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Citations de Emmanuel Carrère (1614)


[...] il est essentiel d’entendre que les brebis du Christ ce sont les deux, bourreaux autant que victimes – et personne, si cela vous déplaît, ne vous oblige à écouter le Christ. Ses clients, ce ne sont pas seulement les humbles – si dignes d’estime, si agréables à donner en exemple –, mais aussi, mais surtout ceux qu’on hait et méprise, ceux qui se haïssent et se méprisent eux-mêmes et qui ont de bonnes raisons pour cela. Avec le Christ, on peut avoir tué toute sa famille, on peut avoir été la dernière des crapules, rien n’est perdu. Si bas que vous soyez descendu, il viendra vous chercher, ou alors ce n’est pas le Christ.
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Mais qui a dit que c'était si bien la vie ? Sénèque pense, comme Hervé, qu'être mort c'est être tiré d'affaire.
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Mais l'admiration n'est pas l'amour. L'amour veut la proximité, la réciprocité, l'acceptation de la vulnérabilité. L'amour seul ne dit pas ce que nous passons notre vie à dire tous, tout le temps, à tout le monde : "Je vaux mieux que toi." L'amour a d'autres façons de se rassurer. Une autre autorité qui ne vient pas d'en haut mais d'en bas.
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Je suis pourtant convaincu que la force de persuasion de la secte chrétienne tenait en grande partie à sa capacité d'inspirer des gestes sidérants, des gestes - et pas seulement des paroles - qui allaient à l'inverse du comportement humain normal. Les hommes sont ainsi faits qu'ils veulent - pour les meilleurs d'entre eux, ce n'est déjà pas rien - du bien à leurs amis et, tous, du mal à leurs ennemis. Qu'ils aiment mieux être forts que faibles, riches que pauvres, grands que petits, dominants plutôt que dominés. C'est ainsi, c'est normal, personne n'a jamais dit que c'est mal. La sagesse grecque ne le dit pas, la piété juive non plus. Or voici que des hommes non seulement disent mais font exactement le contraire. D'abord on ne comprend pas, on ne voit pas l'intérêt de cette extravagante inversion des valeurs. Et puis on commence à comprendre. On commence à voir l'intérêt, c'est-à-dire la joie, la force, l'intensité de vie qu'ils tirent de cette conduite en apparence aberrante. Et alors on n'a plus qu'un désir, c'est de faire comme eux.
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La vie d'homme vaut mieux que celle de dieu, pour la simple raison que c'est la vraie. Une souffrance authentique vaut mieux qu'un bonheur illusoire.
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Beaucoup de gens peuvent vivre toute leur vie sans être effleurés par ces questions - ou s'ils le sont, c'est très fugitivement, et ils n'ont pas de mal à passer outre. Ils fabriquent et conduisent des voitures, font l'amour, discutent près de la machine à café, s'énervent parce qu'il y a trop d'étrangers en France, ou trop de gens qui pensent qu'il y a trop d'étrangers en France, préparent leurs vacances, se font du souci pour leurs enfants, veulent changer le monde, avoir du succès, quand ils en ont redoutent de le perdre, font la guerre, savent qu'ils vont mourir mais y pensent le moins possible, et tout cela, ma foi , est bien assez pour remplir une vie. Mais il existe une autre espèce de gens pour qui ce n'est pas assez. Ou trop. En tout cas, ça ne leur va pas comme ça.
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[...]comment une petite secte juive, fondée par ces pêcheurs illettrés, soudée par une croyance religieuse saugrenue sur laquelle aucune personne raisonnable n'aurait misé un sesterce, a en moins de trois siècles dévoré de l'intérieur l'Empire romain et, contre toute vraisemblance, perduré jusqu'à nos jours.

p. 176
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Les notes de la BJ et de la TOB sont abondantes et en général très bien faites, mais si on veut savoir comment l'Esprit de Dieu s'y est pris pour barrer la route à Paul il faut avouer qu'elles sont assez décevantes.
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Je pensais présomptueusement être beaucoup trop malheureux pour qu'un enseignement philosophique et moral, pour ne rien dire d'une croyance religieuse, puisse m'être d'un quelconque secours.
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Non, je ne crois pas que Jésus soit ressuscité. Je ne crois pas qu'un homme soit revenu d'entre les morts. Seulement, qu'on puisse le croire, et de l'avoir cru moi-même, cela m'intrigue, cela me fascine, cela me trouble, cela me bouleverse - je ne sais pas quel verbe convient le mieux. J'écris ce livre pour ne pas me figurer que j'en sais plus long, ne le croyant plus, que ceux qui le croient et que moi-même quand je le croyais. J'écris ce livre pour ne pas abonder dans mon sens.
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Agapè, d’où Paul a tiré le mot "agape", est le cauchemar des traducteurs du Nouveau Testament. Le latin en a fait caritas et le français "charité", mais "charité", après des siècles de bons et loyaux services, ne fait de toute évidence plus l’affaire aujourd’hui. Alors "amour", tout simplement ? Mais agapè n’est ni l’amour charnel et passionnel, que les Grecs nommaient eros, ni celui, tendre, paisible, et qu’ils nommaient philia, des couples unis ou des parents pour leurs très jeunes enfants. Agapè va au-delà. C’est l’amour qui donne au lieu de prendre, l’amour qui se fait petit au lieu d’occuper toute la place, l’amour qui veut le bien de l’autre plutôt que le sien, l’amour affranchi de l’ego.
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Attention : quand je dis « les Grecs », quand saint Paul dit « les Grecs », cela ne désigne pas seulement le petit peuple d’aristocrates qui, au Ve siècle avant notre ère, a inventé la démocratie, mais tous les peuples des pays conquis par Alexandre le Grand deux cents ans plus tard, et qui parlaient le grec. À partir du IIIe siècle, on devenait grec par assimilation culturelle, qui n’avait à voir ni avec le sang ni avec le sol.
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Travailler, pouvoir travailler, il n’y a rien de mieux au monde, surtout quand on en a été longtemps empêché.
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Homère raconte dans l’Odyssée la descente d’Ulysse dans ce lugubre sous-sol. Il y rencontre Achille, qui a choisi une vie intense et brève plutôt qu’une vie moyenne et, là où il est maintenant, s’en mord les doigts : il vaut mieux être un chien vivant qu’un héros mort.
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Elle se plante devant moi, elle sourit, elle lance les bras au ciel, elle rit carrément, et surtout elle me regarde, elle m'encourage du regard, et il y a une telle joie dans ce regard, une joie si candide, si confiante, si abandonnée, que je me mets à danser comme les autres, à chanter que Jésus est mon ami, et les larmes me viennent aux yeux en chantant, en dansant, en regardant Elodie qui maintenant s'est choisi un autre partenaire, et je suis bien forcé d'admettre que ce jour-là, un instant, j'ai entrevu ce que c'est que le Royaume.
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Grecs et Romains croyaient les dieux immortels, pas les hommes. "Je n'existait pas. J'ai existé. Je n'existe plus. Qu'elle importance ?" lit-on sur une tombe romaine.
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Devant chaque épisode de l'évangile, il (Ernest Renan) fait le tri : ça oui, ça non, ça peut-être. Sous sa plume, Jésus devient un des hommes les plus remarquables et influents qui aient vécu sur terre, un révolutionnaire moral, un maître de sagesse comme le Bouddha - mais pas le fils de Dieu, pour la simple raison que Dieu n'existe pas.
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Tous considéraient le loisir, le libre usage de son temps, ce qu'ils appelaient l'otium, comme une condition absolue de l'accomplissement humain. L'un des plus célèbre contemporain de Paul, Sénèque, dit là-dessus quelque chose d'assez mignon, c'est que si par malheur il se trouvait réduit à travailler pour vivre, eh bien il n'en ferait pas un drame : il se suiciderait, voilà tout.

(P221)
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A force de tourner autour de ce livre, je me suis aperçu qu’il est très difficile de faire parler les gens de leur foi et que la question « vous croyez quoi, au juste ? » est une mauvaise question. Par ailleurs, il m’a fallu un temps surprenant pour le reconnaître qu’il était saugrenu de ma part de chercher des chrétiens à interroger comme j’aurais cherché des gens qui ont été otages, frappés par la foudre ou uniques rescapés d’une catastrophe aérienne. Car un chrétien, j’en ai eu un sous la main pendant plusieurs années, aussi proches qu’on peut l’être puisque c’était moi.
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L'amour veut la proximité, la réciprocité, l'acceptation de la vulnérabilité. L'amour seul ne dit pas ce que nous passons notre vie à dire tous, tout le temps à tout le monde: "Je vaux mieux que toi." L'amour a d'autres façons de se rassurer.
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