Pas assez crié dans ma vie.
Pas assez hurlé !
Que cela se déchire, là-dedans, en pleine poumonerie.
Ce qu’il faut c’est bien regarder à l’intérieur de soi.
Le cri vient vite dès que les images se font plus nettes.
Las ! Pas assez.
Pas assez crié à la mort.
Hurlé oui.
Mais pas assez.
Je vous en conjure : criez pendant qu’il est temps encore.
D’amour je me suis brûlé…
D’amour je me suis brûlé
D’amour encore me voici
Touché en plein cœur Je
Voudrais être une nouvelle
Fois celui qui de sexe et de
Cœur tant vous aima nue
D’amour me voici brûlé
Parfois les mots sont si ténus
qu’il faut les chercher profondément les chercher
Faire le vide autour de soi
isoler ceux ayant déjà utilisé
la quasi-totalité de leur pouvoir sur le monde
Alors
les survivants peuvent défiler
se donner à qui, avec conviction, en fait la demande,
« J’aime les tristes ! »
dis-je avec ma voix d’oracle
Mot pour mot.
Ça !
C’est cela c’est cela, ça, ça, ça !
Cela s’est passé sous le pont du chemin de fer.
Là où les trains freinent, repartent puis tanguez tango, crissent et grincent.
Un homme courait dans le couloir d’un wagon sans âme, il court sur la moquette usée. Il est là. A courir à l’intérieur même de ce train.
Poursuivi par qui ?
Et quel est son nom ?
On dirait qu’il court également à l’intérieur de lui-même.
Qu’il se dédouble. Et devient son propre frère.
Le train freine et s’arrête. Choc !
Dehors une voix quasi inaudible donne semble-t-il une liste de noms de gares
On dirait qu’il s’agit d’une halte imprévue.
Cela s’est déroulé ainsi dans le passé.
Désormais je vais pouvoir m’exprimer au présent.
Et je dis que la mer du Nord me manque. J’en fais l’aveu public. Je parle calmement, nous ne sommes pas dans la période des transe n’est-ce-pas !
C’est cela c’est cela, ça, ça, ça.
QUELQU’UN, QUELQUE PART
ce n’est pas la chose elle-même qui provoque la peur
mais ce qui l’annonce
fourberie - stratagème - perversité -
voilà les mots à combattre
à combattre
tandis que l’on fait semblant d’avoir le goût du bonheur
inné ce qui fait rire par vagues
pourtant ce n’est pas la chose en soi qui pèse si lourd sur nous
mais les artifices qui la précèdent
et qui peuvent durer toute
toute une longue vie ; quelle carrière !
ainsi quelqu’un, quelque part, se prépare-t-il
il est raisonnable de l’écouter non pas se plaindre
(pas de plainte !)
mais de l’entendre s’interroge sur la légitimité de la présence de ça parmi nous et cela sans élever la voix
oui, n’est-il pas naturel cet acte de révolte ?
ainsi quelqu’un, quelque part souffre
je répète quelqu’un - quelque part - souffre
me recevez-vous ?