Les Éditions Gallmeister ont décidément le chic.
Le chic pour choisir des auteurs aux univers profonds et bien à eux, qui vous transportent et desquels vous ressortez sonnés, transportés et parfois même transformés.
Après David Vann, après Gabriel Tallent, me voici complètement conquise par l’écriture d’Emily Ruskovich.
Dans ce roman qui se dévore autant qu’il se savoure, on fait des aller-retours dans la vie de Wade Mitchell. Dans celle de sa première femme, Jenny. Dans celles de leurs deux filles, June et May. Et puis aussi dans celle d’Ann, la seconde épouse de Wade.
Les bases sont très vite posées : Wade a eu deux vies. Une première avec Jenny et leurs deux filles, dans une maison isolée, dans la montagne.
Une deuxième avec Ann, toujours dans cette maison, toujours dans la montagne.
Entre ces deux mondes, un événement, qui a tout chamboulé.
Au fil de ces deux vies, des souvenirs qui se créent… et qui s’oublient aussi. Parce que ce qu’on sait très vite, aussi, c’est que Wade, comme son père et son grand-père avant lui, perd la mémoire. Subtilement, progressivement, insidieusement, il disparaît pour devenir un étranger, pour lui et pour les autres.
Tout au long de ma lecture, j’ai pensé à des poupées russes. Même si le récit d’Emily Ruskovich n’est pas chronologique, tout paraît pourtant clair, et on la suit sans douter une seule fois. On est en 1995, puis en 2008, on fait un détour par 1973, et nous voici en 2012 pour revenir en 1993. Finalement, Idaho couvre une très longue période, de 1973 à 2025.
C’est vrai, ça peut paraître long dit comme ça, mais finalement, est-ce même suffisant pour contenir deux vies ? En contenir même plus d’ailleurs parce que si l’on suit Wade, on entre aussi dans l’existence de Jenny, d’Ann, de June et de May.
Je n’en dis pas plus intentionnellement parce que je ne veux absolument pas nuire à la découverte de cette lecture très forte et vraiment très bien écrite. Emily Ruskovich a une manière de d’employer les mots très poétique et en même temps sans fioritures et très terre à terre.
J’ai été impressionnée par la dimension qu’elle donne à chaque personnage, qui ont tous une complexité qui leur est propre. Elle explore avec beaucoup de justesse toutes les facettes de chaque relation et leur évolution, dont nous sommes les spectateurs : June et May, Wade et Jenny, Wade et Ann, Jenny et Ann… Autant de combinaisons possibles et bien plus encore, qui sont à découvrir dans cette très belle histoire, où la nature est omniprésente.
Idaho est une une ode à l’amour, au pardon, au sens que l’on veut donner à sa vie, en dépit de la douleur, des regrets, des secrets et de l’oubli.
Bonne lecture !
Le Joli
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