AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Felix Macherez (11)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Au pays des rêves noirs

Je remercie les éditions des Equateurs et masse critique pour m'avoir permis de découvrir ce premier roman d'un jeune auteur particulièrement original.

Saisissants, sont les mots si bien orchestrés dès les premières pages. Ils vous saisissent à bras le corps pour vous plonger dans la dérive constructive de l'âme humaine.

La rencontre de l'auteur avec la lecture d'un essai d'Antonin Artaud, poète maudit provoque un véritable électrochoc à notre écrivain, qu'il définit ainsi:"Artaud, aujourd'hui, me donne la destination. Ecce Mômo! Mon cher sauveur décédé!"Tarahumara", ce peuple d'indiens du nord du Mexique qui selon Artaud qui les a côtoyé est un peuple magicien. Félix Macherez veut parcourir ce voyage au temps présent, sur les traces écrites du poète. Redécouvrir le spiritualisme à travers leurs traditions, leurs rites et leur religion.

Le voyage commence à Mexico, il pénètre dans un univers bigarré, bruyant comme un "captif bienheureux de la fuite". Antonin Artaud y vécut plusieurs mois en 1936.

Là l'auteur prends conscience peu à peu de sa résilience, et son voyage vers la Sierra est une étape fondamentale afin de retrouver "l'esprit de l'écrivain".

Nous parcourons le nord du Mexique avec le plaisir de ses particularités, de ses héros nationaux, artistes,etc, et comme tout voyage l'enrichissement est assuré.

Sa quête d'un "passé sidéral" insoumis est vite rattrapé par une réalité bien différente de ce qu'à pu vivre son mentor, Artaud. Les indiens Tarahumara sont pour la plupart ensevelis par la modernité:"les indiens du Creel sont devenus de simples valets".

La vie de ces indiens est prise dans l'étau souvent fatal entre le gouvernement et les Cartels. L'auteur ne peut que constater l'état de déchéance qui sévit dans cette Sierra mexicaine, où l'alcool et la drogue sont devenus les nouveaux dieux.

Mais l'espoir renaît à travers les dernières rencontres de son pèlerinage aux confins de ce monde particulièrement beau dans son absolue cruauté. Je n'en dirai pas plus, car le mystère de ce voyage doit se mériter par la lecture de l'ouvrage.

Je trouve cette écriture percutante de vie, de passion, et cette expérience initiatique courageuse et folle en même temps. Je me demande comment va-t-il se réinsérer dans ce monde moderne qu'il a voulu fuir à tout prix.

En attendant, je lui souhaite de continuer son oeuvre d'écrivain avec sa fougue naturelle et sa poésie.
Commenter  J’apprécie          180
Au pays des rêves noirs

Le texte est écrit avec un style rugueux, accentué par un abus de phrases sans verbe. C'est mon ressenti à la lecture. Sur le fond, après 88 pages consacrées à l'arrivée au Mexique qui n'apprend rien de particulier, le reste est une succession de lieux communs qui ne présentent guère d'intérêt. Dans les années 80, j'ai séjourné aussi auprès des curés dans la Sierra Tarahumara, et si j'avais écrit quelque chose à ce sujet, j'aurais davantage insisté sur l'aspect d'une aventure humaine qu'est un tel voyage, plutôt que sur une manière de reportage journalistique de la part de quelqu'un qui est complétement "off". Pour ce faire, il faut vivre avec les Indiens et partager totalement leur intimité. Par ailleurs, toute lamentation est vaine car si l'auteur retourne dans la Sierra dans 50 ans, il pourra aussi déplorer le changement survenu. (Simple opinion).
Commenter  J’apprécie          131
Au pays des rêves noirs

« A force de voir autour de moi mentir les hommes, mentir sur ce qui fait être idée, ce refus imbécile de s’avancer jusqu’aux idées, j’ai éprouvé le besoin de quitter l’homme et de m’en aller où je pourrai enfin librement m’avancer avec mon cœur ».

Antonin Artaud – Les Tarahumaras – 1936



Des décennies plus tard, un jeune auteur décide de fouler les pas d’Antonin Artaud, de comprendre les sagesses de la déraison du théoricien poète, de s’immiscer dans la communauté des Tarahumaras, d’attraper cette ivresse de la liberté et de goûter au mystère du peyotl.



Le narrateur sombre dans une non-existence, il baigne dans une atmosphère crépusculaire, ne sachant plus où ses pas le guident, la philosophie de l’existence étant un vaste chantier en phase de démolition. Mais partir avec rien, se mettre à nu dans l’immensité du monde et s’ingérer avec les dieux de la civilisation précolombienne sont des moteurs d’une possible mue ou tout au moins la découverte d’un autre possible.



Seulement nous sommes au XXI° siècle et depuis les années 30, le Mexique et la communauté de Tarahumaras ont bien changé. Adieu authenticité, adieu liberté, adieu antiquité, bienvenue au royaume du modernisme et de tous les objets du progrès (ou du contre-progrès). Les Tarahumas et autres peuples Indiens n’ont désormais le « choix » qu’entre deux pouvoirs : celui de l’Etat et sa corruption et celui des cartels avec sa violence. Entre la peste et le choléra…



Pourtant, après les tintements de la déception, l’auteur va pouvoir trouver un chemin, cahoteux, certes, mais qui sera bénéfique, surtout quand il arrive à retrouver le fils du guide d’Antonin Artaud, une boucle bouclée dans le cercle de l’initiation vers l’inconnu.



Un récit de voyage ? En aucun cas. Une grande évasion ? Certainement. Et surtout une danse des forces de l’esprit, ceux des dieux antiques, ceux des Indiens actuels qui continuent à résister à la taxinomie contemporaine.

Felix Macherez raconte comme Antonin Artaud parce qu’il connaît le pouvoir des mots, ceux qui vont gicler, s’envoler, gravir nos pentes de quête vers l’inconnu et ses mystères. Cette succession de vocables comme des pitons ancrés sur la paroi de nos falaises intérieures, qui tantôt nous donnent le vertige, tantôt nous offrent l’inaccessible.



Sans oublier cette foi retrouvée chez l’écrivain. Oh pas une foi absurde, non une foi de doutes, une foi d’ombres et de lumières, une foi métissée avec aucun dogme en particulier. Cette foi qui permet aux êtres humains de se sentir libre et de reconnaître l’humilité de la vie. Peut-être également celle de la mort. Et ainsi, qu’un pays des rêves noirs devienne un pays des rêves en couleur, celui où « la lune illumine la pampa ».


Lien : https://squirelito.blogspot...
Commenter  J’apprécie          130
Au pays des rêves noirs

Trouvailles rares, insolentes, caustiques (j'ai rigolé à haute voix). La langue est belle, très particulière.

Dans Au Pays des rêves noirs, Macherez convoque l’esprit d'Antonin Artaud pour le guider jusqu’à la Sierra Tarahumara. "Un jour, un auteur vient à notre rencontre, dans une forêt obscure ou un appartement faiblement éclairé, c'est selon, et nous invite à le suivre. C'est le début du voyage". La référence à Virgile, dans la Divine Comédie de Dante, est claire.

D’ailleurs, l'auteur débute son récit dans l'enfer (contemporain), puis erre dans le purgatoire (entre Mexico et la Sierra Madre), avant d'entamer son ascension du paradis (le canyon fantasmé après la lecture des Tarahumaras). Mais comment l’atteindre s’il n'est plus qu'un mirage? Le monde des Indiens a changé, les rêves d'Artaud se sont noircis, et l'âme antique précortésienne a presque totalement disparu.

L'auteur cherche la transcendance par la littérature et les rites magiques. Il la trouve finalement ailleurs.

Commenter  J’apprécie          90
Au pays des rêves noirs

Je ne sais que penser de ce livre.

Au tout début de ma lecture, j'ai beaucoup aimé le style, la structure des phrases et les mots recherchés.

Mais j'ai fini par m'en lasser et j'ai trouvé que l'auteur en faisait peut-être un peu trop. Je n'ai pas accroché avec les sentiments ressentis par le narrateur, ses "plaintes" et je n'en pouvais plus de ses "phantasmes" (je finissais par lire le texte en me focalisant sur le nombre de fois où ce mot apparaissait

C'est vraiment dommage parce que l'idee de l'histoire était originale et passionnante : le narrateur veut fuir sa situation et part sur les traces d'Antonin Artaud à la recherche des Tarahumaras. Mais l'image sublimée qu'il en a tombe en miette devant la dure réalité : ils sont alcooliques, ne vivent plus vraiment leurs coutumes, sont attirés par l'argent. Ce peuple noble, protégé des vicissitudes de la civilisation n'a finalement plus tenu. La dangerosité des lieux et des quartels de la drogue sont bien mis en lumière, nous y découvrons une population meurtrie et inquiète, un lieu où il ne fait pas bon vivre et où les touristes ne sont pas les bienvenus.

Je n'ai donc finalement aimé que la dernière partie où l'auteur décrit la découverte du peuple petit à petit par le narrateur.
Commenter  J’apprécie          80
Les trois pylônes



"Les trois pylônes" est un texte que j'ai savouré et dont je me suis délectée. L'écriture de Félix Macherez magnifie toute introspection, réflexion du personnage principal, écrivain. Des mots magnifiquement choisis et agencés pour sublimer la narration : évoquer et convoquer Dieu très souvent, décrire l'attirance, l'amour charnel. Avec une même langue superbe, il raconte aussi bien un quotidien fait de banalités, de pensées, qu'une vision focale sur les détails de la chair, les contours des corps.

À lire. Absolument.
Commenter  J’apprécie          40
Les trois pylônes

Je tiens à commencer par dire que ce texte est une véritable réussite d'intelligence, de justesse et de maîtrise. C'est aussi, selon moi, un récit un peu provateur, celle que l'on permet souvent à l'artiste, celle qu'on lui concède parfois. Son manque de visibilité auprès des lecteurs est pour le moins à regretter. J'aimerais donc le recommander, plus que vivement, à qui aime la lecture, le jeu malin des mots et les récits sur l'acte et les procédés d'écriture.



L'histoire de ce roman, c'est l'histoire de Nophto. Un dandy pas toujours sympathique, quelque fois même antipathique, auque l'on finit malgré tout par s'attacher. Plus encore, ce roman, c'est l'histoire de l'écriture des Trois Pylônes, le roman où plutôt devrais-je dire le chef d'œuvre sur lequel travaille Nophto dans une sorte de paresse acharnée. Plus intéressant ce fameux roman, l'on découvre petit à petit qu'il s'agit en fait de celui que nous tenons entre nos mains. Le livre que nous lisons, c'est le livre de Nophto ! Pas mal non ?



Seulement, Nophto connaît bien des difficultés au sujet de l'écriture de son roman. Les lignes tardent à s'inscrire sur le papier... alors, il s'occupe. Il déambule passivement et surtout, il observe. Il observe ses voisins d'immeubles, ses amis, les femmes qu'ils rencontrent. Il écoute aussi. Selon lui, tout semble vouloir le distraire de son désir et de sa volonté d'écriture, et pourtant... Les Trois Pylônes finalement, c'est peut-être un peu de tout ça, de ces récits, de ces expériences et de ces moments de vie. La Religion, l'Art et l'Amour.
Commenter  J’apprécie          20
Les trois pylônes

Texte jouissif. Une cathédrale baroque. Une sorte d'"À rebours" de Huysmans du 21e siècle doublé d'une drôlerie à la Philippe Muray. Les descriptions du début nous rappellent aux tableaux d'Edward Hopper mais dont les détails auraient été peints par Soutine: une fresque du drame humain. Mais Felix Macherez est écrivain; un "extrême écrivain" qui tranche dans le réel avec une finesse inouïe et de grands éclats de rire. Car, derrière la profondeur des thèmes abordés (l'amour, la religion, la littérature), "Les Trois Pylônes" est un livre très drôle. S'y côtoient la profondeur des sentiments, la perte et l'humour - l'humour ayant le pouvoir de creuser les sentiments et révéler la perte.

L'ouvrage pose les mystères de l'absolu. Mais le vrai mystère relève du fait que ce livre est passé inaperçu. À qui la faute? aux lecteurs? à la critique? à l'époque? Sur ce point d'ailleurs l'auteur nous donne à lire quelques pages bien senties.
Commenter  J’apprécie          10
Les trois pylônes

Un voyage intense dans les méandres de l’esprit de l’auteur qui crée.

Cet auteur qui a une idée précise du livre qu’il veut coucher le papier qui, pour son texte, a une ambition démesurée. En faire un chef-d’œuvre, qui va conquérir la monde, stupéfier les lecteurs. Mais pas une seule ligne n’est encore écrite, simplement des idées éparses jetées sur des bouts de papier, qui seront à classer plus tard. L’auteur sait ce qu’il veut écrire, mais n’arrive pas à trouver la manière de le faire, ses pensées ne se matérialisent pas en mots.

Et pendant ce temps, la vie autour de lui continue son ébullition. Les voisins de son immeuble, ses amis, ses amours. Tout semble vouloir le distraire de son objectif, l’empêcher d’écrire. Pourtant, c’est grâce à ces expériences, dans le monde extérieur, qu’il réussit à nourrir sa prose. D’abord en essayant de convaincre les autres de la future grandeur de son roman, qu’il a du mal à expliquer. Ensuite, grâce aux réflexions de ses amis et de toutes les personnes qu’il rencontre sur le chemin.

Un très beau livre sur l’acte de création, ce moment où l’inspiration est là mais qu’elle ne réussit pas à se matérialiser sur papier. Une plongée dans le quotidien d’un auteur et cette folie qui s’empare de son esprit alors qu’il sent la nécessité d’accoucher d’un livre.

Il y a beaucoup trop de passages sur le sexe, à mon goût, mais dans l’ensemble c’est une lecture agréable, un roman bien mené, un voyage intéressant dans un esprit déconnecté du monde, au bord de la folie.

Commenter  J’apprécie          10
Au pays des rêves noirs

Premier roman. Dans un texte très émouvant, Félix Macherez raconte comment le livre d’Antonin Artaud lui a fait découvrir la foi.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
Commenter  J’apprécie          10
Les trois pylônes

Comment faire un livre aussi radical avec autant de nuances ? Voilà le prodige des « Trois Pylônes ». Ce roman semble être né d’une double filiation: la continuité et la rupture. La continuité est celle de la littérature du 19e siècle ; la rupture, celle d’une langue à la fois élevée et crue, tourbillonnante à l'intérieur d'une trame narrative qui, par certains côtés, pourrait rapprocher l’ouvrage du mouvement surréaliste. Tout y est excessif, le style, le caractère des personnages, la plaisanterie, la profondeur, jusqu’à la banalité utilitaire de la vie.

Je n’aborderai pas ici les tours et les détours de l’histoire car, comme dit l'« anti-héros » : « Ah ! L’histoire, à peu de chose près, toujours la même – il fait alors elle fait, ainsi ils font... Aucun intérêt. » « Les Trois Pylônes » échappe ainsi à tout l’artifice romanesque, et c’est en cela, aussi, que le livre intrigue.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Felix Macherez (31)Voir plus


{* *}