[ Athènes ]
Vers 620 [avant notre ère], Dracon est le premier qui impose que les lois soient écrites. Elles sont fort sévères, comme nous indique l'adjectif « draconien » qui nous est resté, mais au moins chacun peut-il en avoir connaissance, en les lisant sur les panneaux de bois où elles sont affichées.
À l'heure où la Chine rugit, où le monde musulman trépigne, où l'Inde monte en puissance, est-on sûr que la meilleure des stratégies pour faire face à leur déploiement sur la scène du monde soit de leur brandir la liste des maréchaux d'Empire et de leur réciter la suite des victoires du Roi-Soleil ? Le réflexe minimal que nous dicte l'intelligence n'est-il pas de tenter, un tant soit peu, de s'intéresser enfin à leur propre culture et à leur propre histoire ?
Il existe bien sûr de belles exceptions, des ouvrages d'histoire universelle magnifiquement bien faits. Nous les citons avec plaisir dans notre bibliographie. Combien d'autres, quoique publiés aujourd'hui, semblent droit sortis de crânes du XIXe siècle. Telle grande encyclopédie en une vingtaine de tomes, par exemple, qui est censée rendre compte de l' « histoire du monde » et dont la répartition des volumes est révélatrice : trois sur l'Égypte antique, quatre sur la Grèce, six sur Rome - c'est-à-dire, en gros, ce que l'Occident considère comme les bases de sa civilisation - et un seul pour réunir l'Empire ottoman, la Russie et la Chine. Je n'ai évidemment rien contre l'histoire grecque ni contre l'histoire romaine, je pose juste la question : est-il encore concevable, dans le monde qui est le nôtre, de penser qu'elles valent, historiquement parlant, trente fois l'histoire chinoise ?
A l'ombre d'un trône sur lequel est assis un fou, sous le gouvernement d'une reine, Isabeau et d'une famille royale qui ne cessent de balancer d'un parti à l'autre, voici l'état du royaume : on se tue, on se venge, on fomente émeutes et complots, on intrigue pour prendre telle province, pour contrôler tel organe de gouvernement, on investit Paris, on perd Paris, on prétend se réconcilier, on se trahit à nouveau. C'est l'horrible "guerre des Armagnac et des Bourguignons", un cauchemar qui lui aussi dura des décennies.
Le Prophète est devenu par le fait un chef d’État, qui doit régler tous les problèmes qui se posent à un État, si petit soit-il alors.