Citations de Fabrice Neaud (37)
Je préfère ce travail aux mille acceptations molles que me sert chaque nouvelle rencontre, et dont la promptitude à se montrer tolérante me paraît trop belle pour être réellement sincère.
Nous sommes des calques d'où nous venons et des buvards d'où nous sommes. Il est difficile de nous en affranchir. Très peu d'actes, et surtout de pensées, sont les fruits d'une authentique liberté. C'est d'ailleurs le projet de toute une vie.
Il ne peut y avoir de prise de conscience collective de la misère... puisque la misère isole.
Je voudrais ne pas être là.
Je voudrais ne plus exister.
Tout, mais autre chose que cette absence de réponse,
Tout, mais autre chose que ce déni d'amour,
Tout, mais autre chose que le silence sans appel.
Il faut s'attendre à tout pour n'être déçu par rien.
Imiter la nature ? Mais l'Art n'a jamais eu cette ambition. Et ceux qui le croient, en affirmant ne rien comprendre à l'abstraction, ne comprennent pas davantage Manet, Van Gogh, Vélasquez, Goya ou la "Période Bleue" de Picasso.
Si on avait gardé secrètes toutes les œuvres qui pouvaient gêner quelqu'un… la terre serait probablement encore plate.
Monsieur,
Comme il est raisonnable que vous essayiez votre paire de chaussures avant que vous ne l'achetiez, il est raisonnable qu'une entreprise fasse exécuter un dessin pour l'éventuel dessinateur qu'elle veut employer…
D'autres part lors de l'exécution de ce dessin vous sembliez très pressé d'en finir et avoir autre chose à faire, ce qui pour un futur employeur n'est pas encourageant et semble tout à fait déplacé de la part d'un «RMIste» qui ne travaille pas depuis plus de 3 ans ?
Ce comportement constitue déjà l'énorme motivation d'un refus d'embauche.
Enfin plutôt que, depuis 3 ans, vouloir trouver un travail chez les autres, je vous conseille de vous prendre en charge et de vous installer à votre propre compte, où là, vous pourrez disposer de votre temps comme il vous convient et prétendre à une rémunération pour un véritable travail.
Vous souhaitant bonne réception de la présente, veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
(page 163)
Il y a un temps pour tout : un temps pour le deuil et un temps pour l'oubli. Mais le plus dur, c'est d'oublier sans haïr. Il faut beaucoup de force.
Comment puis-je oublier ? Je ne veux pas oublier. Je ne peux pas. Il semble qu'il existe un devoir de l'oubli quand les choses ne vont plus. L'amour semble alors faire partie des choses les moins importantes quand il n'est pas réciproque. Il semble ne plus être de l'amour. Il doit être oublié. Mais alors comment doit-on appeler ce qu'il en reste ? Que dois-je en faire ?
Je ne peux me départir de l’idée que faire encore du récit de l’intime une affaire de « style » est une manière déguisée d’avouer notre impuissance à nous intéresser à la vie d’autrui.
Les femmes révoltées contre le patriarcat du XIXe étaient "hystériques", les NÈGRES révoltés contre la ségrégation étaient des "chiens enragés". Et les pédés révoltés, en 1995, contre une sociéte de machos sont des paranos, évidemment !
La guerre urbaine, c'est la victoire de la conduite sur la planification.
En fait, un journal intime, c'est fait pour être lu : on le cache mal en espérant que quelqu'un le trouvera.
Il existe enfin un droit de retrait ou de repentir, dont l'exercice reste très rare en pratique. Ce droit permet en effet à l'auteur de revenir à tout moment sur une décision de divulgation, et quand bien même l'exploitation de son œuvre serait bel et bien avancée.
Je voudrais pouvoir oublier : oublier le temps qu'il faut pour qu'une plaie cicatrise. Oublier le temps entre "lui" et "lui", pouvoir enfin dire : "pour toujours" et surtout : "plus jamais"...
... Oublier Stéphane.
... Oublier ses yeux doux, oublier sa démarche qui dodeline, oublier son corps que j'aime, mais que je ne désire pas ; mais surtout oublier tous ces moments où je crois qu'il me revient quand un amant le quitte, cependant qu'il me quitte dès qu'on lui revient.
Il me sembla pendant un temps que toucher à l'intime suffirait à écarter tout problème de forme, comme si authentifier un récit suffisait à émouvoir !
Je me trompais. J'arrêtai là.
J'ai toujours les mots. Se confier, parler, faire de belles phrases, cela m'est facile. Mais... Entendraient-ils mes mots ? Sauraient-ils de quels abysses je les prononce ? Qu'en est-il de la réalité des douleurs au sein des belles phrases ?
— Encore une fois, on n'est sans doute pas responsable de la tête qu'on a, mais on l'est de celle que l'on fait !
[...]
— C'est JUSTEMENT ÇA que je trouve NUL, que nos rencontres soient déterminées par la seule tête que nous faisons, avant même celle que nous avons ! Ce qui serait tout aussi NUL !
— L'analyse des résultats n'est pas très bonne. Il va falloir envisager un traitement. Nous verrons ensemble celui qui vous conviendra le mieux. Je vous demanderai d'être très attentif pendant cette période d'essai... prendre vos médicaments aux heures précises... éviter l'alcool et le tabac... tout ce qui pourrait modifier votre métabolisme... c'est très important.
— J'ai failli ne pas venir vous voir, Docteur.