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Critiques de Ersi Sotiropoulos (35)
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Ce qui nous arrive

Traversées fictives de catastrophes aussi réelles que ce présent, inquiet et pauvre, auquel on ne saurait se résoudre. Cinq nouvelles, cinq écrivains pour dire ce que ces catastrophes (l’explosion d’un silo à Beyrouth, un tremblement de terre, un tsunami et un incident nucléaire, une pauvreté pas si dystopique, la vie sous la dictature haïtienne) ont de révélatrices, permettent de dévoiler comment on compose avec elle, comment la littérature peut dire l’inacceptable, en penser les alternatives, en démonter les rouages. Dans Ce qui nous arrive, Camille Ammoun, Michaël Ferrier, Makenzy Orcel, Ersi Sotiropoulos, Fawzi Zebian livrent un implacable état, comme on dit, du monde.
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Ce qui reste de la nuit

Constantin Cavafy et son frère John ont quitté Alexandrie et leur famille pour faire un tour d'Europe. Alors que l'affaire Dreyfus secoue encore Paris, Constantin essaie de faire publier ses poèmes par Jean Moréas. Mais ce dernier, en trois mots, prononce une sentence douloureuse que le poète ressasse jusqu'à la nausée. Ses efforts et son acharnement ne semblent pas porter de fruits. « Ça faisait si longtemps qu'il travaillait sur ce poème et voilà qu'il lui fallait de nouveau se pencher dessus. Non, il ne pouvait pas le jeter. Il y avait de la force là-dedans. Il était remarquablement conçu. » (p. 33) Pendant des nuits entières, dans sa petite chambre et à la lueur des bougies, il reprend les mêmes vers, les mêmes mots et travaille avec obsession. « Il aspirait plus que tout à s'affranchir du lyrisme et des fioritures, à extirper le superflu, à trancher dans le gras pour aller droit à l'os. » (p. 63)



Autre chose l'obsède et le tourmente, la beauté des hommes. de cet homme surtout, si jeune, si lumineux, aperçu un soir et jamais oublié. L'évocation de ce souvenir est alors puissamment érotique et sensuelle. « On pourrait les mordre ces lèvres et elles pourraient vous le rendre passionnément, et ensuite comme on se retirerait pour les contempler, repérer un infime soupçon de débauche se dessiner aux commissures, les marques invisibles d'un probable vice. » (p. 128) Constantin passe d'un extrême à l'autre, entre morosité trouble et exaltation dangereuse, à la fois poussé et freiné par ses désirs. « Qui sait s'il ne se promenait pas dans le même quartier. Si leurs trajectoires ne les rapprochaient pas l'un de l'autre à chaque instant. Une si douce nuit. Les poèmes pouvaient attendre. » (p. 159) Mais le beau garçon a été avalé par Paris et le poète reste seul avec son désir qui est tellement lié au souvenir de sa mère, image horrifique de femme vieillissante en quête d'affection.



Constantin maudit les maîtres qui l'écrasent par leur talent, comme si leur présence tutélaire bloquait son inspiration. Mais il ne cesse jamais de chercher, même quand le désespoir guette et s'insinue dans chaque instant. « Et cependant il y avait des poèmes qui se concentraient simplement sur un infime détail, songea-t-il. Ils attrapaient un fil, une petite trame du cycle de la vie. Une chose presque inexistante dans le fatras général des passions et des évènements. Ils l'attrapaient et le décortiquaient. Et ces compositions qui s'inspiraient d'un rien s'avéraient être parfois des chefs-d'oeuvre. Ils l'attiraient, ces poèmes-là. » (p. 155) Il est souvent pris d'une envie de tout détruire, de faire table rase et d'annihiler son oeuvre. Éternellement insatisfait, Constantin est près de céder la tentation du néant pour ne pas subir la douleur du rejet, aujourd'hui ou demain. « Que l'oeil de quelqu'un tombât sur un vers inachevé, un poème en cours d'écriture, l'eût fait bondir hors du tombeau. » (p. 230) Finalement, que retiendra l'histoire de Constantin Cavafy ?



Je ne connaissais pas ce poète largement reconnu en Egypte. le portrait qu'en fait Ersi Sotiropoulos est tourmenté, flamboyant, digne des poètes maudits français. Je regrette un peu qu'il n'y ait pas plus de ses poèmes dans le roman. Les quelques vers qui sont présentés montrent une inspiration familiale profonde, une sorte de mythologie des origines. Tant que ça ne tombe pas dans l'autofiction qui me déplaît tant, ce substrat littéraire m'intéresse beaucoup. Je vais chercher à en savoir un peu plus sur ce poète et ses écrits.

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Ce qui reste de la nuit

Nous voilà voyageurs dans le Paris du XXème siècle en pleine affaire Dreyfus, le Paris littéraire, le Paris artistique, dernier lieu de passage après un périple Européen pour Constantin Cavafy, un jeune poète grec en mal de mots mais non maux. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui vont lui compliquer la tâche de mûrir son œuvre poétique.



Pour sûr, l’auteure adopte dans ce roman une écriture remplie de finesse dans laquelle on ressent sans conteste le spleen de ce poète maudit qui cherchera sans cesse et partout l’inspiration, désireux de rencontrer les personnes influentes pour le faire connaître. Il retravaillera ses œuvres jusqu’à parfois les détruire. Un véritable poète en proie à son insatisfaction perpétuelle, à son mal-être profond datant de l’enfance mais aussi de son orientation sexuelle qui le taraude sans cesse.



Si l’idée de faire découvrir un poète plutôt inconnu en France (en tout cas pour ma part) m’a semblé enrichissante, il n’en reste pas moins que l’auteure m’a littéralement perdue dans les méandres de ses descriptions, je me suis sentie comme étouffée. Et ce n’est pas à Constantin Cavafy que j’ai pu me raccrocher car cet homme à la fois vaniteux mais malheureux, doutant de tout mais aux idées bien arrêtées, ne m’a inspiré aucune sympathie.



Une lecture à côté de laquelle je suis passée et dont je ne retiendrai pas grand-chose. C’est dommage car l’écriture est profonde, le projet intéressant, et le fond poétique présent. Mais j'aurai, je pense, aimé en apprendre davantage sur l'oeuvre plutôt que sur l'homme.

Mon jugement sur l'auteure n’étant pas définitif, je retenterai ma chance avec un autre roman d’Ersi Sotiporoulos.
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Ce qui reste de la nuit

"Que se passe-t-il lorsque quelqu'un a rendu son dernier souffle, étendu sur son lit de mort, que tout le monde est sorti, qu'ils sont partis se préparer pour les funérailles et que la chambre est déserte ? Dans un coin se dresse le porte-manteau auquel sont suspendus les vêtements que le défunt portrait la dernière fois. La fenêtre est entrouverte, le vent du sud souffle. Le rideau frisonne, les habits ondulent gentiment. L'insouciance des vêtements à côté du lit de mort." Deux frères fuyant la Grèce pour rejoindre la France, menacée en son cœur par l'affaire Dreyfus. Constantin Cavavy, poète hyper exigeant en quête d'un idéal lyrique inaccessible oscillant entre antiquité et mythologie. Personnage troublé, exalté et plombé, en constante mutation, essayant tant bien que mal de publier ses écrits malgré le désintérêt général de ses proches et des critiques. Révélé par quelques uns de ses vers semés à travers la trame historique, on aborde un homme divisé, en constante remémoration de son passé et de ses actes. Une mère trop possessive, une jeunesse envolée près d'Alexandrie, ses premiers émois masculins. Durant 3 jours, en pleine canicule et rodant dans les ruelles parisiennes, Constantin fait table rase de son existence et tente de capter l'inspiration vitale à travers les réponses à ses vielles questions.

Poète populaire en Grèce très peu reconnu en France, Constantin Cavary se voit ici s'offrir la passion et les recherches fructueuses de Ersi Sotiropoulos, lesquelles lui ont permis de construire un roman biographie fort intéressant.

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Ce qui reste de la nuit

Quelle déception ! Ce titre, ce personnage, voilà qui promettait beaucoup... mais je n'ai trouvé dans ce récit d'un séjour parisien de Constantin Cavafis ni la profondeur, ni le lyrisme auxquels je m'attendais. Point de beau, point de véritable portrait du Paris du début du XXe siècle, rien ; tout le texte n'est qu'une succession de lieux et de personnages sans profondeur : tel café est fréquenté par tel auteur, tel artiste demeure ici. Les tourments personnels du poète ne sont pas d'une grande aide au récit qui reste superficiel... pour finir dans un dernier chapitre sordide.
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Ce qui reste de la nuit

C'est un roman qui malgré sa brièveté est exigeant, sans concessions à la facilité et plaira aux lecteurs de littérature peu pressés.

on est bien loin du roman de gare ou de plage…

Ces journées dans la capitale française, qu'il passe avec son frère John. Ils errent dans un Paris encore par l'affaire Dreyfus, déboussolé par l'avant-garde artistique, ébranlé et léthargique en même temps, cette ville frénétique où la distinction est de s'ennuyer au milieu des fêtes les plus sophistiquées. ..peu avant de retourner en Egypte, Cavafy est plongé dans une crise existentielle, il est enclin à la solitude et plutôt introverti, littéralement onaniste, un peu misanthrope et surtout absorbé dans ses réflexions poétiques, souvent quelque peu angoissantes comme l'angoisse des influences» :

(« Baudelaire, Rimbaud, Hugo, vous m'accablez. Votre stature m'écrase », médite le Grec ).

Et le voilà confronté à ses démons les plus intimes : l'incertitude face à un style qui cherche encore à s'affirmer, le tourment d'être homosexuel et de savoir qu'il est incompris, et l'affection tyrannique d'une mère qui l'empêche de se développer et de vivre pleinement sa vie. Le candidat poète erre sans sommeil dans Paris, évite les présences indésirables, corrige des poèmes, doute de sa vocation, rivalise secrètement avec son frère, désespère. Il passe un mauvais moment, et savoir qu'il passe un mauvais moment à cause des absurdités et de la vanité ne fait qu'empirer les choses… Tout le nourrit mais tout lui fait mal au cœur.

Ce sont des jours de carrefour personnel, de dilemmes intérieurs, ou il réfléchit sur sa vocation au milieu d'une existence où il sent ses sens s'élargir ou rétrécir au fil des heures : "La nuit était si douce… Les poèmes pouvaient attendre…"

L'agitation du personnage est contagieuse pour le lecteur, et c'est un malaise de nature créative mais aussi érotique, plein de souvenirs, de désirs, de mauvaise conscience, de rechutes… Presque tout ce qui se passe dans ce roman se passe à l'intérieur du personnage, dans sa psychologie (mais cela se passe aussi dans la langue, très riche), même si l'intrigue semble se diriger avec le personnage vers un lieu ambigu appelé "l'Arche" où se produisent des choses imprécises et mystérieuses...

Ainsi, s'il veut sauver la poésie qu'il sent venir, une décision aussi difficile qu’exhaustive s’impose : couper les liens avec tout ce qui, tant aimé, tant détesté, contraint, limite, paralyse : Qu'il s'agisse de la famille, ou d'une Alexandrie qui se sent provinciale face à ses désirs d'universalité et de cosmopolitisme.

Je précise toutefois qu'en aucun cas ce roman n'est une biographie. Si le protagoniste n'était pas un poète important en formation mais un personnage parfaitement anonyme et inventé, le roman fonctionnerait quand même , y compris les réflexions méta poétiques : "Sotiropoulos" avait besoin d'un personnage en voyage, hors de sa routine, en reconstruction, et elle l'a trouvé en Cavafy quand il commençait à être Cavafy, avec ses doutes, sa faim de gloire, ses projets, ses insécurités ses envie et ses auto répressions

Comment le génie cohabite-t-il avec le quotidien, avec cette usure persistante du quotidien qu’il faut imposer pour porter ses fruits ? Comment sortir des rigidités, des obstacles, mais aussi des liens qui empêchent le progrès ? Le prix de la liberté artistique est toujours élevé, mais cette violence contre soi-même et contre le monde qui nous entoure semble être une étape incontournable. Le beau roman d' "Ersi Sotiropoulos" tente de répondre à toutes ces questions.



#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

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Ce qui reste de la nuit

Ce roman me laisse partagé. J'avais été attiré par le titre mais le contenu ne m'a pas fait la même impression.

C'est le récit des trois derniers jours du voyage à Paris du poète grec d'Alexandrie Constantin Cavafy en 1897. Le poète a la trentaine. Il est en proie au doute et se demande s'il a une chance de réussir comme écrivain, écrasé par les modèles de Baudelaire et Rimbaud. Les quelques événements, assez banals, sont racontés avec beaucoup de détails et de redites. Ce qui est plus intéressant c'est le déchirement entre Orient et Occident, Constantinople et Alexandrie d'un côté, Liverpool et Paris de l'autre, et Marseille au milieu. Et aussi les tourments de l'homosexualité, qui ne trouve pas à s'épanouir.

Même si le livre se laisse lire sans peine, le style est vraiment trop explicatif et répétitif. On a l'impression que l'auteure a peu à dire et doit donc l'étirer.

Il reste quelques évocations réussies du Paris de la Belle époque et l'envie d'aller voir les écrits de Cavafy. C'est déjà quelque chose, mais ce n'est pas beaucoup.
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Ce qui reste de la nuit

Une invitation à la poésie : "Ce qui reste de la nuit", d’Ersi Sotiropoulos, aux éditions Stock.



Le pitch : Voyageant depuis un mois et demi à travers l’Europe, Constantin Cavafy et son frère John font escale à Paris, en pleine affaire Dreyfus. D’origine grecque mais ayant vécu entre Liverpool et Constantinople avant de rejoindre Alexandrie, ayant souffert de la faillite de sa famille qui l’a conduit à vivre dans la précarité durant son enfance, ce jeune homme ambitionne ardemment de devenir un poète reconnu par ses pairs. Profitant d’une rencontre avec Nicos Mardaras pour tenter d’approcher l’influent Jean Moréas à qui il a envoyé deux de ses poèmes, trois mots de ce dernier ne manqueront cependant de remettre en cause ses espoirs, résonnant telle une sentence lapidaire aux oreilles et au cœur du jeune poète qui, déjà tourmenté, va dès lors les ressasser jusqu’à l’obsession…



Membre du Cercle des Lecteurs du Furet du Nord, c’est dans ce cadre que j’ai eu l’immense privilège de recevoir ce roman dont le titre comme la couverture se révèlent intrigants.



Ce roman m’a permis de faire la connaissance de Constantin Cavafy, poète d’origine grecque qui a réellement existé. Très peu connu de son vivant, il semble désormais avoir acquis une certaine notoriété dans la littérature grecque du XXème siècle.

Avec un talent remarquable, l’auteur nous permet ici de découvrir cet auteur et plonger dans les affres de sa création. Soutenu par une écriture particulièrement soignée et soulignant à merveille la poésie évoquée, je n’ai cependant jamais réussi à pénétrer ce roman tant j’ai ici manqué d’empathie pour ce personnage pourtant intéressant.

Tel un de nos poètes maudits, cet homme, déjà tourmenté par une enfance douloureuse, une mère envahissante et une sexualité qu’il semble difficilement assumer, vit pleinement sa poésie, obsédé qu’il est d’atteindre la perfection et le niveau de ses maîtres. Jamais satisfait et particulièrement soupe au lait, il n’aura dès lors de cesse de créer en s’inspirant de tout ce qui l’entoure, de remanier ses textes jusqu’à l’excès, et d’en détruire un bon nombre sur un coup de tête tant il doute de lui-même.



En bref, un rendez-vous que je regrette d’avoir manqué mais qui fera sûrement le bonheur des amoureux de la poésie.
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Ce qui reste de la nuit

Constantin et John sont deux Egyptiens en escale à Paris à la fin du XIXeme siècle. Ils s'adonnent tous deux à l'écriture de poèmes. Mais si John semble être en mesure de se détacher du poids de la création, Constantin est quant à lui obnubilé par le processus créatif et ne tend qu'à être reconnu. Lorsqu'il prend connaissance des trois mots "sentences" écrits par Jean Moreas au sujet de ses travaux, Constantin s'enfonce d'autant plus dans les méandres de la création. le monde semble alors l'envahir et les rendez-vous qu'il honore avec Madaras en compagnie de son frère ne sont que prétextes à l'observation, la contemplation: des pigeons, une enfant, une vieille mendiante...Et il en est de même des évènements politiques puisque c'est ainsi qu'il appréhende l'affaire Dreyfus : "C'était le mécanisme qui l'intéressait, la trame du complot, si complot il y avait. Non pas le rôle joué par les protagonistes mais par ceux qui agissaient en coulisse. Combien de figurants dans cette histoire. Et bien sûr cet aspect du « seul contre tous » ou du « tous contre un seul » au moment où le scandale avait éclaté, se révélait passionnant. Si l'innocence de Dreyfus était démontrée en fin de compte, songea-t-il, l'affaire risquait de perdre son charme. du moins d'un point de vue littéraire."

Même les frustrations de Constantin, notamment son désir pour les hommes qu'il semble vouloir occulter sont sources de création.C'est d'ailleurs dans ces moments de tensions sexuelles que ses pensées seront les plus lyriques et qu'il trouvera un élément clé à sa création.



L'auteur retranscrit à merveille les idéations de Constantin, rien ne nous échappe de son ressenti. Pourtant, au fil des pages cette accumulation m'a gênée, je me suis parfois sentie oppressée par les phrases, sans aucune distance avec les mots du poète qui m'envahissaient. J'aurais souhaité pouvoir reprendre mon souffle pour mieux replonger dans ses tourments.

(SP)
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Ce qui reste de la nuit

Le projet d'approcher de l'intérieur le grand poète grec Cavafy est intéressant. Il apparait essentiellement à Paris en compagnie d'un de ses frères et du secrétaire de Jean Moréas poète reconnu, en Grèce pendant le roman. On comprend que Cavafy n'est pas encore reconnu et son approche manquée de Moréas est un des thèmes du roman, de même que son attirance inavouée pour un danseur ou encore des conversations dans un milieu mondain que l'on a du mal à suivre. L'intériorité, le fil des pensées dominent un récit qui peut en sembler enchevêtré, trop allongé parfois, dans un rapport avec la composition poétique qui aurait gagné à être éclairé. C'est curieux de voir Alexandrie ou Constantinople d'alors, ou la Grèce indépendante, si peu évoquées pour un tel portrait.



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Ce qui reste de la nuit

A quoi bon essayer d'imaginer ce qui passait par la tête d'un grand poète comme Cavafis lors du voyage qu'il effectue à Paris avec son frère, à partir de si peu d'archives disponibles ? A quoi bon imaginer ses fantasmes au moment où il découvre son homosexualité, qui ne sont peut-être que pure invention d'Ersi Sotiropoulos ?

Ce livre m'a déçue. Finalement, pourquoi chercher à entrer ainsi dans l'intimité des écrivains et poètes ? Qu'est-ce que cela nous apporte de plus que la lecture de leurs oeuvres ?

Il y a d'autres livres d'Ersi Sotiropoulos qui sont bien meilleurs.
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Ce qui reste de la nuit

Il y a si longtemps, fascinée par le Quatuor d'Alexandrie de Lawrence Durell, j'ai rencontré Cavafy, le poète d'Alexandrie. Et quand j'ai visité la ville, j'ai cherché à marcher sur les traces de Justine, visité de Cecil hôtel, traîné devant les cafés, cherché les terrasses de cafés, cherché des traces grecques sur les vieux murs délavés...





Plus tard, au cours de nos voyages dans les Iles grecques, souvent avec Durrell pour guide, j'ai retrouvé Cavafy. Éblouissement que son Ithaque que j'aime entendre en Grec, que j'ai écouté en boucle. Puis découverte En attendant les Barbares....



Cavafy me fascine.



Et voici que, par les hasards de Facebook, je trouve sur le blog de L'ivresse Litteraire le titre Ce qui reste de la nuit, sur les pas de Cavafy à Paris. Je l'ai téléchargé en négligeant l'avis très mitigé de Sandrine qui ne l'a pas beaucoup apprécié.



Certains livres, même si ce ne sont pas des chef d'oeuvres littéraires, tombent à pic dans l'humeur du moment. Constantin Cavafy et son frère John passent quelques temps dans le Paris de l'Affaire Dreyfus, en 1897. Autre sujet qui m'intéresse. Encore une coïncidence, je suis en train de suivre le MOOC Oscar Wilde. Ce dernier sorti de prison est justement venu en France, est ce que Cavafy le rencontrera dans le roman? Il aurait pu. En tout cas, les considérations esthétiques du jeune poète rencontrent celles de l'auteur du Portrait de Dorian Gray.



"Wilde avait été le précurseur de l'anti-mimesis[...]l'archiprêtre de l'anti-mimésis"







Dans ce Paris de la Belle époque, la vie artistique est brillante et les deux Alexandrins, pilotés par un compatriote, Mardaras, secrétaire du poète symboliste Jean Moreas, vont traîner du Boulevard des Italiens, à Montmartre, des Tuileries à la Place Clichy, à la recherche des endroits où il faut être où dînent ou soupent les célébrités.



"C'est ici-même, au rat mort que Rimbaud avait poignardé Verlaine en présence du poète Charles Cros..."



Quelles émotions pour un poète!



Baudelaire, Rimbaud, Hugo, vous me broyez. "Votre stature m'écrase"



"Et la merveilleuse métaphore de Baudelaire allant de l'oiseau marin au Poète" [....] "Tout homme, et pas seulement le Poète, ne se voyait-il pas condamné à vivre cloué au sol." inspire le jeune Constantin qui a hâte de rentrer dans a chambre d'hôtel pour écrire des vers qu'il déchire, le matin venu.



Promenades dans Paris, allusions à Alexandrie, bien présent. Recherches poétiques. Mais aussi déchirures dans la société causées par l'Affaire Dreyfus, curieusement comparées aux querelles byzantines :



"Iconomachie. Iconolâtres et iconoclaste. Une fumée épaisse montait de l'atrium de Sainte-Sophie"[...] "vois-là une preuve supplémentaire de ce fanatisme qui animait l'Empire byzantin"







L'amour des garçons sous-tend le récit, amour coupable, inavoué et inassouvi. Tension insoutenable après la rencontre avec un jeune danseur russe. Scène très pénible (pour la lectrice dans une pissotière). Un aspect interlope comme cette visite dans une Arche, lieu de perdition mondain où les hommes de la bonne société s'encanaillent après avoir traversé la zone.



Une lecture très riche, qui tombe au bon moment!




























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Dompter la bête

Un mélange de profondeur philosophique et d'ironie ravageuse, un va-et-vient constant entre le métaphysique et le grotesque. Avec une langue économe, influencée par Ezra Pound et Cavafy. Avec un parti pris enfin - ou une forme de politesse ? - consistant à faire rire ou sourire, non à faire la leçon.


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Dompter la bête

On n'est jamais complètement à l'aise dans Dompter la bête d'Ersi Sotiropoulos. Avec la romancière grecque, le grotesque côtoie le tragique et le réalisme s'efface parfois devant un fantastique incongru. Aris Pavlopoulos, son héros, est un drôle de type. Obsédé sexuel notoire -le livre commence avec une érection matinale- en chute libre dans sa carrière professionnelle -de secrétaire d'Etat à conseiller d'un ministre avant de n'être plus rien- il subit une vie familiale sans intérêt, avec une épouse glaciale, un fils qu'il ne comprend bas et une mère alcoolique, proche de la tombe. Reste ses deux maîtresses, l'une réelle, avec laquelle il se livre à des jeux érotiques qui peinent à réveiller sa libido, l'autre chimérique, la poésie, puisqu'il rêve d'écrire les vers ultimes qui le consacreront aux yeux de la communauté littéraire athénienne. Sotiropoulos s'amuse beaucoup à épingler la bonne société grecque, ses vices et ses concussions, mais le lecteur reste à distance, perplexe, car ne sachant sur quel pied danser. Ersi Sotiropoulos a écrit trois recueils de nouvelles, non traduits en français, où ton son art du contrepied fait, parait-il, merveille. On ne demande qu'à lire.
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Dompter la bête

«Les yeux fermés, la lumière chatouillant ses paupières, Àris cherchait son portable. Il tira le drap, fouilla les replis mous de la couverture, sa main effleura sa poitrine chaude et suante. Puis il attrapa quelque chose de dur dépourvu de clavier et comprit aussitôt qu’il tenait sa queue. Il sourit et se rendormit.»



Politicien grec bien installé dans le système, conseiller d’un ministre, Àris Pavlòpoulos se préoccupe plus de ses obsessions sexuelles, de son jeu de tauromachie érotique avec sa maîtresse, que des affaires publiques. Corrompu par le temps, le pouvoir et le renoncement à ses combats de jeunesse, il s’éloigne, écarté par son ministre, du monde politique. Ayant autrefois publié un recueil de poèmes, ses rêves de grandeur redeviennent littéraires, il voudrait susciter des frissons et de l’admiration à la lecture de ses vers, mais peine à composer un unique poème pour la soirée de l’Union des écrivains dont il est l’invité.



Furieux quand on veut le corrompre au vu de la somme mesquine qui lui est proposée, personnage pathétique qui n’a plus aucun proche (mais en a-t-il jamais eu ?), il retrouve ses souvenirs, une part de lucidité et un morceau de sa vie et devient attachant, bien qu’il soit pitoyable, en voulant être poète.



Héros tragi-comiques, ambigus comme Àris, les autres personnages forment une galerie de portraits de la bonne société grecque, beaucoup plus décapante que tout article de presse, autour d’une famille en ruines ; l’adolescent rebelle qui ne s’émancipe pas vraiment, l’épouse anorexique et dépressive, la vieille mère alcoolique et un peu folle qui s’identifie à l’héroïne des Feux de l’amour.



L’autre personnage central est là en arrière-plan, figure de la colère avec son bonnet rouge, d'une forme d'innocence aussi, il est le trublion qui fascine ou qu’on écrase quand on est un puissant, il est le lien entre les membres de cette famille si distants, celui qui les relie et aussi les éloigne.



Dompter la bête, un livre au très beau titre, ambivalent jusqu’au bout.



«Il regarda le verre dans sa main, le glaçon avait fondu. Tout foutait le camp. Il se demanda s’il était le même homme que celui assis le matin à cette même place, plein d’idées, de confiance en soi. La lumière du soir baignait les meubles de reflets assourdis, la surface de la table luisait comme une peau morte […] Et si j’écrivais un poème pour me mettre à nu ? se demanda-t-il. S’il écrivait un poème sur son état présent, le sentiment d’échec, de temps perdu ? Sur Penny nue dans l’obscurité et lui qui attendait en tremblant les bruissements de l’étoffe rouge ? Sur le mugissement des bêtes qu’il croyait entendre dans la chambre, le vertige du vide qui s’emparait de lui des qu’il mettait le masque et se jetait toutes cornes dehors sur sa victime, les moments d’extase quand il serrait son corps puis son cou entre ses mains, au bord de passer à l’acte ?»

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Dompter la bête

Merci à l'éditeur Quidam qui nous permet de découvrir quelques auteurs grecs de la nouvelle génération.

Ici Ersi Sotiropoulos qui, dans un style concis et inventif, nous dresse le portrait d'Aris Pavlopoulos, conseiller particulier d'un ministre et à travers lui le comportement d'une élite en pleine déréliction, tant morale que politique. La réalité a rattrapé la fiction.

C'est cette élite que les grecs interpellent aujourd'hui dans la rue.

Une écriture crue et originale qui louvoie aisément entre satire, humour et tragique.
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Dompter la bête

La Grèce du début des années 2000, dans la période d'euphorie qui a précédé les jeux Olympiques à Athènes, avant que la crise ne soit déclarée, mais alors que toutes les prémisses y sont bien présentes : un conseiller de ministre qui ne met pratiquement jamais les pieds au ministère, d'anciens opposants aux colonels qui ne sont plus trop gênés par la corruption, des embourgeoisés se réfugiant dans les beaux quartiers, à l'abri de la réalité.... et une Athènes croulant sous les embouteillages. Tel est le décor de ce roman qui, en une vingtaine de jours fait basculer toute une famille dans une crise existentielle.



Un jeune homme à bonnet rouge va jouer le jeu de catalyseur du Visiteur du film Théorème de Pasolini. Il n'en est pourtant pas le protagoniste, mais sa présence va faire exploser le semblant d'équilibre de routine qui lie encore les membres d'une famille.



Le père est celui qui sera le plus déstabilisé, lui qui, entre un passage en coup de vent au ministère et un rendez-vous sado-maso avec sa maîtresse s'efforce de retrouver la verve poétique de sa jeunesse, oubliant à quel point il a trahit ses idéaux.



C'est un roman agaçant, dérangeant, qui ne nous laisse jamais nous reposer sur un acquis et qui nous force toujours à revoir l'opinion qu'on se fait de l'un ou de l'autre.



C'est la première fois que je lis du Ersi Sotiropoulos, mais elle a su me convaincre de son talent et je vais l'ajouter à la liste des auteurs que j'aime suivre.
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Eva

J’ai choisi ce roman pour appréhender la Grèce d’aujourd’hui mais j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à découvrir l’intérêt du livre. Je vois que l’auteur a reçu le Prix du meilleur roman de l’Académie d’Athènes alors c’est certainement moi qui n’ai pas su saisir l’âme de ce roman. Je ne savais pas trop où l’auteur voulait en venir, beaucoup de répétitions, une histoire de voleur qui m’a semblé absurde et très longue. Le temps d’une soirée, Eva est en errance dans Athènes mais même si l’on parle de gens désœuvrés et à la rue, d’homme politique véreux (ce qui est monnaie courante) je n’en ai pas ressenti la force de la crise et n’ai eu aucune empathie pour aucuns des personnages. Quant à la fin, je voudrais bien que quelqu’un me l’explique.
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Eva

Quand je suis tombée sur ce livre, j'étais contente de trouver un ouvrage grec contemporain, et en plus "primé" (prix du meilleur roman de l'Académie d'Athènes).

J'ai très vite déchanté; je n'ai pas du tout adhéré à l'ambiance. Trop sombre, trop bizarre, trop glauque. Un côté malsain. Ou bien je n'ai rien compris.

Je n'ai pas continué ma lecture et l'ai abandonnée, pourtant je sais m'accrocher quand un livre prend du temps à démarrer : je lui laisse une chance.

Grosse déception.
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Eva

Un style très particulier pour un roman singulier, pas désagréable mais déroutant...
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