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Critiques de Ferenc Karinthy (112)
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Epépé

Imaginez-vous débarquant dans une ville inconnue, surpeuplée, labyrinthique, où les gens parlent un langage incompréhensible. Que feriez-vous ? Ou iriez-vous ? A qui vous adresseriez-vous et ou chercheriez-vous de l'aide ? Dans notre monde hyperconnecté et mondialisé d'aujourd'hui, ce sentiment peut parfois atteindre certains d'entre nous. La détresse et l'angoisse d'être perdu au milieu d'une foule immense ou bien d'être confronté à un mur administratif et routinier. C'est l'expérience que vit le malheureux Budaï, un simple linguiste en voyage pour aller à une conférence. Dans ce roman magnifique, l'absurde fait irruption dans le quotidien d'un banal quidam, qui passe alors par plusieurs états émotionnels, de la colère à l'habitude, de l'amour à la révolte violente. La ville où il se trouve vraiment et le pourquoi de ce mic-mac n'est jamais expliqué, mais le lecteur peut se faire une idée au fil de la lecture. C'est la vraie magie de ce livre : il laisse la place à l'imaginaire fantastique ou mystique, sans en avoir l'air. C'est un bijou littéraire sortit de nulle part et inoubliable !
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Epépé

Roman fascinant s’il est en sur la perte de contrôle de sa vie, de son trajet de vie, de son quotidien, voire sur la maîtrise de son identité que l’on conserve à condition de garder la maîtrise des paramètres qui font exister ladite identité. Pourtant, Budaï résistera autant qu’il le pourra…

Budaï est un linguiste qui a son actif plusieurs langues, il sait en décortiquer les étymologies, il jongle avec les déclinaisons, les particularités linguistiques comme le peintre le fait avec les couleurs de sa palette, et c’est justement une nouvelle langue qui va causer son effroi, sa chute, sa désespérance et ses errances. Au départ, Budaï doit se rendre à Helsinki ù il doit prendre la parole dans la cadre d’une série de conférences, il a donc quitté son sol hongrois natal lorsque nous faisons connaissance avec lui, il s’est endormi durant le vol et a quitté un aéroport tout en suivant la mouvance que forme le cortège des autres passagers, et monte dans un bus jusqu’à arriver dans l’entrée dans un hôtel mi-ensommeillé, mi-propulsé par tous ceux qui le précèdent, et voilà que le quiproquo se révèle…

Il est dans un établissement hôtelier qui ne parle aucune langue connue de lui, personne ne le comprend, et il ne comprend personne. Il prend la clé que la réceptionniste lui tend, il tend son passeport, il obtient contre son chèque des échantillons d’un monnaie locale qui ne feront pas long feu, et voici Budaï qui se lance dans ce nouveau pari de découvrir où il se trouve, comment dialoguer un tant soit peu avec les autochtones, comment repérer les rails menant à une gare, ou comment explorer les rues des divers quartiers qui s’offrent à ses explorations afin de trouver l’aéroport salvateur qui le fera sortir de ce cauchemar…

Ce texte écrit à la troisième personne est néanmoins un long monologue intérieur où le héros se débat dans une toile d’araignée qui le rend invisible à (presque) tous, il montre le cauchemar de celui qui n’a personne avec qui entamer le moindre début d’une conversation intelligible, personne pour lui demander de ses nouvelles, personne qui sollicite le moindre ses regards, de même que (presque) personne ne répond à tous ceux qu’il dispense à longueurs de pérégrinations…

Alors Budaï, avant et même après le désespoir, observe, tente de décortiquer ce monde nouveau qui le garde prisonnier, sans même que le géôlier ni le prisonnier ne l’ait jamais voulu ou planifié, et Budaï voit un monde toujours en agitation, avec des foules et des files d’attente toujours longues pour effectuer le moindre achat, des personnes toujours pressées, des immeubles qui poussent comme des champignons, et une absence totale de scènes de compassion, de sollicitude, de tendresse, ou même de repos doucement partagé à deux ou à plusieurs…

Nous sommes dans les années 70 (avec tout son cortège de bouleversements historiques), et justement, Budaï vient-il de la Hongrie des années 70 avant d’atterrir dans ce monde qui semble n’être relié à rien de ce qui fait son monde, et le voici, perdu, éperdu et en quête de sens sur cet univers où règnent l’impossibilité de communiquer, où l’empathie a déserté, où seul importe de tracer son chemin sans souci des autres ni même de soi, où la nécessité de consommer, de travailler et de courir ont annulé toute propension à s’intéresser à ce qui pourrait exister en dehors de cette spirale auto-suffisante et auto-castratrice. Là-bas, nulle aspiration à être soi ne paraît exister, seule importe que vous sachiez fonctionner au sein du système, et si celui-ci aspire votre individualité, c’est que cette dernière n’a tout simplement pas lieu d’être…

Pourtant, la fin du roman s’enclenche sur un rythme tout autre, les armes prennent la parole et le quotidien de Budaï se trouve de nouveau percuté par des évènements qu’il n’a pas sollicités, et par des individus qu’il choisit un temps de suivre parce qu’il n’a pas mieux à espérer qu’un peu d’espoir venu d’une rencontre inédite, d’un flux d’énergie qui pourrait rompre cette vie imposée qu’il sait un tant soit peu déchiffrer, à défaut de véritablement la maîtriser et la comprendre… Malgré tout, Budaï, fait son mieux afin de conserver les particularités de son individualité, et c’est sans doute le plus noble de nos possibles combats personnels ; et c’est sans doute ce qui lui permettra de voir s’ouvrir à lui une perspective quelque peu prometteuse…

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Epépé

Budaï est un linguiste Hongrois. Il connait un nombre incalculable de langues, depuis les indo-européennes (qu'il connait bien), les finno-ougriennes jusqu'aux écritures anciennes telles le grec ou le cunéiforme. Il a même des notions sur les idéogrammes d'extrême Orient.

Dans ce domaine, il est, donc, un expert.

Pourtant, dans cette ville où il atterri par erreur, il est dans l'impossibilité de communiquer avec les gens. L'écriture est incompréhensible. Le flot de paroles des autochtones est un véritable charabia. Et, la masse de personnes vivant dans cette mégalopole est si dense que Budaï est happé en permanence par la foule jaillissant de toutes les rues. Il n'a aucun repères, le métro est un labyrinthe archi-bondé, les rues dégueulent de gens blancs, métis, noirs, jaunes partant ou revenant d'on ne sait où. Dans son hôtel, dans les commerces, les allées et venues provoquent des queues interminables empêchant tout possibilité de prendre le temps de dialoguer.

Son seul contact : la femme de l'ascenseur, dont il n'arrive jamais à prononcer le nom (Epépé?), est son unique espoir pour se dés-empêtrer de cette situation.

Le livre est vraiment original. Il vous absorbe tel un torrent tempétueux.

Juste quelques passages un peu longuets, notamment la révolte urbaine. Peut-être, était-ce une piqûre de rappel sur les événements de Budapest en 1956? Un peu dommage.
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Epépé

Si vous connaissez ou vous souvenez de la série télévisée la Quatrième dimension, vous avez une idée de l'ambiance qui enveloppe Epepe.



C'est oppressant et inquiétant cette incompréhension chronique, cette foule constante. On est vraiment loin de la langue de Babel! Tout le long de la lecture un brouhaha était en toile de fond, j'avais réellement l'impression de suivre de Budai perdu, une lecture épuisante à cause de son niveau sonore, une prouesse.



Budai, ou comment survivre et espérer quand on est seul entouré de la multitude, quand on n'a plus d'autre arme que l'espoir, quand l'instinct primaire de vivre est la seule préoccupation.







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Epépé

Je l'ai lu il y a quelques années et si je me souviens bien de l'histoire, c'est un linguiste qui débarque dans un pays où la langue change en permanence et n'ai pas du tout connu...



Une sorte d'enfer pour ce linguiste... et pour n'importe qui d'ailleurs ! A lire absolument !
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Epépé

Quel est le comble pour un linguiste confirmé ? Se retrouver dans une ville dont il ne comprendra ni le langage ni l'écriture. Budaï, un linguiste hongrois, va devoir relever ce défi. Bien malgré lui. Cet homme cultivé et opiniâtre devait normalement se rendre à une conférence en Finlande. Mais son avion finit par atterrir dans une ville totalement inconnue. Et très étrange. Une navette dépose le linguiste devant un hôtel. Après avoir fait la queue pendant très longtemps, Budaï recupère la clé d'une chambre et de la monnaie locale, le réceptionniste lui prend son passeport. Le linguiste ne le recupérera jamais.



Un terme me vient immédiatement à l'esprit pour qualifier ce livre tellement atypique: oppression. Qui ne cesse de s'amplifier au fil du roman. Qui est souvent présenté comme étant un cauchemar oppressant et férocement drôle. Alors cauchemar oppressant, oui, je suis totalement d'accord, personne, je dis bien personne, n'aimerait se trouver à la place de Budaï, qui perd petit à petit ses repères et sa santé mentale dans cette ville de dingues, au sens propre comme au figuré.



Férocement drôle, non, je n'ai rien vu de drôle dans cette histoire noire comme le cauchemar. Plus féroce que drôle. Féroce comme l'ambiance qui règne dans cette ville anarchique, surpeuplée, sale, grisâtre et dangereuse. Une métropole déshumanisée dans laquelle erre un Budaï de plus en plus désemparé, désabusé, et frustré de ne pas arriver à en comprendre le fonctionnement, les mécanismes. Le linguiste lutte pour garder espoir. De pouvoir quitter un jour cette ville et enfin rentrer chez lui. Mais comment faire quand on ne peut pas du tout communiquer avec les autres ?



Décédé en 1992, le hongrois Ferenc Karinthy, qui était également linguiste de son vivant, a écrit Epépé en 1970. Dans les années 60, son pays est encore sous tutelle soviétique, donc communiste. Mais l'auteur donnera en 1968-1969 une série de conférences aux Etats-Unis. Donc en terre capitaliste. Bon, il faut croire que cette expérience ne lui a pas été entièrement bénéfique.



Car dans Epépé, l'écrivain hongrois dresse le portrait d'une sorte de ville-monde, multiculturelle, surpeuplée, et surtout déshumanisée. L'expression "marche ou crève" prend ici tout son sens, croyez-moi. Et les excès en tout genre sont omniprésents. Ainsi que les violences. La cruauté de la vie apparaît dans la crudité de certains mots et de quelques scènes. Il règne globalement dans ce livre une atmosphère impitoyable, implacable, et par certains côtés bouleversante.



Car encore une fois, personne n'aimerait être à la place de ce pauvre Budaï. Au final, un ovni littéraire, un roman atypique, un livre atroce, prenant et implacable. Un incontournable de la littérature consacrée aux dystopies.
Lien : https://www.conseils-sf-depi..
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Epépé

Un titre insolite pour un roman troublant, mystérieux, et dont l'intérêt est aussi épistémologique : comment comprendre une chose ex nihilo, totalement nouvelle ? Ou plus exactement, quand on dispose d'une grande expérience (le linguiste Budaï, protagoniste, maîtrise un grand nombre de langues) et d'un savoir livresque, cela signifie-t-il que l'on peut l'appliquer à une situation inédite ? le découragement apporté par la réponse négative conduirait presque à adopter une attitude nihiliste. Moi qui veux être linguiste, j'en renoncerais presque à la linguistique ! Pourtant, Budaï, bien qu'en quelques centaines de pages il n'avance pas, continue de chercher, d'enquêter.

Avec la focalisation interne, point de vue de Budaï, on découvre ainsi une société dans son aspect extérieur, on en est le spectateur : le sport, les transports, l'abattoir (en tant que végan j'ai bien remarqué ce passage ;) ), la prison, le soulèvement social et, bien sûr, la rencontre avec l'éponyme epépé, au sujet de qui je n'écrirai pas plus pour ne pas divulgacher.



Ce livre disposait de plusieurs atouts pour me plaire, ayant des origines hongroises et voulant être linguiste, mais même sans cela, je pense qu'il m'aurait plu. Je le conseille, l'idée de départ comme le traitement sont intéressants.
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Epépé

Partant en voyage, Budaï se retrouve à la descente de l’avion dans une ville inconnue, situé dans un pays inconnu. Pire que tout : il est incapable de déchiffrer l’écriture étrange du pays et ses habitants parlent uniquement un langage qu’il ne connaît pas du tout, alors qu’il est linguiste. En sortant de l’avion, il suit le flot jusqu’à un hôtel, qui lui échange sa monnaie et lui fournit une chambre. Ce sont les seuls éléments sur lesquels Budaï pourra se baser pour survivre les premiers jours, au milieu de la cohue urbaine où il faut faire la queue plus d’une heure pour la moindre broutille…



J’ai patiemment suivi les différentes tentatives de Budaï de comprendre quelque chose à son environnement et essayer de rentrer chez lui. La narration est efficace : elle nous prend dans ses filets tout en nous faisant ressentir le désespoir de Budaï, qui oscille entre détermination et découragement.

Ce roman peut avoir deux effets : soit nous déprimer, soit au contraire nous faire mieux accepter notre vie si on en avait besoin. Pour ma part, tout dépendait de la fin, car j’ai attendu pendant tout le roman de voir comment Budaï allait bien pouvoir s’en sortir. Pour moi, dans ce genre de roman, c’est la fin qui peut donner tout son sens à l’histoire – où au contraire, nous laisser dans le flou total.

Ici, nous sommes dans la seconde catégorie, ce qui me frustre beaucoup !



Ce roman plaira sans doute aux personnes qui aiment les romans d’ambiance, avec peu d’action, ou alors à celles qui s’intéressent à l’étude des langues, puisque les tentatives de déchiffrage de la langue par Budaï, qui est linguiste, sont une part important de l’histoire.

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Automne à Budapest

Une seule période de l’histoire hongroise peut être évoquée avec un titre comme Automne à Budapest : la révolution de 1956 (23 octobre – 10 novembre), achevée par la capitulation de la résistance hongroise devant les forces soviétiques et ses milliers de victimes. Ferenc Karinthy décrit l’insurrection de l’intérieur. C’est Gyula qui raconte, un trentenaire que seule l’attirance pour une actrice en vogue mêle aux événements. Ses descriptions de la situation sont dénuées de parti pris et éclairées par des extraits de discours radiographiques : le roman pullule de citations politiques de l’époque. La justesse des mots est telle que le lecteur vit la tragédie en direct, suit les mouvements de la foule et les élans d’espoir et de désespoir, aussi perdu que les protagonistes lorsque les chars soviétiques finissent par tirer sur le peuple. Ecrit en 1982 soit une décennie avant la perestroïka, il est bon de rappeler aujourd’hui que ce roman ne manque pas d’audace ni son auteur de courage à l’époque.

"La bataille faisait rage. A l’angle de la rue Kenyermezö, débouchant sur la place, se trouvait un internat pour étudiants slovaques, déjà occupé par les assiégeants ; de là un cocktail Molotov partit vers la maison du parti en face. Le jeune rouquin, le visage couvert de taches de rousseur, en pull mauve, qui l’avait lancé, fut touché aussitôt par une balle tirée de l’autre côté, il s’écroula dans un cri. Mais son geste se révéla efficace ; bientôt des flammes sortirent des fenêtres de l’étage. D’après les bruits d’impacts, des projectiles venaient aussi du côté opposé, depuis l’avenue Rakoczi, des toits des immeubles ; ainsi l’édifice semblait complètement encerclé. Alors le char se mit à avancer, à envoyer quelques tirs en biais vers le haut, puis se retira ; ses projectiles firent tomber la façade, déjà enlaidie par les impacts de balles, sur un tronçon considérable."

L’intérêt du roman ne s’arrête pas là. Ferenc Karinthy profite de l’hésitation du personnage principal entre sa femme et sa maîtresse pour dresser un passionnant portrait de la société hongroise de l’époque. La femme de Gyula, issue du monde paysan, a brillamment réussi ses études de médecine ; devenue chirurgien, elle consacre les jours noirs de l’automne 1956 à sauver les blessés. La maîtresse du même Gyula est également originaire du milieu rural. Devenue actrice, à travers son portrait, l’écrivain hongrois décrit le milieu du showbiz dont il connait bien les ficelles. Les femmes et les classes pauvres sont les vraies gagnantes du régime communiste. Abolition des privilèges, réelle égalité des chances quel que soit le sexe, c’est à travers les héroïnes de l’histoire que l’auteur démontre quelques bienfaits du communisme. Soixante ans plus tard, que reste-il de cet équilibre qui semblait si naturel ? Dans notre monde moderne, les gouvernements sont obligés de légiférer pour tenter des semblants d’égalité dont les résultats positifs ne sont visibles que dans les pourcentages d’hommes et de femmes sur les listes électorales. Et encore.

Vous l’aurez compris, ce roman est vibrant de réalisme. Pour tout français qui souhaiterait un peu mieux connaître les événements de Budapest en 1956, il est une pièce de choix.
Lien : https://akarinthi.com
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Epépé

En voilà un livre qui interroge ! Imaginez : vous prenez l’avion, pensez atterrir à Helsinki mais vous vous apercevez rapidement que quelque chose cloche : d’abord, il y a cette foule de gens pressés qui se bousculent, des files interminables quoi que vous tentiez et surtout, vous ne comprenez rien de ce qu’on vous dit. Et pourtant, vous êtes linguiste, vous parlez une floppée de langues mais non, personne n’entend ce que vous dites et vous-mêmes n’arrivez pas à saisir le moindre mot.



Bien sûr, vous pensez qu’il s’agit d’une erreur, on va venir vous chercher. Et puis, vous n’allez pas vous laisser faire, vous tentez par tous les moyens de sortir de cette ville étrange. Vous investiguez, cherchez des indices, comment comprendre cette langue ? Les jours passent, vous oscillez entre acharnement et découragement, entre volonté de partir et abandon…



C’est ce qui arrive à Budaï dans ce roman allégorique et il reste en nous ce livre, on y repense : n’avons-nous pas tous, au moins par moment, l’impression d’être entourés de gens que nous ne comprenons pas et réciproquement malgré tous nos efforts pour les décoder et nous exprimer ? Des êtres humains trop pressés pour nous accorder un petit moment ? Et puis, combien d’entre nous balançons entre adhésion ou passivité face à notre monde et envie d’y échapper, d’en sortir ?
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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Automne à Budapest

Le livre se passe en 1956, pendant les fameux événements. Le personnage principal, Gyula, fait parti du parti communiste, un peu par opportunité, un peu à cause de convictions d'avant et de pendant la guerre. Il travaille dans un centre culturel. Et il assiste, et participe un peu, à ce qui se passe dans sa ville. L'insurrection, les cahots politiques annoncés à la radio, les réactions à l'étranger. Tout en étant partagé entre sa femme, Kati, qui est médecin, et une jeune actrice avec qui il a plus ou moins une liaison.



Les événements historiques sont vus de loin, pas vraiment exposés. En partie à cause de la date de l'écriture et de l'édition de l'ouvrage. Mais sans doute aussi par choix. Gyula est ballotté, il est plus spectateur qu'acteur, et là souvent un peu par hasard. Ce n'est pas pour autant qu'il est indifférent, mais les choses sont complexes, et il est difficile de savoir ce qui est juste de faire. C'est très précis sur les détails, tout en étant impressionniste.



Cela permet de bien s'identifier à ce personnage ordinaire, entre ses soucis de famille, ses convictions, ses désenchantements. Et la complexité d'une situation que personne ne maîtrise vraiment. Une façon sensible de participer à un moment historique, différente de celle de livres d'histoire, beaucoup plus proche de celle de n'importe qui qui se serait trouvé là à ce moment.



C'est une lecture prenante, pour mieux en profiter, il vaut quand même mieux connaître un peu le contexte historique décrit.

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Epépé

Quelle aventure de tourner ces pages!

Une histoire drôle et triste à la fois. Elle ne ressemble à aucune autre.

Une fiction au départ absurde, qui finalement nous ramène à des questions sociales très actuelles. Les Hommes se comprennent-ils les uns les autres? Sommes-nous tous seuls?



Une lecture atypique et troublante, inquiétante, qui vous fera passer un moment de lecture unique.
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Epépé

J'ai abordé ce livre après avoir lu sa critique dans un mensuel consacré aux books.

J'ai eu énormément de mal à le terminer, tant je l'ai trouvé mal écrit et repoussoir ; faute en est au style, à tel point que je me suis demandé si ce n'était pas plutôt la traduction qui dégradait l'oeuvre originale.

Mais bon ! Si l'idée est splendide et le déroulement très intéressant - malgré des longueurs - la forme et les dialogues (quels dialogues ???) rendent la lecture très inconfortable.

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Epépé

On pourrait croire que ne plus avoir de langue comprise par les autres, c’est se perdre dans l’indéfinissable, sombrer dans la folie. Mais le pire est ailleurs…car la langue n’est pas ce qui fait la nation et l’homme.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Epépé

Inoubliable en effet ce livre. Angoissant certes, mais aussi provocant. Empreint d'un humour... désopilant (à la manière de Beckett dans "En attendant Godot"), si l'on considère le passage où l'auteur décrit le grand terrain de sport où se déroulent toutes les parties de tous les sports plus ou moins mélangés ! Le mieux, c'est d'en rire...

Car l'auteur nous plonge dans une interrogation constante sur notre environnement urbain occidental et sur notre propre rapport au langage. Un livre qui effraie, épuise et ravit tout à la fois.

Quant la fin elle est si inattendue et poétique !
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Epépé

Cauchemardesque et complètement stressant.
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Epépé

Ce roman raconte la mésaventure de Budai, linguiste réputé, pensant prendre l’avion le menant a une conférence linguistique à Helsinki, il se retrouve à atterrir dans une grande métropole totalement inconnue. Le comble c’est qu’il n’arrive à comprendre ni à se faire comprendre des innombrables individus multiethniques peuplant cette ville sans fin et aux mœurs éreintantes à la limite de l’absurde. Il ne peut même pas déchiffrer leur alphabet si particulier afin de se débrouiller par ses propres moyens. C’est alors qu’il va essayer, par différents stratagèmes, études et mises en situation, de communiquer et subsister tout en cherchant à s’extirper de ce lieu qui peu à peu risque de le mener à la folie. On va ressentir en même temps que notre héros diverses émotions et sensations ; l’humour, l’espoir, l’incrédulité, la colère, la tendresse, le désespoir, le suspense…



Ce Roman est une aventure ”mouvementée” au sein d’un pays qui nous interpelle souvent sur l’histoire et l’évolution de notre propre monde et de ses conditions de vie. En outre, il nous permet d’imaginer et connaitre ce qui se passerait et ce qu’on pourrait essayer de faire dans une telle situation, et force est de constater que Budai à de l’imagination et des idées très instructives.



Il faut noter enfin que ce roman à un petit quelque chose de kafkaïen, et une touche à la Chaplin, de par ça mise en situation, du lieu du périple et ses habitants et de son déroulement atypique.



C’est un roman très accessible de par son style riche et dynamique et le plaisir qu’on prend à suivre notre petit linguiste où l’on espère, à chaque page, qu’il réussira… Et cette question restera en suspens jusqu’à la dernière page.


Lien : http://meserrancesculturelle..
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Epépé

Le linguiste Budaï, qui devait atterrir à Helsinki pour un congrès, se retrouve dans une ville inconnue où tout le monde parle une langue qu'il n'a jamais entendue, ni même lue. Lui qui maîtrise un grand nombre de langues n'arrive pas à déchiffrer celle qu'il entend partout autour de lui. de plus, dans cette ville il y a des multitudes de piétons et de véhicules qui vont sans cesse en tous sens, et de longues files d'attente partout, tout le temps, pour récupérer ses clés à l'hôtel, pour manger, pour téléphoner d'une cabine.

C'est assez inquiétant et ça m'a évoqué les cauchemars de mon enfance, quand les rêves étaient totalement absurdes et que rien n'avait de sens, quand tout ce qu'on connaît à disparu et que pourtant c'est normal. Quand on veut crier mais qu'aucun son ne sort. Quand on se retrouve seul au monde sans personne qui puisse nous aider. L'angoisse totale.



À part le fait que j'ai trouvé l'ambiance oppressante pratiquement dès le début, au bout de 50 page je me suis demandé si ça allait être comme ça pendant 313 pages. Des descriptions de cohues, de taxis bondés de passagers, de piétons pressés qui bousculent ceux qui ne se poussent pas, des files d'attente interminables partout tout le temps et du coup un ennui terrible car c'est répétitif et il ne se passe rien de nouveau. Ah ! Enfin le métro ! Et des couloirs, des dédales de couloirs, remplis de gens, qui vont, qui viennent,  comme dans une immense fourmilière... Et puis un marché, des camelots qui vendent tout et n'importe quoi et je peux dire que j'en ai eu des palpitations à force. Errer dans une foule aussi dense et se sentir si seul au monde, c'est affreux.



Au bout d'un moment, Budaï comprend que pour s'y retrouver il doit suivre le mouvement, le courant, le flot de la foule. Il décrypte les comportements. Et il boit.

Il y a cependant beaucoup d'opiniâtreté chez Budaï, mais aussi de l'espoir sans cesse renouvelé, sinon à quoi bon avancer. C'est cette espérance qui m'a fait persister dans ma lecture. Car je me suis demandé comment j'allais tenir jusqu'au bout de cet étrange roman... Mais j'avoue que j'ai voulu connaître le fin mot de l'histoire.



Bien sûr, en bon linguiste qu'il est, rompu à la réflexion méthodique, il cherche à déchiffrer cette langue qui lui échappe et on se dit qu'il finira sans doute par y arriver, en tout cas on l'espère, car sinon comment rentrera-t-il chez lui un jour ?

J'ai pensé à une parabole évoquant le bloc de l'est, car ce roman a été écrit en 1970. Ça m'a fait penser à L'URSS, une prison à l'échelle d'un pays, un lieu dont on ne peut pas sortir. Ou alors la métaphore d'autre chose, mais quoi ? Ou peut-être Budaï a-t-il glissé dans une dimension parallèle. Ou il a perdu la raison. Ou encore il dort. En tout cas, au bout d'une bonne centaine de pages j'ai fini par être totalement absorbée par cette étrange histoire.



J'ai trouvé intéressant et amusant le regard de l'auteur sur les comportements humains et l'effet de mimétisme qui en découle parfois, sans en avoir conscience. Et ces brefs et enrichissants aperçus de linguistique qui reviennent çà et là.

Et Épépé,  Dédé, Bébé, Vévé, Etèt, Tiétié, Dédédé, Pépé, Ébébé, Tété, Épépép...



Il semble toutefois que ce livre ait des effets secondaires très bizarres. Pendant ma lecture, j'ai fait un cauchemar qui y ressemble étrangement : j'avais été plantée par des amis dans une ville inconnue, sans mon sac donc pas de papiers, ni d'argent, ni de téléphone. J'essayais de téléphoner avec ma main en faisant mon propre numéro dans ma paume sans parvenir au delà de 06... et la peur de n'avoir nulle part où dormir. Oups !



J'en suis venue à bout, un peu laborieusement quand-même. C'est réellement un roman étonnant, une expérience unique. J'ai hélas trouvé le temps long trop souvent.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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Epépé

Un livre, considéré comme chef-d'oeuvre, difficile à lire mais brillant. Délicieusement absurde et noir. Le protagonistes, seul personnage qui s'exprimera clairement du livre, va vivre un cauchemard les yeux ouverts dans une ville tentaculaire et incompréhensible. Perdu dans une foule immense, cherchant désespérément à s'accrocher à quelques personnages qu'il croise et qui jamais ne s'intéresseront à lui il, sauf une (qui donne un de ses noms au roman), il cherchera à comprendre jusqu'au bout de ses forces où il a atterri.

Roman sur l'incommunicabilité, l'absurdité, l'aliénation, la dictature et la violence des hommes, Epépé est aussi un manifeste pour résister et ne jamais baisser les bras.

Janvier 2022
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Epépé

Ô la belle trouvaille que cet auteur hongrois nous a offerte il y a un demi siècle et qui n'a pas pris une ride depuis.



Il y a peu je vous commentais Une langue venue d'ailleurs d'Akira Mizubayashi, voici en quelque sorte le pendant : un parachutage dans une langue totalement inconnue.



Une situation invraisemblable s'abat sur le héros (Budaï) : parti pour participer à un congrès de linguistes à Helsinki, il se retrouve dans un pays inconnu où, comble d'ironie, les gens parlent une langue qui lui est totalement inconnue et que ne se rapproche d'aucune de celles, nombreuses, qu'il maîtrise lui-même ; cette langue n'est ni de près ni de loin proche du latin, du grec, du hongrois, du sanscrit ni de toute autre langue pratiquée par ce savant. Pire, l'écriture de cette langue ne se rapproche ni d'un alphabet connu, ni d'idéogrammes comparables à d'autres (d'ailleurs se lit-elle de droite à gauche ? de bas en haut ? impossible de le savoir). De plus, les habitants de la grande ville où réside Budaï en transit dans un hôtel assez classique, parlent comme modifiant à plaisir les mots qu'ils utilisent. Bref, notre homme ne peut bien entendu pas demander qu'on le reconduise à l'aéroport. Il cherche en vain une gare ou un fleuve (une sortie). Il est si désorienté que je me suis demandé à la fin du premier tiers du livre s'il n'était pas mort et que son âme n'était pas en train d'errer dans le Purgatoire des linguistes... Mais non ! S'agit-il d'un conte décrivant la perte de tout repère linguistique qu'un Hongrois aurait subi du temps du Goulag ? S'agit-il d'une dénonciation masquée de l'emprise du communisme sur la société hongroise, comme l'avait si bien réussi Tibor Déry dans Niki : L'histoire d'un chien ?



Vous pouvez imaginer tout ce que vous voulez, le problème restera entier : comment communiquer dans un pays, une ville, où tout le monde vous ignore ? C'est là le cœur de l'ouvrage. On peut dire que Ferenc Karinthy réussit parfaitement, lui, à rendre les sentiments que doit éprouver tout être humain soumis à la dictature de l'isolement par la langue bien sûr, mais pas seulement.



Le héros sera-t-il sauvé par une femme ? Allez savoir ...



Ce roman me rappelle un peu par son sujet la Nouvelle grammaire finnoise de Diego Marani.



Kafka et Soljenitsyne ne sont pas loin ; ce roman place son auteur à proximité de ces illustres références.
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Thème : L'étranger de Albert CamusCréer un quiz sur cet auteur

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