Entrer dans un roman d’Emilie de Turckheim, c’est toujours une belle expérience. Je ne savais rien de ce roman, je n’en connaissais pas du tout le propos, j’avais juste envie de me laisser entraîner par la musique de l’auteure. Et je l’ai avalé d’une traite, un après-midi pluvieux.
Un poème pour accrocher, énigmatique et dont le sens s’éclairera au fur et à mesure de la lecture.
La première partie du roman, au ton à nul autre pareil, a une vitalité, un dynamisme caractéristique de l’écriture de cette auteure. Nous sommes dans les années 80 aux Etats-Unis sur la baie du détroit de Long Island. Une école bilingue. Un microcosme dans lequel évoluent essentiellement des mères. Et puis Sarah que l’on surnomme Jézu, professeur de chant et de piano, admirée pour les comédies musicales ahurissantes qu’elle monte avec les élèves de l’école.
Ce que j’aime chez Emilie de Turckheim, c’est qu’elle n’est jamais consensuelle, elle a une voix bien à elle. Je me régale de chacun de ses mots, de chacune des images qu’elle fait naître en moi, je me régale de son humeur, de la variété de ses textes.
Dans cette première partie, le ton est plutôt léger, c’est parfois drôle, cocasse, les relations entre les femmes et les hommes sont décrites avec un regard légèrement ironique, mâtiné de tendresse.
La seconde partie est centrée sur l’après-accident. Les réactions des uns et des autres… les clichés, les platitudes prononcées… Les maladresses. Et si la première partie donnait la part belle à la voix de Sarah, la deuxième offre à Solène la possibilité de s’exprimer sur le drame dont elle est la principale victime.
Et là encore, ce qui est fabuleux c’est, qu’à aucun moment, Emilie de Turckheim ne verse dans le larmoyant, le pathos, elle parvient à nous émouvoir sans faire jaillir la moindre larme. Elle explore la manière dont chacun réagit face à un drame et lorsqu’elle liste tout ce que les gens bien ou mal attentionnés ont osé dire à Solène, elle suscite en nous un léger un sourire, sourire de connivence (j’ai déjà entendu ça), sourire de dépit (mais comment peut-on dire des conneries pareilles) … Encore un roman sur le thème de la culpabilité (de Sarah bien sûr mais aussi de la mère, du camarade de Lætitia…)… et si…
Malgré le sujet, l’auteure parvient à faire de son roman un texte lumineux, féroce parfois, mais loin d’une mélancolie morbide.
(La chronique entière sur mon blog)
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