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Critiques de François Noudelmann (45)
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Édouard Glissant. L'identité généreuse

Le philosophe François Noudelmann, proche de l’écrivain antillais Edouard Glissant, mort en 2011, propose de celui-ci une biographie sous le signe de l’insatisfaction.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Édouard Glissant. L'identité généreuse

Jolie biographie qui alterne les chapitres chronologiques et les récits des souvenirs de Noudelmann qui a souvent côtoyé Glissant les douze dernières années de sa vie. On apprend, outre le parcours du poète et les intellectuels qu'il a fréquentés, qu'il a raté le Nobel à une voix près... on apprend aussi ses colères, ses désirs et ses ambitions, ses indéfectibles défauts... comme si l'on s'était rapproché de lui.
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Édouard Glissant. L'identité généreuse

Une biographie qui use de procédés romanesques pour réhabiliter la dimension sensible de l’œuvre d'Édouard Glissant.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'entretien du monde

L'écriture de Noudelmann rejoint l'excellence de celle de Glissant dans un entretien qui semble n'avoir qu'une seule voix - une sorte de monologue inter-glissantien. Ce qui est toujours bouleversant chez Glissant est que sa pensée se contredit elle-même, et Noudelmann pose chaque fois les questions follement justes et pertinentes, dont on se dit qu'elles vont chaque fois ébranler la pensée du tremblement de Glissant, parce que la question est impertinente et tout à la fois parfaitement dans le ton, pointant pourtant une incohérence flagrante - d'où Glissant se tire chaque fois par une autre dérive plus ou moins satisfaisante, mais chaque fois, comme le reste de sa pensée, éperdument juste : et c'est cela le plus convaincant chez Glissant : tout en n'étant pas théoriquement recevable, sa pensée convainc immédiatement et spontanément et absolument... Une pensée humaine peut-être, qui refuse le système, les dogmes et les principes, aboutie autant que faire se peut - et dont on saisit qu'elle doit rester un rêve, une manière de perspective, une visée... C'était un soir dans un restaurant thaïlandais, dont la cuisine se marie à merveille à la pensée de Glissant, au point qu'on ne sait plus si la cuisine a rendu l'écriture exquise ou bien l'inverse... à moins que ce ne soit les deux... un moment d'harmonie parfaite, un soir, quelque part dans le monde...
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L'entretien du monde

Mondialité et processus de créolisation



Je ne saurais rendre compte de toute la richesse des dialogues, mes connaissances dans le domaine philosophique étant trop parcellaires. Je me contenter de souligner quelques analyses et développements de la pensée d’Edouard Glissant.



Avant d’expliquer la notion de mondialité, l’auteur analyse la globalisation, « la globalisation est une réduction à l’uniformité par la base, et toute humanité réduite à une uniformité par la base est une humanité infirme ». Il refuse de lutter contre cette globalisation par la revendication « des qualités spécifiques et de la particularité », par un principe d’enfermement. Il met au centre de sa pensée la relation, « La mondialité est le sentiment imaginaire que l’on ne peut multiplier les diversités qu’en les mettant en relation les unes aux autres ». Il précise : « dans un système de relation, il n’y a pas lieu de dépasser tous les particuliers ; il y a lieu de les mettre en contact dans des conditions d’égalité, de justice et d’équilibre »…



Mondialité et archipel, « l’une des caractéristique de l’archipel, c’est que vous pouvez le parcourir et qu’à un certain moment, vous puissiez vous trouver à un point de cet archipel sans être dans tout l’archipel, sans que ce soit gênant », politique decentrée, discontinuité, « la pensée de l’archipel est une pensée tremblante »…



L’auteur insiste sur l’étranger, « l’étranger, c’est celui dont j’ai besoin pour changer en échangeant, tout en restant moi-même », la créolisation, « La créolisation c’est la réunion d’éléments culturels absolument hétérogènes les uns par rapport aux autres sans domination », l’indépendance dans l’interdépendance…



L’auteur aborde, entre autres, les lieux fermés « comme constituant en soi une unité fermée et close », la balkanisation des Caraïbes par les colonisateurs, l’inattendu et l’imprévisible, l’imprédictible, l’universel, « L’universel est une espèce de méli-mélo où tout le monde s’indiffère l’un par rapport à l’autre », les langues comme interfaces des imaginaires de l’humanité, le jazz, « le jazz est un art de la trace, c’est-à-dire que ce n’est pas un art littéral, ce n’est pas un art analogique », l’historicisation de l’espace et la notion d’espace-temps, la citoyenneté comme lieu commun de la relation, l’esthétique, la mémoire, les singularités historiques, la responsabilité « de ce qui se passe maintenant » et non pour ce qui s’est passé avant…



Je souligne ses critiques de la filiation et son instance sur la digenèse, « l’origine est multiple », de la mondialisation, « on ne peut combattre les effets pervers de la mondialisation que par une poétique de la mondialité », de l’assimilation et de l’intégration, de l’identité, « les dimensions de son être ne pas réductibles à un seul enfermement », la tour d’ivoire de l’apartheid, de l’identité nationale, « La définition de l’identique se fonde souvent sur l’exclusion du différent et le rappel à des appartenances communautaires »…



D’autres analyses me semblent plus que discutables. Quoiqu’il en soit, il faut aussi reconnaître le pouvoir émancipateur de la langue du philosophe-poète. Ces conversations donnent à penser l’ouverture, les relations, les possibles… contre les figés de toutes sortes.



« Celui qui est à l’autre bout de l’infini de la relation est aussi proche de moi que celui qui est à coté de moi »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Le génie du mensonge

Des intellectuels célèbres ont développé et défendu des thèses contraires à leur comportement ou mode de vie. Ainsi, Jean-Jacques Rousseau a rédigé un traité sur l’éducation qui insiste sur le rôle du parent pédagoque, alors qu’il avait abandonné ses enfants. De même, dans "Le Deuxième Sexe" (1946) Simone De Beauvoir (1908-1986) analyse la condition féminine d’un point de vue biologique, à travers les mythes et les religions, dans les traditions, au sein de diverses civilisations, à différentes époques… et incite à l’émancipation de la femme, alors que sa correspondance avec Nelson Algren ("Lettres à Nelson Algren") révèle une femme acceptant par passion amoureuse des formes d’asservissement dénoncées dans son essai.

Noudelmann analyse et s’appuie aussi sur d’autres exemples, notamment ceux du théologiste Kierkegaard, et des philosophes Foucault (1926-1984) et Deleuze (1925-1995) pour évoquer les paradoxes de ces "génies du mensonge".



Cet essai n’a pas pour objet ou finalité de dénoncer des hypocrisies de ces personnages mais tente d’expliquer leurs apparentes contradictions. Selon Noudelmann, les éléments de vie personnelle apparemment paradoxaux de ces penseurs ont participé à la genèse de leurs constructions théoriques, par des processus psychiques qu’il tente d’expliquer (déni, théorie à construire comme une barrière ou une limite ou même un idéal...). Le propos est intéressant et les thèses de Noudelmann sont plutôt convaincantes, argumentées de manière détaillée. L’ensemble m’a cependant paru souvent complexe à lire, pas suffisamment synthétique. J’ai été très intéressé par les parties consacrées à Jean-Jacques Rousseau et à Simone De Beauvoir, mais ai été rebuté par celles consacrées aux auteurs que je ne connaissais que de nom (à tel point que j’en ai laissé passer quelques passages).



A lire si vous aimez la philosophie ou si vous vous intéressez particulièrement aux auteurs que Noudelmann a pris comme exemples. En revanche si vous recherchez un livre de vulgarisation sur ces sujets, choisissez d’autres ouvrages plus abordables.

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Le génie du mensonge

Le génie du mensonge touche un sujet essentiel de la vie de tout être qui cherche à éclaircir l’horizon de la vérité en se nourrissant des œuvres des autres penseurs.Chaque être ayant ses failles, ses contradictions, ses propres mensonges vous ne devez pas adopter sans critique la pensée d’un autre sous peine de vous perdre vous-même.



C’est le message en filigrane qu’essaie de nous faire passer François Noudelmann. La guerre intellectuelle, si elle est silencieuse, n’en est pas moins destructrice. Derrière un livre peut se cacher une véritable bombe psychologique.



Comme nous en parlions il y a peu dans Pourquoi partir du principe que personne ne détient la vérité fait gagner du temps, aucun « maître à penser » n’est infaillible, ce sont même avec leurs airs confiants qu’ils peuvent être les pires perturbateurs d’esprits car leur pensée troublée contamine la nôtre.



Comme le pensaient les amérindiens, la guerre psychologique est la plus importante, elle fait et défait les êtres. C’est pourquoi il faut lui prêter une grande attention.



Découvrons ensemble avec François Noudelmann comment… (critique suivie d'une interview de l'auteur)
Lien : http://www.ca-se-saurait.fr/..
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Le toucher des philosophes : Sartre, Nietzs..

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



Comment l'émotion, le corps, le toucher sont-ils vécus par ceux qui font profession d'abstracteurs ? s'interroge le philosophe François Noudelmann. Comment sont-ils affectés par la pratique musicale, dans cette « subjectivation où se jouent les réglages et les déréglages d'une relation au réel » ? Une activité révélatrice qui met en jeu, explique l'auteur, un autre langage, l'imaginaire des affects, de nouvelles formes de temporalités. À travers ces vibrations de pensées, de rêves et de désirs, le piano favorise l'émergence d'un style. Comment développer la question du toucher quand le piano la met à l'épreuve ? Amuseur et déchiffreur, le toucher de Sartre oscille entre le raffinement et la gaucherie. S'il commente Xenakis, il adore jouer chez sa fille les Préludes de Chopin. Mais c'est un air de jazz, Some of These Days, qui sublime le désenchantement de Roquentin englué dans le monde.

Philosophe-artiste, Nietzsche pleure d'émotion en jouant des mazurkas. Le morceau de Chopin qu'il préfère est la Barcarolle en fa dièse majeur, qui reproduit le balancement des barques vénitiennes. L'Italie lui est rendue. Voici ses antidotes : l'opéra de Carmen, l'amour de Lou Salomé, l'écriture de Zarathoustra, quand le chant du bel canto crée un autre rapport à la terre et au monde, dans la limpidezza de l'air méditerranéen. Noudelmann montre comment la musique commande ces métamorphoses : Nietzsche qui marche, compose, désire, s'exalte, écrit, possédé par une extrême sensibilité musicale dont le piano constitue le marteau-diapason.

Passionné de Schumann, Barthes trouve dans la musique la suspension de tous les pouvoirs. La pratique du piano est un ethos, le style de vie d'une subjectivité mouvante. Gaucher, Barthes interprète Schumann en opposant à la maîtrise technique le fragmentaire, le caprice. Avec, toujours, le rapport amoureux à ce qui est perdu.

Dans cet engagement décollé du politique et du discours théorique, se construisent des pulsations, des tempos et des frappes inédits. Une disponibilité imprévue de la peau, des nerfs, des humeurs. Leur rapport à la musique découvre l'autre visage de ces écrivains penseurs : « L'unité du moi est une construction qui masque des dissonances et des rythmes intimes avec lesquels nous ne cessons de composer », écrit à merveille Noudelmann. À les suivre au piano, il nous fait découvrir la part de scrupule et d'invention, de contrainte et de fuite qui est en chacun de nous.
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Le toucher des philosophes : Sartre, Nietzs..

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



Comment l'émotion, le corps, le toucher sont-ils vécus par ceux qui font profession d'abstracteurs ? s'interroge le philosophe François Noudelmann. Comment sont-ils affectés par la pratique musicale, dans cette « subjectivation où se jouent les réglages et les déréglages d'une relation au réel » ? Une activité révélatrice qui met en jeu, explique l'auteur, un autre langage, l'imaginaire des affects, de nouvelles formes de temporalités. À travers ces vibrations de pensées, de rêves et de désirs, le piano favorise l'émergence d'un style. Comment développer la question du toucher quand le piano la met à l'épreuve ? Amuseur et déchiffreur, le toucher de Sartre oscille entre le raffinement et la gaucherie. S'il commente Xenakis, il adore jouer chez sa fille les Préludes de Chopin. Mais c'est un air de jazz, Some of These Days, qui sublime le désenchantement de Roquentin englué dans le monde.

Philosophe-artiste, Nietzsche pleure d'émotion en jouant des mazurkas. Le morceau de Chopin qu'il préfère est la Barcarolle en fa dièse majeur, qui reproduit le balancement des barques vénitiennes. L'Italie lui est rendue. Voici ses antidotes : l'opéra de Carmen, l'amour de Lou Salomé, l'écriture de Zarathoustra, quand le chant du bel canto crée un autre rapport à la terre et au monde, dans la limpidezza de l'air méditerranéen. Noudelmann montre comment la musique commande ces métamorphoses : Nietzsche qui marche, compose, désire, s'exalte, écrit, possédé par une extrême sensibilité musicale dont le piano constitue le marteau-diapason.

Passionné de Schumann, Barthes trouve dans la musique la suspension de tous les pouvoirs. La pratique du piano est un ethos, le style de vie d'une subjectivité mouvante. Gaucher, Barthes interprète Schumann en opposant à la maîtrise technique le fragmentaire, le caprice. Avec, toujours, le rapport amoureux à ce qui est perdu.

Dans cet engagement décollé du politique et du discours théorique, se construisent des pulsations, des tempos et des frappes inédits. Une disponibilité imprévue de la peau, des nerfs, des humeurs. Leur rapport à la musique découvre l'autre visage de ces écrivains penseurs : « L'unité du moi est une construction qui masque des dissonances et des rythmes intimes avec lesquels nous ne cessons de composer », écrit à merveille Noudelmann. À les suivre au piano, il nous fait découvrir la part de scrupule et d'invention, de contrainte et de fuite qui est en chacun de nous.
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Les Enfants de Cadillac

Un premier roman et réflexions splendides, "Les enfants de Cadillac" de François Noudelmann.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Les Enfants de Cadillac

Parution en poche en ce mois de mars 2023 qui m' a permis de découvrir une petite pépite de lecture.

Cet auteur reconnu pour ses essais philosophiques décide d'aborder et de partager le silence qui recouvre l'histoire de son grand-père et de son père et nous relater sa filiation intime.

Nous voilà face à son premier roman-récit, son témoignage bouleversant sur ses ancêtres.

Sans archives ni documents, son ambition est remarquable.

Le grand-père, Chaïm, juif de Russie, fuit les pogroms antisémites de début du 20ème siècle à bord d'une charrette pour se réfugier en France, pays de la liberté.

Il va s'engager comme patriote dans cette terre d'accueil dans le conflit de la première guerre mondiale.

Chair à canons comme beaucoup de français, il en réchappe mais "perds la tête" face à l'horreur vécue.

Il finira interné dans un hôpital psychiatre, à l'époque, lieu inhumain où sont oublié les revenus des tranchées.

Il meurt en 1941 dans un asile abandonné où les patients meurent de faim,

ils ne sont pas prioritaires en ce début de deuxième conflit mondial.

Son fils, Albert et père du narrateur, lui même soldat, va faire le chemin inverse, né en France, fait prisonnier, il passera cinq ans dans des camps dans l'est de l'Europe, région fuit par son père.

Récit des destinées humaines brisées par l'horreur des guerres mais en même temps hymne à la liberté.

Ne ratez pas cette introspection du petit fils, l'auteur François Noudelmann.









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Les Enfants de Cadillac

J'ai découvert "Les enfants de Cadillac" avant d'enchaîner sur "la France goy" : le point commun à ces deux livres, c'est le poison de l'antisémitisme qui a infecté la fin du 19ème siècle et la première moitié du 20ème siècle. Idéalement, il faudrait lire ces 2 livres dans l'ordre inverse pour réaliser comment les choses se sont déroulées : toutes les sociétés européennes ont été contaminées et c'est en Allemagne que la maladie a frappé le plus fort, même s'il faut se souvenir que la France n'est pas passé très loin de ce mal absolu.



Malgré ce passé tragique, il faut croire que nous ne sommes pas immunisés, car cette infection resurgit à intervalles réguliers comme le présente François Noudelmann dans la dernière partie.
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Les Enfants de Cadillac

A travers l'histoire de sa famille, François Noudelmann nous plonge dans cent ans d'Histoire, un témoignage, romancé au début avec l'histoire de son grand-père Chaïm et retranscrit pour celle de son père Albert, pour se terminer avec les questionnements de l'auteur sur notre identité. Est-elle généalogique ou se forge t-elle au hasard des rencontres et des opportunités de la vie ? Pour François Noudelmann qui a été élevé dans une famille où on ne transmettait pas, ce sont les rencontres qui font une personnalité. Mais lorsque une association pour la sauvegarde du cimetière des oubliés de Cadillac contacte l'auteur, celui-ci va faire des recherches et se "rapprocher" de ses racines familiales.



Chaïm Noudelmann, le grand-père de l'auteur, fuit les persécutions contre les juifs en Lituanie en 1911. Il choisit la France, le pays qui a défendu un juif Albert Dreyfus et peut-être aussi parce que ses moyens ne lui permettaient pas de traverser l'Océan pour aller aux Etats-Unis ? Pour être naturalisé français, il fallait s'engager dans la guerre de 1914, ce qu'a fait Chaïm. Touché par les gaz moutarde, il perd la raison et devient un "fou de guerre", interné pendant plus de 20 ans dans différents hôpitaux psychiatriques pour terminer se vie dans celui de Cadillac, village de Gironde, dans des conditions de soins déplorables, où les pratiques médicales et (in)humaines étaient malheureusement en usage à l'époque. Il obtiendra la nationalité française alors qu'il est interné, en 1927, mais reste oublié de tous, même par sa famille qui n'en parle pas. Chez les Noudelmann, on ne parle pas non plus de ses origines juives, par protection d'abord et par désir d'assimilation totale à la France.



Chaïm a un fils, Albert, le père du narrateur. Lui aussi va partir à la guerre, celle de 1939-1945, l'Histoire se répète. Blessé à l'oreille à cause d'une bombe, puis prisonnier de guerre en 1940, il est déporté en Pologne, dans des camps de travail, jusqu'à la libération. De cette période, Albert ne parlera pas non plus jusqu'à ce que l'auteur, son fils, lui demande de raconter sa guerre. Pendant plusieurs heures, il va raconter ces années au parcours rocambolesque où il ira de camps de travail en évasion, sera repris, se re évadera... Où il rencontrera amis et amours, modifiant son identité car dénoncé par des amis français pour une ration de nourriture supplémentaire, il doit cacher ses origines juives pour survivre.



Dans la 3ème et dernière partie du livre, l'auteur nous parle de lui, de la judéité, de son engagement politique, de son questionnement sur l'appartenance (ou pas) à une nationalité à une Culture, à une religion, de son effarement quand il a entendu dans une manifestation pour la paix, fin 2008, à laquelle il participait, les mots "Mort aux juifs", de ce que ce constat d'éternel recommencement a eu (ou pas) comme effet sur lui et sur la suite de son parcours.



Maintenant habitant aux Etats-unis, peut-être comme une continuité au parcours qu'aurait pu faire son grand-père en 1911, François Noudelmann a le recul d'un français à l'étranger pour réfléchir de loin à ce qui fait son identité et de façon plus générale à l'identité de tout un chacun.



Un récit philosophique, historique, sociétal, magnifiquement écrit par François Noudelmann, docteur en philosophie, nous amenant à une profonde réflexion sur ce qui fait notre identité.



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Les Enfants de Cadillac

L’auteur réfléchit à la manière dont s’est fondée dans sa famille la conscience d’être français. Ce qui, bien entendu, renvoie chacun à cette question. Sommes-nous réellement ce que nous pensons être ? Belle interrogation humaine.
Lien : http://www.psychologies.com/..
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Les Enfants de Cadillac

Avec ce premier roman François Noudelmann retrace le destin de sa lignée paternelle: Chaïm, son grand-père et Albert/Philippe, son père, tous deux menacés à deux périodes différentes par leur appartenance à la religion juive. Héritier de cette histoire, François Noudelmann décrypte leur relation ambigüe à la France et s'interroge sur son identité et les résurgences d'une forme d'insécurité dans son propre parcours.



Le récit dénué de poncifs psychologiques est d'autant plus percutant qu'il ne donne aucune formule magique et nous autorise ainsi d'y piocher ce qui nous parle. Bien sûr, il y a toujours ce fil rouge présent ces derniers mois dans mes lectures sur l'appartenance à un lieu mais aussi en filigrane un message fragile et peut-être dérisoire ou vain de la difficulté de se connaître soi-même et les raisons qui nous poussent à adopter certains comportements. Une lecture qui nous rend plus sensibles aux autres et à ce qui les constitue, plus indulgents et tolérants en quelque sorte et cette raison seule suffirait à la recommander.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Les Enfants de Cadillac

Avant de donner mon avis ( pour ce qu’il vaut), je m’autorise une digression : nombre d’auteurs français auraient-ils perdu le talent de savoir raconter des histoires qui ne soient pas issues de leur vécu, leurs racines, voire leur égo ?

Avec tous ces livres de rentrée littéraire d’automne qui nous évoquent à satiété un père, un grand-père, des origines ou une chronique familiale, force est de constater que notre littérature a perdu le goût de la fiction et ne s'appuie que sur la chose vécue.



François Noudelmann se place dans cette lignée d’écrivains à souvenirs et introspection familiale, sous couvert de réflexion sociologique, voire philosophique.

Du grand-père juif russe brisé par la guerre de 14/18, au récit quasi picaresque de son père prisonnier en stalag durant 5 ans, il visite ensuite son propre parcours, ses racines juives, son patronyme, l’appartenance à une lignée et une réflexion sur l’assimilation à un pays choisi ou pas.



L’ensemble est remarquable, agréable à lire, souvent documenté, très vivant.

Rien à dire sur la forme, remarquable écrit pour un premier roman (l’homme n’est pas docteur en philosophie pour rien !).



Je cale sur le fond, sempiternelle thématique qui s’invite de livre en livre dans la production de ce qu’on appelle roman et qui n’a rien de romanesque.

C’était le livre de trop …

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Les Enfants de Cadillac

Chaïm, le grand-père, a fui sa Russie natale en charrette pour trouver refuge dans la merveilleuse France. Il se bat pour elle en 14-18. Mais elle le laisse mourrir à Cadillac en 41, dans les conditions les plus terribles.



Albert, le père, donne 7 ans de sa vie à la France. Ces sept années sont une épopée incroyable, époustouflante, au milieu de l’indicible de la Seconde Guerre mondiale.



Francois, le fils, porte le poids de ces deux histoires, des Juifs désignés comme Juifs par des sociétés qui n’en veulent pas, mais des hommes avant tout qui tentent de survivre et de montrer qu’ils aiment la France.



François se souvient d’un temps où être Juif n’était plus un problème, un temps de mémoire et de repentir.

Ce temps est révolu. Le “mort aux Juifs” est à nouveau crié sur la place publique.



Entre le récit et la réflexion philosophique, François Noudelmann tente de donner un sens à la judéité, à la transmission familiale et à l’identité.

Il passe judicieusement par le récit captivant des vies de son père et de son grand-père pour arriver à son but.



C’est passionnant, bien écrit et la troisième partie, plus réflexive, demande d’être lue (voire relue (j’avais écrit « remue »)) très lentement pour en peser tout le poids.



Je constate que j’ai encore des choses à apprendre sur cette guerre. Je n’avais jamais entendu parler des fous de Cadillac. J’en suis atterrée.



Un roman essai passionnant et une plume sublime. Bravo!
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Les Enfants de Cadillac

Lecture du jour "Les enfants de Cadillac" de François Noudelmann. J'ai pris ce roman à la médiathèque car le titre m'a donné envie de découvrir ce que l'auteur avait à raconter sur l’hôpital psychiatrique de Cadillac où son grand-père est mort après vingt ans d'internement.

Finalement la majeur partie du livre est surtout axé sur Albert, le père du narrateur et sur la guerre de 39/45 lorsqu'il a été fait prisonnier. Juif, il va connaître les camps de travail et raconte à son fils l'incroyable histoire de ses évasions multiples car à chaque fois rattrapé et renvoyé à sa condition de prisonnier. Une histoire de deux générations d'hommes broyés par les conflits mondiaux 14/18 pour le grand-père Chaïm qui avait fuit la Lituanie et la seconde guerre pour Albert. Une quête d'identité pour ces hommes qui ont combattus pour la France, c'était le sésame pour Chaïm pour obtenir la nationalité française.

Un roman souvenir qui se termine à Cadillac par la restauration en 2020 du cimetière des oubliés de l'asile...
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Les Enfants de Cadillac

Énorme coup de cœur de la dernière rentrée littéraire. Plus attirée par le titre que par le résumé de l'histoire en quatrième de couverture je me suis laissée happer par ce récit familial. Il y a le grand-père Chaim fuyant la Lituanie et les persécutions envers les juifs. En roulotte il traversera l'Europe et posera ses malles en France où il sera mobilisé lors de la première guerre mondiale. Il ne sortira de cette expérience ni vivant ni mort, entre les deux, interné d'asiles en asiles car ayant perdu la tête et la raison suite à une blessure chimique. Puis il y a son fils Albert qui lui vivra la seconde guerre mondiale et ne s'en remettra jamais tout à fait. C'est la deuxième partie du livre. Le grand-père d'abord, le fils ensuite et enfin le petit-fils qui est l'auteur lui-même. Que de questionnements dans cette oeuvre sur l'identité, les racines, ce que c'est que d'être français, la généalogie.



Ce roman est une perle, tout simplement. Il se lit avec un grand plaisir malgré la noirceur des situations de chacun des protagonistes. L'écriture est belle et poignante, le propos fait réfléchir : une réussite.

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Les Enfants de Cadillac

Je suis toujours amusé, intéressé et sceptique quand un paléontologue croit reconstituer un dinosaure à partir de quelques osselets. François Noudelmann mène un projet encore plus ambitieux puisqu’il ne reste rien de son père et de son grand-père et quasiment pas de documents ou de souvenirs. Concernant Cadillac … les amateurs de voitures de luxe seront déçus, le Directeur de la Maison Française de New-York s’intéresse ici au cimetière girondin.



Chaïm, son grand père fuit l’empire russe et les pogroms antisémites du début du XX siècle, arrive en France, patrie de Dreyfus, et s’engage en aout 1914. Blessé, il perd la tête, devient violent, est interné à la demande de son épouse et évacué vers l’asile de Cadillac-sur-Garonne où il meurt en 1941 victime de malnutrition. Inhumé parmi les fous et non parmi les anciens combattants, le site internet qui recense ces morts précise « né en Israël » pays qui n’existait pas alors. Un projet d’aménagement a effacé les tombes et les défunts. Première partie passionnante car la folie est un aspect méconnu de la guerre.



Albert, son père conçu pendant la grande guerre, est appelé avec le contingent 1936 puis mobilisé, emprisonné, affecté à un camp de travail en Silésie, libéré par l’avancée des alliés, rapatrié et découvre que son épouse a refait sa vie … premier divorce, aventures diverses et enfin suicide. Deuxième partie sans grande originalité depuis que Francis Ambrière emporta le Goncourt en 1946 avec « Les grandes vacances » si ce n’est que le romancier peint les occupants en gentils organisateurs du Club Med et décrit les français en vacances (p 137) dans des lignes indignes d’un enseignant.



Le tutoiement père-fils, procédé littéraire employé, place le lecteur en spectateur, puis en voyeur lors des frasques de notre Albert, maquillé en Philippe, et finalement en gêneur pressé de s’éclipser.



La dernière partie m’a beaucoup plus intéressé. Interrogations sur ce qu’est un juif, un sioniste, un antisémite, un anti-sioniste. Longue Litanie (p 198) des français assassinés depuis 10 ans dans l’hexagone au cri de « Mort aux juifs ». Réflexions sur la place et le rôle des enseignants. Hésitations sur la transmission d’une culture ou des cultures et comparaison entre un regard français et un regard américain sur cette question. Une civilisation n’est elle pas un héritage transmis ?





François Noudelmann conclut en voyant en rêve son grand père monter dans une Cadillac décapotable pink, aux cotés d’Aretha Franklin, prolongeant ainsi un parcours débuté au siècle dernier avec la pitoyable charrette d’un émigré !



Hymne à la vie, à la liberté, à la culture française, ce premier roman est aussi la confession d’un Docteur en philosophie reconnaissant lucidement s’être trompé dans certains choix politiques. Un aveu courageux qui mérite d’être souligné.
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