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Citations de Etaf Rum (88)


Isra priait depuis ses sept ans , s'agenouillait à côté de Mama cinq fois par jour, entre le lever et le coucher de soleil. Ces derniers temps, elle attendait la prière comme un moment privilégié: elle avait hâte de se tenir à côté de Mama, épaule contre épaule, son pied frôlant celui de sa mère. Pour elle, c'était le seul contact physique de la journée.
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Leur pauvreté était l'une des raisons qui poussaient Yacob à vouloir marier Isra au plus vite. C'étaient ses fils qui l'aidaient à labourer les champs et à gagner de quoi subsister, c'étaient eux qui perpétueraient son nom. Une fille n'était qu'une simple invitée de passage, qui attendait qu'un autre homme veuille bien les emporter, elle et son fardeau financier.
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Des ténèbres nouvelles s'étaient alors immiscées en Isra, qui plus jamais n'avait vu le monde de la même façon. C'était un monde où on battait non seulement les enfants, mais aussi les mères.
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Elle sentait un vide en elle ; elle sentait un trop-plein. Elle avait besoin des autres ; elle avait besoin d’être seule. Elle ne parvenait pas à équilibrer l’équation. À qui la faute ? Elle se disait que c’était elle. Elle se disait que c’était sa mère, et la mère de sa mère, et les mères de toutes les mères, jusqu’à la nuit des temps.
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La tristesse était un cancer, une présence qui s’imposait si pernicieusement qu’on ne la remarquait que lorsqu’il était déjà trop tard pour la chasser.
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Je suis née sans voix, par un jour nuageux et froid à Brooklyn. Personne ne parlait jamais de ce mal. Ce n'est que des années plus tard que j'ai su que j'étais muette, lorsque j'ai ouvert la bouche afin de demander ce que je désirais : j'ai alors pris conscience que personne ne pouvait m'aider. Là d'où je viens, le mutisme est la condition même de mon genre, aussi naturel que les seins d'une femme, aussi impératif que la génération à venir qui couve dans mon ventre. Mais jamais nous ne vous l'avouerons, bien entendu. Là d'où je viens, on nous apprenait à dissimuler notre condition. On nous apprenait à nous réduire nous-mêmes au silence, on nous apprenait que notre silence nous sauverait.
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Elle avait enfin compris. La vie n'était rien de plus qu'une méchante blague pour les femmes. Une blague qui était loin de la faire rire.
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"On va au parc" avait dit Mama, en affichant le sourire plus épanoui que Deya ait jamais vu sur son visage. Deya eut la sensation qu'un arc-en-ciel naissait en elle.
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"Tu sais ce qui est vraiment étrange ? demanda-t-elle au bout d'un moment.
- Quoi donc ?
- Que par un hasard absolu, toi, moi et ma mère, on adore lire.
- Ca n'a rien d'étrange, répliqua Sarah. Ce sont les personnes les plus seules qui aiment le plus lire.
- C'est pour ça que tu aimais lire ? Parce que tu te sentais seule ?
- Quelque chose dans ce goût là. " Sarah regarda de nouveau par la fenêtre.
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Isra acquiesça. "Depuis que je me suis remise à lire, j'ai l'impression d'être dans une transe, ou plutôt que je suis sortie d'une transe. Quelque chose s'est éveillée en moi que je ne saurais décrire, ça va peut-être te paraître exagéré, mais pour la première fois depuis des années, j'ai de l'espoir.
p274
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La peur a cela de particulier qu'elle bouleverse notre sens des priorités.
p196
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INCIPIT
Je suis née sans voix, par un jour nuageux et froid à Brooklyn. Personne ne parlait jamais de ce mal. Ce n'est que des années plus tard que j'ai su que j'étais muette, lorsque j'ai ouvert la bouche afin de demander ce que je désirais : j'ai alors pris conscience que personne ne pouvait m'aider. Là d'où je viens, le mutisme est la condition même de mon genre, aussi naturel que les seins d'une femme, aussi impératif que la génération à venir qui couve dans son ventre. Mais jamais nous ne vous l'avouerons, bien entendu. Là d'où je viens, on nous apprenait à dissimuler notre condition. On nous apprenait à nous réduire nous-mêmes au silence, on nous apprenait que notre silence nous sauverait. Ce n'est que maintenant, bien des années plus tard, que je sais que tout cela est faux. Ce n'est que maintenant, en écrivant cette histoire, que je sens venir ma voix.
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Tout comme Mama, elle croyait que le silence était la seule voie. Qu'il était plus sûr de se soumettre que de se faire entendre.
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Il lui faudrait attendre que Sarah soit prête. Après tout, elle n'avait pas le choix. C'était comme la lecture. Il fallait aller au bout de l'histoire pour connaître toutes les réponses. C'était pareil dans la vie : on obtenait jamais tout d'un coup.
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Très souvent, être heureuse, ça signifie rester passive, jouer la prudence. Il n'y a aucun talent requis pour être heureuse : inutile d'avoir la moindre force de caractère, le moindre trait un peu extraordinaire. C'est surtout le mécontentement qui entraîne la création, la passion, le désir, le défi.(...) Je pense que c'est la tristesse, ou tout le moins l'insatisfaction qui est à l'origine de tout ce que le monde a de plus beau.
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La peur a cela de particulier qu'elle bouleverse notre sens des priorités.
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La fièvre des marais faisait tomber les hommes comme des mouches. On racontait que les morts étaient si nombreux qu'à Paris on songeait à tout arrêter mais qu'on s'abstint au dernier moment, parce qu'on pensait justement qu'en Afrique le véritable ennemi, c'était la maladie, le véritable champ de bataille, l'hôpital, et qu'on ne pouvait pas, disaient-ils, répétaient-ils, répétaient-ils encore cent cinquante ans plus tard, on ne pouvait décemment pas laisser tous ces pauvres Algériens sur leur pauvre terre, si mal soignés dans une telle misère, et c'est pourquoi, sur ordre de Charles X, tandis que les soldats épuisés par les fièvres continuaient d'avancer tels des squelettes dans les marais, on implanta à des ports des lazarets, dans lesquels on mit en quarantaine passagers et cargaisons, et partout, dans chaque ville assez importante, la monarchie de Juillet établit aux frais de la France des officines de santé sous la tutelle de l'armée pour simposer, s'il le fallait par la force, désinfection et purification.
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On racontait que quand le corps expéditionnaire entra dans Alger, le 9 juillet 1830, ils furent saisis d'horreur par l'état d'insalubrité d'une ville déjà décimée par la peste, le choléra et le typhus. Les immondices jonchaient les rues. Rats et cafards pullulaient. La dysenterie, mais aussi la syphilis, la variole importées par les voyageurs étaient devenus endémiques, gravées à même les corps des misérables, rongeant les os et la peau des enfants.
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Alger, 1950
Tâche blanche, informe, qui se précise quand, entrant dans le port, la ville surgit de la mer. Collines en amphithéâtre, odeurs de jasmin, d'anisette, de poubelles, de fruits décomposés, maisons qui escaladent les pentes, et dont le blanc à peu près absolu ne laisse voir par intervalles que le gris d'une place ou le vert foncé d'un jardin.
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Il est très difficile de trouver sa place dans le monde quand on ne s'est pas encore trouvé soi-même.
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