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Citations de Fiodor Dostoïevski (3162)


Citation extraite de l'ouvrage de Joseph Frank "Dostoïevski, un écrivain dans son temps"

P. 388
Le jeu, pour Dostoïevski, impliquait donc implicitement un effort pour s'élever au-dessus des faiblesses humaines. Dans ces remarques sincères et sans prétention, Dostoïevski aborde un des grands thèmes de la littérature occidentale qu'on retrouvera bientôt dans certaines de ses œuvres. En effet, on ne peut s'empêcher de penser ici au Docteur Faustus de Christopher Marlowe, et aux criminels machiavéliques de la tragédie élisabethaine, dont la raison froide et calculatrice se dresse contre les règles morales qui pouvaient faire obstacle à la défense de leurs intérêts égoïstes. Dans la tradition littéraire occidentale, ce rêve d'une froide domination de la raison a toujours été présenté comme une source de sacrilèges et de désordres redoutables. Il consiste pour l'humanité à s'ériger en rivale du Dieu chrétien,  qui avait attribué à l'espèce humaine un rang intermédiaire et un statut ambigu dans la grande chaîne des êtres qui resta présente dans l'imagination occidentale pendant de longs siècles. On retrouve en partie cette vision traditionnelle chez Dostoïevski  : dans Crime et Châtiment, il montra les conséquences d'une telle croyance en la suprématie de la raison humaine, qui finit dans ce cas précis par remplacer de la conscience.
Dostoïevski apprit à ses dépens qu'il était condamné à remettre en jeu ses gains, poussé par une excitation incontrôlable. Ce faisant, il exprimait de manière paradoxale son acceptation de l'ordre de l'univers tel qu'il le concevait, et apprenait ce qu'apprennent l'homme du sous-sol et tous ses grands héros négatifs,  à  commencer par Raskolnikov, qui ont l'illusion de se croire capables de vaincre en eux les appels irrationnels des valeurs chrétiennes qui leur ont été transmises en héritage. Après chacun de ses passages à la table de jeu, en tout cas, Dostoïevski retournait à sa table de travail plein d'une énergie renouvelée, avec un sentiment de délivrance.
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P. 388
Citation extraite de l'ouvrage de Joseph Frank "Dostoïevski, un écrivain dans son temps"

Le jeu, pour Dostoïevski, impliquait donc implicitement un effort pour s'élever au-dessus des faiblesses humaines. Dans ces remarques sincères et sans prétention, Dostoïevski aborde un des grands thèmes de la littérature occidentale qu'on retrouvera bientôt dans certaines de ses œuvres. En effet, on ne peut s'empêcher de penser ici au Docteur Faustus de Christopher Marlowe, et aux criminels machiavéliques de la tragédie élisabethaine, dont la raison froide et calculatrice se dresse contre les règles morales qui pouvaient faire obstacle à la défense de leurs intérêts égoïstes. Dans la tradition littéraire occidentale, ce rêve d'une froide domination de la raison a toujours été présenté comme une source de sacrilèges et de désordres redoutables. Il consiste pour l'humanité à s'ériger en rivale du Dieu chrétien,  qui avait attribué à l'espèce humaine un rang intermédiaire et un statut ambigu dans la grande chaîne des êtres qui resta présente dans l'imagination occidentale pendant de longs siècles. On retrouve en partie cette vision traditionnelle chez Dostoïevski  : dans Crime et Châtiment, il montra les conséquences d'une telle croyance en la suprématie de la raison humaine, qui finit dans ce cas précis par remplacer de la conscience.
Dostoïevski apprit à ses dépens qu'il était condamné à remettre en jeu ses gains, poussé par une excitation incontrôlable. Ce faisant, il exprimait de manière paradoxale son acceptation de l'ordre de l'univers tel qu'il le concevait, et apprenait ce qu'apprennent l'homme du sous-sol et tous ses grands héros négatifs,  à  commencer par Raskolnikov, qui ont l'illusion de se croire capables de vaincre en eux les appels irrationnels des valeurs chrétiennes qui leur ont été transmises en héritage. Après chacun de ses passages à la table de jeu, en tout cas, Dostoïevski retournait à sa table de travail plein d'une énergie renouvelée, avec un sentiment de délivrance.
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C'était un vrai martyre, un outrage constant, insupportable à l'idée - laquelle idée se transformait en sensation constante et immédiate - que j'étais une mouche, que j'étais devant tout ce monde une mouche vilaine et sale, la plus intelligente, la plus cultivée et la plus noble des mouches - ça va sans dire -, mais une mouche qui cédait constamment, que tout le monde rabaissait, que tout le monde humiliait.
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La certitude que tout, même la mémoire, même la plus simple réflexion, l’abandonnait commençait à le torturer d’une façon insupportable. 
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Parce que tu es heureux, tu veux que tout le monde, d'un coup, absolument tout le monde devienne heureux. Ça te fait mal, ça te ronge d'être le seul à être heureux ! C'est pour ça qu'en ce moment, tu veux, toi-même, à toute force, être digne de ce bonheur, et je parie, te purifier la conscience, faire, je ne sais pas, une espèce d'acte de foi.
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ne le dis à personne ! Tu entends, c'est mon malheur à moi ! Il n'y a que moi à punir...
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Je ne sais pas ce qu’il m’arrive ! Murmura-t-il enfin, je crois que je suis cassé.
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" Allume-la, ma gentille, allume-la, j'étais un monstre, avant, de vous l'interdire. Toi quand tu allumes la veilleuse, tu prie le bon Dieu, et, moi, c'est devant ta joie à toi que je prie. Donc, nous prions le même Dieu. "
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"Savez-vous, Nastenka, où j'en suis ? savez-vous que j'en suis à fêter l'anniversaire de mes sensations, l'anniversaire de ce qui me fut cher, de quelque chose qui, au fond, n'a jamais existé- parce que l'anniversaire que je fête est celui de mes rêves stupides et vains -et à faire cela parce que même ces rêves stupides ont cessé d'exister, parce qu'il n'est rien qui puisse les aider à survivre: même les rêves doivent lutter pour survivre!
Savez-vous qu a présent, jaime me souvenir et visiter à telle ou telle date des lieux où jai été heureux à ma façon, j'aime construire mon present en fonction d'un passé qui ne reviendra plus et j'erre souvent comme une ombre, sans raison et sans but, morne, triste, dans les ruelles et dans les rues de Petersbourg. Que de souvenirs partout!"
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Une pensée torturante et ténébreuse se levait en lui, celle qu’il était en pleine folie et qu’à cette minute-là, il n’avait la force ni de raisonner ni de se défendre.
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Mais une espèce de distraction, une sorte, même, de songerie, commença peu à peu à s’emparer de lui : à certaines minutes, c’était comme s’il oubliait complètement où il était, ou, pour mieux dire, s’il oubliait l’essentiel, et il se collait à des détails.
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je ne sais pas ce que vous souhaitez de mon côté! reprit Raskolnikov qui commençait déjà à descendre l'escalier mais s'était brusquement retourné vers Porphyre . Je vous aurais souhaité de grands succès, mais vous voyez bien comme vos fonctions sont comiques !
- pourquoi donc comiques ? - Porphyre Petrovitch, qui lui aussi avait déjà fait demi tour pour partir, dressa aussitôt l'oreille .
- mais comment donc, tenez, prenez, ce pauvre Nicolas que vous avez du tourmenter et torturer à votre manière, psychologiquement s'entend, jusqu'à ce quil eût avoué ! Jour et nuit vous avez du lui seriner "c'est toi l'assassin, c'est toi l'assassin! " mais maintenant qu'il a avoué, vous allez l'entreprendre à nouveau "tu mens, ce n'est pas toi l'assassin ! tu ne peux pas l'être ! ce n'est pas de toi, ce que tu dis ! Ma foi, dans ces conditions, ne serait ce pas une fonction comique ?
page 389
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Hum ! oui, toutes les choses sont à la portée de l’homme, et tout lui passe sous le nez, à cause de sa poltronnerie… c’est devenu un axiome… Chose bien curieuse à remarquer, qu’est-ce que les hommes redoutent par-dessus tout ? Ce qui les tire de leurs habitudes, voilà ce qui les effraie le plus…
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Non ! J'aime cela qu'on se trompe ! ... C'est la seule supériorité de l'homme sur les autres organismes. C'est ainsi qu'on arrive à la vérité ! Je suis un homme, et c'est parce que je me trompe que je suis un homme.
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Je ne veux pas, et je ne peux pas croire que le mal soit l'état normal des hommes.
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Malgré tout le combat intérieur qui le torturait, jamais, à aucun instant, il n’avait été en état d’avoir une foi totale dans sa capacité à réaliser ses projets, et, ce, depuis tout le temps 
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Qu'est-ce à dire : s'enfuir? Ce n'est qu'une réalisation ; le principal n'est pas la ; il ne s'enfuira pas, non seulement parce qu'il ne saura pas où aller : c'est psychologiquement qu'il ne s'enfuira pas ! Héhé ! En voilà une expression ! C'est à cause d'une loi de la nature qu'il ne s'enfuira pas, même s'il avait un endroit où s'enfuir ! Avez-vous déjà observé un papillon devant une bougie ? Eh bien, il va continuellement tourner autour de moi, autour de la bougie; il va finir par hair sa liberté, il deviendra soucieux, il s'embrouillera, il ira lui-même s'empêtrer dans le filet et l'angoisse le perdra… Non content de cela, il va lui-même m'apprêter quelque preuve mathématique, dans le genre de deux fois deux, si jamais je lui offre un entracte suffisamment long ! Et il va tracer des cercles autour de moi, en diminuant toujours de rayon et… hop! Le voilà dans ma bouche et je l'avale, et ça, c'est vraiment très agréable, hé hé hé ! Vous ne croyez pas ?
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Le crime est une protestation contre une organisation sociale anormale. (p395)
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P. 88 à 90

[Après avoir donné son opinion sur la liberté et l'égalité, ... la fraternité].

La fraternité. Mais ce point-là est réellement le plus bizarre, et il faut avouer qu'il reste toujours la pierre d'achoppement de l'Occident. L'Occidental parle de la fraternité comme de la grande force qui meut les hommes, et il n'a pas l'idée que la fraternité est introuvable si elle n'existe pas dans la réalité. Que faire ? Il faut faire la fraternité à n'importe quel prix. Mais il s'avère que faire la fraternité est une chose impossible, parce qu'elle se fait elle-même, elle se donne, elle se trouve dans la nature. Or, dans la nature française, dans la nature occidentale en général, cette fraternité, elle n'est pas disponible parce que ce qui existe est le principe personnel, le principe de l'individu, de l'autoprotection renforcée de son Moi, de l'autocommercialisation, de l'autodétermination de ce Moi, de l'opposition de ce Moi, avec toute la nature et le reste des hommes comme d'un principe autonome et de plein droit, absolument égal et de même valeur de tout ce qui existe en dehors de ce Moi. Bon, eh bien, cette opposition de Soi aux autres ne peut pas produire la fraternité. Pourquoi ?  Parce que, dans la fraternité, la fraternité véritable,  ce n'est pas la personnalité individuelle, pas le Moi qui doit s'agiter pour prouver le bon droit de son égalité et de sa valeur égale avec tout le reste, mais c'est, justement, tout ce reste, qui doit, de soi-même, en arriver à cet individu qui demande ses droits, à ce Moi individuel, et, de soi-même,  sans qu'il demande rien, le reconnaître comme un égal et de même valeur que soi, c'est-à-dire que tout le reste de ce qui existe dans le monde. Bien plus, c'est cette individualité révoltée et exigeante en tant que telle, qui, avant toute chose, devrait elle-même donner tout son Moi, oui, se donner tout entière à la société et, non seulement ne pas exiger son droit, mais, au contraire, l'offrir tout entier d'elle-même, et sans condition, à la société.  Mais l'individualité occidentale n'est pas habituée à cette tournure des choses : elle exige, avec violence, elle exige son droit, elle veut partager - et la fraternité ne se fait pas. Bien sûr on peut se régénérer.  Mais ces régénérations ne se font que sur des millénaires,  parce qu'une idée de ce genre, doit d'abord entrer dans la chair et le sang pour devenir réalité. Eh bien, me direz-vous, il faut donc être un "impersonnalité" pour être heureux ? Le salut est donc dans l"impersonnalité" ? Au contraire, au contraire,  vous dis-je, non seulement il ne faut pas être une "impersonnalité", non, justement, il faut devenir une personne, et même dans un sens infiniment plus noble que celui qui s'établit aujourd'hui en Occident. [...]
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P. 100 à 102
Je me trouvais un jour à une table d'hôtes - ce n'était plus en France, c'était en Italie mais il avait beaucoup de Français à cette table d'hôte. On parlait de Garibaldi. À  l'époque, on parlait de Garibaldi partout. Cela se passait environ deux semaines avant Aspromonte. Bien entendu, on en parlait mystérieusement ; certains se taisaient et ne voulaient pas s'exprimer ; d'autres hochaient la tête. Le sens général de la conversation était que Garibaldi avait entrepris une affaire risquée, voire peu raisonnable ; mais, bien sûr, on émettait cette opinion avec quelques réserves, parce que Garibaldi est un homme tellement hors de mesure avec tous les autres,  qu'avec lui, sait-on jamais,  ce que les réflexions communes peuvent trouver très risqué peut devenir parfaitement raisonnable. Petit à petit, on passa à la personne elle-même de Garibaldi.  On fait la liste de ses qualités - le verdict était assez favorable au héros italien.
- Non, moi, il n'y a qu'une seule chose qui m'étonne, prononça fortement un Français à l'air aussi avenant qu'imposant, d'une trentaine d'années, et qui portait sur le visage cette noblesse si extraordinaire qu'elle en devient insolente et qui frappe si fort à voir la figure de tous les Français.  Il n'y a qu'une circonstance qui m'étonne plus que tout !
L'attention générale, on le comprend, se porta vers l'orateur.
Cette nouvelle qualité qu'on découvrait en Garibaldi devait intéresser tout un chacun.
- En soixante, pendant un certain temps, à Naples, il a eu le pouvoir le plus absolu et le plus incontrôlé. Il avait à sa disposition une vingtaine de millions d'argent public ! Cette somme, il ne devait en répondre devant personne ! Il aurait pu prendre ce qu'il voulait sur cette somme là, et le cacher, personne ne lui aurait rien demandé ! Il n'a rien caché du tout, il a rendu tous les comptes au gouvernement, jusqu'au dernier sou. C'en est presque incroyable !!
Ses yeux s'en étaient mis à briller pendant qu'il parlait des vingt millions de francs.
Bien sûr, on peut dire tout ce qu'on veut sur Garibaldi.  Mais mettre le nom de Garibaldi au même rang de celui d'aigrefins qui puiseraient dans les fonds publics, cela, évidemment, ne pouvait être fait que par un Français.
Et quelle naïveté, quelle candeur il y avait dans sa voix. On pardonne tout, évidemment, à  la candeur, même cette capacité perdue à comprendre et à sentir ce que c'est que l'honneur véritable ; mais, à regarder son visage, qui rayonnait littéralement au souvenir de ces vingt millions, j'eu cette pensée tout à fait involontaire :
"Eh bien, mon vieux,  qu'est-ce qui se serait passé, si c'était toi qui t'étais retrouvé avec l'argent public, et pas Garibaldi !"
P. 100 à 102
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