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Citations de Frances De Pontes Peebles (49)


L'émission de radio intitulée « Cinq minutes de féminisme », dont la vie fut très brève, avait pour indicatif de début et de fin une
samba endiablée dont les paroles étaient les suivantes :

Elle prendra tout ce qu'elle voudra.
Elle fera tout ce qu'elle pourra,
Mais jamais, les gars, elle ne sera un homme !
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"...À choisir entre la science et la politique, je préfère encore avoir la science chez moi. C'est moins nauséabond."
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« Une mauvaise couturière n'arrête pas de se plaindre de sa machine à coudre. Ou de ses aiguilles. Une bonne couturière se contente de coudre. J'ai l'impression que c'est pareil avec les fusils. Dix coups ou douze, tout ça, c'est des excuses de mauvais tireurs. »
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« Ça nous apprend à nous taire, déclara-t-il, la première fois qu'il en versa une coulée jaune et moussue dans la gourde d'Emilia. Celui qui se tait écoute. Ici, un homme qui n'écoute pas n'est pas un homme. C'est un cadavre. >>
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« Souviens-toi, le péché parle d'une voix suave. Il prend un ton aimable. Il ne crie pas ; il chuchote. Il nous fait miroiter toutes sortes de plaisirs. »
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« Ne vous fiez pas à un centimètre qui n'est pas le vôtre ! s'emportait souvent Sofia. Fiez-vous à vos yeux ! » Emilia et Luzia apprirent donc à repérer l'endroit où il fallait reprendre ou élargir un vêtement, l'allonger ou le raccourcir, avant même d'avoir déroulé leur mètre ruban. La couture est un langage, disait leur tante. Le langage des formes. Une bonne couturière arrivait à se représenter un vêtement terminé à la simple vue de ses parties disposées à plat sur une table de coupe.
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Si les souvenirs nous ramènent à ce que nous sommes, alors l’oubli nous préserve de la folie ( page 345)
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Une souffrance commune peut unir deux personnes bien plus qu’un lien matériel
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Il y avait un instant à Lapa, juste avant le lever de soleil, quand les cabarets avaient fermé et que les visiteurs étaient rentrés dans leurs quartiers bien sages, ou les seuls sons qu’on entendait lorsqu’on déambulait dans les allées sombres provenaient des rodas. C’étaient les voix enrouées, les tristes et lentes mélodies. C’étaient les chansons secrètes, brutes de décoffrage et qui n’étaient pas censées voir la lumière du jour. C’était les chansons qu’on jouait quand toutes les autres avaient déjà chantées et que la nuit se résumait à un manque ; quand il n’y avait plus d’alcool, plus d’amis, plus de filles riant aux éclats, plus de cigarettes, plus de nourriture dans le ventre ou d’eau dans le verre, juste toi et un guitariste, seuls dans l’obscurité, oubliant tout sauf vos voix et les paroles d’une chanson bien enfouie au plus profond de vous, que vous avez toujours connue mais jamais partagée avant cet instant. Parfois, il y a des auditeurs insoupçonnés : une jeune mère à sa fenêtre, un couple emmêlé dans des draps, une jeune fille en pantalon et béret, les mains dans ses poches, les lèvres enflammées par de nombreux baisers, le corps délicieusement engourdi à des endroits qu’on lui avait toujours dit de ne jamais toucher. Elle s’arrête, entend la lamentation de la roda, et c’est comme si sa vie en dépendait. Comme si tout ce qu’elle avait vécu jusque-là – chaque raclée, chaque mensonge, chaque honte, chaque élan d’amour et chaque triomphe (aussi peu nombreux soient-ils) – l’avait menée ici, en cet instant, à portée d’oreille d’une chanson que personne n’était censé entendre. Le rythme l’enveloppe. La musique, tel un pré ou un lit douillet, est un endroit ou elle peut toujours se réfugier. C’est une maison comme nulle autre pareille.
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Il est toujours plus facile de penser que les intentions valent autant que le résultat, mais ce n'est pas vrai. Le résultat, c'est tout. Le résultat, c'est ce qu'il reste et il faut vivre avec. P348
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Graça n’était pas belle ; du moins, pas selon les normes en vigueur, à savoir comme quelque chose qui provoque soit du désir soit une envie de protection. Graça n’était ni voluptueuse ni délicate. Sa bouche, ses yeux, sa silhouette n’avaient rien d’extraordinaire. Mais si ces éléments étaient combinés à sa voix, son rire, son énergie brute et inextinguible, ses mouvements élancés, Graça devenait belle. À ses côtés, on avait le sentiment de participer à une incroyable aventure, à un destin qui avait du sens. Sa beauté ne résidait pas dans un trait particulier. Sa beauté se révélait à travers l’effet qu’elle produisait sur les gens – pareil à un shot d’alcool ou une ligne de coke. C’était comme un sort qui conférait intelligence, courage et amabilité, attributs dont on ignorait l’existence en nous-même avant qu’il nous les révèle.
J’ignorais tout ça lorsque nous étions enfants, bien entendu. Je m’en suis rendu compte bien des années plus tard, en voyant Graça dans son cercueil. Il était entouré de fleurs et Graça était allongée à l’intérieur, les yeux fermés et les bras croisés sur la poitrine. Elle portait une robe de soirée rouge et son rouge à lèvres rouge habituel, et pourtant elle paraissait étrangement ordinaire – une institutrice dans un costume d’actrice. Je me penchai vers elle, lui pinçai la joue. « Graça, arrête de plaisanter ! Lève-toi. S’il te plaît ? », murmurai-je jusqu’à ce que Vinicius m’éloigne.
Contrairement à Graça, je grandis en hauteur et non en rondeur. Mes chemisiers étaient trop courts ; mes jupes recouvraient à peine mes jambes tout à coup noueuses et peu coopératives. Je devais me pencher pour passer sous la porte de la cuisine. Les garçons d’écurie, les employés au moulin et même le senhor Pimentel devaient basculer la tête en arrière pour croiser mon regard. À Los Angeles, où nous vécûmes plus tard, faire un mètre soixante-dix-huit n’avait rien d’étrange au milieu de ces starlettes amazoniennes et de ces jeunes premiers bien charpentés ; mais pour le Brésil, j’étais plus qu’imposante. Adolescente, ma taille ne me dérangeait pas autant que les autres changements qui se produisirent dans mon corps. Ma poitrine était sensible et je fus horrifiée de voir des poils noirs me pousser sous les bras et entre les jambes. Les femmes de chambre et les filles de cuisine avaient des poils à ces endroits-là mais, sur elles, cela paraissait naturel. Joli, même.
À la fin de la journée, Nena renvoyait certaines filles à leur plan de travail parce qu’elles avaient oublié de bien nettoyer quelque chose.
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Les récoltes avaient toujours lieu en été, quand la terre est bien sèche. La rivière se tarissait, les routes craquelaient, l’eau avait un goût de terre. Mais les cannes restaient vertes et épaisses, leurs feuilles longues et coupantes comme des machettes. Marcher dans un champ qui n’avait pas encore brûlé, ce serait comme affronter un millier d’hommes. On serait découpé en morceaux. Ou mordu et tué par un serpent venimeux.
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Si l’incertitude est indissociable de la passion, c’est tout le contraire pour l’amour d’une mère : il ne flanche jamais, n’est soumis à aucune condition, n’exige pas un amour équivalent en retour. On peut même se payer le luxe de repousser l’amour d’une mère car on sait qu’il ne disparaîtra pas, quels que soient notre indifférence ou notre mépris. C’est comme l’air que nous respirons – nous oublions qu’il existe et qu’il est essentiel à notre existence.
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Je savais comment on faisait les bébés ; pour un enfant qui grandit à la campagne, rien n’est plus naturel que le sexe. J’avais vu le vieil Euclides accoupler ses ânes. Les garçons d’écurie pariaient sur le nombre de fois où l’ânesse repousserait l’âne avant que ce dernier ne parvienne à ses fins. J’avais vu des boucs s’uriner dessus avant de saillir une brebis et des coqs se battre jusqu’au sang pour une poule. Mais que le senhor Pimentel – bronzé, musclé, élégant – puisse faire la même chose à la senhora Pimentel me répugnait. Pas étonnant qu’elle se meure.
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Enfant, on se donne complètement. On accueille en nous nos premiers amis, nos premiers amoureux, nos premières chansons, pour qu’ils fassent partie de notre être, sans réfléchir aux conséquences ou au fait qu’ils nous marqueront à vie. C’est une des merveilles de la jeunesse, et un de ses fardeaux à la fois.
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Pour Graça, chanter était aussi naturel que de respirer. Pour moi, c’était comme tenter de soulever un sac de trente kilos de sucre au-dessus de ma tête – quelque chose que je pouvais, à la longue, réussir à faire, mais avec beaucoup d’entraînement et d’efforts. Ce qui ne me découragea pas. La petite fille de douze ans que j’étais ne se souciait pas du fait qu’on puisse avoir un talent brut, un don naturel, ou des cordes vocales mieux fabriquées que les miennes – comme celles de Graça. Il me semblait naturel au contraire que je doive travailler le chant et pas Graça – après tout c’était une Demoiselle, et les Demoiselles n’avaient jamais à faire d’efforts. Moi, j’avais grandi avec l’idée qu’on n’a rien sans rien.
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Nous avons tous les mêmes parties du corps : lèvres, dents, langue, palais, qui se prolongent dans notre gorge par une série de petits muscles couverts de mucus. Nous inspirons, l’air percute les petits plis de ces muscles, ils vibrent et produisent un son. Si on a de la chance, on émet un chant. Bien entendu, c’est plus compliqué que ça ; nous avons peut-être tous les mêmes organes, la même capacité à sortir un son, mais toutes les voix ne se valent pas.
Pour Graça, chanter était aussi naturel que de respirer. Pour moi, c’était comme tenter de soulever un sac de trente kilos de sucre au-dessus de ma tête – quelque chose que je pouvais, à la longue, réussir à faire, mais avec beaucoup d’entraînement et d’efforts. Ce qui ne me découragea pas. La petite fille de douze ans que j’étais ne se souciait pas du fait qu’on puisse avoir un talent brut, un don naturel, ou des cordes vocales mieux fabriquées que les miennes – comme celles de Graça. Il me semblait naturel au contraire que je doive travailler le chant et pas Graça – après tout c’était une Demoiselle, et les Demoiselles n’avaient jamais à faire d’efforts. Moi, j’avais grandi avec l’idée qu’on n’a rien sans rien.
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Rien, dans ma vie, n’était assuré, et rien ne m’appartenait en propre. N’était-ce pas alors incroyable que, en dépit de la précarité de mon existence, de la violence et de la brutalité qui menaçaient de m’étouffer à tout moment, j’aie connu la beauté d’un moment de grâce à travers la musique ? Et personne ne pouvait me la retirer. C’est ce cadeau que nous a fait, à Graça et à moi, la musique cette nuit-là, et toutes les nuits qui ont suivi : nous avions quelque chose qui nous appartenait et que nous chérissions, et nous pouvions le partager toutes les deux.
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J’appris plus tard à identifier ce sentiment : c’est le regret. Mais là, j’avais douze ans, et j’en vins à croire que j’étais très malade. La musique avait déclenché ce mal, mais elle en était aussi le remède. Assise au bord de mon fauteuil en velours rouge, je me persuadai que mon état était grave – dès que le concert serait terminé, dès que la musique s’arrêterait, je mourrais.
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« Où est mon destin ?
Où est mon foyer ?
Ne trouverai-je jamais ma place dans ce monde ?
Serai-je toujours toute seule ? »

J’eus l’impression qu’une main m’enveloppait le cœur. Et à chaque nouvelle note, la main se resserrait davantage.
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