Citations de Flavie Flament (105)
L’étreinte est une conversation. Une langue au vocabulaire silencieux, qui ne souffre pas les frontières.
Longtemps, mes bras ont été orphelins, en astreinte permanente, en alerte, en quête de chair, de poignets à serrer, de mains à caresser, de fronts à apaiser… J’avais besoin de les ouvrir, le plus grand possible, jusqu’au bout de mes doigts tendus à la limite de la crampe, en mode paysage.
J’ai confessé ma bouche qui rejoignait sa joue. Je lui ai dit mes lèvres se posant sur sa peau. Que ce n’était pas un baiser dans le vent comme on en fait à ceux qui nous sont étrangers. Que c’était un baiser sincère, un baiser chargé d’une affection qu’il m’inspirait déjà.
J’ai rougi certainement. Lui aussi. Le merci que nous avons murmuré nous a paru futile.
Nos yeux parlaient pour nous.
Nous avons mis une alarme sur nos téléphones pour ne pas tomber dans le piège que nous tendait la vie : oublier le temps. N’être qu’à l’instant. Nous avons ri en prenant l’engagement de parler en accéléré le dernier quart d’heure car nous savions déjà que nous n’aurions pas tout dit au moment de nous quitter. Imaginions-nous que nous en serions là aujourd’hui, séparés sans savoir quand nous pourrons nous retrouver ?
Ce désir d’absolu ne m’éloigne pourtant pas de la réalité : j’adore l’ordinaire, le ronron, la routine, pourvu que l’on y mette une dose de poésie. Lui, il a tout compris.
Et, plus que tout, j’aime le « Vous » en amour. D’aucuns jugeront que c’est ringard, désuet, snob et pédant. Moi, je trouve cela magnifique. Passer du « Tu » au « Vous » dans un langage amoureux, c’est se rapprocher et s’éloigner, offrir aux mots des dimensions inédites, les teinter de sentiments, d’effusion, de profondeur, leur insuffler une énergie qui peut les rendre encore plus doux, plus violents, plus sensuels.
La séduction ne permet pas à ceux qu’elle foudroie de la regarder dans les yeux. Une seconde, nous nous sommes échappés l’un à l’autre pour reprendre notre souffle et nos esprits, en proie à une gêne délicieuse que nous tentions de dissimuler sous un sourire de circonstance. J’ai oublié l’instant où nous avons échangé une première bise. Je devais être trop concentrée pour ne rien laisser paraître. C’est dommage.
J’ai toujours aimé l’audace : son panache me séduit. Et puis je le trouvais fin, et terriblement amusant. Les quelques messages que nous avions échangés ne permettaient pas d’en douter.
Parfois, les indices sont trompeurs, et par magie la vie se charge de les dissimuler.
Il est des matins que l’on regarde après coup avec émerveillement et reconnaissance. Ces matins qui se présentaient comme mille autres pareils, cachant bien leur jeu dans le décorum des habitudes. Le café qui coule, les infos à la radio, les croquettes pour les chats, l’empressement quand on est déjà en retard, le froid qui mord, les bouchons, l’oubli d’un bon de commande à la maison, le feu qui passe au rouge, et le téléphone qui s’agite pour nous rappeler que le monde ne peut pas tourner sans nous.
Mon univers est trop hétéroclite et hasardeux pour qu’elle y trouve le moindre repère rassurant, mais surtout, il nous renvoie à une réalité aussi déconcertante que cruelle : ma sœur et moi n’avons rien en commun. Du plus loin que je m’en souvienne, elle m’a toujours regardée avec circonspection, m’observant déjà du coin de l’œil quand, enfant, j’échappais, dans un tirage de langue et un rire cristallin, à ses remontrances de grande sœur raisonnable.
Je me rappelle vos yeux, ils étaient verts. J’y ai vu tant de choses, des yeux un peu fatigués et soudain rieurs, reconnaissants. Vous êtes de ceux qui ont compris que certains instants appellent la gratitude.
Embrasser Augustin, c'est comme entrer en poésie. C'est délicat, doux et humide, retenu parfois, avec des éclats sauvages et des éblouissements fragiles.
Ce corps à qui l'on n'a pas appris à dire non et qui, pendant si longtemps, a dit oui trop vite. Pas trop souvent, car je suis une amoureuse, mais trop vite. Comme si c'était un passage obligé, comme si je devais bien ça en retour de l'affection que l'on acceptait de m'accorder.
J'ai cherché mon père dans les bras de tous les hommes que j'ai connus. En vain.
La solitude est une compagne qui parfois se rebelle et déploie ses grands bras pour nous étreindre jusqu'à la suffocation.
L'étreinte est une conversation. Une langue au vocabulaire silencieux, qui ne souffre pas les frontières.
Certains tombent amoureux d'un regard, d'une voix, d'une bouche, d'un cul, d'une main. Moi, je tombe amoureuse des mots. Le reste vient dans un second temps.
Seul le sommeil m’offre un peu de répit.
Un enfant, ça cause beaucoup de soucis, ça a ruine des ventres et des carrières, ça empêche les parents de s'épanouir, les mamans d'avoir une vie, ça déçoit, la plupart du temps, mais ça peut servir aussi. Et c'est ça qui est pratique avec eux. On peut leur gueuler dessus à la maison, les humilier, jamais ils ne contrediront les parents en public, trop soucieux des représailles mais, surtout, trop heureux de s'entendre dire quelques douceurs pour endormir la galerie.
Poupette n'aime rien tant que quand maman l'appelle « ma biche » devant tout le monde. Ça lui fait oublier qu'elle était « moche » et «conne» ce matin. On ne sait jamais : peut-être maman ne va-t-elle plus cesser de l'aimer, maintenant ?
Josette la coquette, c'est la pire ennemie de Lulu. celle qui passe son temps à lustrer ses plumes et à faire briller son bec avec de la mayonnaise... Celle qui a été élue trois années de suite Miss Mouette de Trouville... Josette, elle s'la pète.