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Critiques de François Noudelmann (45)
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Les Enfants de Cadillac

François Noudelmann raconte la recherche de ses racines à travers les portraits de son grand-père et de son père. Chaïm qui rendu fou par la Première Guerre mondiale est mort de faim dans l'hôpital psychiatrique de Cadillac, alors qu'Albert, prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, a connu une vie d'instabilité et a fini par se suicider. Deux vies, deux chemins de douleur dont le fait d'être juif a déterminé le tracé, souvent pour le pire.



Alors s'interroge François Noudelmann, c'est quoi être le petit-fils d'un juif des pays baltes qui a fui les pogroms pour terminer dans les tranchées du côté français. C'est quoi être le fils d'un juif qui comme son père a cherché l'intégration mais a dû affronter la folie nazie. C'est quoi être le descendant de ces deux hommes qui voulaient être français avant d'être juifs et pourtant ont été maltraités parce qu'ils étaient considérés surtout comme juifs.

La réponse est dans le livre. Elle n'est pas simple, car contradictoire, parfois agaçante, mais sans aucun doute authentique, réfléchie et instructive.

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Les Enfants de Cadillac

J'ai beaucoup aimé ce roman et je trouve qu'il répond bien à mes attentes car l'histoire est principalement basée sur l'histoire autour des juifs et de la guerre.

D'une part c'est un roman historique, basée sur des faits réels avec beaucoup de dates clés. Egalement, le narrateur utilise un style très réaliste un peu comme "Les Misérables" de Victor Hugo. Cependant ce style ne me plait pas beaucoup, de base je me concentre principalement sur des romans policiers. D'autre part, j'ai adoré la construction de ce roman. Le fait qu'il y ait un chapitre pour chaque personnage permet de ne pas se perdre pendant la lecture. François Noudelmann utilise trois pronoms différents pour raconter les histoires des de ses personnages. Mon personnage préféré est Chaïm car je l'ai trouvé très attachant et émouvant. Je me suis rendu compte au cours du roman que ce personnage ressemblait beaucoup a mon arrière grand mère qui était aussi une réfugiée des persécutions antisémites.

Je conseille cette oeuvre à tous les passionnés d'histoire, d'intrigues et d'épopées vous allez être servis !
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Un tout autre Sartre

Voici un excellent livre pour découvrir Jean-Paul Sartre. je connaissais évidemment le personnage mais peu l'homme. Cet essai permet d'approfondir la connaissance de cet être qui s'est créé une image bien différente de ce qu'il était réellement. L'analyse de différentes thématiques permettent d'en savoir plus mais sans pour autant ressentir de l'empathie, ni de me lancer à la découverte de son oeuvre.
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Les Enfants de Cadillac

L’auteur nous parle de son grand-père, son père, de sa vie, de leurs vies, des épreuves, de racines… puis des autres, de l’ironie de l’Histoire, des fous, des aliénés, de la recherche de racines, de pays, de naturalisation, d’ancrage, de guerre, de survie, d’hérédité.



On fait immédiatement la connaissance de Chaïm, juif balte, qui a fui les pogroms pour trouver une meilleure vie en France, dont il veut embrasser la culture, la nationalité et la terre. Lui, l’étranger, va se battre dans les tranchées pour honorer ce pays qui l’accueille… dont il devient un enfant bien après la bataille (les…). Pourtant sa vie n’est pas si belle ; gazé à la moutarde, son comportement inquiète sa femme, de 10 ans son aîné, et qui souhaite à tout prix protégé ses enfants du premier lit et leur fils (le père de l’auteur, donc)…

Alors, il va être soigné, dans un asile, ou quelles que soient les nombreuses dénominations ultérieures. Un fou, un déséquilibré, un homme perdu, enfermé à Sainte-Anne à Paris, puis à Cadillac en Gironde (le pire du pire) où il va mourir de faim (cachexie ; comme une certaine Camille Claudel quelques années plus tard… dans le Vaucluse), en mars 1941…

Lui qui a fui les pogroms, va finir sans histoire, car « les fous n’ont pas d’histoire » écrit l’auteur.

Petit à petit, François Noudelmann reconstitue l’itinéraire de son grand-père jusqu’à son inhumation dans le carré des fous, sans fleur, couronne et nom.

Puis, il nous conte l’histoire qui a manqué à Chaïm… son fils Albert, le père, qui a fui la lignée juive, l’absence de père, obstination d’être français et sa détention dans les mines de sel de Silésie… pour finir par son suicide…

Les passages sur Albert/Philippe sont intenses, plus graves, avec quelques bons mots de ce père taiseux, par choix et obligation, et aussi les années perdues en Allemagne entre privation, liberté, collaboration humaine et peur de la mort.



A force de silences, d’absences comblées comme il le peut, l’auteur poursuit l’héritage de ses grand-père et père, et confirme l’enracinement de sa famille, sauf qu’il est affranchi d’être français à plein temps…car entre judaïsme, la France, la vie, le poids du passé, les non-dits, les pertes et la justesse d’une vie, il peut s’interroger, refuser, accepter tout, ou rien. Il est détaché de ce poids, mais inconsciemment, Chaïm et Albert rôdent…

Le texte est fort, grave et nous interroge aussi sur cette irrépressible envie de remonter nos lignées, de savoir qui étaient nos ancêtres… sur l’antisémitisme, la conscience collective, ce dont nous avons hérité, les grandes joies et peines, sans en être conscient…

J’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture qui célèbre des figures familiales, mais surtout ces hommes et femmes abandonnés à la folie, à la guerre, à l’ignorance, à l’indifférence, à la cupidité de leurs soignants, à l’abandon de l’Etat, de la vie, de nous, les « moins fous » ou les moins « abîmés ».

Les dernières pages sont très fortes en émotion et ouvrent un débat avec soi-même.

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Les Enfants de Cadillac

Alors, parce que « les fous n’ont pas d’histoire », François Noudelmann s’emploie ici à reconstruire celle de Chaïm, son grand-père, tentant de reconstituer son quotidien d’aliéné, jusqu’à son décès et son inhumation dans « le carré des fous ».
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Les Enfants de Cadillac

Avec ce premier roman François Noudelmann retrace le destin de sa lignée paternelle: Chaïm, son grand-père et Albert/Philippe, son père, tous deux menacés à deux périodes différentes par leur appartenance à la religion juive. Héritier de cette histoire, François Noudelmann décrypte leur relation ambigüe à la France et s'interroge sur son identité et les résurgences d'une forme d'insécurité dans son propre parcours.



Le récit dénué de poncifs psychologiques est d'autant plus percutant qu'il ne donne aucune formule magique et nous autorise ainsi d'y piocher ce qui nous parle. Bien sûr, il y a toujours ce fil rouge présent ces derniers mois dans mes lectures sur l'appartenance à un lieu mais aussi en filigrane un message fragile et peut-être dérisoire ou vain de la difficulté de se connaître soi-même et les raisons qui nous poussent à adopter certains comportements. Une lecture qui nous rend plus sensibles aux autres et à ce qui les constitue, plus indulgents et tolérants en quelque sorte et cette raison seule suffirait à la recommander.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Les Enfants de Cadillac

Parution en poche en ce mois de mars 2023 qui m' a permis de découvrir une petite pépite de lecture.

Cet auteur reconnu pour ses essais philosophiques décide d'aborder et de partager le silence qui recouvre l'histoire de son grand-père et de son père et nous relater sa filiation intime.

Nous voilà face à son premier roman-récit, son témoignage bouleversant sur ses ancêtres.

Sans archives ni documents, son ambition est remarquable.

Le grand-père, Chaïm, juif de Russie, fuit les pogroms antisémites de début du 20ème siècle à bord d'une charrette pour se réfugier en France, pays de la liberté.

Il va s'engager comme patriote dans cette terre d'accueil dans le conflit de la première guerre mondiale.

Chair à canons comme beaucoup de français, il en réchappe mais "perds la tête" face à l'horreur vécue.

Il finira interné dans un hôpital psychiatre, à l'époque, lieu inhumain où sont oublié les revenus des tranchées.

Il meurt en 1941 dans un asile abandonné où les patients meurent de faim,

ils ne sont pas prioritaires en ce début de deuxième conflit mondial.

Son fils, Albert et père du narrateur, lui même soldat, va faire le chemin inverse, né en France, fait prisonnier, il passera cinq ans dans des camps dans l'est de l'Europe, région fuit par son père.

Récit des destinées humaines brisées par l'horreur des guerres mais en même temps hymne à la liberté.

Ne ratez pas cette introspection du petit fils, l'auteur François Noudelmann.









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Les Enfants de Cadillac

Sous le titre Les Enfants de Cadillac, on ne s'attend pas à trouver un tel livre... François Noudelmann, philosophe dont c'est le premier roman, écrit un récit sur la mémoire, l'identité et l'héritage, qu'il construit comme un devoir de philosophie, en trois parties, racontant d'abord l'histoire du grand-père Chaïm, juif de Lituanie qui rêvait de devenir Français, engagé volontaire pour la guerre de 14-18 et que le gaz moutarde a privé de sa raison ; puis celle d'Albert, son fils, marqué par la Drôle de guerre qu'il a subie de 1937 à 1945, déporté en Allemagne en tant que travailleur de force ; enfin, la propre histoire de l'auteur... ou plutôt ce qu'il a hérité de ces deux aïeuls.

(...)



Comment devient-on qui on est ? Certes, il y a le poids de la famille et du passé, mais aussi les rencontres (les gens, les livres, les expériences...). Malgré lui, François Noudelmann suit les pas de ce grand-père qu'il a retrouvé tardivement, à l'occasion de l'inauguration du cimetière des oubliés à Cadillac, en 2020. Dans la construction même du récit, on voit que les vies (Chaïm veut dire "les vivants" en hébreu), au sein d'une famille, se superposent. L'identité se construit par strates, qu'on en ait conscience ou non...

Les dernières pages bouclent la boucle de la mémoire, d'une très jolie manière, nous embarquant sur les routes américaines à bord de la Cadillac d'Aretha Franklin...

Un très beau livre sur l'identité et la mémoire généalogique.



L'article en entier sur Le Manoir des Lettres
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Les Enfants de Cadillac

Voici la vie de deux hommes, animée d’une écriture sensible, accompagnée de scènes poignantes. Chaïm fuit les persécutions en Lituanie et part en charrette vers la France, pays libre, en 1911. Engagé volontaire à la « grande guerre » il revient blessé gravement. Le gaz « moutarde » lui ronge la moitié du cerveau et le rend inapte à toute vie sociale. Il part à sainte-Anne et finit ses jours à l’asile de Cadillac. Son fils Albert s’engage lui, dans la « drôle de guerre », pour être aussitôt fait prisonnier, et connait lui aussi les persécutions anti-juives. François Noudelmann, fils et petit-fils des deux hommes, a mis du temps à revenir à ses racines. Instinctivement, il a recherché une plus grande liberté encore s’installant à New-York, puis Paris pour enseigner la philo. Il écrit là un premier roman saisissant qui insiste beaucoup sur la transmission de la mémoire. L’auteur évoque la vie chaotique de son père Albert qui a connu plusieurs camps de travail forcé, la prison, les humiliations, la peur et la faim durant quatre ans. Il arrive même à changer de nom pour échapper quelque peu à sa judéité. Il a bien compris que le nazisme veut effacer les « sous-hommes » La chance et la rage le font survivre, comme tous les hommes de caractère. Il connait des amours éphémères, mais garde un lien fort avec son fils, l’auteur, qui dévoile plus de douleur que de joie, mais aucun des deux ne regrette. Cette douleur, il la retrouve en visitant le cimetière de Cadillac, où repose Chaïm, en fosse commune. Fort heureusement, un juriste-historien a fait ériger un mur métallique, en gravant des milliers de noms de Poilus, rendus fous par le gaz « moutarde » ou simplement par l’horreur de la guerre. Un asile pour les fous, les protège-t-il assez ? Hélas, difficile. Enfin, Chaïm mérite bien que la France garde sa mémoire.

Dès qu’une vérité dépasse cinq lignes, c’est du roman, disait Jules Renard. Alors un roman réussi ressemble étrangement à la vérité.

Merci à François Noudelmann pour cette leçon d’humanité.

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Les Enfants de Cadillac

Un livre acheté à l'arrache dans une librairie en Bretagne …Une histoire qui déjà interpelle sur sa 4ème de couverture et qui m'a séduit …. L'histoire de ces deux personnages décrite par François Noudelmann nous transporte dans les deux conflits armés européens du siècle dernier. La reconnaissance de la France pour ces hommes juifs qui ont cru en elle nous laisse perplexe....Il y a dans ce livre un mélange de réflexion sur les deux époques tragiques mise en parallèle avec la situation actuelle en Palestine ....cela me fait vraiment réfléchir.... Les références à Jack London ne sont pas la pour retirer de l'intérêt à ce livre .....Quel plaisir de découvrir une histoire si forte et si bien narrée dans un livre que l'on a arraché à notre méconnaissance ....
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Les Enfants de Cadillac

J'ai beaucoup aimé les deux premières parties de ce roman et leur différences de narration. L'auteur n'a aucun héritage de son grand-père alors il imagine, fait des conjonctures avec d'autres témoignages et se pose beaucoup de questions. Pour l'histoire de son père, il sait tout, il nous rapporte les paroles de son père. Mais la troisième partie m'a été plus difficile à lire, on sort du récit et on rentre dans une sorte d'essai, des réflexions plutôt philosophiques. Le changement m'a déstabilisé. Des questionnements profond et intéressant sur le fait d'être français, juif, un homme, sur la famille, ses racines et ses origines.
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Les Enfants de Cadillac

Arrivé en France en 1911 après avoir fui les pogroms de Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, s'engage dans l'armée pour obtenir la nationalité française. Il est gravement blessé pendant la Première Guerre mondiale et finira interné dans un asile à Cadillac, où meurent de faim des milliers de patients, blessés, laissés-pour-compte et autres oubliés de la société d'après-guerre. Cette vérité méconnue, François Noudelmann la reconstitue avec minutie et force, déterminé à savoir quelle vie Chaïm a pu mener durant toutes ces années d'isolement que la mémoire familiale et collective a souhaité oublier. Puis, c’est l’histoire rocambolesque du père qu’il déploie : soldat lors de la Deuxième Guerre mondiale, il mettra cinq ans à rentrer en France depuis la Pologne, survivant à des situations extrêmes et à des épreuves au-delà du concevable. Au-delà de ces récits, nécessaires, de trajectoires d’hommes pris dans l’atrocité de deux grands conflits mondiaux, l’auteur livre une réflexion lumineuse, philosophique et personnelle, sur le sentiment d’appartenance et la façon dont son héritage familial a questionné et façonné son identité française. Un premier roman d’une grande intensité.
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Les Enfants de Cadillac

Cadillac.. c'est à 20 km de chez moi ! On sait qu'il y a des fous, on sait qu'ils sont , heureusement pour eux, en liberté dans Bordeaux parfois, on sait que les traitements existent !

On sait également que cet établissement est là depuis longtemps et que des recherches ont été faites.

On sait, on sait et on ne sait pas tout !

J'ai eu envie de lire ce livre, un des nombreux ouvrages écrits par des petits enfants sur la vie, la survie et l'autre vie de leurs grands parents qui se sont tus, comme se sont tus leurs parents parce qu'ils ne savaient pas  parce que leurs parents s’étaient tus !!

Contrairement à d'autres lecteurs, je leur en suis reconnaissante d'avoir parcouru le chemin à l'envers, de leur avoir rendu la parole et souvent leur dignité !

Les Berest, Amigorena, Valérie Toranian, Raczymov, Michèle Sarde ou Michel Persitz ont su le faire avec talent et leurs mots résonnent encore en moi ;

Celui ci m'a déstabilisée! Parfois j'ai aimé le choix que l’auteur a fait, le choix de la distance, avec son grand père notamment qui lui était totalement inconnu, un récit froid lors de la première partie, très documentaire, laissant la place à la vie du père.. qui du coup n'a plus rien à faire avec les enfants de Cadillac, encore moins quand il est fait prisonnier en Allemagne. Une partie complète sur la survie dans les camps de prisonniers, les mois en semi liberté dans les campagnes environnantes et le retour en France, silencieux et muet. La vie d'après est parfaitement bien rendue, légère mais empreinte de creux et de vagues .

Puis une troisième partie plus particulièrement consacrée à l’auteur lui même, enfant, ado et adulte, ses ressentis,mais..

Est ce un roman ? Les limites entre roman, autobiographie et documentaire sont floues de nos jours, mais encore plus pour ce livre où ces trois hommes, grand père, père et fils ont sans arrêt franchi des frontières, géographiques et politiques, psychiatriques et sanitaires, intellectuelles et linguistiques .

Trois vies, trois parcours, peu ou pas de transmissions directes.. qu'en sera t'il de la quatrième génération ?
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Les Enfants de Cadillac

J'ai découvert "Les enfants de Cadillac" avant d'enchaîner sur "la France goy" : le point commun à ces deux livres, c'est le poison de l'antisémitisme qui a infecté la fin du 19ème siècle et la première moitié du 20ème siècle. Idéalement, il faudrait lire ces 2 livres dans l'ordre inverse pour réaliser comment les choses se sont déroulées : toutes les sociétés européennes ont été contaminées et c'est en Allemagne que la maladie a frappé le plus fort, même s'il faut se souvenir que la France n'est pas passé très loin de ce mal absolu.



Malgré ce passé tragique, il faut croire que nous ne sommes pas immunisés, car cette infection resurgit à intervalles réguliers comme le présente François Noudelmann dans la dernière partie.
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Les Enfants de Cadillac

Un roman saisissant, qui mêle récit biographique et réflexion sociopolitique.



J’avais choisi ce livre pour son titre, mais pas celui de la voiture. Cadillac, c’est un nom connu dans le monde minier, la « faille de Cadillac » c’est une structure géologique riche en gisements aurifères en Abitibi-Témiscamingue au Québec. C’était aussi le nom d’une petite ville aujourd’hui devenue un quartier de Rouyn-Noranda.



Le Cadillac français du titre est beaucoup plus triste, puisque la ville a accueilli un « asile d’aliénés » où est mort de faim le grand-père de l’auteur en 1941. Une histoire tragique que celle de cet immigrant devenu « poilu » de la Première Guerre mondiale, gazé et interné pendant une vingtaine d’années. L’auteur ne l’a pas connu, mais lui consacre la première partie du livre.



La seconde partie, c’est l’histoire de son père, soldat de la Seconde Guerre mondiale, prisonnier pendant plusieurs années, un récit de survie où il change de nom pour éviter la purge mortelle. D’horribles conditions de détention, des tentatives d’évasion durement réprimées, des épreuves qui marquent une existence à jamais. Un dénouement funeste…



Finalement, sa propre histoire, un petit-fils d’immigrant qui est tellement Français qu’il est devenu agrégé de français. Il ne fait pas partie d’une communauté et ne partage pas de sentiments de judéité. On n’est pas ce qu’on est parce que « vient de » et d’autres personnes que nos parents peuvent avoir davantage d’importance sur nos destinées et la lignée généalogique ne détermine pas la valeur de la personne. (On sait aussi que venir d’une « Familia grande » n’est pas toujours un gage de vertu.)



Mais après ces histoires marquées par les atrocités des Guerres mondiales, en ce 21e siècle, dans une rue de Paris, il sera horrifié d’entendre crier « Mort aux Juifs ».

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Les Enfants de Cadillac

A travers ce roman autobiographique, François Noudelmann Roman tente de nous expliquer comment s’est fondée la conscience d’être français.



C’est lors d’une conférence philosophique qu’il entreprend de partir sur les traces de sa famille.

La première partie est consacrée à son grand père, Chaïm. Ce dernier a fui la Lituanie et ses pogroms et traversé l’Europe avec sa charrette pour rejoindre la patrie qui a défendu Dreyfus contre le mensonge et l’injustice (et qui n’est pas sans rappeler le parcours d’Idriss la grand-mère de Robert Badinter). Engagé sous le drapeau tricolore pour s’assimiler plus rapidement à sa patrie d’adoption, il fut victime du gaz moutarde et ne recouvrit jamais ses aptitudes et capacités. « Mutilé du cerveau », il sera interné à Ste Anne puis à Cadillac où il finira ses jours parmi les aliénés. L’occasion pour l’auteur de nous faire découvrir un pan de l’histoire française inconnu mais pas très glorieux.



La seconde partie retracera le parcours de son père, à travers un témoignage arraché sur le tard et pourtant tellement poignant et riche, qui oscille entre désastre (la folie meurtrière, les dénonciations, la lâcheté …) et espoir (l’amitié, la vie de saltimbanque). Mais tout comme pour Chaïm, le retour de la guerre ne se fera pas sans mal. Il ne se reconnaît plus dans cette ville / vie qui a continué sans lui. Malgré une timide accalmie, Albert sombrera dans une profonde mélancolie avant le drame final.



Et enfin, la troisième dernière partie est davantage un réflexion philosophique sur l’hérédité, la judéité et la transmission, les trois étant intimement liées.



Ce roman est une traversée de l’Europe au XX° siècle et de ses conflits meurtriers, l’Europe de ceux qui la peuplèrent, qui se croisèrent volontairement ou pas. C’est un roman sur la recherche d’identité, sur la signification de sa judéité quand, comme Albert et François, on a été élevé dans les valeurs laïques et républicaines.

Les deux premières parties sont passionnantes, la troisième est plus ardue. Elle mériterait qu’on s’y penche plus longuement, qu’on y revienne à tête reposée tant la réflexion est grave et profonde (mais intéressante, je ne voudrais pas vous décourager !).

Dans tous les cas, un beau témoignage !l
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Les Enfants de Cadillac

François Noudelmann est habitué aux essais philosophiques qu’il étaye avec sa carrière d’enseignant à Paris VIII et New-York University mais aussi dirige des collections d’essais chez plusieurs éditeurs.



Son premier roman, les enfants de Cadillac est autobiographique. Car en recollant les morceaux d’une filiation malmenée, François Noudelmann nous entraine dans ses réflexions sur sa judéité, sur ce qu’est d’être français, ou francisé, aujourd’hui. Il s’interroge aussi sur le vécu d’un homme, sur les conséquences de ses rencontres, de son expérience et sur la valeur de la transmission des aînés.



François Noudelmann s’attache à redonner identité à son grand-père Chaïm débarqué d’Europe centrale avec sa charrette de brocanteur. Dans un souci d’assimilation, il s’engage dans l’armée pour partir à la guerre 14/18. Il en revient gazé au fameux gaz moutarde à l’âge de vingt-deux ans. Il est interné à Sainte-Anne plutôt que de retrouver sa femme et son fils.



L’écrivain rend compte de son quotidien tout au long de la vingtaine d’années qui a suivi son premier internement. Sa mémoire oubliée est noyée dans celle des fous de guerre mais aussi des fous tout simplement !



Mais l’histoire de la famille ne peut s’arrêter là ! Le fils, assez anar pour savoir se rebeller, va connaître lui aussi une guerre, mais la suivante, celle de 39/40. Ces cinq années de prisonnier dans des camps allemands sont racontées au plus près des privations, des sévices et de la violence subis en ces lieux.



Les deux ne pourront pour des raisons différentes raconter, rendre compte de leur vécu et du coup, c’est le petit fils, François Noudelmann, qui comble les blancs pour leur redonner existence. Ainsi, la voix sur une cassette assure la transmission vers un futur alors réconcilié au passé.

Une initiation au passé



Au cours de ses recherches, François Noudelmann raconte son cheminement pour se connaître, pour expliciter ses choix et inscrire son présent dans ce passé.



Ce récit, bien qu’il évacue la notion romanesque, est une plongée dans l’abîme du silence et des non dits. Ici, les interrogations de l’écrivain accompagnent et analysent pour donner consistance à un passé qui s’est échappé jusqu’ici.



François Noudelmann signe un récit qui fait résonner des événements, trop silencieux, concernant sa filiation, à un présent qu’il faut décrypter pour à la fois reconnaître la part de la transmission et celle de l’invention identitaire du sujet. Un bien intéressant premier roman !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Les Enfants de Cadillac

Énorme coup de cœur de la dernière rentrée littéraire. Plus attirée par le titre que par le résumé de l'histoire en quatrième de couverture je me suis laissée happer par ce récit familial. Il y a le grand-père Chaim fuyant la Lituanie et les persécutions envers les juifs. En roulotte il traversera l'Europe et posera ses malles en France où il sera mobilisé lors de la première guerre mondiale. Il ne sortira de cette expérience ni vivant ni mort, entre les deux, interné d'asiles en asiles car ayant perdu la tête et la raison suite à une blessure chimique. Puis il y a son fils Albert qui lui vivra la seconde guerre mondiale et ne s'en remettra jamais tout à fait. C'est la deuxième partie du livre. Le grand-père d'abord, le fils ensuite et enfin le petit-fils qui est l'auteur lui-même. Que de questionnements dans cette oeuvre sur l'identité, les racines, ce que c'est que d'être français, la généalogie.



Ce roman est une perle, tout simplement. Il se lit avec un grand plaisir malgré la noirceur des situations de chacun des protagonistes. L'écriture est belle et poignante, le propos fait réfléchir : une réussite.

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Les Enfants de Cadillac

C'est une histoire de famille qui s'étale sur trois générations.

Le grand-père juif lituanien traverse l'Europe avec sa carriole pour s'établir en France, pays mythifié. Il s'engagera dans l'armée française en 1914, subira les attaques du gaz moutarde et, « le cerveau mutilé » comme beaucoup, devra être interné dans un asile psychiatrique à Cadillac, où il finira sa vie.

Le père, Français avant d'être Juif, sera fait prisonnier de guerre en 1940, devra lui aussi traverser l'Europe d'Est en Ouest à la libération des camps. Il retrouvera la France dans la douleur, son épouse ayant convolé par ailleurs.

Le fils (l'auteur) à la jeunesse difficile s'interroge sur son identité, et conclut finalement que l'on peut-être autant sinon plus le fruit des rencontres de hasard que de sa généalogie.

Un beau témoignage sur trois générations et de justes réflexions sur l'identité. À méditer.
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Les Enfants de Cadillac

Premier gros coup de cœur de cette rentrée littéraire, les Enfants de Cadillac bouleversent, chamboulent.

A travers l’histoire de son grand-père et celle de son père, l’auteur nous guide à travers les deux guerres mondiales, deux histoires si différentes et à la fois si proches lorsqu’il s’agit de détruire les hommes et tout ce auquel ils pensent appartenir.

Dans un style poignant, le narrateur nous met face aux ambiguïtés de l’identité française, face à la complexité de l’héritage et de la filiation.

Un premier roman magnifique, déjà dans les premières sélections de l'académie Goncourt et Femina.
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