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4.13/5 (sur 23 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Bojano (Italie) , 1946
Biographie :

Emilio Gentile (né en 1946 à Bojano, dans la province de Campobasso, en Molise, Italie - ) est un professeur d'histoire contemporaine à l'université de Rome « La Sapienza ».

Ses travaux portent principalement sur le fascisme italien, le totalitarisme et le concept de religion politique. Il a également consacré des études à Machiavel et à l'historien italien Renzo De Felice.

En 2003, il a reçu le Prix Hans Sigrist de l'Université de Berne pour ses études sur les religions de la politique.

Son œuvre suscite de plus en plus d'intérêt en France et a donné lieu à plusieurs traductions.



Source : Wikipédia, 4e couverture fascimo di pietra
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Emilio Gentile
Le phénomène totalitaire peut être défini comme une forme nouvelle, inédite d'expérience de domination politique mise en œuvre par un mouvement révolutionnaire, qui professe une conception intégriste de la politique, qui lutte pour conquérir le monopole du pouvoir et qui, après l'avoir conquis, par des voies légales ou illégales, dirige ou transforme le régime préexistant et construit un État nouveau, fondé sur le parti unique et sur un système policier et terroriste comme instrument de révolution permanente contre les " ennemis intérieurs ".
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La modernité de la raison, de l'égalité, de l’émancipation et des droits de la personne avait été anéantie dans la vie de tranchée. Une seule modernité survivait dans la Grande Guerre, une modernité dont la puissance s’amplifia même, énormément : la modernité des armes, de l'organisation, de la discipline et du contrôle de l’État sur la vie de l'individu. La guerre produisait, effectivement, une métamorphose de l'âme et du corps du combattant. Mais l'homme nouveau engendré par cette métamorphose relevait plus de la machine ou de l'être bestial que d'un niveau supérieur d'humanité et de civilisation.
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Tout énigmatique, mécanique, anonyme, diabolique et bestiale qu'elle avait été, la Grande Guerre n'en apparaissait pas moins comme une symbiose monstrueuse entre modernité et barbarie, entre humanité et animalité. Cette symbiose semblait réaliser de fait, avec une cruauté qui dépassait toute imagination, les prophéties sur la catastrophe de l'homme moderne, emporté par les créatures mécaniques qu'il avait lui-même inventées pour accroître sa puissance. La guerre elle-même était une nouvelle apocalypse, c'est à dire une nouvelle révélation quand au destin de l'homme, non plus comme prévision prophétique de l'avenir, mais comme description de la réalité du présent : la modernité, en vertu de son essence catastrophique, avait accompli la destruction de la civilisation au moyen des puissances technologiques qui avaient semé la mort en masse. L'homme les avait inventées pour accroître sa domination de la nature et du monde, mais il en devenait finalement l'esclave et la victime.
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Quand en pleine Seconde Guerre mondiale, la politique de Mussolini commença à accumuler les défaites, le duce accusa les Italiens de ne pas être un peuple digne de son Chef. Il répétait que les italiens étaient un médiocre matériau pour réaliser ses "grands desseins": "C'est la matière qui me manque. Michel-Ange lui même avait besoin de marbre pour faire ses statues. S'il n'avait eu que de l'argile, il n'eût été qu'un céramiste." Ainsi s'exprima Mussolini quelques jours après avoir décidé et proclamé l'intervention de l'Italie dans le conflit.
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J'ai assisté avant-hier [...] à une chose navrante. Un pauvre bougre a dû aller chier. Il est sorti de la sape, il n'avait pas fait quatre mètres qu'il a été nettoyé. Impossible d'aller le chercher. Les balles passaient si serrées que c'eût été une folie. On a assisté tous à son agonie, il appelait ses copains par leur nom. Il appelait sa femme, il appelait sa gosse, Marcelle. Cela a duré 20 minutes. Tout le monde pleurait. Jamais de ma vie, je n'ai été autant bouleversé. Cette guerre de tranchée est faite de petits assassinats dans le genre de celui-là. Tu dors, tu manges dans la boue, dans l'eau. Sortir de la vie que nous avons menée et être obligés à ce métier-là. Je ne comprends pas comment les hommes peuvent le faire. C'est pour moi incompréhensible. Quelle résistance et quelle souplesse dans l'organisme humain. [...] Ce n'est pas fini cette affaire-là; nous voyons à certains symptômes les signes d'une campagne beaucoup plus longue que l'on ne pensait.

Telle était la réalité de la guerre, comme la décrivait Fernand Léger le 27 octobre 1914.
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La Grande Guerre avait abouti sur le champ de bataille au même résultat que l’avènement de la civilisation industrielle dans la vie sociale : l'une et l'autre avaient dégradé l'homme en l'abaissant au rang d'instrument de la machine.
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En lieu et place de l’ascension de l'homme vers le surhomme rêvé par les écrivains apocalyptiques de la modernité, la « guerre de Nietzsche » avait dégradé l'homme au niveau d' une bête déshumanisée, sans aucun des traits héroïques que le philosophe de Zarathoustra avait attribués à sa bête blonde. L'image de la guerre que les artistes, désenchantés et bouleversés par l'horreur, représentèrent pendant et après le conflit n'avait rien de glorieux, ni même d'humain.

Presque aucun d'entre eux, à l'exception peut-être des futuristes italiens, ne conserva son enthousiasme guerrier et son orgueil national après avoir fait l’expérience de la vraie guerre, qui faisait véritablement dégénérer l'homme européen à la condition des bêtes. « Des poux, des rats, des barbelés, des puces, des grenades, des bombes, des cavernes, des cadavres, du sang, de l'eau-de-vie, des souris, des chats, des gaz, des canons, de la crotte, des balles, des mortiers, du feu, de l'acier, voilà ce qu'est la guerre ! » nota dans son journal, dans un style télégraphique, le peintre allemand Otto Dix, combattant sur le front occidental. Otto Dix était un lecteur passionné de Nietzsche, il était parti comme volontaire à la guerre pour se confronter au danger de mort et vivre une existence intense et exaltante.
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Le mythe de la révolution, la foi révolutionnaire dans la puissance régénératrice de la politique, est la manifestation universelle d'une sacralité proprement moderne qui a animé des mouvements opposés et ennemis, partageant une même volonté de conquérir la modernité afin de façonner l'avenir selon le modèle de leur idéologie.
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On retrouve des éléments importants de l'idéologie, de la culture et du style politique fasciste dans des traditions politiques préexistantes, de droite aussi bien que de gauche: dans l'héritage du nationalisme jacobin, dans les mythes et dans les liturgies laïques des mouvements de masse du XIXe siècle, dans le néoromantisme, le spiritualisme et le volontarisme des diverses "philosophies de l'action", dans l'activisme et dans l'antiparlementarisme des mouvement radicaux antilibéraux d'une nouvelle droite et d'une nouvelle gauche révolutionnaire, qui opéraient en Italie et en Europe avant la Grande Guerre. Dans l'idéologie fasciste confluèrent les idées et les mythes de mouvements culturels et politiques antérieurs, tels que l'avant-garde florantine de La Voce, le futurisme, le mouvement nationaliste et le syndicalisme révolutionnaire.
Le fascisme hérita en outre de cet ensemble d'idées, de mythes et d'états d'âmes que nous avons appelé radicalisme national [...] Héritage plus ou moins factice du mythe mazzinien du Risorgimento comme révolution spirituelle inachevée, le radicalisme national affirmait le primat de la nation en temps que réalité idéale pérenne et valeur suprême de la vie collective, méprisait le rationalisme positiviste et le matérialisme, exaltait les forces spirituelles comme les seules capables de former la conscience moderne de l'Italie pour la conduire vers de grandes entreprises. Dans ce but, le radicalisme national voulait construire un État nouveau, conçu comme une communauté nationale soudée par une foi commune et guidée par une nouvelle aristocratie de jeunes, capables d'accomplir la révolution spirituelle amorcée avec le Risorgimento, à travers la régénération des Italiens, afin de porter l'Italie à l'avant-garde de la civilisation moderne.
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Le fasciste ne choisissait pas une doctrine, pas plus qu'il ne la discutait, parce qu'il était avant tout un croyant et un combattant. Le fascisme apparut comme une manière de se soustraire à tout ce qui donnait dimension et mesure à la vie sociale et la privait de son caractère pittoresque, mystique, héroïque et aventureux. L'aventure, l’héroïsme, l'esprit de sacrifice, les rituels de masse, le culte des martyrs, les idéaux de la guerre et du sport, le dévouement fanatique au chef: tels étaient les caractères du comportement du groupe fasciste. C'était une attitude essentiellement subjective envers la politique, et ce n'est pas sans raison qu'on a parlé de "romantisme" fasciste pour définir une conception esthétique de la vie politique.
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