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Citations de Eugene Marten (17)


Le klaxon, les herbes, l’homme éjecté à une douzaine de mètres. Une de mes chaussures s’est détachée. La dernière fois que j’ai eu le souffle coupé comme ça, j’étais gosse. Mes poumons semblaient avoir été aplatis. J’ai tenté d’y faire descendre de l’air et j’ai entendu un bruit ressemblant à un grognement, mais à l’envers. J’avais oublié comment faire, m’y prenais de travers. Ça faisait moins mal de ne rien faire, mais dès lors que votre corps a décidé de vivre, il essaie par tous les moyens, même si ça doit vous tuer.
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Vous savez ce que mon père disait ? À propos des déchets ? De la philosophie à deux balles mais bon, il disait qu'on devrait se sentir jaloux. Il disait que les déchets étaient libres d'eux-mêmes, enfin affranchis de toute velleité humaine.
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Or Sloper était sa propre langue à lui tout seul.
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L’œuf, dit l’homme. Il sourit. C’est l’œuf qui a éclos pour laisser sortir la poule qui l’a pondu.
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L'IMMEUBLE POSSÉDAIT SES PROPRES PARAPLUIES.Les gens en profitent.Ils oublient .Avaient pris l''habitude de ramener les parapluies à leur bureau ou dans leur box de travail au lieu de les rendre au poste de sécurité dans le hall principal.Ça devenait problématique. Au point que l'immeuble annonça qu'il paierait cinquante cents pour chaque parapluie rendu.Le lendemain ,Cooper prit son poste plus tôt. Commença par le rez-de -chaussée et gravit autant d'étages que possible avant l'arrivée des autres agents d'entretien.Lorsqu'ils le rejoignirent, il s'était fait quasiment dix dollars rien qu'en remettant la main sur des parapluies chapardés.(Page 15).
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Seul le pêcheur est en mesure de dire en quoi devrait consister sa pénitence.
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Il fallait masser les minces fibres des muscles pour eviter l'atrophie.Juste au cas où. Ne jamais prendre les escalators.Saupoudrer le bassin hygiénique de talc.
Il fallait tendre la nourriture du côté de la bouche le plus vigoureux ,sans jamais forcer.( Page104).
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Les bleus étaient problématiques.Lorsqu'elle était recroquevillé dans le frigo ses fesses viraient au violacé comme un fruit trop mûr. Sloper tenta de la retourner ,de la mettre tête en bas .Les seins se gorgeait de sang.La clavicule se brisa.
Il mit la main sur une vieille baignoire dans le garage.Il avait ramener un grand seau du boulot mais la baignoire ferait mieux l'affaire.Il l'allongea sur le dos ,la tête pendouillant du pied de lit ,plaça des oreillers sous les jambes et les fesses.Veine où artère, il ne savait plus.Quel côté, il n'était plus très sûr non plus ,du coup il ouvrit les deux,mit les dernières infos de la nuit et se dégoupilla une bière.
Il n'y avait rien d'autre à la télé.Ici-bas tout ce qu'on captait, c'était trois chaînes brouillées parfois une quatrième.Ce qui coulait était noir et grumeleux .Il entendit les éclaboussures dans la baignoire et il se reprit une bière. ( Page 56).
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À chaque fois, Sloper n’avait qu’une hâte, quitter cet étage. Les cloisons des box de travail étaient trop hautes, les couloirs entre chaque box trop étroits – si on tombait sur lui et son Rubbermaid il fallait se faire tout petit. La moquette sentait toujours le neuf et étouffait le moindre bruit à l’exception des claviers, un crépitement furtif qui évoquait à Sloper la fuite de cafards. Pour une raison qui lui échappait, il avait de façon chronique et compulsive le besoin, dès qu’il était au 23e, de s’éclaircir la voix comme en prélude à la déclaration de sa vie. C’était plus fort que lui. Les glaires s’entrechoquaient dans sa gorge jusqu’à ce qu’il se sente obligé de dire quelque chose à quelqu’un, bonjour ou pardon, ce qu’il avait une fois, l’un ou l’autre, à un gars affairé à taper sur son clavier. Le type se retourna, sourit et lui rendit la monnaie de sa pièce sans cesser de taper sur son clavier, avant de revenir à son écran et de s’arrêter, la perplexité sur son visage se muant en incrédulité, puis en quelque chose de pire encore : « J’ai fait ça moi, j’en reviens pas », dit-il, et il se mit à le répéter, ou à faire varier l’expression, encore et encore, dans un gémissement digne de quelqu’un souffrant d’une rage de dents. Sloper pouvait l’entendre jusque dans le couloir de l’ascenseur. Il n’en aurait pas fait tout un fromage si le type ne lui avait pas répondu ou s’il avait grogné un truc évasif sans lever les yeux de son écran, ce que les gens faisaient parfois.
Il arriva que lors de disputes le ton monte une paire de fois. Parmi les notes de service qui cascadaient depuis les corbeilles dans sa poubelle, certaines, pour une bande de comptables, n’étaient pas piquées des vers, même si on ne peut pas dire que Sloper était fin lecteur.
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Sloper veillait à ce que le carrelage soit toujours impeccable, et pour ce qui était des vitres, il était plutôt doué. Il s’accroupissait face aux portes dans le hall, penchait la tête en arrière, et ainsi il pouvait déceler la moindre coulure ou trace de main. Il utilisait un produit liquide, vert pâle, dans un spray en plastique qu’on remplissait dans le local d’entretien. Sloper ne prenait rien d’autre que du papier essuie-tout ; le chiffon laissait des traces et ça peluchait. Il cramait une caisse par mois. Se disait que ça ne devait quand même pas être si compliqué que ça, d’utiliser la poignée, la barre anti-panique ou la plaque de poussée, mais il n’en faisait pas une affaire personnelle si on procédait autrement. Faut dire aussi qu’on n’avait pas que ça à faire.
Hormis cet attachement à ce que les choses soient nettes, Sloper laissait aux femmes le soin de peaufiner les détails. Faire les bords, la poussière à fond, chasser les moindres détritus jonchant le sol. C’était entendu.
Le nettoyant pour vitres allait dans l’une des nombreuses poches du tablier plastique jaune suspendu à son chariot, avec les autres sprays et produits d’entretien. Si des poches étaient vides, tu pouvais t’en servir pour y glisser des burgers et des sandwiches. S’il n’y avait plus d’emballage autour du burger ou du sandwich, tu prenais une serviette en papier d’une autre poche située sur le tablier plastique. Et ce n’était pas un problème si un sandwich ou un burger était à moitié mangé. Les salades de pommes de terre, provenant de chez le traiteur situé dans le hall d’entrée, étaient servies dans des petites barquettes plastiques ; elles aussi entraient dans les poches. Donuts, bagels, cookies, galettes de riz, croissants et muffins, idem.
Les gens ne finissaient jamais leur salade de pommes de terre.
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L’immeuble possédait ses propres parapluies. Les gens en profitent. Ils oublient. Avaient pris l’habitude de ramener les parapluies à leur bureau ou dans leur box de travail au lieu de les rendre au poste de sécurité dans le hall principal. Ça devenait problématique. Au point que l’immeuble annonça qu’il paierait cinquante cents pour chaque parapluie rendu. Le lendemain, Sloper prit son poste plus tôt. Commença par le rez-de-chaussée et gravit autant d’étages que possible avant l’arrivée des autres agents d’entretien. Lorsqu’ils le rejoignirent, il s’était fait quasiment dix dollars rien qu’en remettant la main sur des parapluies chapardés.
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Les salles de classe étaient équipées de verrous et la directrice voulait ressaisir toutes les serrures pour installer un système de clé maîtresse. Elles devaient pouvoir être fermées à clé pendant la classe.
Et moi qui croyais qu’on ne faisait ça qu’au lycée.
« Les temps ont changé, a dit le concierge. Vous étiez où ? »
Problèmes de tuyauterie. Dans certaines classes tu voyais ta respiration l’hiver, dans d’autres les radiateurs brûlaient.
Ibrahim a préparé un organigramme pour que nous puissions tailler toutes les clés d’avance. Il s’est occupé du rez-de-chaussée. Les enseignants avaient été avertis. Moi je suis allé de porte en porte avec les clés et un petit kit de goupilles. La combinaison pour chaque salle était écrite et calculée à partir de celle du passe général. Tu fourrais les goupilles dans les puits de chaque cylindre , créais de multiples lignes de césure. Goupilles passives et actives, goupilles de contrôle… Mais le système que nous avions mis au point était simple. Il existait des hiérarchies bien plus complexes encore, avec un passe général et divers sous-passes variés et s’entrouvrant, comme s’il était possible de réduire toute chose, de réduire un monde, à une seule et unique clé.
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Certaines clés sont faites pour certaines serrures. Ce que je veux dire par là, c’est que n’importe quelle clé ou ébauche s’insère dans le trou d’une serrure si son profil a été adéquatement taillé – c’est juste qu’elle ne tournera pas sans les bonnes positions. La variure. C’est ça que j’ai pris avec moi en descendant au sous-sol. Yusuf a amené l’ébauche et le cylindre. Il a pris place à l’atelier et a allumé la lumière. « Ce genre-là, c’est plus que la moitié des serrures dans le monde », a-t-il dit. Femmes et enfants les fabriquaient – il fallait des petits doigts. Il tenait le cylindre dans un faisceau de poussière vive et m’a montré le stator, le rotor – le rotor constitue le cœur. Un cercle dans un cercle. Il m’a appris les goupilles, goupilles actives, passives, la ligne de césure qui se forme entre les deux et qui permet à la clé de faire tourner le rotor, de rétracter le pêne. D’ouvrir la porte.
Il m’a montré comment démonter le cœur du cylindre avec une agrafe de métal aussi fine que du papier.
« Mm-hm, disait-il à mesure qu’il avançait. Mm-hm. » Tel un chanteur.
Une corbeille en plastique traînait au milieu du sous-sol. Elle était remplie de clés usagées. On l’appelait la corbeille à recyclage et un homme seul aurait eu du mal à la déplacer. Parfois les gens qui amenaient leur serrure à changer amenaient aussi la clé qui allait avec et dont ils n’avaient plus aucune utilité. Gardez-la, disaient-ils. Pouvez la jeter. Je ne sais pas si c’est de là qu’elles provenaient toutes, mais on n’appelait pas ça recyclage parce qu’on s’en servait comme bouts de ferraille – on réutilisait ces clés sur d’autres serrures.
Yusuf m’a demandé d’en prendre une au hasard. M’a pris des mains la serrure du sourd et a dit « Maintenant on va la lire, cette clé ».
Puis il a ouvert ce qui ressemblait à une grande boîte de pêche en métal – le kit de crochetage. Universel. Il m’a appris ce qu’était la variure, les couleurts, les goupilles. Les dixièmes, centièmes, millièmes. Les pinces. On faisait en sorte de faire correspondre la serrure à la clé et non l’inverse. Je ne crois pas avoir posé la moindre question.
Après avoir terminé, Yusuf a pris le rotor et l’a remis dans le stator. La clé tournait sans accrocher et il a replacé le clip, puis a vaporisé du graphite dans le chemin de la clé. L’huile attire la poussière, a-t-il dit. Puis il a fait un geste en direction d’un carton posé sur une autre table, rempli de vieux cylindres. De la corbeille.
« Z’ont tous besoin d’être ressaisis, a-t-il déclaré. À cent procent. »
« Fais-toi plaisir », a-t-il dit, en le pensant sincèrement. Puis il est remonté avec la serrure pour faire des doubles de la clé.
Mais je crois que c’est monnaie courante dans la profession.
Que la clé de votre porte ait pu ouvrir celle de quelqu’un d’autre.
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Les gens amenaient leur clé, amenaient leur serrure, en achetaient de nouvelles et revenaient pour celles qu’ils avaient laissées en réparation. Parfois ce qu’ils venaient chercher était resté là des semaines et n’était toujours pas prêt. Ou n’était plus là. C’est à ça qu’on voyait qu’il fallait quelqu’un.
Une femme aux cheveux blancs s’est pointée avec une valise aussi vieille qu’elle. Elle n’avait plus la clé. Elle n’a pas précisé si c’était la sienne ou si elle l’avait trouvée, mais elle voulait voir si ça allait changer sa vie. Combien pour l’ouvrir le temps qu’elle patiente ?
« La moitié de ce qu’il y a dedans, a répondu Ibrahim.
– Des jours comme ça ça se fait plus », a-t-elle rétorqué.
1,99 pour une clé de voiture. 2,99 si le cylindre était débrayable. 2,49 pour une clé de couleur ou une avec un anneau en caoutchouc. Toujours demander s’ils veulent que leur nom apparaisse sur le reçu. Il arrivait que j’entende deux prix différents pour la même chose, et c’est à ça qu’on voyait.
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Je suis monté à mon étage et me suis engagé dans le couloir. J’avais encore la main qui tremblait en glissant la clé dans la serrure. Peut-être à cause du café. Si je n’arrivais pas à dormir, il restait toujours le fast-food, voire la bibliothèque – ou alors le lendemain, bien entamé toutefois. J’ai tourné la clé dans le mauvais sens et elle s’est cassée dans la serrure. Soudain cette journée m’a semblé interminable et voilà que ça paraissait y mettre un terme.
J’ai senti de la sueur perler sur mon cuir chevelu en posant le front contre la porte. J’aurais pu m’allonger par terre et fermer les yeux. Le sol se serait transformé en trottoir sous moi. Une poubelle est apparue, de la fumée s’en élevant. J’ai inspiré profondément à plusieurs reprises et quand je me suis senti moins fébrile, je suis redescendu à la réception. Mme Ivy attendait sans poser les yeux sur moi. Un mot sur l’avant du comptoir disait NOUVELLES CLÉS DIX DOLLARS. PAS D’EXCEPTION. Elle a levé la tête.
Je lui ai dit que je n’avais pas eu d’annuaire. Elle a répondu qu’elle s’en occuperait et m’a laissé utiliser le sien. J’y ai jeté un œil, ai trouvé quelque chose, suis remonté jusqu’à ma porte.
Me suis agenouillé. Elle était visible, coincée là dans la serrure et ressortant légèrement, mais pas assez pour que je puisse l’attraper. J’ai plongé la main dans ma poche pour sentir l’autre moitié toujours au bout du porte-clés, puis le porte-clés, puis l’ersatz de couteau suisse que m’avait refourgué le gamin à la gare routière.
Pas moyen d’extraire le restant de la clé à l’aide de la lame. Il y avait une petite pince avec laquelle j’ai tenté le coup, et la clé est sortie facilement. J’ai mis les deux morceaux de clé ensemble dans une poche rien que pour eux. Où ils s’entrechoquaient comme des pièces de monnaie.
L’échoppe n’était pas très loin ; fallait remonter jusqu’à l’intersection et elle était située à une rue de là, dans ce qui avait été désigné comme un Quartier Historique. Un grand immeuble de brique noire s’élevait à côté, doté de tours crénelées et d’une bannière où se lisait À LOUER. AIDES POSSIBLES. De l’autre côté, une banque du sang. L’immeuble d’en face avait des airs de bâtiment qui aurait dû être condamné, et peut-être l’avait-il été, sauf que des gens étaient aux fenêtres, alors peut-être qu’eux aussi l’étaient. Une épicerie. L’Armée du Salut. Des maisons type brownstones. Un genre d’asso pour le développement urbain avec un panneau sur une pelouse tondue de près. Une femme en haillons a surgi de nulle part, a relevé sa jupe et s’est accroupie derrière le panneau. Elle a lorgné un journal puis en a déchiré un bout.
Il y avait un coffre-fort en vitrine. Des serrures montées sur des pans de porte en coupe.
Je suis entré et la porte s’est mise à carillonner. Personne au comptoir, ni dans la boutique. Quelqu’un a appelé depuis l’arrière, une voix de femme. Elle était à moi tout de suite. J’ai jeté un œil autour, à ce qui était suspendu au-dessus du comptoir, ce qu’il y avait aux murs, sauf que ça ne me sautait pas encore aux yeux. Les vitres étaient crades. Une odeur de poussière.
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Il faisait encore nuit à mon retour en ville. J’étais le dernier à descendre du bus mais il a quand même fallu que j’attende en compagnie des Mennonites qu’un bagagiste finisse de vider la soute. La gare formait une étroite grotte avec des tubes fluo de trois mètres de long. Cette odeur de gas-oil, le Greyhound qui siffle et toussote. Dans leurs couleurs noir et brun, leur bleu pâle et leur violet, ces hommes aux chapeaux larges, une barbe mais pas de moustache, manteaux privés de revers. Les enfants, des adultes miniatures. Bagages faits de carton, comme le mien, ficelés de jute ou de chanvre, mais la boîte que je guettais, moi, était petite et n’avait servi qu’une seule fois.
Dans la gare routière, un couple se pelotait allègrement près d’un jeu vidéo. Les pèlerins se sont écartés et se sont jetés sur la quasi-totalité des fauteuils dans la salle d’attente – peu importe où tu t’asseyais, tu tombais toujours à côté d’eux. Ils buvaient leur propre jus et mangeaient leurs propres sandwiches. Une vieille dame épluchait une orange. Puis j’ai vu qu’elle était enceinte et me suis dit qu’elle n’était peut-être pas si vieille que ça tout compte fait. Les enfants mataient le jeu vidéo et le couple à côté, leurs langues en partage.
Certains fauteuils étaient équipés d’une télé qui s’allumait à l’aide de pièces, son regard pointé sur toi depuis tes genoux. De temps en temps, un haut-parleur crachait soigneusement ses parasites, au milieu desquels seuls les noms de ville étaient audibles. Les gens s’en allaient ou pas, selon, comme s’ils avaient fini par entendre ce qu’il leur fallait entendre.
Une femme sollicitait la foule. Pour un croque-monsieur, disait-elle, un billet d’un dollar dans la main en guise d’invite à d’autres contributions. Lorsqu’elle est arrivée à hauteur d’un barbu portant un chapeau à bords larges, le regard du type l’a traversée et il s’est mis à parler aux siens. Dans un allemand qui l’a traversée à son tour.
Les parasites crachaient « Direction est ».
Un gamin m’a montré un faux couteau suisse. Il faisait partie d’un groupe au sein duquel tout le monde arborait un sac à dos, pantalon noir et chemise blanche. L’uniforme d’un ordre ascétique ou un autre – un de plus. C’était un porte-clés. Je lui ai dit que je n’avais rien à accrocher et il a cru que je voulais marchander. Je lui en ai donné deux dollars. Même ça, je ne pouvais pas me le permettre, mais ça paraissait un bon début.
Je me suis levé pour aller boire un coup. Un aveugle et un berger allemand étaient tapis contre le mur près de la fontaine à eau. Des petits points noirs sautaient du chien vers le type, du type vers le chien. je suis retourné m’asseoir, n’ayant plus soif, juste envie de dormir. Je me suis penché en arrière et j’ai fermé les yeux. Des rires, une blague. Ça m’a surpris, je n’ai pas fait le lien avec les barbes, l’allemand, le noir et le brun. Sans doute leur voyage interminable, ai-je supposé. L’heure tardive.
C’est un agent de sécurité qui m’a réveillé. J’ai ouvert les yeux, il me tapotait l’épaule. Traits évasés et plats, comme si son visage était plaqué contre une vitre. « Interdiction de stationner », a-t-il fait.
Impossible de parler. J’ai jeté un œil autour. Il faisait noir et tout le monde s’était barré, sauf l’aveugle et son chien.
« Sais pas comment vous faites pour dormir avec tout ce raffut », a dit l’agent de sécurité. Je l’ai regardé.
« Les flics ont débarqué et emmené un de ces gamins, les Amish là ou ce que je sais. Apparemment une mule qui passerait de la drogue pour quelqu’un. Dingue, non ? »
J’ai tenté de lui dire que je tâcherais de me trouver un toit, que je ne pouvais rien faire avant le lendemain, mais je n’avais parlé à personne depuis un jour et à m’entendre, ça devait sembler plus long que ça.
« Interdiction de stationner », il a redit. Il a hoché la tête vers ce qu’il y avait derrière moi. « Le café est ouvert. Allez vous prendre un truc. »
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Puis l'intérieur de la cuisse,ça il s'en souvenait,mais c'était dur de savoir où précisément et il avait dû pas mal l'entailler avant que ça ne vienne.Il oubliait chaque fois que ça ne cicatriserait pas--il pourrait toujours reboucher avec quelque chose ,à moins que ce ne soit inutile .Il se tenait derrière elle sous la douche--bras joints sur la poitrine, passant sous les aisselles--et il durcissait de plus en plus collé à elle.Le sang noir coulait sur lui,et se faisait emporter par l'eau.Il jouit rapidement contre elle ,et ce fut emporté par l'eau. Il la souleva ,la fit tressauter pour tenter de tout faire sortir.La nuit fut longue.L'eau refroidit.Il piqua du nez,debout là avec elle.Fallait pas s'attendre à ce qu'il n'en reste plus une goutte.( Page 56).
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