Ezra Pound

couple

Car à l’aube de ma vie une femme s’est arrêtée
Comme un appel du clair de lune,
Comme la lune appelle les marées :
"Chante un chant"
Alors je l’ai chantée et de moi s’est éloignée
Comme la lune s’éloigne de la mer,
Mais sont arrivés les mots feuilles, petits mots magiques et bruns
Qui disent : "l’âme nous a créés"
"Un chant, un chant !"
En vain leur ai-je dit : "Je n’ai pas de chant
Car celle que j’ai chantée de moi s’est éloignée."

Paracelse dans Excelsis


«N'étant plus humain, pourquoi devrais-je faire
semblant d'humanité ou revêtir la frêle tenue?
J'ai connu des hommes et des hommes, mais jamais un n'a
été cultivé une essence aussi libre, ni devenu un
élément aussi simple que ce que je suis.
La brume sort du miroir et je vois.
Voir! le monde des formes est balayé sous- La
tourmente est devenue visible sous notre paix,
Et nous qui sommes devenus sans forme, nous nous élevons au-dessus- Des
fluides immatériels qui ont été des hommes,
Nous semblons comme des statues autour desquelles la base surélevée
Une rivière débordante est devenue folle,
En nous seuls l'élément de calme.

Ts'ai Chi'h


Les pétales tombent dans la fontaine,
les feuilles de rose orangées,
Leur ocre s'accroche à la pierre.

Le libéralisme et le bolchevisme se réunissent dans leur mépris fondamental de la personne humaine. 

VILLONAUDE POUR CE NOËL



Sur le Noël morte saison
(Hommage des bergers si précieux !)
Quand les loups gris qui vont errants
Se vivent de vents froids et laiteux,
Lapent la neige, leur guerredon,
Sur le Noël cœur reprenons,
(Buvons! jusqu’à la lie buvons !)
Mais où sont les fantômes d’antan ?
À quels fantômes ai-je rêvé ?
(Equipage fleurant bon des mages ?)
Fantômes d’amours mortes, errants
Qui font trembler les vents poisants :
Craignent qu’amour au soleil foison
Revienne et tue les chères images,
(Alors je bois à ma façon !)
Mais où sont les fantômes d’antan ?

Où sont mon cœur les joies conquises
(Saturne et Mars vers Jupiter !)

Où sont les lèvres sur miennes mises
Où sont regards jolis et clairs
Qui disent amants donnez le prix ?
Je bois aux yeux, opales grises
(De qui sont-elles le parangon ?)
Mais où sont les fantômes d’antan ?

Prince, ne dites rien de mes faits,
De la joie qu’en Dieu trouverai,
Dites-moi où sont partis les vents,
Mais où sont les fantômes d’antan ?

Figure de danse

Aux yeux sombres, ô femme de mes rêves,
sandales d'ivoire,
il n'y en a pas comme toi parmi les danseurs, personne
aux pieds rapides.

Je ne t'ai pas trouvé dans les tentes,
Dans l'obscurité brisée.
Je ne t'ai pas trouvé à la tête de puits
Parmi les femmes à pichets.

Tes bras sont comme un jeune arbre sous l'écorce;
Ton visage comme une rivière avec des lumières.

Vos épaules sont blanches comme une amande;
Comme de nouvelles amandes arrachées de la coque.
Ils ne te gardent pas avec des eunuques;
Pas avec des barres de cuivre.

La turquoise dorée et l'argent sont à la place de ton repos. Tu as rassemblé autour de toi une
robe brune avec des fils d'or tissés en motifs
,
Nathat-Ikanaie, «Arbre à la rivière».

Comme un rillet parmi les carex sont tes mains sur moi;
Tes doigts un ruisseau givré.

Tes jeunes filles sont blanches comme des cailloux;
Leur musique sur toi!

Il n'y en a pas comme toi parmi les danseurs;
Aucun avec des pieds rapides.

Onzième bit d'Alf

SIR LANCELOT A UN JOURNAL MAINTENANT

Ma grande presse fend les entrailles des hommes,
Mon grand bruit noie leurs cris,
Mes ventes ont battu les dix autres,
Parce que j'imprime la plupart des mensonges.

Je fais sortir les enfants dans la rue
Pour vendre les journaux tôt,
A 13 heures je vais déjeuner, J'ai l'
air si gros et costaud.

Je porte un fin manteau de fourrure et des gants,
Et des guêtres au-dessus de mes chaussures,
Ils doivent faire le sale boulot,
je fais ce que je veux.

Ils doivent se tenir debout dans la boue
Et le froid en forme pour le désespoir,
Mais j'ai fait un tas de couleur rouge avec des
profits sur l'air chaud.

Je pousse le marché de haut en bas
en truquant les rapports boursiers et en mettant
mes sélections sur le côté
Des annonces d'articles vestimentaires et de sports.

Le roi était autrefois la plus grande chose
en Angleterre? Je vais dire OUI!
Mais les chevaliers et les seigneurs respectent aujourd'hui
le pouvoir de la presse.

L'amour est la forme & le contour de la philosophie.


"philos sophos" Michel Serres traduit par "Langue savante en amour.

"Les bons écrivains sont ceux qui gardent le langage efficace. C'est-à-dire, gardez-le précis, gardez-le clair."

You came in out of the night and there were flowers in your hands

« Amo, ergo sum. »

" J’ai toujours dit ce qu’il ne fallait pas, et renversé autour de moi toute la foutue porcelaine. " à Charles Olson, 1946.

La vérité est dans la tendresse.

Anyone can run to excesses,
It is easy to shoot past the mark,
It is hard to stand firm in the middle

Under white clouds, cielo di Pisa
out of all this beauty something must come

Canto LXXXI

What thou lovest well remains,
the rest is dross
What thou lov’st well shall not be reft from thee
What thou lov’st well is thy true heritage

NOCTURNE


V

Je suis las de l’amour et tes lèvres
Sont des coquelicots éclos au petit jour.
Donne-moi donc tes lèvres
Que je puisse connaître le sommeil.


//Skipwith Cannell poète Etats-Unis, (1887-1957)

NOCTURNE


IV

Du filet de tes cheveux
Tu as pêché en mer
Et un poisson étrange
Fut pris dans ton filet ;
Car ta chevelure,
Bien-aimée,
Tient mon cœur
Dans sa toile d’or.


//Skipwith Cannell poète Etats-Unis, (1887-1957)

NOCTURNE


I

Tes pieds
Comme de petits oiseaux d’argent,
Tu les poses sur les chemins charmants ;
Ainsi je te suivrai,
Toi Colombe aux Yeux D’or,
Sur n’importe quel chemin je te suivrai,
Car la lumière de ta beauté
Éclaire ma route comme une torche.


//Skipwith Cannell poète Etats-Unis, (1887-1957)

LXXXII


Extrait 2
 
           il n'y a pas de guerres justes
              dans « le Printemps et l'Automne »
c'est-à-dire, parfaitement justes d'un côté comme de
  l'autre
tout à fait justes des deux côtés du front
        et les nouvelles mettent bien longtemps à
  s'acheminer
     bien longtemps à arriver
             à travers l'impénétrable
cristalline, indestructible
            ignorance des lieux

p.255