérents. Elle raconte le harcèlement, le sexisme, la misogynie, la servitude… des thématiques fortes qui tranchent avec la douceur des mots utilisés. J’ai été à plusieurs reprises touchée par cette protagoniste, qui se montre docile au quotidien, mais qui couche sa détresse par écrit. Sa relation avec sa mère m’a particulièrement touché : dévouée corps et âme à la religion, cette dernière ne conçoit pas qu’il n’en soit pas de même pour sa fille, alors que Xiomara ne perçoit pas la vie de la même manière que sa mère. On y retrouve des scènes assez violentes, des paroles échangées fortes, qui frappent et ne laissent pas indifférent. Mais toujours, les poèmes de Xiomara les retranscrivent avec douceur.



J’ai beaucoup aimé la protagoniste, qui, même fragilisée par la vie, reste forte, la tête haute, et mène ses combats avec ses propres armes : les mots. Un personnage engagé, qui sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas, qui n’hésite pas à se mouiller et à suivre son propre chemin.



Un roman original rédigé entièrement en vers. Une histoire engagée et poignante, qui ne laisse pas indifférent. Je recommande !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Signé poète X

Quelle force, quelle voix que porte ce roman !

Une adolescente qui cherche sa place dans sa famille, au lycée avec tous les interdits culturels, religieux auxquels elle doit faire face.

Et c'est par les mot, le rythme qu'elle va s'exprimer et nous raconter les problèmes et les émotions qu'elle vie.

Sublime, à lire ado comme adulte.
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Signé poète X

Xiomara est la fille d'immigrés originaires de République dominicaine. Elle, ses parents et son frère jumeau Xavier vivent dans un appartement à Harlem. Tout pourrait se passer bien ou presque si... Xiomara n'était pas une ado, et si chacun dans cette famille s'écoutait et acceptait les différences des autres. Mais ce serait trop simple et l'histoire serait bien monotone !

A la place, Xiomara s'adonne secrètement à sa passion : l'écriture.

Sa came à elle, c'est le slam. C'est coucher les mots sur le papier pour sortir sa rage autrement qu'avec ses poings. Dans un environnement où. il faut être prêt à donner de soi pour se protéger, ne pas se laisser faire , Xiomara utilise cette méthode intimiste pour se laisser aller et avoir un espace rien qu'à elle où elle peut exprimer ce qu'elle est sans limite.



Avant d'acquérir cet ouvrage en VO, j'avais été attirée par la couverture et le résumé. Puis j'ai lu la première partie (en VF) et j'ai été séduite par l'originalité de n'écrire que du slam qui en plus du rythme revisite l'écriture du journal intime de manière très originale , moderne et efficace.

A cela j'ajoute la vivacité de la langue originale et l'alternance avec de l'espagnol qui m'a ravie !



En revanche j'ai été moins séduite par la deuxième et troisième partie du roman qui sont plus attendus et mettent en scène (sur le fond) un récit d'ado assez basique avec des thèmes "à la mode".



Néanmoins je retiens l'originalité et une certaine fraîcheur en refermant ce livre même si ce n'est pas le coup de coeur que j'espérais.
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Sur le vif

La force des liens intergénérationnels et de l’amour maternel…



Ayant beaucoup apprécié The Poet X, je me suis plongée avec enthousiasme dans ce roman dont j’ai apprécié les thématiques et la manière dont l’autrice les aborde. Alors qu’on parle d’une adolescente de 17 ans, mère d’une petite fille de deux ans, on aurait pu s’attendre à quelque chose d’assez dramatique, le rôle de maman à un âge où on n’est pas encore soi-même adulte pouvant se révéler difficile. Mais l’autrice a opté pour une histoire lumineuse et chaleureuse qui réchauffe les cœurs et donne envie de prendre la vie à bras-le-corps.



Ainsi, si jamais ne sont occultées les difficultés d’Emoni devant ses multiples responsabilités, le ton se veut résolument positif, ce qui convient à merveille au caractère de cette maman ado qui ne se retourne jamais sur le passé, mais qui regarde toujours droit devant elle. Elle le doit, du moins elle le pense, à sa petite Emma qui est son rayon de soleil et dont elle s’occupe très bien, quitte à s’épuiser pour lui assurer un bel avenir. Elle sera heureusement épaulée par sa grand-mère qui l’a élevée comme sa propre fille. Très proche de ma grand-mère, j’ai été touchée par leur relation, leur complicité et ces gestes de tendresse qui se passent bien souvent de longs discours. J’ai également adoré le subtil parallèle que l’autrice fait entre la relation entre Emoni et sa fille et entre Emoni et sa grand-mère, rappelant le rôle important de cette dernière dans la vie de l’adolescente…



Il faut dire qu’avec une mère décédée prématurément et un père engagé dans la communauté portoricaine, mais bien peu présent dans la vie des siens, Emoni a bien eu besoin du soutien de son aïeule qui a toujours fait de son mieux pour l’élever selon de belles valeurs, malgré ses faibles moyens. L’argent, ou plutôt le manque d’argent est d’ailleurs quelque chose qui prend une certaine place dans le roman, cette question menaçant l’avenir d’Emoni. Car si la jeune fille, qui fait des étincelles en cuisine et dans son cours d’arts culinaires, rêve de devenir cheffe et d’éventuellement aller à la fac, elle doit, en plus du lycée, travailler pour nourrir sa fille et aider sa grand-mère à assurer les charges du quotidien.



À cet égard, j’ai été révoltée par le papa d’Emma dont Emoni est séparée : il semble aimer sa fille et prendre plaisir à s’en occuper durant son droit de garde, mais bizarrement, c’est bien sur Emoni que repose toute la charge mentale et financière. Une situation qui reste une réalité pour bien des mères célibataires… On notera aussi la jalousie déplacée de Tyrone qui n’hésite pas à multiplier les relations, mais qui ne supporte pas qu’un garçon s’approche de la « mère de sa fille » et de sa fille. Heureusement, de fil en aiguille, Emoni saura se détacher des attentes de chacun et rappeler qu’elle n’est pas que la mère d’Emma, elle est ça et tellement plus à la fois !



Une jeune héroïne attachante et génie de la cuisine qui saura trouver du soutien dans son entourage…



Emoni est un personnage touchant pour lequel on développe d’emblée une profonde et sincère affection que ce soit pour son courage, son amour pour sa fille qu’elle élève avec une réelle maturité et bienveillance, sa force de travail ou sa détermination à toute épreuve. Si parfois elle doute, jamais elle ne se lamente, elle tente juste de concilier au mieux toutes les facettes de sa vie : le lycée, son travail dans un fast food, son rôle de soutien de famille et de mère, son rôle de petite-fille, celui de fille malgré un père qui n’a jamais vraiment assuré ce rôle, et son amour pour la cuisine. Un amour qui la porte au quotidien et qui rend sa cuisine tellement magique. Si le mot est fort, il semble pourtant caractériser tous ces souvenirs qui assaillent les personnes qui goûtent les plats d’Emoni, des petits concentrés d’émotions.



Est-ce le talent inné et incroyable d’Emoni pour manier les épices, son âme généreuse qui la pousse à mettre un peu d’elle-même dans chacun de ses plats, ou la manière dont elle arrive à sublimer chaque recette qui rend sa cuisine si spéciale ? À moins que ce ne soit un peu de tout cela… Peu importe finalement, l’essentiel étant que cette fille est faite pour devenir cheffe, elle respire cuisine, elle pense cuisine, et nous apparaît très vite indissociable de tous ces plats qu’on découvre tout au long des pages. Ce roman est un peu une délicieuse ode à la gastronomie, et plus particulièrement à la gastronomie portoricaine et espagnole qu’Emoni arrange à sa sauce, sublimant à sa manière des recettes traditionnelles pour en faire quelque chose d’autre, une sorte de pont entre le passé et le présent, les gens et les cultures.



Mère célibataire, mais pas mère isolée, Emoni pourra compter sur différentes personnes pour la soutenir et l’aider à construire un avenir qui lui correspond : sa meilleure amie qui lui apporte une belle bouffée d’oxygène et lui rappelle qu’elle a le droit de profiter de la vie, sa grand-mère, un professeur de cuisine qui va lui apprendre que la cuisine, c’est aussi de la technique et des règles à respecter… Et puis, n’oublions pas un nouvel élève qui va, petit à petit, faire fondre les barrières qu’Emoni a dressées entre elle et les autres, mais surtout entre elle et les garçons. Je n’en dirai pas trop pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais j’ai adoré Malachi, un jeune homme souriant, mais qui a connu un drame, bienveillant, amusant, tendre, compréhensif et diablement lumineux. La relation qui se noue entre les deux lycéens est amenée de telle sorte qu’il est impossible de ne pas y succomber que l’on soit adolescent ou adulte. C’est vraiment le genre de modèle positif que j’aimerais trouver plus souvent dans la littérature adolescente.



Une narration fluide et rythmée pour un roman abordant sans pathos des thématiques importantes…



Je reconnais avoir préféré la narration en vers libre de The Poet X, mais on retrouve néanmoins dans ce roman tout le charme de la plume de l’autrice, avec ce côté percutant qui va droit au cœur. Il y a quelque chose qui sonne terriblement vrai dans les mots de l’autrice, au point de nous donner le sentiment non pas de lire l’histoire de personnages de fiction, mais celle de personnes de chair et de sang. Et cela change tout quant au rapport que l’on entretient avec chacun d’entre eux ! Les lecteurs apprécieront également les dialogues vifs et l’alternance de chapitres courts et rythmés qui apportent un certain dynamisme et rendent la lecture particulièrement fluide. Petit bonus, la petite illustration qui accompagne chaque en-tête de chapitre sans oublier la manière dont chaque chapitre porte un titre concis, mais porteur de sens. Un bon moyen de guider la lecture et de donner envie de se plonger dans le récit.



Le ton du roman se veut volontairement positif, mais cela n’empêche pas l’autrice d’aborder des thématiques importantes, toujours avec beaucoup de naturel : la maternité à un jeune âge et les difficultés qui y sont associées, le sens des responsabilités et du sacrifice, l’amitié, l’amour, l’homosexualité féminine, les difficultés dans les quartiers pauvres, le colonialisme et ses conséquences, le racisme, les préjugés notamment sur les origines et la couleur de peau, Emoni devant rappeler que si elle est à moitié portoricaine par son père, elle est également afro-américaine et donc noire… Si l’autrice évite les drames en nous proposant un roman alliant thématiques de fond et légèreté, il est vrai qu’on a parfois le sentiment que les difficultés sont un peu trop facilement surmontées. Cela ne m’a pas dérangée outre mesure, mais je pense que certains lecteurs adultes pourront regretter un petit manque de réalisme à ce niveau.



En conclusion, un peu comme Emoni et la « magie » au bout de ses doigts qui fait de chacun de ses plats une expérience multisensorielle et mémorielle unique, l’autrice confirme ici son talent pour proposer des histoires uniques vibrantes d’humanité qui résonnent en chacun d’entre nous. Porté par héroïne courageuse et travailleuse qui prouve qu’on peut être lycéenne et une super maman, Sur le vif, c’est la recette épicée et savoureuse d’un roman empli de gourmandise, d’émotions, de vie, de passion, de tendresse, et de beaux moments de complicité, d’amour et d’amitié. Des denrées précieuses et indispensables pour traverser les épreuves et avancer sans se retourner afin de faire de son rêve une réalité.
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Sur le vif

Elizabeth Acevedo a eu un réel succès avec son premier roman, « Signé poète X », que je n’ai pas lu, mais dont les atouts semblent l’écriture en vers libres, dans le mouvement « ownvoices » (l’auteur appartient aux mêmes minorités que les personnages), roman jeune adulte engagé, récompensé par le National Book Award, catégorie littérature jeunesse en 2018.



Quatre éléments qui ne pouvaient que fortement me motiver lorsque Babelio et les Editions Nathan m’ont proposé de recevoir le deuxième roman de l’autrice qui va paraître en France le 1er juillet 2021, « Sur le vif ». Je leur adresse d’ailleurs un grand merci pour cette lecture !



Emoni, afro-américaine par sa mère décédée et portoricaine par son père, vit à Fairhill, quartier défavorisé de Philadelphie en Pennsylvanie. Elle a dix-sept ans, une fille de deux ans et est élevée par sa grand-mère paternelle. Lycéenne, elle est passionnée de cuisine et souhaite devenir cheffe.



Le texte est fluide avec parfois une certaine musicalité et des réflexions sur l’imbrication des différentes cultures, même si Elizabeth Acevedo n’a pas fait le choix pour ce roman ni d’une écriture en vers, ni de placer les personnages dans une famille comme la sienne d’immigrants dominicains.



Le rythme que l'autrice a su donner - quand on a débuté le roman, on ne peut plus le poser – permet de comprendre comment elle a reçu, dès sa première œuvre, une des distinctions littéraires les plus prestigieuses des États-Unis.



« Sur le vif » correspond à de la littérature jeune adulte : les protagonistes sont des lycéens avec leurs amitiés fortes, leurs premiers amours, les questions d’identité sexuelle et de racisme.



Le thème de la mère adolescente est omniprésent avec l’amour pour son enfant, les responsabilités qui en découlent, l’aide nécessaire de la famille, les difficultés pour tout concilier dans une période qui est aussi celle de la construction de la personnalité pour ceux qui sont devenus parents si jeunes.



Le message porté est très optimiste et on peut parfois se demander si c’est réaliste… Cependant, c’est une lecture qui rend heureux et n’est-ce pas aussi ce que l’on attend parfois de la littérature ? En conclusion, une lecture qui pourra vous accompagner dans les vacances estivales et vous donnera, en plus, de bonnes idées de recettes de cuisine !

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Signé poète X

Oh le magnifique roman que voilà ! Il raconte l’histoire de Xiomara, jeune New-Yorkaise de Harlem, dont la famille d’origine dominicaine est marquée par les origines modestes, le catholicisme strict de la mère et l’effacement du père. Xiomara a seize ans, un corps aux formes épanouies qui se heurte aux regards et aux gestes déplacés, elle a un frère jumeau, Xavier (qu’elle n’appelle jamais autrement que Jumeau), qui la comprend en silence et une grande amie, Caridad, qui tente de canaliser ses ardeurs. Sa nouvelle prof de littérature, Ms. Galliano, l’incite à écrire et l’invite à son club de slam. Mais le club a lieu le même jour que les cours de confirmation à l’église. Entre les interdits pesants de sa mère et la liberté offerte par les mots, Xiomara cherche sa voie (sa voix) et étouffe bien souvent de colère et de désirs rentrés.



Ce sont les mots, les mots slamés, les mots rythmés, qui la sauvent (et aussi son merveilleux ami Aman et ses musiques). Tout le roman est écrit sous forme poétique, en courtes pages slamées, rythmées, rimées. Du noir de sa vie, du sombre de ses sentiments mêlés – à l’image de cette belle couverture – jaillissent des mots de feu, des mots libérateurs. « Le poème comme une lumière dans la nuit » :



« Ce qui

m’apaise

c’est mon carnet,

écrire écrire écrire,

tout ce que j’aurais voulu dire,

transformer en larmes de poèmes

toutes mes pensées coupantes,

les imaginer trancher net

mon corps pour

que j’en

sorte. »



« Mais vous savez quoi, les mots,

quand c’est la bonne personne qui les prononce,

par exemple un garçon qui vous enfièvre,

ça propage aussi de la chaleur.

Une vague de chaleur, depuis la pointe des cheveux

jusqu’aux orteils. »



Les mots pour dire l’amour, l’incommunicabilité, la colère, le harcèlement, la féminité blessée, le désir, la tristesse, la colère, les mots pour partager, rire et pleurer, les mots pour se taire et pour parler, les mots pour vivre. Ce premier roman d’Elizabeth Acevedo, sans doute largement inspiré de sa propre histoire et magnifiquement traduit par Clémentine Beauvais, est une pépite de cette rentrée 2019 qui démontre, s’il le fallait encore, que la poésie, c’est la vie.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Signé poète X

C'est une oeuvre forte, qui se lit vite, c'est une oeuvre surprenante, car le choix d'écriture est le vers libre. Ce qui donne aussi un gros travail de traduction.

La forme littéraire donne du rythme au récit. C'est brut, violent, douloureux. C'est comme si nous avions le cahier de poésie de Xiomara entre les mains.



La couverture est magnifique, forte, à l'image de son contenu.



Xiomara, adolescente, et sa relation conflictuelle avec sa mère. Le poids de la religion, celle qui étouffe, celle qui contraint. Xiomara, sa vie, ses rêves.



J'ai apprécié la forme, même si d'une certaine façon, je pense que l'histoire en elle-même, n'est pas si originale, on y retrouve des thèmes courants en littérature ado.

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Sur le vif

Emoni, jeune lycéenne, vit à Philadelphie avec sa grand-mère. Elle n'a que 17 ans mais déjà une petite « Babygirl » de 2 ans à élever sans trop de ressources, entre ses cours au lycée et son emploi à temps partiel dans un fast-food. La jeune fille est passionnée de cuisine et rêve de devenir cheffe. Alors quand son lycée propose une option « arts culinaires », elle s'y inscrit sans hésiter. Mais arrivera-t-elle à réunir l'argent nécessaire au voyage de fin d'année à Séville ? Quels choix fera-t-elle pour concilier ses responsabilités de jeune mère avec son envie d'aller à l'université ? Et quelle place laisser à l'amour dans son quotidien surchargé ?



Cela m'a fait penser à la série des Kinra girls que lisait ma fille il y a quelques années : milieu scolaire avec ses cours et ses options assez originales pour être intéressantes (cuisine ou arts graphiques), amitiés féminines fortes, pointe d'exotisme avec les origines mélangées d'Emoni (mi portoricaine, mi afro-américaine) que l'on retrouve dans sa cuisine épicée et parfumée. A tous ces ingrédients s'ajoutent bien sûr les difficultés d'une mère adolescente pour éduquer sa fille tout en continuant à grandir elle-même, ainsi que quelques thématiques qui parleront aux ados telles que le racisme ou l'homosexualité et le coming-out.



Je n'ai compris que j'allais lire mon premier « young-adult » que lorsque j'ai découvert la jolie illustration de couverture de ce roman. Pour une première lecture de ce genre, c'est une bonne surprise !

Si le style est incisif, rythmé et proche du parlé-slammé des adolescents, il est aussi plein de tendresse et assez expressif pour nous faire partager le vague à l'âme ou les joies d'Emoni. Bien sûr l'héroïne est un peu trop parfaite pour être complètement vraisemblable. Mais c'est une jolie lecture pleine d'optimisme, qui valorise les vertus de l'effort et du travail.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Nathan pour cette découverte du genre.



Challenge multi-défis 2021

Challenge plumes féminines 2021
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Signé poète X

Longtemps, mes doigts au bord du clavier n'ont su qu'écrire. Non pas par manque d'inspiration, mais par peur de gâcher ce moment de lecture.

C'est un roman coup de poing, autant par sa forme que par son fonds. C'est roman qui fait mal, mais qui construit, aussi. C'est un roman qui m'a fait pleurer et rire et m'indigner.

Il aborde des sujets graves, sans les appesantir. Sans amoindrir la révolte non plus.

Il faut réfléchir à notre position d'adolescent, d'éducateurs et de parents. Il ne porte pas de jugement : chacun fait avec son histoire, souvent triste, souvent difficile. Et surtout avec sa solitude.

C'est un roman qui me suivra longtemps.
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Sur le vif

A Philadelphie, Emoni Santiago est une lycéenne à Schomburg Charter. Son père est portoricain et sa mère était afro-américaine. Elle est amie avec Angelica qui a vécu son coming-out l'année précédente et est maintenant en couple avec Laura, passionnée de design graphique. Emoni a eu un bébé, Emma avec un jeune lycéen, Tyrone, alors qu'elle avait quatorze ans. Elle est orpheline de mère et son père Julio, n'a jamais vraiment supporté les Etats-Unis et il est reparti vivre sur l'île de Porto Rico en laissant sa fille à sa mère que Emoni appelle Buela. Arrive dans la classe un nouveau, Malachi Johnson mais Emoni s’est promis de ne pas tomber amoureuse et de se consacrer à sa fille et à ses études.



Elizabeth Acevedo est une jeune autrice américaine dont les parents étaient immigrés de Saint-Domingue et habitaient à Harlem. Adolescente, elle rêve de devenir rappeuse mais alors qu’elle est recrutée pour le club de poésie de son lycée, elle s’oriente vers le slam et étudie les arts de la scène à l’université Georges Washington, une université privée de Washington DC. Elle poursuit ses études en écriture créative à l’université du Maryland et devient professeure dans cette matière. Consciente du manque de diversité dans la littérature pour la jeunesse, elle écrit alors ses premiers textes dès 2019 avec son premier roman Signé Poète X pour lequel elle reçoit la médaille Carnegie, attribuée pour la première fois à une personne de couleur. Elle vit toujours à Washington DC avec son mari Shakir Cannon-Moye.



Elle a publié en français Signé Poète X chez Nathan en 2019 déjà traduit par Clémentine Beauvais. Ce roman racontait l’histoire de Xiomara une jeune fille de quinze ans harcelée par des grossophobes qui se défendait par la violence jusqu’à ce qu’elle entre dans un club de slam au lycée. Elizabeth Acevedo s’inscrit dans cette tendance américaine du own voice afin que les personnes discriminées en raison de leur appartenance à une minorité puissent exprimer elles-mêmes leurs sentiments et leurs rêves.



Elizabeth Acevedo a aussi publié aux Etats-Unis d’Amérique deux romans pour le moment non traduits en France, Clap when you land, 2020 et Write yourself a lantern : A journal inspired by The Poet X, 2020.



Elizabeth Acevedo s’est inspiré d’un stage d’un été au lycée Frankford à Philadelphie pour construire cette histoire, elle détaille dans ses remerciements tous les témoignages qui lui ont permis de trouver la vérité de l’illusion romanesque, notamment une jeune femme qui a accepté de jouer le rôle de sensitive reader pour que la vie de l’héroïne, jeune mère adolescente, soit juste mais aussi un professeur de cuisine en lycée qui lui a donné de nombreux renseignements sur l’organisation de ses cours. Elizabeth Acevedo est une jeune autrice issue de la communauté afro-américaine et de la communauté latino-américaine, elle met en scène à la fois des héros issus de cette diversité mais aussi appartenant à d’autres minorités - identité sexuelle notamment. Elle met en scène avec beaucoup de brio le parcours d’une jeune orpheline, dont le père est d’origine latino-américaine et la mère afro-américaine, jeune mère adolescente ayant vécu une grossesse à l’âge de quatorze ans et lycéenne pauvre devant batailler pour vivre le plus dignement possible. Ce roman reste résolument optimiste grâce au rêve de l’héroïne de devenir cheffe cuisinière.



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Signé poète X

Xiomara, 15 ans, d'origine dominicaine vit à Harlem. Maintenant devenue adolescent, elle se révolte contre sa famille très croyante et contre les garçons qui ont des gestes déplacés envers ses formes généreuses. Pour exprimer sa colère et ses désirs, Xiomara écrit des poèmes.

Écrit en vers libre, ce roman est percutant et bouleversant. Et en plus de la quête identitaire de Xiomara, il est question de discrimination, de religion et de féminisme.

Un roman qui marque autant par son propos engagé que par ses personnages forts.
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Signé poète X



Un vrai coup de cœur pour ce roman.



Magique, poétique, sensible, réaliste... On le vit :-)



Le monde de l'adolescence est absolu bien développé avec les difficultés au lycée, avec les amis, les premiers émois amoureux, les relations familiales conflictuelle...



L'autrice sait nous prendre aux tripes par ses mots. Je me suis attachée à ses personnages.



Tout m'a plu : le thème, l'histoire, le style d'écriture, la typographie, tout tout tout...



Lisez le, il vaut le coup, absolument !!!!!
Lien : https://lacabanedemeslivres...
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Signé poète X

Xiomara est une jeune américaine née de parents dominicain. La naissance de Xiomara est un miracle seulement, ce miracle n'a pas duré… Xiomara est l’opposé de ce que sa mère aurait voulu: Elle est grande, forte tête, elle joue des poings, elle rêve de mec et pas de catéchisme, elle écrit et ne prie pas. Alors, lorsqu’un club de slam ouvre au lycée, la jeune fille est prise entre deux eaux: Sa mère ou sa passion?



J’ai directement pris Xio en affection, elle aime écrire, n’entre pas dans un moule et n’est pas trop croyante. Depuis très jeune, elle a droit aux regards désobligeants sur son physique et ses formes, chaque jour un énorme combat.



Dans ce roman, on retrouve aussi Mme Galliano, une prof à l’écoute et passionnée, qui croit en ses élèves et leur talent.



Enfin, on croise aussi Xavier, le frère jumeau de Xio. Un beau personnage bien que peu exploité selon moi, j’aurai aimé que leur relation soit un peu plus développée.



Écrit en vers, ce roman coloré nous parle de nombreux sujets avec une plume poétique. E. Acevedo brise les tabous, notamment celui de la religion dont on parle encore peu. Au travers de Xiomara, elle parle aussi du rapport au corps, du féminisme. Par la relation de la jeune fille avec sa mère, on aborde le regard et les exigences des parents.



Dans ce roman, l'héroïne se libère de ses maux à travers ses mots. Non pas en écrivant des petites histoires, mais à travers la parole orale; le salm. Un hobby peu connu.



Le roman se lit vite tellement on est pris par la douceur et la beauté des rimes. J’ai beaucoup aimé la structure du récit qui inclut en plus des vers, quelques devoirs en prose) et leurs brouillons, ainsi que quelques passages laissés en espagnol. Beaucoup de belles vérités sont écrites dans ces lignes.



En conclusion, un roman à la plume, à l'héroïne et aux messages forts: un livre à lire!

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