"Il y a un risque de rendre les pauvres coupables de leur propre sort".
C'est l'inquiétude formulée par la prix Nobel d'économie [2019] Esther Duflo, invitée de France Info mardi 15 octobre.
Elle est revenue sur la notion des 'premiers de cordée' défendue par Emmanuel Macron à l'automne 2017 et sur ses propos tenus en 2018 lors d'une réunion de travail à l'Élysée : "On met un pognon de dingue dans les minima sociaux".
"Dans cette imagerie 'pognon de dingue' ou dans l'idée qui allait avec de responsabiliser les pauvres", Esther Duflo estime qu'il y a un sous-entendu : "Ils ne sont pas assez responsables par eux-mêmes". Selon elle, ce risque est présent "depuis toujours dans les politiques sociales. On rend la personne en difficulté coupable de ses malheurs. Tout en l'aidant on lui enlève sa dignité".
La prix Nobel d'économie juge cette approche "dangereuse".
"Une fois qu'on vous enlève votre dignité, vous n'êtes pas dans les meilleures conditions possibles pour retomber sur vos pieds. Cela terrorise ceux qui ne sont pas pauvres aujourd'hui et qui se disent que peut-être un jour ils le seront".
Esther Duflo explique que, pour les personnes en situation "un peu fragile", ce type de discours peut "les rendre inquiets de tout ce qui change, de tout ce qui peut être différent. Cela peut mener à une espèce de sclérose politique qui vient de la peur du risque. Parce que si vous tombez par terre, la société va vous en vouloir et va vous dire que c'est de votre faute. C'est très dangereux."
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Si on met en place un nouveau programme de soutien scolaire dans des écoles, on choisit 200 écoles au hasard, dont 100 mettront en place le programme et les 100 autres pas
Il y a toujours quelque chose à faire pour changer le monde.
La politique éducative traditionnelle repose sur deux principes. Le premier pose que les parents sont l'obstacle principal à l'instruction universelle : les convaincre d'inscrire leurs enfants à l'école doit donc être une priorité. Le second principe affirme que les coûts de scolarité constituent une charge trop lourde pour eux, raison pour laquelle ils se montrent si réticents. la scolarité d'un enfant entraîne en effet deux types de coûts ; les frais directs (inscription, transport, achat des uniformes et des manuels, etc.) et des coûts indirects (ou coûts d'opportunité). En effet, pendant qu'il est à l'école, un enfant ne peut pas travailler à la ferme parentale ou s'occuper de ses frères et sœurs plus jeunes.
Magoo est bien embêté quand les villageois lui demandent quels sont ses projets.
Je souhaite pratiquer l'économie comme une vraie science humaine .
Une science, rigoureuse, impartiale, sérieuse. Une science de l'homme, dans toute sa richesse et sa complexité. Mais une science humaine finalement : généreuse, ambitieuse, engagée.
Mes projets portent toujours sur une question simple, épurée, qui a trait à la réaction des gens dans un contexte précis
L'abstinence est la seule pratique préventive qui soit efficace à 100%. Si on arrivait à persuader les adolescents de s'y tenir, ils seraient absolument hors de danger. Favoriser le contrôle du risque, c'est les encourager à adopter un comportement moins risqué, mais pas forcément le moins risqué ; la recommandation d'utiliser des préservatifs rentre dans cette catégorie.
Toute variable peut être cause ou effet, ou bien pourrait être expliquée par une troisième variable corrélée aux deux autres.
Ignorer la complexité conduit à un appauvrissement du travail de recherche.
Près de neuf millions d'enfants meurent chaque année avant l'âge de cinq ans, pour la plupart de maladies comme la rougeole ou la diarrhée, qui auraient pu être prévenues ou guéries.
Le niveau moyen des résultats aux examens reflète davantage le public de l'école que la qualité des enseignants (nous avons le même phénomène dans le palmarès des lycées en France).
La réduction de la taille des classes ne semble pas améliorer les résultats scolaires quand elle n'est pas accompagnée d'autres changements.
Il existe une série d'évaluations visant à donner plus de moyens aux écoles. Or, toutes ces expériences ont été décevantes.
La perception des bénéfices liés à l'instruction fait partie des critères de décision des parents.