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Citations de Etaf Rum (88)


Deya la dévisageait, impassible. Farida savait que sa petite-fille ne pouvait comprendre comment le déshonneur pouvait croître, muter et engloutir
quelqu'un, ne lui laissant d'autre choix que de transmettre sa honte afin de ne plus être le seul à la supporter. (p. 359)
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Elle avait enfin compris. La vie n'était rien de plus qu'une méchante blague pour les femmes. Une blague qui était loin de la faire rire.
"tu sais ce que c'est ton problème ? reprit Sarah.
-Dis-moi.
-Tu ne lis plus.
Je n'ai pas le temps de lire.
- Eh bien, tu devrais en trouver, du temps. ça te ferait beaucoup de bien. " (...)
-Alors lis en secret, comme moi. Ce n'est pas comme ça que tu faisais, en Palestine ?
-Si." Isra se laissa brièvement séduire par cette idée, avant de la rejeter, et sa propre soumission à l'ordre familial la frappa. (p. 208)
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-ça n'a rien d'étrange, répliqua Sarah. Ce sont les personnes les plus seules qui aiment le plus lire.
- C'est pour ça que tu aimais lire ? Parce que tu te sentais seule ?
- Quelque chose dans ce goût-là. Sarah regarda de nouveau par la fenêtre. " ça été très dur de grandir dans cette famille, d'être traitée différemment de mes frères parce que j'étais une fille, de me réveiller tous les jours en sachant que mes perspectives d'avenir étaient si limitées. (...) c'était bien plus que de la solitude. Je me dis parfois que c'était aussi l'opposé, la sensation qu'il y avait trop de monde autour de moi, trop de liens imposés: il y avait aussi en moi un désir d'isolement pour pouvoir réfléchir par moi-même. (p. 231)
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Sarah eut un demi-sourire amer. Il faut d'abord avoir des racines pour être déraciné. Il faut d'abord savoir ce qu'est l'amour pour savoir ce que c'est d'être seule. (...) " (p. 387)
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La peur a cela de particulier qu'elle bouleverse notre sens des priorités. (p. 196)
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Mais à présent qu'elle s'était remise à lire, elle découvrait une nouvelle forme d'amour. Un amour qui naissait au fond d'elle-même, un amour qu'elle éprouvait lorsqu'elle lisait toute seule à la fenêtre. Et grâce à cet amour, elle commençait à croire , pour la première fois de toute son existence, qu'en fin de compte, elle valait quelque chose. (p. 278)
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Depuis que Sarah avait fêté ses seize ans, Farida la faisait parader sur la Cinquième Avenue comme s'il s'agissait d'un gigot d'agneau à l'étal. (p. 293)
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Isra se demanda ce qui avait pu rendre Farida aussi forte. Elle avait dû subir quelque chose de bien pire que des coups, songea -t-elle. La vie avait fait d'elle une vraie guerrière. (p. 242)
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- Les Contes des mille et une nuits. C'est celui que je préfère. (...)

- C'est plein de génies et de vizirs, des choses qui n'existent pas. Je préfère les histoires qui parlent de la vraie vie.

-Mais ça parle de la vraie vie, insista Isra. ça parle de la force et de la ténacité des femmes. Personne ne demande à Schéhérazade d'épouser le roi. C'est elle qui se propose, au nom de toutes les femmes, afin de sauver toutes les musulmanes en âge de se marier. Ces histoires qu'elle raconte pendant mille et une nuits, c'est la résistance. Sa voix est une arme, qui illustre le pouvoir extraordinaire des histoires en général, et la force des femmes en tant qu'individus. (p. 134)
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A bord, le vacarme de la vie quotidienne battait son plein. Tout autour de Deya, des gens fixaient d'un air absent un élément du décor, ou gardaient les yeux rivés sur leur téléphone. Ils étaient d'orogine italienne, chinoise, coréenne, mexicaine, jamaïcaine, de tout coin du globe que Deya pouvait se figurer, et pourtant ils semblaient avoir quelque chose en commun, quelque chose de profondément américain. Mais de quoi s'agissait-il au juste ? Deya songea que cela tenait à leur façon de parler, d'une voix forte, ou du moins plus forte que la sienne. Leur façon de se tenir debout dans la rame, pleins d'assurance, sans avoir l'air de s'excuser pour l'espace qu'ils occupaient. (...)Elle considérait comme une injustice d'avoir à vivre ainsi, avec la peur constante du regard de l'autre. (p. 144-145)
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Isra ne mit pas longtemps à comprendre que la vie de Farida était quasi identique à celle de Mama. Elle passait ses journées à cuisiner et à nettoyer (...) Lorsque ses fils étaient là, elle les choyait comme s'ils étaient des poupées de porcelaine et non des hommes. (p. 103)
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"Tu voudrais aller à la fac ? " demanda Nasser.
Deya le dévisagea. Personne ne lui avait jamais posé cette question sur ce ton.Jusque-là, cela avait toujours été d'une voix où perçait la menace, comme si toute réponse positive aurait remis en question l'ordre du monde. Comme si c'était la pire chose qu'une jeune fille pouvait souhaiter. (p.47)
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Pourtant, Deya aussi avait des questions à poser. Que ferais-tu si nous nous mariions ? est-ce que tu me laisserais aller au bout de mes rêves ? (...)
Est-ce que tu me considérerais comme ta propriété ? Est-ce que tu me battrais ? Elle aurait pu poser ces questions à voix haute, mais elle savait que les gens ne disaient jamais que ce qu'on avait envie d'entendre. Elle savait que pour comprendre son interlocuteur, il fallait entendre les mots qu'il ne prononçait pas (...) (p.48)
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Isra baissa les yeux. Elle savait que Mama avait raison, mais elle ne parvenait pas à s'imaginer vivre en Amérique. Le problème c'est qu'elle n'avait pas non plus l'impression d'être à sa place en Palestine, où les gens menaient des existences prudentes, suivant les traditions à la lettre afin de ne pas être ostracisés. (p. 23)
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Des ténèbres nouvelles s'étaient alors immiscées en Isra, qui plus jamais n'avait vu le monde de la même façon. C'était un monde où on battait non seulement les enfants, mais aussi les mères. (p. 25)
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Isra priait depuis ses sept ans , s'agenouillait à côté de Mama cinq fois par jour, entre le lever et le coucher de soleil. Ces derniers temps, elle attendait la prière comme un moment privilégié: elle avait hâte de se tenir à côté de Mama, épaule contre épaule, son pied frôlant celui de sa mère. Pour elle, c'était le seul contact physique de la journée. (p. 16)
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Isra se dit alors pour la première fois de sa vie que c’était en vérité pour cette raison que les violences sur les femmes étaient si communes. Ce n’était pas qu’à cause de l’absence d’une police à proprement parler, mais parce que les femmes étaient éduquées dans la croyance qu’elles étaient des créatures honteuses et sans valeur qui méritaient d’être battues, éduquées à être totalement dépendantes des hommes qui les battaient. À cette simple pensée, Isra eut envie de pleurer. Elle avait honte d’être une femme, honte pour elle, honte pour ses filles.
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Mais Nadine était bien différente d’elle. Elle avait dû être aimée depuis sa naissance, pour savoir aussi bien aimer et se faire aimer
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En écoutant Sarah, Isra se demanda si c’était ça, être américaine : avoir une voix. Elle aurait aimé exprimer ainsi son avis, elle aurait aimé dire toutes ces choses à Mama : lui dire que les filles étaient tout aussi précieuses que les garçons, que leur culture était injuste, et que Mama, en tant que femme, ne pouvait que le reconnaître. Elle aurait aimé dire à Mama qu’elle en avait assez d’être toujours reléguée au deuxième rang, d’être sans cesse victime de la honte, de l’irrespect, du mépris et de la violence, sauf lorsqu’il fallait faire le ménage ou la cuisine. Elle aurait aimé lui dire qu’elle souffrait qu’on lui fasse croire qu’elle n’avait aucune valeur, qu’elle n’était qu’un objet que le premier venu pouvait accaparer par le mariage
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Souvent, elle se demandait combien de personnes au monde étaient aussi ensorcelées qu’elle par les mots, combien n’aspiraient comme elles qu’à se plonger dans un livre et à ne jamais en ressortir. Combien espéraient trouver entre des pages imprimées leur propre histoire, combien auraient tout donné pour comprendre. Et pourtant, peu importait le nombre de livres qu’elle lisait, le nombre d’histoires qu’elle se racontait, Deya se sentait toujours aussi seule
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