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Critiques de Fiona Melrose (55)
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Midwinter

Dans la famille Midwinter, il ne reste plus que le père, Landyn, le fils,Vale et Pup le jack russel.

Les autres ont disparu: la mère Cecelia -Cessie pour les proches- est morte en Zambie, "le pays des terres rouges", dans la ferme africaine, il y a une dizaine d'année; l'aîné de la fratrie a succombé quelques jours après sa naissance...



A présent, les survivants, sont revenus au pays, sur les terres de leurs ancêtres dans le Suffolk, ils ont repris la ferme située entre mer et terre, bois et marais.

Nous sommes dans les années 90 dans une campagne anglaise en prise avec un hiver glacial et neigeux pour partager le quotidien de deux solitudes égarées dans un monde agricole en plein bouleversement et un contexte économique dificile.



Deux hommes blessés, brisés par la perte de l'être le plus cher, l'épouse et mère.

Deux taiseux qui s'affrontent, et qui chacun à leur tour, par chapitre alterné, nous délivrent leur histoire, les drames ponctuant leur existence, celle de Landyn, la soixantaine et de son fils Vale qui a déjà vingt ans.



Chaque protagoniste interpréte le quotidien et ses événements pour avancer, aller au delà du souvenir du drame qui les ronge mais, au détour d'un ciel chargé, d'un paysage enchanté, la lecture de traces pour l'un, de signes pour l'autre, leur apportent un réconfort.

Le Pa, Landyn, fantasme sur une renarde qu'il a apprivoisée, incarnation de son épouse à la chevelure flamboyante: jour après jour il l'épie, la guette dans le froid, récherchant sa présence.

Le fils, Vale, à la vision obscurcit par des vols de corbeaux...



Entre révolte et résistance, père et fils continuent de marcher côte à côte dans une cohabitation tantôt subie tantôt partagée. Des sentiments contraires dévoilent pourtant tout leur amour et attachement.

La peur, la colère, la rage, la haine, les coups de gueule accompagnent les protagonistes tout au long du récit . Pardon, acceptation, vengeance, culpabilité, les émotions valdinguent dans cette houleuse relation père et fils.



J'ai beaucoup apprécié l'écriture de Fiona Melrose, la manière de dire, d'exprimer la souffrance, la douleur, la peur de ces deux êtres et la façon d'aborder leur solitude et leur incompréhension. Une tension grandissante rend palpable la douleur lancinante, l'appel au secours aussi bruyant qu'un cri.



Peu à peu un chemin vers la résilience se dessine dans ce récit où la nature sert le propos, la vie sauvage est magnifiée sous le regard attentif du père et la vie domestique de la ferme célébrée même dans les moments critiques. Terre et ciel accueillent les ressentis des protagonistes dans une harmonie voire une symbiose emplie de poésie.



Une belle découverte et une auteure prometteuse, Midwinter est le premier roman de Fiona Melrose. Envie de musarder dans cette région côtière du Suffolk jusqu'à l'église de la Sainte-Trinité à Blythburgh connue sous le nom de la Cathédrale des Marais ....

Un beau moment de lecture, dense, émouvant.

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Johannesburg

J'aime beaucoup la littérature anglaise et  Virginia Woolf  y tient une place particulière par son écriture, profonde, précise, ciselée, par sa personnalité, fascinante, intrigante, à multiples facettes et mystérieuse. Donc j'ai eu très envie de découvrir ce deuxième roman de Fiona Melrose qu'elle a composé à la manière de Virginia Woolf pour Mrs Dalloway, ce beau roman à la forme si particulière dans lequel on suit Mrs Clarissa Dalloway dans Londres à la recherche de fleurs pour la décoration de la réception qu'elle donne le soir mais qui est surtout un récit de pensées des différents personnages qui vont prendre tour à tour la parole pour non seulement parler de ce qu'ils vivent mais aussi de leurs sentiments profonds, intériorisés, forme connue sous le nom de flux de consciences.



Fiona Melrose s'est largement inspirée (voire calquée) sur l'œuvre de Virginia Woolf en la transposant en Afrique du Sud, son pays natal, à Johannesburg, le 6 décembre 2013, le jour du décès de Nelson Mandela. Depuis plusieurs jours l'annonce de sa mort est attendue, la ville retient son souffle et c'est le jour où Gin (diminutif de Virginia...) organise une fête pour les 80 ans de sa mère Neve, fête organisée contre sa volonté. La relation entre les deux femmes est tendue, mère et fille sont très différentes et ne se comprennent plus depuis que Gin est partie vivre aux Etats-Unis afin de pouvoir exercer son métier d'artiste, en toute liberté et surtout mener la vie qu'elle souhaite, libre, loin du regard de sa mère et d'un pays où elle étouffait.



C'est le récit de cette journée très particulière pour le pays mais aussi pour les différents personnages et le roman se découpe en chapitres reprenant les différents moments de cette journée qui restera à jamais marquée par le décès de Madiba, nom tribal et affectueux de tout un peuple pour ce guide charismatique. L'auteure opte pour des personnages aux noms assez similaires à son modèle : September (pour Septimus), un sans-abri noir, bossu, blessé lors de manifestations répressives, Peter Strauss (pour Peter Walsh), avocat, ami et soupirant inconsolable de Gin, Richard (pour Richard) allant jusqu'à évoquer la tante de Gin, Virginia, à qui elle doit son prénom et qui s'est suicidée en se noyant (comme Virginia Woolf) :



"Qu'est-ce que ça faisait de perdre sa raison d'être dans le monde que vous aviez vous-même créé ? Tante Virginia avait eu une meilleure idée. Elle avait marché dans la mer à Plettenberg Bay, vêtue de sa robe du soir à paillettes. Elle avait toujours été une drôle de vieille chose (un visage d'oiseau -, mais mariée, elle, et non pas seule. C"était si loin, à présent. (p67)"



Fiona Melrose donne à Johannesburg le rôle principal comme Londres et Big Ben rythmaient les heures de la journée de Clarissa Dalloway : la ville et ses habitants vivent à l'unisson d'un événement mais avec des préoccupations différentes, dans la chaleur écrasante, chacun marqué par la perte de l'homme qui voulait faire disparaître les différences de couleur, qui a redonné espoir à tout un peuple, chacun voulant passer à la Résidence pour lui rendre un dernier hommage.



Mais au-delà de l'événement il y a, avec le retour pour quelques jours de Gin, dans son pays natal, les pensées, ressentiments, souvenirs de chacun, leurs destins se croisant à nouveau : Gin, Peter, Richard, Neve, Mercy (l'employée noire de Neve), Duduzile (la sœur de September), Juno (la chienne) et September qui sera le lien entre tous, lui l'homme blessé, humilié, voulant dénoncer les erreurs commises par la Société Diamond, qui emploie Peter et Richard, et qui n'hésite pas à réprimer les manifestations par la violence.



Chacun vit cette journée à sa manière, plongé dans ses pensées, ses occupations mais, comme dans le roman modèle, il y a la confrontation entre intériorité de chacun et regard des autres sur la même personne, sur les événements. Nous ne sommes pas toujours ce que les autres pensent que nous sommes, nous ne percevons pas tous de la même manière les faits.....



On y retrouve les thèmes chers à Virginia Woolf : la nature et en particulier dans Johannesburg les agapanthes (comme sur la jaquette de couverture), les atmosphères, le climat se mêlent aux sentiments de chacun. L'accent est mis sur une journée qui aurait pu être ordinaire et qui devient, en raison des événements, une journée hors du temps.



La préparation de la réception d'anniversaire de Neve, la chaleur, le décès de Mandela mettent en avant les différents points de vue des différents personnages : racisme, abus de pouvoir, incompréhension familiale, émancipation, justice.



J'ai pris au final ce roman comme un hommage à la grande dame de la littérature anglaise qu'était Virginia Woolf et il faut malgré tout du talent pour y parvenir. Pour quelqu'un qui n'a pas lu Mrs Dalloway, ce roman offre une approche d'une écriture dite d'ambiance, de climat. Tout est lent, doux, décortiqué, analysé, c'est le récit d'un instant de vie. Pour moi qui ai lu l'œuvre originale, je l'ai découvert comme un exercice littéraire, et pas des plus aisé et dans l'ensemble que j'ai apprécié, ne cherchant pas à dissimuler son inspiration et je le trouve réussi, actualisé et comme une marque de respect et d'admiration pour son modèle.



Je le recommanderai à ceux qui n'ont pas lu Mrs Dalloway, comme une approche d'un style, d'une écriture, d'une construction, d'un univers qui pourrait les inciter à découvrir Virginia Woolf mais il faut accepter d'entrer dans un récit où les voix sont multiples, se croisent, où il n'est pas question d'actions mais plus d'ambiance, de pensées, de sensations et de ressentis.
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Midwinter

Un éditeur dont j’aime les choix, une jolie couverture, un avis positif, voilà trois bonnes raisons de choisir ce roman. Ce qui signifie que je ne savais rien de l’histoire avant de commencer. Et que je ne vais rien vous raconter non plus !

Je plaisante, mais suivant mon habitude de ne pas trop en dévoiler, je parlerai d’abord de l’auteure. Fiona Melrose vit au Royaume-Uni, mais elle est née en Afrique du Sud, et continue d’y aller régulièrement. Ceci est son premier roman, elle l’a situé dans le Suffolk, où elle vit, avec, pour les personnages, des réminiscences du Zimbabwe.



Midwinter évoque le milieu de l’hiver, et certes, le roman se déroule dans la campagne anglaise enneigée, mais Midwinter est aussi le nom de famille de Landyn et son fils Vale. Lorsqu’ils vivaient au Zimbabwe, dix ans auparavant, le père était surnommé Mid, comme si son nom était Winter. Maintenant de retour dans le Suffolk, Landyn exploite la ferme familiale, et entretient des relations orageuses avec son fils de vingt ans. Aucun des deux n’a fait le deuil de Cecelia, leur épouse et mère, morte tragiquement dix années plus tôt.

Le roman commence par une scène… que je n’ai pas envie de raconter, tiens, parce qu’elle surprend lorsqu’on n’a lu qu’un résumé succinct, et parce qu’elle va avoir une grande importance sur la suite du roman.



Le début du livre est plutôt noir, mais on y perçoit peut-être une certaine lueur d’espoir, cela restera à confirmer. Les pensées des protagonistes sont « brutes de décoffrage » mais là aussi, une évolution semble se dessiner. Les points de vue alternent entre Landyn et Vale, et permettent de développer habilement le thème de la relation père-fils. Même si j’ai lu précédemment des romans sur ce thème, j’ai trouvé vraiment bien rendue la difficulté pour les deux hommes, et surtout pour Vale, à exprimer leurs sentiments : Vale n’arrive pas à différencier peur, colère, tristesse, et se met plus souvent qu’à son tour dans des rages plus ou moins rentrées, dont il ne sait comment sortir.

Toutefois, l’introspection, et le caractère peu éloquent des personnages, n’empêchent pas les interactions entre eux, avec des dialogues empreints de véracité. Les caractères secondaires sont très intéressants aussi. J’ai passé vraiment un très bon moment de lecture avec ces personnages, avec une ambiance unique, où les éléments naturels et la faune sauvage viennent jouer leur rôle. Je suivrai attentivement cette jeune auteure lorsqu’elle publiera de nouveau !
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Midwinter

Pour sortir des sentiers battus de mes goûts littéraires, je tente de suivre les avis de mon libraire préféré. L’idée d’un premier roman sur les non-dits et les relations pères-fils ne devait pas, à priori, m’enthousiasmer. Et pourtant !

Landyn et Vale Midwinter sont père et fils, agriculteurs dans le Suffolk, région rurale et littorale au Nord de Londres. Cecelia, épouse et mère est morte dix ans plus tôt en Afrique et depuis les deux hommes affrontent chacun de leur côté, chacun de leur manière ces souvenirs douloureux. Entre eux, les relations sont très tendus et les incompréhensions immenses. Le fils nourrit une haine grandissante pour son père qu’il estime responsable de la mort de sa mère. Le père voit la réincarnation de sa femme dans une renarde qui vient chasser autour de sa propriété. Le drame semble inévitable. La tension monte au fil de pages. Les personnages n’ont pas l’instruction qui leur permet de verbaliser et le père sent bien que son fils lui échappe. La culpabilité le mine. Mais le combat entre les deux personnages va peut-être, en fin de compte les rapprocher !

Fiona Melrose a une jolie plume et en alternant les chapitres entre le présent anglais et le passé africain, elle nous offre un moment de lecture à la fois sensible et poétique. J’ai été touché dès le début par la souffrance sous-jacente de ces deux personnages et ce mur qui se construit à coup de silence. Chacun essaye de se reconstruire dans le travail ou dans une communion avec la nature.

La nature est aussi un personnage important et autant je ne suis pas un adepte des romans naturalistes, autant, le lien de ces hommes non seulement avec leur passé, mais aussi avec leur environnement présent est émouvante et j’oserai le dire onirique.
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Midwinter

Dès le livre ouvert, j'ai été habitée par cette histoire, entre touffeur de l'Afrique et Suffolk enneigé. Midwinter est un récit à deux voix, celles de Vale Midwinter, vingt ans, et de son père, Landyn. Il y a dix ans, dans leur ferme en Zambie, leur épouse et mère adorée, Cecelia, a perdu la vie. Aujourd'hui, ce drame ressurgit entre eux et s'envenime. de mots infectés en zones d'ombre du passé, une incompréhension mâtinée de violence s'installe, entre deuil et culpabilité. « Des années durant j'avais refoulé les souvenirs. Je les avais toujours sentis gratter dans les recoins les plus sombres de mon esprit, encore à l'état sauvage. ».



La narration alternée par chapitre construit le roman avec beaucoup de finesse. On va découvrir au fil du récit ce qui s'est passé ce matin-là à Kabwe, dans « la maison qui s'étirait tel un long wagon entre les arbres, avec cet acacia immense sur le devant qui grouillait de singes et d'oiseaux. ». Fiona Melrose a un talent formidable pour restituer la complexité des caractères, les hésitations et les non-dits. Sa plume délicate, au plus près de la nature, gomme à mesure toutes les ficelles stylistiques, pour ne laisser au lecteur que le plaisir brut de scènes de vie travaillées sans excès.



« Au fil des ans, il ressemblait de plus en plus à un garçon au crâne rempli de rats en colère qui le rongeaient, la tête éternellement penchée en avant, on aurait dit une pomme tardive. » Comment surmonter le poids de l'existence, des échecs et des décisions à prendre, comment trouver la force d'aller de l'avant et de se (re)construire, lorsque les ombres du passé nous engloutissent ?



J'ai eu vraiment un beau coup de coeur pour ce magnifique premier roman tout en simplicité et profondeur. Merci aux éditions La Table Ronde ! (Et bravo à Anne-Margot Ramstein pour la si belle illustration du bandeau)



« Le visage de Pa était mouillé, les larmes lui sortaient des yeux comme le sang sort de la gorge des agneaux quand on y pose un couteau. »
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Johannesburg

Comment ne pas éprouver une certaine méfiance devant un roman écrit "à la manière de", comme Johannesburg de Fiona Melrose, directement inspiré de Mrs Dalloway de Virginia Woolf ? Et aussi de la curiosité, fatalement, lorsque les souvenirs de ce dernier livre se sont estompés avec le temps. Johannesburg, ouvrage circadien et polyphonique, se déroule le jour de l'annonce de la mort de Nelson Mandela, le 6 décembre 2013. Non que cette triste nouvelle ait un impact sur les différents personnages du roman mais elle permet à Fiona Melrose de créer une atmosphère douloureuse et de rappeler l'histoire récente de l'Afrique du Sud. Ils sont nombreux les protagonistes de ce livre choral et l'auteure passe de l'un à l'autre sans transition, ne consacrant à aucun un chapitre entier. La fluidité du récit en souffre car comme souvent dans ce type de roman car tous les personnages n'ont pas des personnalités égales et la frustration nait de ce que les plus intéressantes ne sont pas aussi développées que le lecteur le souhaiterait. L'équilibre est instable alors même que l'on sent bien que Fiona Melrose souhaite privilégier deux portraits : celui de la jeune artiste "exilée', revenue fêter le 80ème anniversaire d'une mère qui ne la comprend pas et celui d'un sans domicile fixe qui manifeste chaque jour après avoir été blessé par balle. Les pensées les plus intimes de ces deux-là et de quelques autres (dont un chien !) nous sont livrées par le menu et, même si le style de la romancière est remarquable, il y a un moment où ces états d'âme deviennent répétitifs et, surtout, brident sérieusement l'imagination. Difficile, dans ces conditions, si l'on aime plutôt une littérature qui suggère plus qu'elle ne souligne, de prendre un plaisir intégral à la lecture de Johannesburg.
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Johannesburg

3 personnes se réveillent tôt, dérangées par le bruit de l'orage. September, un clochard, Gin (Virginia Brandt) de retour au bercail pour les 80 ans de sa mère et Mercy l'employée de maison.



On est à Johannesburg, Afrique du Sud, en hiver et à quelques semaines de Noël. le roman est basé sur une journée et se construit sur les heures successives de cette journée. Je sais dès les premières pages que ce livre va me séduire entièrement. Fiona Melrose sait parfaitement instiller une ambiance.



C'est un jour très particulier qui voit enfler une rumeur : la mort de Mandela. Mandela est qualifié de boussole morale. Est-il déjà mort ? September est persuadé que oui, depuis des mois.



Gin s'appelle Virginia comme sa tante qui était écrivaine. Celle-ci avait une certaine notoriété et s'est suicidée dans l'océan à l'âge de 80 ans.



Gin est peintre. Elle vit à New York. Elle a fui étant jeune adulte pour se réaliser et échapper à la désapprobation de sa mère qui ne la comprend pas. Elle a laissé son amoureux Peter, trop fragile pour la soutenir.



Dans la matinée, alors que sa mère refuse de la voir, Gin sort faire les courses pour la soirée d'anniversaire de sa mère. Elle est oppressée par la ville, les mendiants. Son unique but est d'organiser cette fête qui est si loin de ses conventions à elle.



Ce roman est dramatique. C'est la fin d'un cycle individuellement et collectivement. le parallèle est fait avec la mort de Nelson Mandela, le père de la nation. La mort de September est mauvais signe. On devine à la fin du roman que Peter va changer de vie et défendre d'autres intérêts que les dirigeants de la mine. Soignera-t-il enfin sa blessure suite au départ de Gin, 20 ans plus tôt ?



Les pales d'hélicoptères constants, l'orage qu'on attend, le chien de Neve qui a disparu, Neve qui part dangereusement dans la ville, la ville menaçante, tout est sujet à angoisse. le paroxysme arrive quand l'orage éclate.



Même les personnages secondaires prennent une autre direction, comme Richard qui travaille avec Peter ou Duduzile qui décide de retourner dans sa région d'origine après la mort de son frère, September.



J'ai voyagé dans Johannesburg, j'ai senti le soleil sur ma peau, le manque d'air, vu les quartiers barricadés de maisons opulentes, observé le Diamond (quartier d'affaires). J'ai voyagé plus loin que n'importe quel guide, menée par l'esprit zoulou, entendant l'océan saturé de voix, guidée par l'odeur des frangipaniers.



La fin du roman est un chant d'espoir, d'humanité. Gin est en vie, souhaite vivre, vibre et éprouve de la gratitude, me semble-t-il.
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Johannesburg

J'ai aimé ce roman qui m'a bouleversée, et je peine à poster une critique ! Pour quelles raisons me direz-vous ? C'est complexe... et je vais être brève. La présentation de l'éditeur me parait excellente, c'est à souligner, et je ne saurais faire mieux. Mais je n'ai pas lu "Mrs Dalloway" de Virginia Woolf... est-ce un grosse lacune ? J'ai donc abordé "Johannesburg" sans méfiance, ni parti pris, avec en toile de fond des récits de proches ou des lectures d'autres auteurs qui font que ce pays me touche énormément, depuis longtemps. Il m'a fallu un peu de temps pour situer les personnages et leurs activités dans ce roman polyphonique, de construction originale. Il se déroule sur vingt quatre heures, le jour ou l'on apprend le décès de "Madiba", Nelson Mandela, dans cette ville qui donne son titre au roman. Le 6 décembre 2013. Je n'y étais pas bien sûr, mais je peux m'en souvenir, ce fut bouleversant.

Les acteurs situés, le rythme pris, il ne m'a plus été possible de m'arrêter et j'ai pris un réel plaisir à cette lecture... les odeurs, les sentiments divers, la violence, l'exil... Ce roman me semble refléter le climat violent et incertain qui règne sur l'Afrique du Sud. C'est pour moi très proche du coup de cœur, et je remercie "Masse critique" et la Maison d'édition "Quai Voltaire" de m'avoir procuré ce plaisir... que vais partager. et conseiller.

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Midwinter

[INCIPIT]

« Dix années durant j’avais refoulé les souvenirs. Je les avais toujours sentis gratter dans les recoins les plus sombres de mon esprit, encore à l’état sauvage ; mais assis sur la souche d’un arbre dans l’obscurité grandissante, tout ça – l’espace, la peur, le chagrin –, tout ça semblait m’avoir à nouveau débusqué. C’était comme si je m’étais contenté de rester planté là les dix dernières années, et que j’étais maintenant de retour dans un foutoir, avec un fils qui ne voyait que des fantômes. »



Landyn et son fils Vale Midwinter vivent seuls dans leur maison du Suffolk depuis le décès de Cessie, la mère de Vale, dix ans auparavant. Ils habitaient alors en Zambie lorsque le drame est survenu. Depuis les relations entre le père et le fils sont tendues, gangrénées par le ressentiment, les non-dits et l’incompréhension.



Le récit tout en pudeur de Fiona Melrose donne alternativement voix à Landyn et à Vale, chacun évoquant les évènements du passé et les sentiments qui les animent aujourd’hui. On ressent immédiatement beaucoup d’empathie pour ces deux hommes pétris de culpabilité, de colère, et qui ne savent pas se parler. Les dialogues très ramassés, faits d’échanges brefs et souvent frustrants, traduisent d’ailleurs bien leur difficulté à communiquer.



L’histoire et les thèmes abordés me laissaient craindre que le récit ne bascule dans le pathos. Ce n’est pas le cas. L’émotion est là mais elle est amenée avec beaucoup de justesse et de délicatesse.

Le récit fait la part belle à la nature, souvent source d’apaisement et de consolation pour les personnages. Les tâches quotidiennes à la ferme, les promenades dans les champs en compagnie des chiens, l’observation des animaux qui peuplent les campagnes du Suffolk, sont autant d’activités qui laissent place à la réflexion et à l’introspection.



Merci à mesrives dont la critique m’a donné l’envie de découvrir ce roman sensible et touchant.
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Midwinter

Un père, un fils, deuil et culpabilité, le Suffolk enneigé, traverser les épreuves dans une forme de survie animale. Le récit de Midwinter évolue dans ce décor superbe et ordinaire. Fiona Melrose sait s’effacer derrière son histoire dont elle rend discrètement les naufrages, les incompréhensions et surtout, avec une infinie délicatesse, nos façons de nous enfermer dans une déplorable image de nous-mêmes. Un superbe premier roman.
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Midwinter




" J'étais là à éprouver le genre de tristesse qui se coince dans la gorge. Je ne pleurais pas et je n'avais toujours pas bougé de là où j'étais. (...) S'il me cherchait dans la nuit, je reviendrais lui dire qu'on oubliait tout, que je ne l'accusais de rien. Je voulais lui expliquer que Ma me manquait à moi aussi. "






Landyn Midwinter et Vale son fils, sont agriculteurs dans le Suffolk. Ce sont des hommes du terroir. En ces temps difficiles, où ils doivent déjà faire face à la concurrence des grandes entreprises pour garder leur ferme, ils mènent un combat familial face à un drame survenu dans le passé.





“ Cette sensation maladive qui précède le moment d'ouvrir une porte et de voir ce qu'on ne peut plus esquiver, je l'avais déjà éprouvée, je l'avais déjà connue. ” 





Vale avait dix ans quand il fut privé de sa mère à jamais. À l'époque ils étaient en Zambie où son père avait déjà tenté de sauver l'entreprise familiale.



“ Un arbre fort peut subir une mauvaise gelée ou perdre une branche entière dans une tempête, ce sont les racines qui le maintiennent droit. C'était le cas de Vale. ” 




Lors d'un hiver particulièrement rigoureux, les douleurs de Landyn et Vale, se réveillent et mettent en péril l'équilibre familial déjà très malmené.
Vale se perd dans son désespoir tandis que son père se réfugie auprès de sa terre et de ses bêtes.





« Je sais pas quoi faire.
- Tu trouveras. Ouvre l'œil. 
- Pourquoi ? 
- Tu le sauras. Tu le sauras dans ton cœur. 
- L'autre soir j'ai cru que ça pouvait bien être elle qui m'avait aider à trouver le rivage. 
- J'en doute pas. Pas une seule seconde. Elle veille sans cesse sur nous tellement on est bon à rien. » 






Chacun se raccroche à ce qu'il peut, rongé par la culpabilité et essaye de réparer ses erreurs.




“ (...) j'ai vu à travers la pluie, un grand panache roux bordé de blanc filer vers les buissons. Ma renarde. Elle était là. ”



Il affronte enfin le souvenir qui les hante, et mettent à l'épreuve le fragile tissu de leur relation.




“ Ce jour-là, ce vieil arbre m'a encouragé. Il était porteur d'une histoire et d'une guérison. Il y en avait un qui lui ressemblait dans notre ferme à Kabwe, un arbre du coin, je n'ai jamais su son nom mais je connaissais son cœur. Il y a comme ça des arbres qui vous offrent leur ombre un jour de grande chaleur. Et qui vous laissent vous asseoir très près avec tout votre être. ”






À travers ce roman sombre illuminé par une sublime plume lyrique, Fiona Melrose nous offre un premier roman absolument réussi. 
Situé entre le Suffolk et la Zambie ce récit nous est conté en alternance par Vale et son père Landyn, deux hommes hantés par des souvenirs tragiques. Deux hommes qui se livrent et se délivrent chacun à sa manière à travers un va- et-vient temporel et géographique admirablement bien construit.


Une histoire d'hommes qui ont la rage de vivre, malgré tous les obstacles qui parsèment leurs vies.

Un roman naturaliste tout en poésie, qui dépeint à merveille la fragilité des relations, traite de la culpabilité qui ronge les cœurs, tout en gardant une lueur d'espoir. 
Un roman sensible, qui réunit les hommes et les bêtes pour mieux les réconcilier et les aider à combattre leur chagrin.

On rêve, on pleure, on espère, on s'émerveille à travers ce récit magistral plein d'humanité.


Un premier roman de toute beauté , une magnifique découverte, un voyage livresque enchanteur. 



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Midwinter

Landwyn et son fils, Vale, vingt ans, hommes de la terre, cohabitent comme ils peuvent dans leur ferme du Suffolk. L’hiver est dur et glacial. À la « faveur » d’un accident lors d’une nuit d’ivresse, Vale va remettre beaucoup de choses en question. Questionnement, non-dits, culpabilité réveillent un passé douloureux. Des mots blessent, une gifle se perd.



Roman à deux voix, celle du père et celle du fils, Midwinter est un roman sur les sentiments familiaux pas toujours faciles à gérer. Deux hommes âpres et taiseux qui essayent chacun de réparer leurs erreurs. Le style est à l’image des deux hommes et convient parfaitement à cette histoire qui nous cueille dès le début. J’ai aimé connaitre les pensées profondes de ce duo que tout oppose, j’ai aimé la nature difficile qui fait sa loi et cette petite renarde qui apparait tout le long du récit et rend de l’espoir quand on en a besoin.



Un beau roman sur l’amour filial et paternel, sur l’amitié et la culpabilité qui étouffent parfois.

Un livre qu’on voit peu par ici et c’est bien dommage.
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Johannesburg

« La poussière et la fumée en provenance des Townships flottaient bas sur l’horizon, et le ciel touché au coeur dégoulinait de pourpre. »



Le 6 décembre 2013, Johannesburg se réveille le cœur gros : Nelson Mandela vient de mourir. Madiba. Tata. Le père de la nation. C’est cette journée pas comme les autres que raconte Fiona Melrose dans son deuxième roman, vingt-quatre heures dans la vie de la métropole sud-africaine et d’une dizaine de personnes. Il flotte dans Johannesburg un indéniable parfum de Virginia Woolf, de Mrs Dalloway. Ce roman choral est porté par des voix blanches, noires, riches, pauvres. Des portraits nuancés tissés avec finesse, tendresse, cruauté, qui racontent la société sud-africaine.



Miroir à facettes où chacun se reflète dans l’autre, mélange d’introspection et d’écoulement des heures. La disparition du grand homme a laissé en tous une profonde tristesse. Nkosi. Qu’il soit béni.



Deux figures centrales à ce récit, Gin et September, qui oscillent entre ombre et lumière. Elle, artiste plasticienne exilée depuis vingt ans à New-York, tout juste rentrée pour organiser une fête pour les quatre-vingt ans de sa mère, Neve. Lui, un sans-abri défiguré par les forces de l’ordre lors de la répression d’une grève. Depuis, tous les jours il manifeste devant le siège de la société minière qui l’employait, en réclamant justice. Gin et September sont au cœur de la ville, de sa violence et de son éclat, et autour d’eux, une mère, un amoureux éconduit, une sœur, un ami, un lien, la société, passé et avenir, leurs vies, leurs aspirations, leurs craintes. Chacun combat ses propres démons, sur le fil de la raison et des non-dits.



La polyphonie et la construction du texte sont d’une grande maîtrise. Fiona Melrose a la grâce et la puissance d’une vraie magicienne, des mots et de l’âme humaine (et la traduction de Cécile Arnaud est au diapason, lumineuse). Johannesburg est un roman qui laisse des traces (et qui m’a donné envie de relire Mrs Dalloway).



« Parce qu’un homme n’a plus de barrière protectrice une fois que son âme commence à se déchirer et à s’effilocher. »
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Johannesburg

Une seule journée

Une ville

Le roi Madiba meurt

Une nation pleure

Des gens vivent

Des gens survivent.

Certains luttent contre leurs démons intérieurs

D'autres luttent contre le pouvoir, l'injustice.

Il faut tenir l'équilibre, le juste équilibre

Tenir la distance

Garder le contrôle de l'absurdité de son rôle.

Et sans faire de bruit

des vies entre en collision



Fiona Melrose rend hommage à Mrs Dalloway et à sa ville en montrant toute la dichotomie de l'Afrique du Sud contemporaine.



Beaucoup d'élégance, un style très sûr, un travail sur les sentiments des personnages ciselé à la perfection comme si l'auteur avait écrit ce livre à la façon d'un tableau impressionniste pour au final jouir d'une grande sensation de plénitude dans un moment privilégié de lecture.



Traduit par Cécile Arnaud
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Midwinter

Premier livre de l'année à m'avoir fait pleurer !



Ce roman est le récit subtil et terriblement juste d'un deuil qui se fait dans le silence et la douleur.

Les personnages, essentiellement masculins, sont taiseux et plein d'ambivalence, les sentiments éprouvés sont complexes : culpabilité, rancoeur, abattement.

La plume de l'auteur est envoûtante et son intrigue intelligemment construite. Par flash-backs, nous découvrons peu à peu l'effroyable passé de nos personnages principaux.



Plein de symbolisme, le roman a des airs de sombre conte.

Déchirant et magnifique.

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Johannesburg

Johannesburg, décembre 2013.



Nelson Mandela vient de mourir et les habitants de la ville se dirigent vers sa Résidence pour un dernier hommage.



Virginia, Gin, arrive des Etats-Unis pour l'anniversaire de sa mère, Neve. 



Elle a décidé, contre l'avis formulé de celle-ci, d'organiser une fête pour célébrer ce passage du temps.



Tout au long de cette journée mémorable, Gin va dévoiler peu à peu sa vie, ses souvenirs, en parallèle de ceux de Peter, qu'elle aurait pu aimer, qui l'aime encore, mais qu'elle maltraite toujours.



En contrepoint de ces personnages blancs et riches, il y a September, le bossu SDF qui traîne sa misère sur l'ilôt du carrefour, surveillé par sa sœur Dudu, aide-ménagère qui lui sacrifie une grosse partie de sa paie.



Un roman sur des gens ordinaires, sans fioritures, juste la description des vies qui s'écoulent, au rythme des rencontres, des hasards, en obéissant aux ordres des parents implantés dans l'enfance et qu'on respecte du mieux qu'on peut ou qu'on ignore à contre-cœur ... 



Une journée qui se déroule avec ces événements historiques qu'on n'oubliera pas mais dans lesquels se noient tous ces événements, toutes ses vies anonymes qui composent la nôtre.



Un roman que je n'oublierai pas.



Une auteur à suivre  
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Johannesburg

Le 6 décembre 2013, Johannesburg se réveille avec l'annonce du décès de Madiba, le nom affectueux et respectueux que les Sud-africains ont donné à Nelson Mandela. L'espace d'une journée, sous les cameras du monde entier, la Nation arc-en-ciel est unie dans la douleur, elle rejoint la Résidence où le corps de Tata repose, pour un ultime hommage.

A deux pas de là, une fête se prépare. Gin Brandt a quitté New York le temps de célébrer les 80 ans de sa mère Neve à Johannesburg. Le dîner qu'elle a prévu en son honneur au soir de cette journée de décembre est loin de faire plaisir à sa mère Neve. Une vieille acariâtre, « très blanche à l’intérieur comme à l’extérieur », qui donne tout son amour à sa chienne plutôt qu'à sa fille, et si peu à sa bonne Mercy. Neve n'a jamais compris Gin, ni son arrogance, ni son désir de fuir sa famille aussi loin que possible, ni pourquoi elle a rejeté Peter, un excellent parti qui lui aurait assuré une situation et une descendance respectables. Mais pour Gin, pas d'autre issue possible pour continuer à vivre que de rompre avec ce carcan culturel de bonne famille Afrikaner.

Un événement inattendu va semer le chaos au beau milieu de cette journée : la chienne Juno se retrouve par mégarde dans la rue, perdue et assoiffée. La panique saisit toute la maison, débute alors une course folle vers une tragédie.



Le récit ne se cantonne pas à ce huis clos entre ces trois femmes Neve, Gina et Mercy. Dans la maison voisine, Duduzile la domestique de cette famille blanche méprisante à son égard, prend soin de son frère September, un sans-abri qui trouve parfois refuge dans le jardin. Son quotidien à lui est de mendier sur les îlots des carrefours routiers et de se rendre au pied de l'immeuble Diamond, une société minière, pour protester contre le massacre d'ouvriers sur qui on a tiré au cours d'une manifestation. Il en a été une des victimes.

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On retrouve dans ce récit la construction du roman de Virginia Woolf « Mrs Dalloway » et de nombreuses références à la vie de cette femme. Fiona Melrose ne s'en cache pas, bien au contraire. Elle affirme son admiration pour cette auteure. Elle reconstitue également avec justesse l'ambiance de la chambre si chère à Virginia Woolf, « une chambre à soi » où ces femmes trouvent refuge et où elles créent un monde à elle.



Ce qui m'a vraiment plu dans ce roman c'est la place centrale accordée à la ville de Johannesburg et à ses habitants. Je suis allée à Joburg, et j'y suis retournée en plongeant dans ce roman, un immersion sensorielle incroyable à travers les bruits de la pluie d'orage de 16h, les hélicos survolant les hauts murs des résidences ultra-sécurisées des Blancs, les descriptions colorées et les parfums des fleurs qui embaument les rues de la ville (agapanthes, jacarandas, hydrangeas, frangipaniers, l'herbe des parcs) que les habitants préservent et honorent.

Johannesburg est une des villes les plus violentes au monde, mais elle sait aussi être généreuse, passionnée et unie le temps d'une journée.



Fiona Melrose porte un regard sévère sur cette nation qui peine à sortir de sa période ségrégationniste. Difficile de rendre sa place au peuple Noir au cœur d'un pays dirigé par une communauté blanche qui garde le pouvoir entre ses mains. Alors l'auteur nous force à ouvrir les yeux sur la situation de ce pays. Tout remonte à la surface : l'opulence des Blancs, les domestiques noires asservies et contraintes de laisser enfants et parents au pays, le Zimbabwe, pour une poignée de Rands, la volonté, mise à mal parfois, du respect des traditions des ethnies Zoulous, Sothos, Xhosas, la misère des « coloured people » laissés sur le carreau, les Noirs qui mendient et vendent des fleurs au bord des routes à des automobilistes blancs dédaigneux, et qui, le soir venu, rejoignent les townships dans les taxis-bus bondés. Voilà à quoi ressemblent 24 heures dans la vie de Johannesburg.



Les femmes font battre le cœur de cette journée - l'auteure évoque également les femmes de Mandela qui ont joué un rôle essentielle dans sa vie. Pourtant ce roman ne serait pas la même sans September, le frère de Dudu. Personnage lumineux et aimant, droit et fier comme un guerrier Xhosa malgré sa physionomie difforme, comme Quasimodo devant la façade du building impugnable de la compagnie minière qui a ouvert le feu sur la foule des grévistes, détruisant sa vie à jamais ; il est temps de rendre des comptes, alors, avec son panneau sur son dos bossu, il demande dignement justice chaque jour. September honore chaque parcelle de vie, humaine et animale. C'est un personnage magnifique qui arbore les fleurs des parcs en couronne.



Je suis encore sous le charme de cette écriture sensible, touchante, et ce regard très pertinent sur la société sud-africaine. Un coup de cœur !

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Johannesburg

Après Midwinter, un premier roman salué par la presse, Fiona Melrose, née à Johannesburg revient avec un roman sur sa ville de naissance. En hommage à Virginia Woolf, elle inscrit son récit en une seule journée. Si Mrs Dalloway est le déroulé d’une journée d’une anglaise de la haute société illustrant la ville de Londres en 1923 après la Première guerre mondiale, Johannesburg s’inscrit en ce 6 décembre 2013, date à laquelle la mort de Nelson Mandela est annoncée.



« Comment cette journée pouvait-elle être si étrange? Elle donnait l’impression d’avoir ralenti jusqu’à n’être plus qu’un murmure, puis tous ces mondes et ces vies étaient entrés en collision… »



En cette journée du 6 décembre 2013, c’est aussi l’anniversaire de Neve Brandt. Sa fille, Gin, artiste quarantenaire, est revenue spécialement d’Amérique pour organiser une réception pour les quatre-vingt ans de sa mère. Neve n’apprécie pas les choix de vie de sa fille. Artiste n’est pas un vrai métier et elle ne comprend pas sa volonté de rester célibataire malgré l’amour constant de Pierre, un fils de famille bourgeoise. Mais Gin a davantage besoin de travailler que d’être aimée. Cette ville lui a toujours pesé, davantage pour l’arrogance des Blancs que par racisme. Gin ne s’y sent pas à sa place.



« Mais ici, dans cette ville, rien, pas même la vie, n’était possible, alors qu’on y rencontrait tant de façons de mourir.»



Johannesburg, ville des chercheurs et des négociants était « la grande prêtresse de l’agitation permanente. » Sortir est oppressant avec ces mendiants qui frappent sans cesse aux vitres de voitures, ces sans abris et ces chiffonniers.



Une ville clivée entre l’opulence des maîtres blancs et la misère des travailleurs noirs exploités sur lesquels la police n’hésite pas à tirer pour mater la rébellion. September, un SDF bossu, blessé au visage lors de la grève des mineurs, continue à manifester devant le Diamond, responsable du massacre de mineurs en grève.



« Lorsqu’un homme n’a pas de toit, sa colère peut devenir sa maison. »



Fiona Melrose construit un roman rythmé qui va crescendo. Si je me languissais dans la matinée en écoutant les tisserins, en me lassant de cette omniprésence des agapanthes, j’ai vite vibré au son des hélicoptères, au rythme tendu avant l’orage qui éclate comme chaque après-midi vers seize heures. En donnant la parole à Neve Brandt, à sa fille Gin, à Pierre mais aussi à Mercy, September et Duduzile, Fiona Melrose montre toute la complexité et la beauté d’une ville où à chaque instant quelque chose de terrible peut se produire.
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Midwinter

J’ai choisi ce roman car il traite de la relation père-fils. Le titre aussi a joué un rôle. Je ne suis pas anglophone alors j’ai trouvé le titre très intrigant qu’est-ce que cette moitié-d’hiver ou cœur de l’hiver ?



D’ailleurs au cours de la narration on découvre que des voisins en Afrique n’ont jamais pu les appeler ainsi mais en transformant Mid en prénom et Winter en nom de famille, car pour eux cela avait un rapport avec la météo. J’ai cherché et j’ai trouvé que c’était une fête dans l’hiver australe au 21 juin.



La narration se déroule en hiver, il fait froid, il neige, alors que la nature se met en sommeil les mauvais souvenirs refond surface.



La narration se fait à travers le regard du père et du fils. On ne peut se tromper de narrateur, car chaque chapitre porte le nom du narrateur et parce qu’ils n’ont pas du tout la même façon d’aborder le problème. De plus lorsque le père parle il nous raconte l’Afrique avec une texte qui utilise une autre police de caractère.



Dans l’ensemble, c’est une narration au présent. On est dans l’enchaînement des événements actuels dans cette partie Suffolk.



J’ai tout de suite été happée par l’ambiance de forte tension émotionnelle. Toute cette violence contenue. On a de l’électricité dans l’air comme avant une tempête. On sent qu’il va se passer un déchaînement des éléments et des sentiments.



On commence par une soirée arrosée qui se finit en drame. Fiona Melrose a su y mettre toute l’intensité nécessaire pour qu’on ait envie de connaître la suite.



Depuis des années des conflits et des non-dits familiaux dus à la l’assassinat de la mère couvent dans la famille Midwinter tout va sortir. Cette émergence va se faire tout azimut. Mais Fiona Melrose maitrise les informations et nous les distille pour bien mettre en place les éléments, elle joue avec des crescendos et des points de ruptures.



Il y est question de deuil. Les années ont passé depuis la mort violente de la mère, mais ni le père, ni le fils n’ont accepté les faits. Le passé n’est pas mort et enterré. Le père continue à voir sa femme à travers la présence d’une renarde qui vit près de chez eux. Il se raccroche à cette idée. Le fils quand à lui engrange de la haine envers son père qu’il tient pour responsable de cette mort.



Ce roman est très intéressant car il nous montre comment au fil des ans une communauté où les hommes sont plus ou moins seuls (veufs, divorcés, célibataires) ont dû apprendre à s’épauler. On découvre la vie assez dure de ses agriculteurs qui vivent surtout grâce à la solidarité entre eux. Un monde de taiseux. Ce roman parle de manière implicite de la dégradation économique de cette région. Ça m’a fait penser au monde de Steinbeck avec des hommes qui essaient de survivre en partant ou en s’endettant. Il y a d’un côté ceux qui partent et de l’autre ceux qui sont restés. Que deviennent ceux qui partent et reviennent encore plus malheureux ? Landry a su reprendre sa place au sein de sa communauté parce qu’il est un enfant du pays, parce qu’il doit élever son fils , parce qu’il est comme un animal blessé qui est revenu à sa tanière pour reprendre des forces.



C’est là qu’il a pu voir qui étaient ses vrais amis. Et justement l’amitié est un des sujets très important de ce roman.



Vale et Tom sont comme deux frères. Tom venait se réfugier chez les Midwinter lorsque les choses allaient mal chez lui mère qui a perdu la tête et son père alcoolique et violent. Autant petit Vale venait compenser la violence de Tom autant depuis son retour Vale est encore plus violent que Tom. Ils sont tous les deux dans l’autodestruction.



Les rôles ne se sont pas inversés, ils se sont complexifiés. Ils n’arrivent pas toujours à protéger l’autre alors qu’ils n’arrivent pas s'autogérer. Après l’accident entre culpabilité et souffrances morales et physiques.



Il y a en arrière plan la thématique du handicap physique et mental. Et de tous les estropiés de la vie.



La présence de l’alcoolisme associé aux problèmes économiques et à la solitude cela donne une situation critique.



Ce roman c’est une histoire d’hommes dans la tourmente. La rage, la haine, la colère et la culpabilité font faire se développer. On a l’ombre du suicide qui rode. La mort rode comme si elle avait besoin de recevoir son tribu ?



Comment sortir de l’impasse ? Faut-il tout laisser tomber ? se battre ou lâcher prise ?



J’ai beaucoup aimé la fin, émouvante et forte. Elle est pleine de symboles et de promesses. Demain est un autre jour…



Un premier roman très intense. Un coup de coeur !
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Johannesburg

L'Afrique du Sud n'est pas un pays connu pour moi en littérature donc c'est par pur curiosité que je me suis penchée sur ce pays.



Autant dire que la 4ème de couverture promet du lourd avec le décès de Mandela en filigrane de cette intrigue...

Le format se situe sur à peine 24h en scindant chaque partie de la journée pour rythmer le roman. Cette organisation m'a quelque peu questionnée et puis finalement je me suis laissée embarquer (de toute façon, j'avais pas vraiment le choix! :-)).

L'écriture est plutôt fluide et m'a rapidement permis de prendre plaisir à lire ce roman. La petite exception de l'écriture est tout à la fin où l'on sent une certaine poésie s'écrire alors qu'auparavant il n'y avait pas vraiment de sentiments et peu d'émotions. Nous étions beaucoup plus dans le descriptif et le déroulé de l'action.

S'agissant de l'histoire en elle-même, j'ai assisté à un déroulé qui est quelque peu redondant quant à certains personnages et certaines relations (Gin et Peter; Gin et sa mère), ce qui m'a fait me demander si le roman avait une réelle consistance pour faire autant de pages là dessus. Qui dit Afrique du Sud et Mandela, on ne peut faire l'impasse sur la période difficile de l'Apartheid: ce phénomène n'y est que brièvement abordé et cela est vraiment dommage. J'aurai aimé que cela soit plus profond (sans être dans du hard, du gore ou du voyeurisme) même si on entend certaines inégalités sur certains passages du roman.



Un roman sympa à lire mais qui ne m'a pas réellement appris de choses sur l'univers de l'Afrique du Sud.

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