Citations de Eloi Leclerc (38)
L’important dans la vie spirituelle, ce n’est pas tant de considérer ce que Dieu fait pour nous, que de concentrer toute notre attention sur ce que nous avons à faire pour lui.
L'univers tout entier est né de ce dessein d'amour.
Un amour si fort que rien ne pouvait l'arrêter.
Pas même les dérives de l'homme, pas même le péché.
Il [le Seigneur] m'a fait voir que la plus haute activité de l'homme et sa maturité ne consistent pas dans la poursuite d'une idée, si élevée et si sainte soit-elle, mais dans l'acceptation humble et joyeuse de ce qui est, de tout ce qui est.
Il n'est pas nécessaire, comme vous le voyez, de rêver à de grandes choses. Il faut toujours revenir à la simplicité de l'Evangile. Et surtout prendre au sérieux cette simplicité.
La sainteté n'est pas un accomplissement de soi, ni une plénitude que l'on se donne. Elle est d'abord un vide que l'on accepte et que Dieu vient remplir dans la mesure où l'on s'ouvre à sa plénitude.
Quand une eau se trouble, il est manifeste qu'elle n'est pas pure. Il en est de même pour l'homme. Un homme que le trouble envahit laisse voir que la source d'inspiration de ses actes n'est pas pure, qu'elle est mélangée. Cet homme est mené profondément par autre chose que l'esprit du Seigneur. Tant qu'un homme a tout ce qu'il désire, il ne peut savoir si c'est vraiment l'esprit de Dieu qui le conduit. Il est si facile d'élever ses vices à la hauteur des vertus, et de se rechercher soi-même sous le couvert de buts nobles et désintéressés. Et cela avec la plus belle inconscience.
La douceur et la profondeur de ce discret murmure franciscain mettent d’ailleurs « en relief » la dureté de notre cœur, ainsi que son aspiration à boire une eau vive.
L’homme aime comme il voit » : cette remarque d’Angèle Foligon renferme une profonde sagesse. Ce que l’homme voit et contemple façonne son cœur. Son amour a la mesure de sa vision. Il en a aussi la pureté et l’éclat. « Si ton œil voit la lumière, disait Jésus, ton corps tout entier sera lumière. » L’homme devient toujours ce qu’il contemple.
Tu n'y parviendras pas en luttant, mais en adorant, répliqua François. L'homme qui adore Dieu reconnaît qu'il n'a de Tout Puissant que lui seul. Il le reconnaît et il l'accepte. Profondément, cordialement. Il se réjouit que Dieu soit Dieu. Dieu est, celui suffit. Et cela le rend libre.
Etre pauvre, selon l'Evangile, ce n'est pas seulement s'obliger à faire tout ce que fait le dernier, l'esclave, c'est le faire avec l'âme et l'esprit du Seigneur. Cela change tout. Là où est l'esprit du Seigneur, le cœur n'est pas amer. Il n'y a pas de place pour le ressentiment. [...] L'esprit du Seigneur n'est pas un esprit d'amertume, mais de douceur et d'allégresse
Reprenant alors sa marche avec allégresse, il se mit à chanter. La douceur de Dieu l'avait saisi. La grande et forte douceur de Dieu.
- Toi seul est bon. Tu es le Bien, tout le Bien. Tu es notre grande douceur. Tu es notre vie éternelle, grand et admirable Seigneur, répétait-il.
Par l’adoration, le contemplatif accède donc à la plus haute activité. Il participe à la genèse du monde et à son achèvement. La contemplation est comme la virginité : « Elle n’est précieuse que si elle enfante. Sinon, elle est comme une terre frappée de stérilité » (Angélus Silésius) En même temps qu’il découvre le sens ultime du monde, le contemplatif coopère à son accomplissement. Il entre dans le grand jeu créateur.
L’homme qui adore se libère de tout ce qui est petit, mesquin en lui : de son amour propre, de ses petites ambitions, de ses impatiences… Et il s’ouvre à la grande force communicante et communiante qui est à l’origine de toutes choses et qui se manifeste pleinement dans le Christ. Plus il voit tomber les barrières qui le séparent de l’acte créateur, et plus il perçoit la création comme une communication d’amour. L’énergie d’amour qui a créé le monde l’envahit et l’entraîne dans son élan. En lui, elle tend à se communiquer, comme la flamme, de proche en proche, à toute l’humanité.
Le plus important dans la vie d’union à Dieu, ce n’est pas le chemin toujours incertain que l’homme peut faire vers Dieu, mais bien plutôt celui que Dieu lui-même a fait et ne cesse de faire vers l’homme. Avant tout désir de la part de l’homme, il y a la démarche amoureuse de Dieu qui veut rencontrer l’homme et se communiquer à lui.
Si le Seigneur voulait chasser de devant sa face tout ce qu'il y a d'impur et d'indigne, crois-tu qu'il y en aurait beaucoup à trouver grâce? Mais nous serions tous balayés, mon pauvre ami!
- Comment faire? demanda Léon
- Il faut simplement ne rien garder de soi-même. Tout balayer. Même cette perception aiguë de notre détresse. Faire place nette. Accepter d'être pauvre. Renoncer à tout ce qui est pesant, même au poids de nos fautes. Ne plus voir que la gloire du Seigneur et s'en laisser irradier. Dieu est, cela suffit. Le cœur devient alors léger. Il ne se sent plus lui-même, comme l'alouette enivrée d'espace et d'azur. Il a abandonné tout souci, tout inquiétude. Son désir de perfection s'est changé en un simple et pur vouloir de Dieu.
Etre pauvre, selon l'Evangile, ce n'est pas seulement s'obliger à faire tout ce que fait le dernier, l'esclave, c'est le faire avec l'âme et l'esprit du Seigneur. Cela change tout. Là où est l'esprit du Seigneur, le cœur n'est pas amer. Il n'y a pas de place pour le ressentiment. [...] L'esprit du Seigneur n'est pas un esprit d'amertume, mais de douceur et d'allégresse.