Emily Jurius

– Tu es mal à l’aise de me voir ici.

– Faux.

– Et en même temps, ça t’excite.

– Faux.

Ses yeux sont rivés aux miens et j’avance vers elle. Jane ne bouge pas mais je ressens la tension qui émane de son corps. Elle me désire au moins autant que je la veux et je meurs d’envie de lui arracher ce foutu peignoir.

– Tu as envie de moi.

– Faux.

Sa chambre est minuscule et, en trois pas, je suis près d’elle. Alors que j’approche encore mon visage du sien, je lui souris et je ne sais même pas pourquoi. Elle sourit aussi et je me retrouve bête. J’ai l’habitude de draguer des nanas et elle se défend comme elle peut. Mais quand je vois son visage s’illuminer et qu’elle se cache presque, ça me rend plus grand et plus petit à la fois. Comme si dans son sourire se cachait quelque chose de bien plus important que moi et que l’effet que je lui fais.

— Mercie, Mercie, Mercie. Il a raison. Ce n’est pas parce que tu ne vois pas les gens qui vous surveillent, qu’ils ne sont pas là. Alors oui, tu vas dormir avec lui, tu vas laisser la porte de la salle de bain ouverte quand tu prendras ta douche et tu vas te blottir contre son superbe corps sur le canapé le soir au coin du feu.
— Superbe, tu plaisantes ? Il ressemble au monstre de Frankenstein ton frère.
Tiens, il rit moins le criminel. Son frère en revanche hurle dans le combiné. Puis il se racle la gorge et reprend.
— Tu sais, même dans cet état, je connais une bonne centaine de nanas qui aimerait être à ta place. Jackie est un peu le tombeur de ces dames dans le coin. Alors, savoure. Et puis s’il n’est pas en forme, je pourrais toujours sauver l’honneur de notre famille la prochaine fois que je te croiserai.
Je détache le téléphone de mon oreille et l’observe un moment, atterrée par ce que je viens d’entendre. Il me propose bien ce que je crois qu’il me propose ? Non, mais cette famille est une véritable calamité.

Et en plus, au risque d’écorcher la belle image que tu as de ma vie, pour avancer, mieux vaut avoir un joli cul qu’un bon cerveau. Et tu sais pourquoi ? Les hommes ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et l’âme est bien plus insondable que les fesses.

Je n’ai pas peur de toi, mais de moi. De ce que les gens peuvent détruire au fond de moi.

Chapitre 1 :
Logan
«… Mais attends, si c’est les Mac Faden… alors je vais peut-être avoir droit à la visite de…
— C’est quoi encore ce bordel ? Vous nous faites chier les Mac Coy !
La voilà, la tornade. La fille ainée de la famille la plus proche de la nôtre. Celle que j’ai menacé de marier à mon abruti de Jacky. Stella Mac Faden. En chair et en os. Et quel joli morceau !
Blonde, sculpturale, une voix un peu rocailleuse, comme si elle essayait de nous impressionner ou qu’elle avait trop crié. Stella a les yeux aussi profonds que l’océan qui borde notre pays, et la fougue de nos plus féroces tempêtes. En un mot, elle illumine mes journées quand celles-ci se ressemblent malheureusement beaucoup trop.
Pour un peu, j’en viendrais même à me demander si mon frère ne fait pas exprès de foutre la merde partout, juste pour l’attirer dans notre repère. Auquel cas, je pourrais au moins faire preuve de clémence. Mais j’en doute. Cet imbécile ne semble pas réaliser le charme que possède la Lady qui me fait face, me toisant de toute sa hargne.
— On se calme Lass. Tu sais à qui tu t’adresses ?
Toujours faire preuve d’autorité, toujours. L’armure, je l’endosse chaque jour et je commence à bien connaître mon rôle. Je ne me force même plus à débiter toutes ces conneries, c’est naturel à présent. Quel orgueil ! si seulement c’était vrai…
— Oui, je le sais, je parle à l’ainé des têtes de pioches du clan Mac Coy. À cause de ton abruti de frangin, je me retrouve une fois de plus obligée de gérer vos embrouilles.
— Alors abruti associé à mon nom, ce n’est pas exactement le qualificatif auquel je pensais. J’aurais dit fougueux, téméraire, intrépide, sauvage… peut-être même bestial. …»

Je suis face à elle et je vois sa détresse. Cette nana est brisée. Il y a un quelque chose qui se dégage d’elle, un je ne sais quoi qui m’attire comme la plus horrible et addictive des drogues. Putain, mais qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Je m’étais pourtant blindé, j’avais relu tout son dossier, toute l’affaire la concernant. J’étais informé et je savais que sous son apparence fragile et magnifique, se cachait une plaie encore béante qui l’avait forcément rendue sombre. Une blessure qui ne se refermerait probablement jamais. Merde, elle n’a que vingt-quatre ans, c’est encore une gamine ! En même temps, elle n’a vraiment plus rien d’une gamine. Elle possède une force de caractère inégalable. C’est la femme la plus belle et attachante que je n’ai jamais rencontrée. Je l’ai su au premier regard dans cette ruelle sombre, quand elle tentait de m’échapper. Il fallait que je me protège, que je sois prudent, c’est pour ça que je me suis enfermé dans ma bulle de brutalité, si familière, si rassurante. Mais avec elle, c’est comme si ma carapace n’existait plus, comme si d’un simple sourire, d’un simple regard, elle la faisait disparaître. Quand elle pose ses yeux sur moi, je sais exactement ce à quoi elle pense, elle se persuade que je suis un objet, comme tous les hommes qu’elle fréquente. Et si je suis honnête, j’ai aussi essayé de me persuader de ça. Oh mon dieu, quel dommage ! Elle est si belle, si racée. Pas besoin de lui demander ses origines, c’est une Italienne pure souche, ses cheveux blonds sont à coup sûr un héritage familial et que dire de ses yeux noirs, de sa peau mate, elle s’illumine dès qu’un rayon de soleil s’abat sur elle. Pourquoi se détruire ainsi ?

Quand elle pose ses yeux sur moi, je sais exactement ce à quoi elle pense, elle se persuade que je suis un objet, comme tous les hommes qu’elle fréquente. Et si je suis honnête, j’ai aussi essayé de me persuader de ça. Oh mon dieu, quel dommage ! Elle est si belle, si racée. Pas besoin de lui demander ses origines, c’est une Italienne pure souche, ses cheveux blonds sont à coup sûr un héritage familial et que dire de ses yeux noirs, de sa peau mate, elle s’illumine dès qu’un rayon de soleil s’abat sur elle. Pourquoi se détruire ainsi ?

Plus question de vendre mon corps. Pas que j’ai honte de mon ancienne activité, ça non, mais je n’ai plus ce genre de désirs et je ne veux pas me vendre par obligations, je le faisais pour le plaisir et je me rends compte que je me suis persuadée de mon addiction alors qu’elle n’a jamais vraiment existé… Ou alors je l’ai carrément remplacée par une autre… que je préfère taire, je n’ai pas envie de me mettre à pleurnicher en pleine rue. Pas aujourd’hui.

Chapitre 2 :
Stella
«… JE N’AI PAS PEUR DE LUI.
C’est la strict vérité.
Et le réaliser me fait un bien fou. Me donne l’assurance qui me manquait pour le remettre à sa place, tout chef de clan qu’il soit. Parce que Logan et moi avons grandi dans les mêmes sphères et le connais. Il se cache derrière son masque d’arrogance, mais nous avons tous un rôle à jouer et c’est le moment de prouver que je maîtrise le mien.
— Et toi ? Tu n’as rien d’autre à offrir que ton abruti de frère ? Jacky au moins était malin. Et je ne te parle pas de Neil qui était une vraie perle…
Son regard s’obscurcit à la mention de son frère décédé et je comprends que je viens de commettre une terrible erreur. Mais il est trop tard pour faire machine arrière. J’ai franchi la ligne rouge et je le regrette. Parce que moi aussi, j’ai mal à l’évocation de ces souvenirs heureux où le plus solaire des Mac Coy partageait mon quotidien.
— Ton avis, je m’en cogne. Si ton père veut une union entre nos deux familles et qu’il n’a que ton cul à offrir, alors tu ne feras pas la difficile, voilà tout !
Putain de sale enfoiré de connard de merde !
Je lui crève les deux yeux maintenant ou maintenant ? …»

Ruby et moi sommes aussi secrets l'un que l'autre. Mais s'il y a un domaine dans lequel nous nous entendons à merveille, c'est bien le sexe. Un pur délice.