Citations de François-Marie Banier (40)
On ne peut avouer que ses parents sont pauvres qu'à une condition : qu'ils mènent une vie de pauvres, et qu'ils ne la ramènent pas. Mais nous, pas question de faire les modestes. (...) Vivre au-dessus de leurs moyens, l'unique façon de supporter les jours fades. On étouffe derrière ces paravents, sous ces commodes, ces candélabres, ces capitons. (p. 107 / Folio, 2012)
Même dix ans trop tard, elle a emmené son fils au square. Plus tard il ne pourra pas lui reprocher d'avoir manqué d'affection, de tendresse, de présence. Qu'elle se rassure : je n'ai manqué de rien, puisque je l'ai presque toujours trouvé ailleurs. (...) L'amour, j'en prends un peu partout, j'en donne à tous- sauf à mes parents (...) (Folio, 2012, p. 86)
Mourir, le temps est si long. Entre mes doigts toutes les pendules s'arrêtent, que je les démonte ou pas. Je les regarde peut-être un peu trop souvent. Mourir pour sortir de ce quartier raide, froid, cher, absurde. Etre enfant à Montmartre. (...)
J'ai regardé d'assez près: c'est escarpé, provincial. (...) être enfant à Montmartre, c'est voir tout de haut : la tour Eiffel, une plume; l'Arc de Triomphe, un cube; les Invalides, quelques wagons posés en dehors des rails d'une gare pour rire. (p. 103 / Folio 2012)
Il n'y a que ça dans la vie ! Il faut que tu découvres toi-même de quoi sont faits les êtres : où est leur mystère. Où sont leurs grandeurs. Et là où le bât blesse. Voilà les deux pôles. (p. 44)
Mes parents ne vont jamais acheter dans le haut : c'est nouveau riche, plaqué, chiqué , trop cher. les gens du haut ne fréquentent pas ceux du bas. Nous, comme nous sommes juste au milieu, les mieux placés pour juger les uns et les autres. (p. 12 / Folio, 2012)
Banier est un être insatisfait et irréconcilié, enivré d'une lucidité dérangeante. --Ernesto Sabato (p. 8)
L'autre éternel de Martin d'Orgeval
Oeuvres d'une vie, prises dans la vie, parlant de la vie, les photographies de François-Marie Banier expriment tour à tour, ou quelquefois mêlés, le sublime, le dérisoire, le burlesque, le tragique, l'ironie, la joie, la mélancolie, le temps qui passe, le temps qui vient. " Visages, démarches, allures, couples, solitudes, sont poèmes manifestes, écrit-il. Le photographe les publie."
S'effaçant devant ses modèles, Banier fait de la photographie une histoire personnelle sans jamais dire "je". (p. 13)
Saviez-vous que la photographie donnait aussi la parole aux objets ? Elle accorde à leur impuissance une sorte de sourire, comme à tout ce qu'elle touche.---François-Marie Banier (p. 337)
Dire que, depuis que je suis né, j'accumule des preuves. mais de quoi ? --François-Marie Banier (p. 341)
Parler d'écriture, ici ? L'écriture est aussi vicieuse que la photographie. Elle n'apparaît derrière le style, derrière nous, que lorsque c'est fini. -- François-Marie Banier (p. 338)
Tout ce que l'on découvre à chaque fois que l'on regarde une photo n'appartient qu'à vous. Le temps est arrêté, décrit, les faits sont là et, dans un léger flottement, la photo tout à coup déborde. On y ajoute tout ce qu'on ignorait du personnage et de soi-même : nous avons vécu entre-temps. La photo vit, nourrie de cette vie supplémentaire qu'elle nous suggère; et de celle que nous lui imposons. - François-Marie Banier (p. 337)
A la Closerie des Lilas, elle lui a dit : "Tous les gestes que l'on fait dans la vie comptent, même ceux qu'onn'a pas voulus." (p.64)
L'enfer, c'est la présence infinie du temps mêlée à l'espérance de la fin du temps.
Les rendez-vous avec notre passé sont les seuls auxquels on peut se rendre sans risque d'attendre.
On ne peut pas vivre avec toi. Tous les moments de la vie, tu les transformes, tu en fais autre chose que ce qu'ils sont, que ce qu'on souhaite. Tu es invivable. Je ne sais pas, même, si tu ne portes pas malheur. Il faut s'éloigner de toi. Au plus vite. Il ne faut plus croiser ton regard. Et déjà tu me fais peur. (p.121)
François pense que dans la vie chacun doit jouer un rôle : alors pourquoi pas celui-là ? D'autant plus qu'il ressemble vraiment à Olivier. François ne fera pas attendre les Lasserre. Donner l'illusion qu'il a le choix serait cruel et faux. On ne rencontre pas tous les jours un mort qui vous va. (p.85)
Je suis fait pour toi, je suis pétri de toi, de ta chair. Mais ce n'est pas possible ! Cécile, je t'aime ! j'ai mal. Tue-moi puisque je t'aime ! tue-moi ! je veux mourir. (p.35)
A chaque explication, Olivier redoutait que l'on se moquât de lui. Il avait peur d'être le seul à voir l'herbe verte, comme si la couleur changeait pour les grands. (p.22)
Cécile n'avait aucun principe : "Je prends le temps comme il vient", disait-elle, sans se poser de questions. Olivier était l'inverse, l'inverse de sa soeur. L'inquiétude même, le doute. (p.22)