Il y a si longtemps, fascinée par
le Quatuor d'Alexandrie de
Lawrence Durell, j'ai rencontré Cavafy, le poète d'Alexandrie. Et quand j'ai visité la ville, j'ai cherché à marcher sur les traces de Justine, visité de Cecil hôtel, traîné devant les cafés, cherché les terrasses de cafés, cherché des traces grecques sur les vieux murs délavés...
Plus tard, au cours de nos voyages dans
les Iles grecques, souvent avec Durrell pour guide, j'ai retrouvé Cavafy. Éblouissement que son Ithaque que j'aime entendre en Grec, que j'ai écouté en boucle. Puis découverte En attendant les Barbares....
Cavafy me fascine.
Et voici que, par les hasards de Facebook, je trouve sur le blog de L'ivresse Litteraire le titre
Ce qui reste de la nuit, sur les pas de Cavafy à Paris. Je l'ai téléchargé en négligeant l'avis très mitigé de Sandrine qui ne l'a pas beaucoup apprécié.
Certains livres, même si ce ne sont pas des chef d'oeuvres littéraires, tombent à pic dans l'humeur du moment.
Constantin Cavafy et son frère John passent quelques temps dans le Paris de l'Affaire Dreyfus, en 1897. Autre sujet qui m'intéresse. Encore une coïncidence, je suis en train de suivre le MOOC
Oscar Wilde. Ce dernier sorti de prison est justement venu en France, est ce que Cavafy le rencontrera dans le roman? Il aurait pu. En tout cas, les considérations esthétiques du jeune poète rencontrent celles de l'auteur du Portrait de Dorian Gray.
"Wilde avait été le précurseur de l'anti-mimesis[...]l'archiprêtre de l'anti-mimésis"
Dans ce Paris de la Belle époque, la vie artistique est brillante et les deux Alexandrins, pilotés par un compatriote, Mardaras, secrétaire du poète symboliste
Jean Moreas, vont traîner du Boulevard des Italiens, à Montmartre, des Tuileries à la Place Clichy, à la recherche des endroits où il faut être où dînent ou soupent les célébrités.
"C'est ici-même, au rat mort que
Rimbaud avait poignardé
Verlaine en présence du poète
Charles Cros..."
Quelles émotions pour un poète!
Baudelaire,
Rimbaud, Hugo, vous me broyez. "Votre stature m'écrase"
"Et la merveilleuse métaphore de
Baudelaire allant de l'oiseau marin au Poète" [....] "Tout homme, et pas seulement le Poète, ne se voyait-il pas condamné à vivre cloué au sol." inspire le jeune Constantin qui a hâte de rentrer dans a chambre d'hôtel pour écrire des vers qu'il déchire, le matin venu.
Promenades dans Paris, allusions à Alexandrie, bien présent. Recherches poétiques. Mais aussi déchirures dans la société causées par l'Affaire Dreyfus, curieusement comparées aux querelles byzantines :
"Iconomachie. Iconolâtres et iconoclaste. Une fumée épaisse montait de l'atrium de Sainte-Sophie"[...] "vois-là une preuve supplémentaire de ce fanatisme qui animait l'Empire byzantin"
L'
amour des garçons sous-tend le récit,
amour coupable, inavoué et inassouvi. Tension insoutenable après la rencontre avec un jeune danseur russe. Scène très pénible (pour la lectrice dans une pissotière). Un aspect interlope comme cette visite dans une Arche, lieu de perdition mondain où les hommes de la bonne société s'encanaillent après avoir traversé la zone.
Une lecture très riche, qui tombe au bon moment!
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