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Critiques de Ferenc Karinthy (112)
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Epépé

On se prend assez vite en affection pour Budaï qui se retrouve perdu dans cette ville assez étrange et complexe. Elle n'arrête jamais de s'agrandir et les gens courent partout dans tous les sens. Il faut toujours attendre et gare si quelqu'un essaie de vous passer devant. Au bout d'un moment le désarroi devient sa fidèle compagne. Du confort de l'hôtel il finira à dormir dehors comme un simple sdf. On suit sa lente évolution vers la solitude. Malgré sa curiosité, son ingéniosité, son intelligence aucune solution pour s'enfuir ne se profile à l'horizon. Une situation dans laquelle je n'aimerais pas être. Je pense que je n'aurais pas le même sang froid que le personnage. Le calvaire irrationnel atteint son sommet au moment de la guerre civile dans laquelle il se laisse emporter. Un moment assez étrange dans le roman car la révolution arrive presque aussi vite qu'elle disparaît. L'auteur hongrois avait-il une petit panne d'inspiration? Ou est-ce une critique de la pensée unique qui annihile la conscience individuelle? Est-ce une façon de parler de l'absence de prise de conscience, de rébellion et de bienveillance humaine dans les sociétés modernes où les gens vivent dans des villes de plus en plus grande? Drôle, dérangeant, étonnant, un roman qui saura marquer l'esprit de son lecteur. Vous aussi tentez l'aventure en suivant les surprenantes aventures d'un linguiste qui a de la suite dans les idées. 
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Epépé

Budaï ignore comment il a échoué là...

Parti pour la Finlande, où il devait participer, en tant que linguiste, à une conférence, il a atterri dans un pays dont -comble de l'horreur- il ne comprend pas la langue, un étrange charabia qui ne ressemble à rien de ce que cet érudit en la matière a pu étudier. Un car l'a conduit de l'aéroport à un hôtel, où son argent a été changé contre des devises locales. Les lieux semblent surpeuplés : chaque démarche -acheter de la nourriture, obtenir un renseignement auprès de la réception, prendre l’ascenseur- nécessite de patienter longuement dans d'interminables files d'attente. Les individus forment ici des multitudes anonymes dont les déplacements créent un incessant mouvement. Pourtant, Budaï ne pourrait être plus seul qu'au cœur de cette foule indifférente qui ne paraît même pas le remarquer, et avec laquelle il s'avère impossible de communiquer.

Il n'a qu'une idée en tête : quitter cet endroit pour regagner la Finlande avant la fin du colloque.

Mais la barrière de la langue et le manque d'intérêt que suscite chez ses interlocuteurs ses efforts pour se faire comprendre semblent le condamner à chercher une solution par lui-même.



L'absence de fantaisie, d'originalité, et la pauvreté apparente des échanges entre les êtres, contribuent à doter l'univers décrit par l'auteur d'une atmosphère anxiogène, grisâtre, et donnent le sentiment que Budaï évolue dans un cauchemar, perdu dans un environnement déshumanisé.

Et il arrive un moment où le héros lui-même semble prêt à se laisser contaminer par le curieux mélange de frénésie et d'insensibilité qu'arborent les citoyens de ce monde, comme si le rythme et les règles auxquels est soumis le fonctionnement de cette étrange cité avaient fini par l'imprégner.



Ce texte, écrit en 1970, est-il, ainsi qu'il a souvent été écrit, une métaphore visant à stigmatiser la rigidité et l'aliénation des systèmes totalitaires ?



A moins que Ferenc Karinthy n'ait été un visionnaire qui, à l'aube de la mondialisation, n'en ait pressenti les dangers, notamment celui de l'uniformisation croissante de nos sociétés, d'où seraient progressivement gommées toute particularité individuelle. Dans les rues de l'étrange cité imaginée par l'auteur hongrois, Budaï croise des hommes et des femmes qui évoquent de multiples origines (certains sont noirs, d'autres ont le type asiatique, arabe ou scandinave, sans qu'il soit possible de déterminer une quelconque majorité ethnique), mais qui curieusement se ressemblent tous. La plupart portent d'ailleurs des tenues similaires, et surtout, leurs comportements et leurs réactions sont étrangement identiques. Les aliments eux-mêmes révèlent un goût unique, écœurant et sucré...



"Epépé" est considéré comme un roman culte, sans doute en raison de l'originalité de son synopsis, et des questions qu'il est susceptible de susciter chez le lecteur. Personnellement, je n'ai pas accroché à ce récit, qui souffre de longueurs et de redondances, puisqu'il dépeint dans sa majeure partie les efforts vains et répétés du personnage principal pour sortir de cette ville... et de ce cauchemar. La fin, loin de nous éclairer sur une quelconque issue ou explication, est elle-même plutôt décevante.

Je suis donc passée à côté des qualités de ce texte dont j'attendais beaucoup. Peut-être trop...


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Epépé

Zulma réédite ce livre de Ferenc Karinthy, auteur hongrois (1921-1992), écrit en 1970 et initialement paru chez Denoël presque trente ans plus tard. Préfacé par Emmanuel Carrère qui explique pourquoi ce roman est grand livre et comment il l'a rencontré : je lis rarement les préfaces, mais j'ai pris du temps pour icelle qui permet de rentrer dans le roman avec quelques billes et les envies que les lignes d'E. Carrère suscitent.

Et nous voilà dans cette ville surpeuplée où les files d'attente sont présentes à tous les coins de rues et dans tous les bâtiments, à la conciergerie de l'hôtel, devant les magasins, devant les cabines téléphoniques. On pourrait hâtivement faire un rapprochement avec les ex-dictatures des pays de l'est, mais Ferenc Karinthy, s'il s'en est forcément inspiré, a exagéré le trait jusqu'à faire des habitants de ce pays de véritables robots, innombrables et toujours en mouvement ne se comprenant qu'entre eux. Toutes les interprétations sont possibles, parce que l'auteur crée également une société aux multiples origines : des blancs, des noirs, des asiatiques, des peaux de toutes les teintes qui cohabitent ("pour reprendre ici le cri du crapaud en rut", selon Pierre Desproges). On peut même y voir un constat de la mondialisation, 30 ou 40 ans avant qu'on en parle quotidiennement. C'est un bouquin à la fois drôle, absurde et terriblement angoissant : quoi de pire que de se retrouver dans une telle situation ubuesque dont il semble impossible de sortir ?

Une fois que j'ai dit tout cela, je me dois de signaler également que le bouquin est parfois empreint de longueurs : la situation de Budaï n'évolue pas et Ferenc Karinthy tourne un peu autour du pot, si je puis me permettre cette expression. Beaucoup de redites, de répétitions dont je pourrais me passer, moi qui aime les romans qui vont droit au but. Mais que mes remarques ne vous empêchent pas de découvrir ce que certains qualifient de roman culte, et qui, si ce mot est très largement galvaudé en général, est sans aucun doute marquant. D'ailleurs, rien ne dit qu'un roman marquant -ou culte- doive être lu de bout en bout sans ressentir de longueurs ; par exemple et sans comparaison entre les deux livres, j'ai lu et relu ce qui est mon roman préféré en en passant des pages et des pages, et à chaque fois, en le trouvant admirable. Les Misérables de Victor Hugo.

Épépé est un roman qui touche et qui marque par la situation qu'il décrit et par cet homme Budaï totalement englué dans ce pays dont il veut absolument sortir. Un roman qu'il faut avoir lu ou qu'il faut lire.
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Epépé

Budai, linguiste réputé, ne se réveille pas dans l'avion qui devait le déposer à Helsinki. Il se réveille et débarque dans un pays dont il ne comprend ni la langue, ni les relations sociales. Tout le long du roman, il essaie rationnellement et intellectuellement de déchiffrer la situation et parvenir à revenir chez lui.



Au delà du roman, très bien construit, au point qu'il en est parfois étouffant, j'y ai vu une parabole de l'immersion dans un contexte aux logiques tellement différentes qui remet en cause toutes nos certitudes et acquis.....jusqu'à la folie, au désespoir.
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Epépé

Budaï est un linguiste qui doit se rendre à Helsinki pour participer à une conférence. Éreinté, il s’endort dans l’avion et se retrouve après l’atterrissage dans un bus qui le conduit vers un hôtel. Le seul bémol ? Au lieu de la Norvège et d’Helsinki, il se retrouve dans un pays et une ville complètement inconnus, au langage incompréhensible. Un comble pour un linguiste ! Épépé de Ferenc Karinthy nous fait suivre les pérégrinations de Budaï dans cet univers inconnu.



Quel désarroi que celui de Budaï ! Après une longue attente à la réception de l’hôtel où il doit laisser ses papiers d’identité, il doit faire preuve d’autant de patience pour attendre l’ascenseur surpeuplé qui doit le conduire à sa chambre. Partout, les files d’attente sont interminables… et la langue inintelligible. Le premier réflexe de Budaï est bien sûr de retourner à l’aéroport pour repartir chez lui et enfin rejoindre le congrès auquel il est invité. Mais ses tentatives restent vaines.



Après cette phase de rébellion, qui le fera même conduire à l’incarcération, Budaï essaie de comprendre et de se débrouiller. Les pages dédiées au décryptage de la langue nous font d’ailleurs rappeler que l’auteur lui-même était linguiste !



Dans ce tumulte permanent, la seule touche d’humanité est apporté par cette femme au nom insaisissable, Épépé, qui donne son nom au livre et avec lequel Budaï aura une relation.



Si j’avais pu nourrir quelques doutes sur le côté fantastique du livre en lisant sa description, j’ai été littéralement embarqué dans cette lecture. J’ai trouvé vraiment intéressantes les réactions du personnage principal dans ce milieu inconnu. Parallèlement à celui qui occupe Budaï, on se pose des questions sur le message ou sur le lieu que Karinthy décrit ici. S’agit-il d’une métaphore de la société hongroise communiste ? Certains indices convergent : la présence de cette langue particulière, de ces files d’attente, l’allusion à une révolution réprimée dans la ville, et bien sûr le fait que le livre ait été écrit en 1970. Pour autant, Budaï se retrouve ici dans une société multiculturelle, surpeuplée, âgée, consumériste et gaspilleuse , où des progrès techniques semblent avoir été réalisés à en juger par la rapidité de l’érection des bâtiments qui entourent l’hôtel. Ne serait-ce pas plutôt une projection vers une société du futur ? Quoi qu’il en soit, c’est un monde repoussant, inhumain, où les gens semblent toujours au travail et en mouvement. Ou tout simplement de la difficulté d’être un étranger dans une société où l’on est transparent pour les autres ? Ou encore sur l’importance du langage pour la vie en société ?



Faites-vous votre propre opinion en lisant Epépé !
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Epépé

J ai acheté ce livre il y a longtemps pour le sujet bien sur mais aussi pour la très belle couverture (éd Denoël et d ailleurs) qui promettait un étrange et curieux voyage. Mes espoirs ont cependant été déçus. J en suis resté à la page 186. Je suis pourtant passé par la curiosité, l envie de savoir où Budaï avait atterri et comment il allait faire pour communiquer, se faire comprendre, se sortir de là. Cette ville surpeuplée m a accrochée, tout comme les multiples obstacles que Budaï ne manque pas de trouver à chaque instant, puis c est l ennui qui s est installé finalement.

J ai pensé au château de Kafka entre autres, en lisant ce livre, a l impossibilité d accéder au but. Mais le style reste très quelconque, le personnage central peu attractif, les redites ou redondances nombreuses. Ça n avance pas, ça devient lassant. Le sujet est pourtant excellent. Tant pis.
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Epépé

Roman didactique sur les langues et les écritures passionnant et oppressant. Certain l’ont comparé à Kafka à cause de l’angoisse cauchemardesque du Héros qui se trouve prisonnier d’une mégalopole multiethnique ou semble régner un régime totalitaire. Budaï pourtant linguiste célèbre n’arrive pas à décrypter leur écriture ni leur langage. Une seule personne montrera de la compassion pour lui qu’il nommera Epépé. On visite avec lui cette ville fourmilière aux mœurs étranges toujours en mouvement, Son déracinement, sa solitude et sa volonté d’essayer de s’intégrer nous encourage à poursuivre.

Chapeau quel extraordinaire dépaysement et de superbes moments littéraires autour de la communication.

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Epépé

Quelle victoire magnifique que d'être arrivée au bout de ce livre !

J'ai l'impression qu'on m'a rendu mon apsseport !

Si on m'avait dit ça il y a quatre jours... Ne nous méprenons pas, l'histoire est fabuleuse. Mais pour être honnête, je crois que je n'ai pas tout compris. Pas tout suivi, en fait.

Bref, un linguiste est paumé dans une ville dont il ne pige pas la langue (entre autres), il n'a plus son passeport et trime comme un beau diable pour rentrer chez lui.

Au moins trouver une porte de sortie. S'en aller, se casser. Parce que, visiblement, il est tombé chez les fous. Voilà. En gros.

Et nous, on est emportés par un flot, mais un flot, un tsunami de mots et de situations plus délirantes les unes que les autres. Un peu comme notre héros.

On ne sait pas où on va, mais la vache, on y va.

C'est quand même légitime de vouloir rentrer chez soi. Mais ça ne fait pas tout.

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Epépé

Dans la famille Peurs primitives, je demande Epépé.

Ce qui frappe dans ce livre, c'est le profond sentiment de solitude que la mésaventure du personnage nous conduit à endosser. Quoi de pire que se retrouver un jour oublié de tous et sans moyen de communication fans une ville inconnue, tentaculaire, fourmillante, perdu au milieu d'autochtones indifférents et pressés dont on ne saisit pas la langue, tout linguiste qu'on soit, sans jamais pouvoir se repérer et en voyant ses devises filer un peu plus chaque jour ?



C'est la force du roman que de nous saisir de ce malaise que l'adulte le plus cultivé peut facilement rétrograder au stade d'enfant perdu puis d'épaves errante à la faveur d'une simple erreur de transit...



Hormis sa brève et stérile prise de contact avec une liftière d'ascenseur, le personnage ne parvient à nouer aucun contact qui le sauverait.

Ramené plus bas que terre après que des ressources d'homme cultivé aient échoué, il tentera tout le reste pour identifier enfin cette ville, trouver enfin un port ou une eau vive pour quitter cette terre de cauchemar. La fin l'abandonne, et nous avec, sur la foi d'un petit, tout petit commencement d'espoir... Insuffisant pour ne pas nous laisser avec ce cauchemar en nous.

Toutle monde n'éprouvera pas le livre à ma façon -le propre d'une œuvre est de s'adresser à un public en parenté émotionnelle avec l'auteur-mais pour ma part je ne m'en suis jamais remis . Trop de sombres échos en moi.



Une rencontre plus qu'une lecture, une expérience plus qu'un divertissement. Je ne le dirai pas autrement: A vous de voir si vous souhaiter perdre magnifiquement une partie de votre âme.
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Epépé

Très surprenant roman hongrois, dont je ne résumerai pas l'intrigue, d'autres l'ayant déjà fait très bien. Il y règne une atmosphère étrange, et le lecteur ne sait jamais sur quel pied danser. Le héros ne sait pas où il se trouve, géographiquement parlant, et le lecteur ne s’y retrouve pas plus. On est certes dans un univers qui a l’apparence de la réalité à première vue, mais plus on le découvre, et plus on se rend compte que quelque chose « ne colle pas ». Univers absurde de régime totalitaire, monde onirique ou cauchemardesque, réalité parallèle ? Cet érudit, plongé dans cette ville à part, décrit avec un œil de candide la réalité qui l’entoure, à l’instar des Lettres persanes. Mais ce qu’il nous décrit, est-ce vraiment une fiction, est-ce la dénonciation de la réalité géopolitique de 1970, ou bien s’agit-il de nos propres démons intérieurs ? Quelques longueurs au début, quand on suit les déambulations sans fin du héros déambule sans fin dans les rues de la ville, mais une lecture coup de cœur au final !
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Epépé

Des amis avec qui vous avez des difficultés à meubler les conversations ? Offrez leur Épépé puis retrouvez vous autour d’une table pour en parler. Plusieurs heures de conversation 100% garanties.

Chacun fera sa propre interprétation de ce livre délirant et maitrisé. La mienne : une satire de nos sociétés mondialisées où tout va toujours plus vite, avec plus de monde, et où les cultures locales s’effacent derrière la modernité uniforme.

Bémol : les 100 dernières pages étirent trop le concept sans rien apporter de mieux que les 100 premières pages (si ce n’est l’apparition d’un événement chaotique incohérent qui n’apporte rien au livre si ce n’est de perdre le lecteur qui commençait déjà à s’essouffler).
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Epépé

Imaginez vous prendre l'avion pour une destination bien connue et débarquer dans un endroit totalement étranger. Arriver là où la langue sonne comme un monstrueux charabia, où tout nous semble inconnu et impalpable. C'est ce qui arrive à Budaï dans ce roman, grand érudit maîtrisant une dizaine de langues différentes et appelé pour animer une conférence à Helsinki. Il se retrouve à divaguer seul, dans une immense ville grouillante d'ethnies différentes. Il va devoir faire face à la barrière de la langue, à l'incompréhension des autres et à un immense sentiment de solitude face à ce qui lui arrive. Pourquoi personne ne cherche à le retrouver ? Qu'attendent donc sa femme, ses collègues pour lui donner signe de vie? Comment faire face à cette ville inconnue qui semble le submerger petit à petit et dans laquelle toute tentative d'échange semble impossible. Ne serait il pas devenu fou ? Et si sa seule issue, c'était Elle ?
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Epépé

Attention, livre étrange. Ce roman possède des allures kafkaïennes. Un linguiste prénommé Budaï s'endort dans l'avion qui le mène à Helsinki et se réveille dans un pays dont il ignore tout.

Budaï a parcouru le monde et connait énormément de langues. Mais voilà, dans l'immense ville où il a échoué, les gens parlent un langage incompréhensible et qui ne ressemble à aucun autre. Le linguiste essaie de comprendre l'idiome. En vain.

Il est facile de se glisser dans la peau de Budaï. La situation dans laquelle se trouve cet homme est terrible. Il ne possède aucun repère et personne ne semble faire attention à lui. Et cerise sur le gâteau, il ne trouve aucun moyen de rentrer chez lui. Condamné à rester dans une ville inconnue parmi une foule d'étrangers.



En tant que lecteur, nous avons envie de percer le mystère. Quel est ce pays ? Comment le linguiste s'est-il retrouvé ici ? Malheureusement, le mystère perdure... Nous sommes réellement dans un roman ou rien ne semble avoir de sens. En même temps, le livre soulève des réflexions intéressantes sur la condition humaine. Budaï devient fou à force d'incommunicabilité avec le reste de la population. Il ne peut se défaire de son statut d'étranger, comme si l'homme était condamné à demeurer seul. Sa rencontre avec l'employée de l'ascenseur peut signifier la fin d'une solitude, mais l'incompréhension est trop grande. Budaï sort de ses gonds et a recours à la violence lorsque les mots ne parviennent pas à leur destinataire. Rien n'est plus terrifiant d'avoir envie de communiquer mais de ne le pouvoir.



Le roman s'intéresse également beaucoup à la langue et au langage, à sa construction. Nous approchons le métier de linguiste à travers cette histoire singulière.

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Epépé

"En y repensant, ce qui a dû se passer, c'est que dans la cohue de la correspondance, Budaï s'est trompé de sortie, il est probablement monté dans un avion pour une autre destination et les employés de l'aéroport n'ont pas remarqué l'erreur."

Voilà comment Budaï n'est jamais parvenu à son congrès de linguistique à Helsinki et s'est retrouvé coincé dans une ville inconnue. Ecriture et langues complètement inconnues aussi, et pourtant ce n'est pas faute de connaître les méthodes pour agripper des éléments éclairants. Personne pour l'aider, du moins au début, dans cette ville où se presse la foule, poussant, cognant, où s'écoule la circulation dense, où l'on doit faire la queue pour la moindre demande ou le moindre achat.

Par ses yeux nous découvrons cette ville, nous essayons aussi de raisonner logiquement, que faire pour s'en sortir? C'est absolument passionnant, fascinant, une forte expérience de lecture. Avec en prime un thème qui m'est cher, celui des langues. Coup de chapeau à l'auteur qui a su glisser un poil d'humour dans cette ambiance désespérante, relancer constamment l'intérêt et rendre crédible, palpable et cohérente cette cité tentaculaire.
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Epépé

Quel étrange souvenir que cette lecture... le sujet est fascinant, mais l'histoire s'enlise un peu sur les sujets de linguistique complexes (pour moi). On termine tout de même avec plaisir et on garde longtemps en mémoire l'histoire incroyable de Budaï, ce linguiste hongrois se rendant à Helsinki, qui se trompe d'avion lors d'une correspondance ,s'endort à bord et ne reconnaît pas Helsinki à l'arrivée.

Il ne saisit pas un mot de la langue parlée dans la ville où il échoue et personne ne comprend sa langue, pas plus qu'une des nombreuses autres langues qu'il parle. Budaï ne cherche dès lors plus qu'à quitter cette métropole inconnue, impossible à situer sur une carte, et dont l'alphabet résiste à tout effort de compréhension...
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Epépé

Plongé dans un monde « kafkaïen », bruyant, incompréhensible. Nous avons tout un chacun ressenti cette expérience de ne pas savoir ce que nous fichons là. C’est avec brio que l’auteur hongrois immerge son personnage dans cet univers où intelligence, méthodologie et persévérance ne suffisent pas à en comprendre les rouages.
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Epépé

Eh bé, hé bé... j'en bafouille !

Franz Kafka est né austro-hongrois et je ne doute pas une seconde qu'il ait influencé Ferenc Karinthy! Je ne sais pas, je ne suis pas un spécialiste mais nous sommes en plein dans ce type d'univers cauchemardesque dans lequel les personnages sont "livrés, impuissants, à des forces inconnues" (ce n'est pas de moi c'est du classique quand on parle de Kafka).

Personnellement je considère l'idée de départ absolument géniale. Le traitement a ses hauts et ses bas et surtout quelques longueurs une fois l'intrigue installée, mais qui provoquent des interrogations constantes: "Où va-t-il nous emmener? Comment l'auteur va t'il s'en sortir pour trouver une fin à ce mauvais rêve ?

Ne comptez pas sur moi pour vous le dire! Lisez-le donc!

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Epépé

Science fiction éditée en 1970.



Évidemment, l’autrice ne pouvait savoir que tous auraient un cellulaire en 2020…ou presque tous.

N’empêche que le fond du roman a son ton: Une ambiance autoritaire.

Et aussi il exploite très bien la fermeture des gens face à autrui.



Oeuvre qui a très bien vieillie.

à lire!
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Epépé

Alors tout d'abord, ce roman est original, c'est le moins que l'on puisse dire. Et sa préface est plus originale encore vu qu'Emmanuel Carrère a recourt à une anecdote réelle ayant certaines similitudes avec ainsi qu'à un film populaire pour pouvoir parler de ce dernier. Et s'il n'arrive pas à parler du roman lui-même sans faire ça, c'est qu'il tient en quelques lignes d'intrigue (intrigue trop mince...) : un homme débarque sans raison logique dans une ville inconnue qui paraît à la fois familière et extrêmement différente de toutes les villes du monde. En effet, en elle grouillent une multitude d'habitants qui doivent sans arrêts faire des queues de plusieurs heures pour la moindre démarche, ne serait-ce que pour manger au restaurant ou pour prendre un ascenseur... Et surtout, les habitants y parlent une langue étrange, paraissant n'avoir aucune ressemblance avec les origines d'une quelconque langue du globe, et pourtant le personnage principal, Budaï, s'y connait : il est linguiste et parle une dizaine de langues.

Malgré tous ses efforts et son intelligence, ses connaissances bien au-dessus du commun des mortels concernant les mécanismes des langues vivantes et mortes, parviendra-t-il à comprendre où il est tombé, à parler cette langue, à pouvoir sortir de cette ville ?

L'idée est alléchante et sort de l'ordinaire, le récit au présent de narration également mais selon moi le récit s'essouffle. A trop se plonger dans l'esprit de Budaï et à trop vivre par procuration sa longue descente aux enfers incompréhensible, l'oppression fidèlement retranscrite se change aussi parfois en ennui lorsque rien de bien nouveau n'intervient. C'est pourquoi je ne mets que 3 étoiles.

Selon Emmanuel Carrère, Perec aurait adoré ce roman, je ne sais pas si c'est vrai mais moi en tout cas j'ai préféré de loin "W ou un souvenir d'enfance".
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Epépé

Entre Kafka et Pérec, l'histoire d'un homme qui, contre son gré, se retrouve dans une ville qu'il ne connaît pas et dont il ne parle pas la langue. Un comble pour cet érudit polyglotte ! On le suit dans ses pérégrinations désespérées, à la recherche d'une gare, d'un aéroport, d'un dictionnaire, d'un signe, du bout de phrase qui lui permettra enfin de "comprendre". Il y a dans ce livre une métaphore extraordinaire du monde moderne : agressif, matérialiste, où les hommes ne s'écoutent plus. À la fin de certains passages, je me suis dit : "mais ce monde, c'est le nôtre!"

Du point de vue narratif, on tourne en rond, on s'ennuie et la fin, pirouette rêveuse, m'a laissé sur ma faim.
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