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Citations de Franck Venaille (173)


L'Escaut enfin doré ! Les écailles du soleil qui
accentuent encore le bruit de l'eau et des moteurs

L'Escaut enfin doré ! Où boivent les chevaux on
ramasse à mains plaines ce que je nomme leurs

tresses Quoi ! Serais-je passé là autrefois quand cette
terre plate m'était promise il me semble!

Et dans les prés les abreuvoirs font pourquoi pas rêver
de ce nom: Antwerpen! Devant le fleuve doré
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La Guerre d’Algérie
  
  
  
  
Alors on les attrape On les agrippe et on les hisse Avec les autres il va rouler tête contre tête dos contre dos tassés serrés dans la terrible haleine de la nuit maure au milieu des jurons tout cela sent la sueur et le mauvais café Tout cela pue la peur et de terribles envies de tuer tandis qu’ils roulent traversent des villages, pistes pourries, chacun son arme entre les jambes sur les genoux décomposés les mecs à cause des mines des embuscades comme on a scrute la nuit pourrie ! Il arrivait qu’ils roulent des heures oui cela arrivait Elle conduisait silencieuse et dure oh ce jour brique sur la mer et les premiers vélos vers usines rouges
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Opéra Buffa
  
  
  
  
Il fit connaissance de la douleur !
Bien sûr, il ne s’attendait pas à ce qu’elle eût ce visage.
Mais il ne découvrit en elle rien qui l’effrayât,
qui évoquât Eros qu’il fuyait désormais.
Je veux dire : rien !
Pas même ces traits, ces attitudes, ces regards tes qu’ils sont
décrits dans quelque livre.
C’était une pauvre gamine.
Elle dit : « Je suis venue vous livrer le nom de vos nouveaux
ennemis. » C’est ce qu’elle dit en premier.
Elle lui dit cela. Il en fut satisfait.
Ainsi, de nouveau, il allait pouvoir se battre !
C’était une pauvre gamine.
Il eut de la tendresse pour son air hagard.
Sans beaucoup de formes.
« De nouveaux ennemis », lui dit-elle. C’es cela qu’elle lui
annonça en premier. Elle le lui dit.
Il se créa un silence. Quelque chose de morne. Il aima.
Oui !
La gamine sans forme affirmées.
Quelque chose comme une attente !
« Voulez-vous connaître leurs noms ? », dit-elle. Dit l’enfant
qui n’avait en elle rien d’étrange.
Il ne sut quoi répondre.
Elle dégrafa sa robe. Entre le tissu et la peau il ne distingua
rien. Simplement elle lui tendit quelque feuillets qu’elle
tenait cachés sous l’aisselle.
Il distingua un nom. Il blêmit. Il.
C’est ainsi qu’il fit la connaissance de la douleur.
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La Procession des pénitents
  
  
  
  
BAS-RELIEF À L’ORPHELIN

Mise en joue la mort bien droite
ses yeux blancs bandés de lin
devant tous à la panique
à l’effroi devant nous
cède
on n’en revient pas !
ah ! quel esprit de revanche anime la petite troupe
jusqu’alors
jusqu’ici
aux bêtes d’abattoir semblable
mise en joue la mort soudainement voûtée
s’incline
s’incline
et l’enfant de l’unique mère
vomit là : sur les habits de deuil.
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Douleur mère des hommes
  
  
  
  
mais tout ramène à Elle qui me pourchasse et me précède Douleur mère des hommes Douleur quotidienne imprévue impromptue injuste la malveillance prodigue de ses armes Celle qui fait plier maudire Qui m’empêche d’être avec qi combat La voici qui s’installe s’accroche Lourde douleur humaine Tragique Tenace N’ai-je pourtant pas déjà payé mon dû et plus que lui encore N’ai-je donc aucun droit à ce repos ce calme cette halte Ne me traverse pas de tes images Ne me harcèle pas de ta musique lancinante Je suis fatigué d’avoir mal J’ai trop marché Trop dit que cette fois-ci je ne dépasserai pas ce seuil Faudra-t-il donc toujours ruser t’implorer Et quel est donc ce point qu’il me faudra atteindre Déjà j’habite une caserne sans âge où respirer me coûte tant où respirer me coûte tant –

atteste de quels combats Quel drame Quelle vie Douleur un cendrier aux trois quarts plein
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Dis pourquoi tu pleures…
  
  
  
  
– et suis triste amen On me dit triste Les mots que je ne prononce pas Les phrases tues au nom de la pudeur Et les rires stoppés Les grands élans du cœur et ceux de la tendresse Voici mes mains Mes os Mes muscles arrachés jetés sur l’étal de la vie quotidienne Et je suis cet enfant qui pleure dans le noir Pourtant mon beau jouet en peluche respire contre mes hanches mais entre nous déjà l’angoisse tire sa toile Pose sa bouche lasse sur mes tempes N’éteignez pas N’éteignez pas l’ampoule modeste la petite lueur l’espoir l’espérance indécise qui vacille déjà N’éteignez pas hurlait l’enfant dans son lit triste Et me voici adulte – matricule léger – au pavillon des incurables de l’âme –


parlé Souffert Aimé Tandis que dans la ville tant de fois violée
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C'est une belle journée qui s'achève
Peut-être aurions-nous pu mieux faire
partie du monde
nous jeter dans les herbes naissantes
et modeler de chers visages avec la sobre
terre peut-être aurions-nous pu mieux mériter
notre place
mais déjà la fatigue chasse l'émerveillement
déjà le chant du bouvreuil est couvert par l'écho de la ville.
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«  C’est une belle journée qui s’achève
Peut être aurions- nous pu mieux faire
partie du monde
nous jeter dans les herbes naissantes
et modeler de chers visages avec la sobre
terre peut être aurions - nous pu mieux mériter
notre place
mais déjà la fatigue chasse l’émerveillement
déjà le chant du bouvreuil est couvert par l'écho
de la ville » .
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Ah que la vie, enfin, s’achève que tout reprenne la couleur d’autrefois. Je suis un homme-oiseau. Il m’arrive de voler au-dessus de cette ville. Ce que j’aime, le soir, c’est voir le car quitter la place principale et s’enfoncer dans les canaux. Il a deux yeux jaunes. Il transporte de la vie des destins cela lui arrivait de le prendre de rouler de ne s’arrêter qu’au plus lointain des. Alors elle se retrouvait. Elle disait que tout ceci était nécessaire. Il lui venait comme un avant- goût, divin ? Pourquoi ? Comment tout cela arrive-t-il ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mais avant d’être cet être-là j’ai dû c’est cela j’ai dû. Comprendre. Je suis un homme-oiseau. Je vous parle les ailes déployées mais à quatre heures du matin je foutrai le feu à ce. Vous savez, c’est drôle ce qui a pour nom habituel : la vie. Je suis là, dans cette chambre, le front contre les grilles à vous raconter cette histoire du petit jour. On boit. On se donne de la peine pour avoir l’air au moins normal. En fait à l’intérieur cela charrie des cubes des tonnes d’angoisse le sang ! Bon. Ce serait trop long à vous expliquer. » (La Guerre d’Algérie)
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Que pense-t-elle Que pense-t-elle de lui encore pleine de fous rires de projets Et quelle image emportera-t-elle dans ses rétines c’est un bon compagnon Oui tout finit dans le criaillement des oiseaux Le train La masse du train se fout de ses angoisses tout à l’heure il ne distinguera d’ailleurs plus qu’une main qui salue et/chante le vent/à un prochain week-end Tant pis s’il a envie de hurler comme autrefois sur les quais du métro avant qu’on ne l’enfermeferme D’ailleurs l’été est bien meilleur À ses côtés la femme l’observe dans sa beauté dans sa tendresse dans cet/quel mot encore/dans cet amour qu’elle porte à l’homme malade instable à l’homme du 5 novembre et des tasses de thé Ainsi autour de nous en nous plusieurs êtres rêvent s’aiment et se déchirent devant la mer blanche » (Caballero Hôtel)
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L'OFFRANDE

Tenant son bouquet à la main, elle vint.

À tous, elle offrit (bien installée dans le présent) : roseau des sables, jonc des dunes, élyme des sables. Tout ce qui avait permis autrefois de fixer le mouvement des dunes afin qu'elles n'envahissent pas la cité.

Je songeais à cette flore dont j'étais le maître au moment même où ailleurs, nous nous laissions glisser dans les canaux sans voix.

Tenant son bouquet à la main.

Nous n'avions que peu de choses à nous dire mais il me semblait bien que cela prendrait la totalité d'une vie. C'est peut-être le calme de la nuit sur l'eau qui nous amène à réfléchir sur notre condition. Parfois la rame heurtait le fond permettant que remontent à la surface des objets, concernés par la lente et élégante sortie nocturne.

Elle vint, malgré l'interdit qui touchait la totalité de la population soumise.

Sa démarche était bien la même que celle- animale - de la plage. Sa beauté éclairée d'une manière différente. Seule la qualité du silence l'emportait. Noir était ce bateau ! Noire fut bientôt la nuit qui nous ramena à la réalité noire.

Au loin, très loin, venant d'où ? une musique guerrière se fit entendre. Nous répondîmes par encore plus de silence. Se glisser sous les ponts !

S'arrêter contre un lampadaire en pleine lumière rose & là, boire de ce vin âpre de nos vignes.

Tenant son bouquet elle vint.

Ailleurs, on devait l'attendre, s'impatienter, perdre la face. Le bouquet, de sa manière un peu rude, l'embellissait encore. Faite pour le bonheur ! Et c'est ainsi que je me mis à fredonner un air de révolte chanté autrefois par les Partisans.

Tenant son bouquet de graminées elle vint jusqu'à moi.
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Suite royale pour corbeau solitaire
  
  
  
  
Comme il fera bon s’asseoir près d’une rivière modeste

(j’aime cela)

pour y dormir, y dormir comme en ce rêve païen que j’ai fait

écouter le chant profond des oiseaux d’eau.

La mémoire y règne avec l’arrivée de grands spectres populaires passés
                                          au talc pour la parade.

Ah ! Ce qui serait bien mais vraiment bien

C’est d’exiger que les monarques

(le chant étincelant de l’eau vive)

signent ce document sur lequel on lira, mais que lira-t-on ? sinon le nom
          de ceux qui, toute leur vie, mirent l’élégance au premier plan.

J’en fis partie, du moins le pensait-on du côté

de braves personnes.

Et tout autour de nous, le mystère entier, ce don des oiseaux nés ici.

Dites-moi que nous sommes comme tous les autres hommes.


                Rien que des humains
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La mort une fois mise en terre
il faudra tout recommencer
avec une autre.D’ailleurs
un cadavre
Je n’écris pas : nouveau
se tient déjà— derrière
la porte—Prêt.
C’est inscrit.
Ainsi
renaîtrons nous!
(je prends un exemple :)
âgé très âgé!
fati-Gué
par ces morts successives
Ne me demandez pas
d’où je sais tout cela.
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quand
arriveront-ils
de l’autre versant
les enfants ?

ce soir, peut-être !

dormiront assis
dans leurs lits royaux
ne m’ont pas parlé
ne m’ont pas même regardé
rien fait pour me plaire

comment repartiront-ils ?

par la plus large des portes
ouvrant sur la mer
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Les deuils de l’enfance sont lourds à porter je le sais
la tristesse n’est pas occasionnelle : c’est le socle de toute vie !
enfants regardez-moi qui suis du même monde ludique que
(regardez-moi bien)
le vôtre
je combats pour vivre
donc & donc !
ne me laissez pas debout, sous l’ampoule unique, dans ce couloir jaune
de long en large Ne
me laissez pas seul face à l’Éternel

qui pourrait rompre les digues et déverser sur
ville des millions de m3 d’eau-de-colère Je
suis prêt à vider la mer afin de ne pas voir cela & pour
apprendre comment le Très-Haut s’accommoderait d’
une serpillière pour essorer
tout ce que nous avons en tête (je veux dire dans la pensée) d’
inavouable
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Ce qui demeure.
Des sentiments jetés là, dans le bas de l’armoire.
Dans l’odeur tenace du passé.
Après tous ces jours & autant de nuits à veiller.
M’interrogeant sur cette forme de souffrance rarement mesurable.
Mais qui crie, là, en mineur, dans le bas de l’armoire mineure.
Et qui, c’est certain, a mal.
Que dire à ce qui geint au fond de ce meuble ?
C’est gai dehors, mais tristement l’intérieur.
Que dire à l’autre moi-même ?
Et que veut-il entendre, sentir, comprendre ?
La meute dans laquelle, à deux, on se choisit un lit pour deux.
Les passions contrariées.
Son corps souffrant

On marche dans la fêlure intime du monde
Ces soubresauts nés de la douleur primitive

Quelle est la voix qui le dira ? Quel sera
ce corps qui saura mener jusqu’à son terme la

Valse triste ? Une voix s’élève à l’intérieur
De nous-même – voix chère –exprimant ce qui s’

Apparente à l’expression de la plainte première
Je suis cet homme-là qui, tant et tant, crut aux ver-

Tiges et qui, désormais, dans la déchirure du lan –
gage se tient, regard clair, miné toutefois, blessé

Dans la fêlure du monde où les plaies suintent
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La descente de l’Escaut

L’eau Toute l’eau L’eau encore elle L’eau de
toujours suffira-t-elle cette eau à laver le

marcheur de ses fautes ? Dans un calme propre-
ment effrayant Le ciel et l’eau ne me dites pas

qu’ils vont s’absorber ! Que l’un et l’autre vont
copuler et, d’extase, se retourner, se vautrer, faire

pleuvoir ! Tout est si calme On n’entend que les
pas du marcheur à l’idée fixe : toute cette eau y
parviendra-t-elle ?

Du vaste paysage autrefois immergé s’
Élève une plainte dont nul ne connaît l’origine

Exprime-t-elle ce que les hommes nomment : la
Douleur ? Dit-elle ce, qu’à eux-mêmes, se cachent

Les peupliers serrés comme autant de frères au-
Tour de la dépouille du père Et qui geignent !
Disant l’angoisse ancestrale des pays plats
devant la montée de l’eau Ah ! Tous ces arbres

Dressés à l’intérieur même du fleuve Que je ne
sais pas voir mais dont je sens la solitude

Tels les grands crucifiés à l’angle des plaines !
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Parfois les mots sont si ténusqu’il faut les chercher profondément les chercherFaire le vide autour de soiisoler ceux ayant déjà utiliséla quasi-totalité de leur pouvoir sur le mondeAlorsles survivants peuvent défilerse donner à qui, avec conviction, en fait la demande,« J’aime les tristes ! »dis-je avec ma voix d’oracleMot pour mot.
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Les vagues de la lagune

J’avance vers davantage de lumière
Les barques désormais
Sont vides
Elles ont accosté pleines de rires et chansons
Qui ne sont pas pour moi
Qui ne sont pas pour nous
Qui avons notre propre répertoire à crêpe noir ou satin rouge
Mais c’est la vie ordinaire qui exige, comment dire ? autre chose, de moins !

de plus !

J’avance
Ce que j’entends c’est le fracas de rames
Mêlé aux cloches catholiquement triomphantes
Ô comme nous sommes civilisés !
Nous qui avons pourtant tout à apprendre des vagues et de la régularité avec laquelle elles viennent se heurter au quai
Il me faut maintenant passer le pont
Atteindre la ruelle où sèche le linge
Ce lieu où le linge sèche
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Franck Venaille
« Je n’écris ni pour le plaisir ni pour passer le temps. J’attends de l’écriture qu’elle m’aide à être en paix. Mais je suis mon plus farouche, mon plus intransigeant lecteur. Je ne m’accorde jamais une circonstance atténuante. Je sais que l’on est jugé à la fois sur ses livres mais également sur la manière dont on dirige sa vie. » (C’est nous les modernes)
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