Citations de Emma Cline (149)
Alex garda les yeux baissés. Elle avait l'habitude de s'effacer, de faire comme si les choses qui étaient en train de se produire n'étaient, en fait, pas en train de se produire.
Ça se passait toujours de cette façon : Alex s’approchait suffisamment pour que les gens la remarquent, pour qu’ils soient mal à l’aise. Ensuite, il était facile de transformer ce malaise en adrénaline, en intérêt, en bienveillance.
Et soudain, cela me parut être une vérité retentissante. Je n'appartenais pas à ma mère sous prétexte qu'elle m'avait mise au monde. Elle m'envoyait en pension sur un coup de tête. Peut-être qu'il y avait une meilleure solution, même si elle paraissait bizarre : faire partie de ce groupe informe, et croire que l'amour pouvait venir de n'importe où. Ainsi, vous n'étiez pas déçu s'il n'en venait pas suffisamment de là où vous l'aviez espéré.
Voilà ce que je ressentais (...). Le sentiment que quelque chose nous unissait, nous tous dans cette voiture, le parfum frais d'autres mondes sur notre peau et nos cheveux. Mais je n'ai jamais pensé, pas une seule fois, que cet autre monde pourrait être la mort.
le simple fait d'être une fille dans ce monde entravait votre capacité à croire en vous.
C'étaient de petits accrocs, d'infimes changements intérieurs, des sensations pénibles, mais n'empêche, ils existaient.
Démolir le moi, vous offrir comme la poussière à l'univers.
...je volais déjà de l'argent pour Suzanne, billet par billet. J'aime imaginer que cela prit plus de temps que ça. Qu'il fallut me convaincre pendant des mois, me forcer la main lentement. Me courtiser avec prudence comme une amoureuse. Mais j'étais une cible enthousiaste, impatiente de m'offrir.
J'avais envie de donner un coup de pied dans le vélo, de faire taire quelque chose, mais ce serait pitoyable, le spectacle de la contrariété joué sans public.
Mais c’était triste seulement dans l’ancien monde, me rappelai-je, où les gens demeuraient effrayés par le remède amer de leurs vies. Où l’argent maintenait tout le monde en esclavage, où les gens boutonnaient leurs chemises jusqu’au col, étranglant l’amour qu’ils avaient en eux.
Ce monde caché qu'habitent les adolescents, se contentant de faire surface quand ils n'ont pas le choix, pour habituer leurs parents à leur éloignement. J'avais déjà disparu.
Par moments, j'avais tellement envie qu'on me touche que j'étais écorchée par le désir.
"Leurs rires étaient un reproche adressé à ma solitude. J'attendais quelque chose sans savoir quoi ."
Nous étions en train de bâtir une nouvelle société… Sans racisme, sans exclusion, sans hiérarchie. C’est ainsi qu’il présentait la chose, un amour plus profond…
Depuis que j’avais rencontré Suzanne, ma vie avait pris un relief tranchant et mystérieux, qui dévoilait un monde au-delà du monde connu…
Ce qui m’importait, en ce temps-là, c’était d’attirer l’attention... jusqu’à ce que quelqu’un vous remarque, les garçons l’avaient consacré à eux-mêmes.
Je ne voulais pas exposer ma pourriture intérieure, ne serait-ce qu’accidentellement.
C’est dire à quel point les gens avaient besoin de s’assurer que leurs vies avaient bien eu lieu…
Depuis que j'avais rencontré Suzanne, ma vie avait pris un relief tranchant et mystérieux, qui dévoilait un monde au-delà du monde connu, le passage caché derrière la bibliothèque.
Personne ne m’avait jamais regardé avant Suzanne, pas véritablement, elle était devenue ma référence.