AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Emma Cline (149)


Mes parents n'étaient pas affectueux, et j'étais toujours surprise que quelqu'un puisse me toucher, m'offrir le cadeau de sa main sans y penser, comme on donne un chewing-gum.
Commenter  J’apprécie          120
Ma mère disait que je ressemblais à ma grand-mère, mais cela me paraissait louche, un mensonge qui prenait ses désirs pour la réalité, destiné à donner un faux espoir. Je connaissais l’histoire de ma grand-mère, je la répétais machinalement comme une prière. Harriet, la fille du cultivateur de dattes, arrachée à l’anonymat confit d’Indio et conduite à Los Angeles. Sa mâchoire fuyante et ses yeux humides. Des petites dents, droites et légèrement pointues, comme un chat étrange et beau. Gâtée par le système des studios, se nourrissant de lait battu avec des œufs, ou de foie grillé et de cinq carottes, repas que j’avais vu ma grand-mère manger chaque soir de mon enfance. La famille terrée dans le vaste ranch de Petaluma après qu’elle avait pris sa retraite, cultivant des roses de concours à partir de boutures Luther Burbank et élevant des chevaux.
À la mort de ma grand-mère, nous étions comme un pays indépendant dans ces collines, vivant de son argent, même si je me rendais en ville à vélo. La distance était surtout psychologique. Adulte, je n’en reviendrais pas de notre isolement.
Commenter  J’apprécie          120
Quelque part sur la propriété, elle entendit quelqu'un utiliser un aspirateur souffleur de feuilles, puis une tondeuse à gazon. (...).Tout ce bruit, tous ces efforts nécessaires pour cultiver ce paysage, un paysage censé évoquer la tranquilité et le silence. L'apparence du calme exigeait une incessante campagne d'interventions violentes.
Commenter  J’apprécie          111
Toujours ce même émerveillement devant Russell, cette certitude. J’étais jalouse de leur foi en lui, que quelqu’un soit capable de rapiécer les parties vides de votre existence et vous donner l’impression qu’il y avait un filet en dessous de vous, rattachant chaque jour au suivant.
Commenter  J’apprécie          112
Pauvres filles. Le monde les engraisse avec des promesses d’amour. Elles en ont terriblement besoin et la plupart d’entre elles en auront si peu
Commenter  J’apprécie          110
Les autres filles ne lui avaient-elles pas appris cette leçon ? Ne jamais se servir au point que vous ne pouviez plus rappeler le type, ne jamais le dépouiller au point qu'il coupe les ponts définitivement .
Commenter  J’apprécie          100
Tout ce temps consacré à me préparer, à lire des articles qui m'apprenaient que la vie n'était en réalité qu'une salle d'attente, jusqu'à ce que quelqu'un vous remarque, les garçons l'avaient consacré à devenir eux-mêmes.
Commenter  J’apprécie          100
Alors, elle ferait son entrée. Elle irait droit vers Simon. Elle s’excuserait, elle l’apaiserait. Et ensuite ? Simon la reprendrait car il avait organisé ce jeu, chacun atteindrait son but, et tout irait bien.» Retour à la ligne : «C’était évident, maintenant qu’elle y réfléchissait. Ce qui l’était moins : comment occuper ces six prochains jours.
Commenter  J’apprécie          90
Pour lui, mon cerveau était un tour de magie mystérieux devant lequel il ne pouvait que s’étonner. Sans jamais se donner la peine de découvrir le tiroir caché.
Commenter  J’apprécie          90
Le salon était vide quand je revins. La musique hurlait, une cigarette déversait un filet de fumée dans le cendrier. La porte vitrée donnant sur la baie était ouverte. Je fus surprise par la proximité de l'eau quand je sortis de la véranda, le mur de lumières floues : San Francisco dans le brouillard.
Commenter  J’apprécie          90
Je sentais la haine durcir en moi et c'était presque agréable, tellement c'était énorme, pur et intense.
Commenter  J’apprécie          90

La fille aux cheveux noirs se retourna et capta mon regard. Elle me sourit et mon ventre se noua. Quelque chose sembla passer entre nous, un transformation subtile de l'air. Cette manière directe, impénitente, de soutenir mon regard.
Commenter  J’apprécie          80
Pauvres filles. Le monde les engraisse avec des promesses d’amour. Elles en ont terriblement besoin et la plupart d’entre elles en auront si peu. Les chansons pop à l’eau de rose, les robes décrites dans les catalogues avec des mots comme « coucher de soleil » et « Paris ».
Commenter  J’apprécie          80
Il avait ce pouvoir. De s'adapter en fonction de l'autre, à l'instar de l'eau qui prend la forme du récipient dans lequel on le verse.
Commenter  J’apprécie          80
Un de ces accidents bizarres qui frappaient les gens riches : trop de personnes les maintenaient en bonne santé pour qu'ils meurent de causes naturelles.
Commenter  J’apprécie          70
Dans l'eau, elle ressemblait à n'importe qui. Une jeune femme qui nageait seule, rien d'étrange à cela. Impossible de savoir si elle était à sa place ou pas.
Commenter  J’apprécie          70
Plus tard je lirais quelque part que Russell traquait les gens célèbres et à moitié célèbres, les parasites, tous ceux qu'il pouvait courtiser et à qui il pouvait soutirer de l'argent, emprunter des voitures ou des maisons...
Commenter  J’apprécie          70
Je m'habillai aussitôt après le petit déjeuner, au lieu de hanter mon peignoir toute la journée. Je me maquillai à grands coups de mascara provenant d'un tube presque sec. C'étaient les travaux humains indiscutables, les tâches quotidiennes qui repoussaient les paniques plus grandes, mais mon existence solitaire m'avait fait perdre cette habitude. Je ne me sentais pas assez importante pour mériter ce genre d'efforts.
Commenter  J’apprécie          70
Je n'en revenais pas de la rapidité avec laquelle Russell les persuadait de se débarrasser de leurs possessions et les plaçait sur la sellette pour que leur générosité devienne un théâtre forcé. Ils abandonnaient leurs voitures, leurs carnets de chèque, et mêeme une fois une alliance en or, avec le soulagement stupéfait et épuisé du noyé qui se livre finalement à la vague.
Commenter  J’apprécie          60
Je pensais que le fait d’aimer quelqu’un constituait une sorte de protection, que la personne aimée comprenait l’ampleur de vos sentiments, et agissait en conséquence. Cela me paraissait équitable, comme si l’équité était une dimension dont se souciait l’univers.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Emma Cline (1364)Voir plus


{* *}