Frank Leduc

Les sentiments, ça bouge tout le temps. On ne sait jamais si c'est le bon moment d'arrêter le curseur. Parfois on le sait après, mais on ne peut jamais en être totalement certain. Notre histoire ne s'est pas mal terminée; elle s'est terminée, c'est tout. Comme se terminent généralement les histoires.

p. 125 :
« — Lorsqu'on entre en négociation, l'objectif principal n'est pas de faire un diagnostic médical, mais de tuer l'œuf dans le cul de la poule. On doit toujours avoir ça à l'esprit. Après, si on peut épargner la poule, c'est un plus, mais ce n'est jamais la priorité. Je pars toujours du postulat que mon interlocuteur n'est pas fou, mais que son discernement et ses émotions sont altérés. Qu'il a perdu les pédales, pour des raisons qui peuvent être très diverses, et qu'en le faisant redescendre en température on évitera d'avoir d'autres victimes.
— C'est un postulat risqué.
— Peut-être, mais c'est le seul qui ait une utilité. L'autre option rend la négociation impossible Rentrer dans le tas, tirer sur tout ce qui bouge produit nécessairement plus de dégâts. Face à l'adversaire, mon rôle est d'apaiser, de lui montrer de l'intérêt, de gagner du temps, de lui faire percevoir une autre issue que celle qu'il a en tête. »

Les dirigeants démocratiques mettaient toujours un point d'honneur à avoir de bonnes relations avec les autocrates, même lorsque ceux-ci étaient les pires crapules.

Lorsque les linguistes veulent comprendre une langue oubliée, dans un premier temps ils ne s'attachent ni aux symboles ni aus sons, mais aux points de contacts. (...) La négociation fonctionne d'une façon similaire.

Mais s'ils (les pervers narcissiques) ne parviennent pas à ce statut très élevé, qu'ils estiment mériter dans leur profession, alors ils expriment souvent leur névrose dans le cercle familial. Ils peuvent y faire régner de véritables tyrannies et facilement basculer dans la violence lorsqu'ils rencontrent des résistances.

Ce qui permet d'intervenir dans des situations extrêmes, c'est la force du collectif. (...) Nous devons ne faire qu'un, notre force vient de cet exercice de meute.

Les larmes sont un bon signe.Elles sont l'extériorisation de nos sentiments.C'est en pleurant que nous évacuons nos tristesses,nos frustration,notre joie, notre colère aussi parfois.Notre corps fonctionnent un peu comme une cocotte-minute,alors si la vapeur ne s'évacue pas de temps en temps, nous implosons!

On exhume toujours des trésors en fouillant dans sa généalogie.

Les pages que l'on décide soi-même de tourner ne sont pas nécessairement les plus simples.

Les hasards de la vie comme vous dites, sont des éléments extérieurs, qui influent sur votre vie, mais pas sur qui vous êtes. Ils peuvent être des éléments déclencheurs, des motifs de satisfactions ou de frustrations, mais ce que vous êtes ne dépend pas de ça.

Lorsque la mort semble évidente, les filtres sociaux tombent et chacun réagit en fonction de qui il est réellement. Une dynamique inconsciente où on se situe plus dans l’instinct que dans la réflexion ordonnée.

Votre subconscient possède un genre de clapet antiretour. Lorsque vous dormez, il s’ouvre légèrement et vous permet d’accéder à des zones confuses de votre mémoire. Si vous vous réveillez naturellement, en principe vous n’aurez pas de souvenir, mais si vous vous réveillez de façon accidentelle, c’est autre chose, car le clapet n’est alors pas entièrement refermé.

On racontait que les gens de couleur qui vivaient en France et aux Pays-Bas étaient coupables des pires exactions. Qu’ils possédaient un instinct animal primaire. De vrais tueurs ! Elle ne s’attendait pas à en voir un dans un lieu aussi prestigieux et représentatif de l’Allemagne. Peut-être y avait-il beaucoup d’hommes noirs comme lui aux États-Unis, elle ne s’était jamais vraiment posé la question. Comme elle n’arrêtait pas de le regarder, il la fixa à son tour. La seule chose qu’il avait pour lui, c’était son regard, il n’était pas désagréable, son regard. Il lui sourit et lui adressa un clin d’œil. Honteuse, elle baissa immédiatement la tête et cette fois ne la releva plus.

Chez la plupart des animaux, cette zone du cerveau ne se développe jamais, ils ont donc une mémoire restreinte des événements même récents, plutôt des sensations de bien-être ou de crainte. Si un chien est séparé de son maître durant un temps, il n’en conservera que peu de souvenirs. Cependant, si un jour il le retrouve, il sentira immédiatement une proximité affective avec lui, comme s’il ne l’avait jamais quitté. Idem pour un animal que vous amenez chez le vétérinaire, la plupart du temps il ne se rappelle pas pourquoi il doit avoir peur, mais il ressent de l’appréhension. C’est la mémoire émotive qui agit ! Et notre mémoire génétique fonctionne à peu près de la même façon. Nous la portons, sans même le savoir. Et parfois, lorsque nous traversons un moment particulier, celle-ci peut ressurgir de façon violente.

Les femmes et les enfants n’avaient aucune valeur pour les Russes alors, maman et moi, nous nous sommes retrouvées comme beaucoup d’autres familles allemandes sur les routes, sans but et sans ressources. On a tout laissé sur place. En quelques heures, nous sommes passées de nantis à mendiants.

Nous étions ignorants, manipulés par des gens plus intelligents que nous. On nous disait que tous nos malheurs étaient dus aux autres, c’était facile à dire, et facile à entendre, et comme on n’avait pas beaucoup d’instruction, on le croyait.

Aujourd’hui, les gens sont choqués par ce que je dis, mais je suis sûre qu’à sa place la plupart auraient fait de même. Le pays était très pauvre et beaucoup mouraient de faim. Les nazis lui avaient offert un revenu confortable et un poste gratifiant pour lequel il n’avait aucune qualification. Alors, comme de nombreux autres Allemands, il avait arrêté de réfléchir. Il pensait que c’était bon pour sa famille.

Elle avait toujours pensé qu’elle était le ciment, la véritable clé de voûte de la famille, l’ancrage affectif entre les générations. Plus les années passaient et plus ses enfants, ses petits-enfants et ses nombreux arrière-petits-enfants en étaient conscients. Et pourtant, un jour prochain ce lien disparaîtrait.

Courbe-toi, plie-toi à ce qu’ils te demandent, mais ne romps pas. Et un jour prochain, avec l’aide de Dieu, tu retourneras la situation à ton avantage !

Vous n’êtes plus du tout tenue par la réalité, il n’y a plus de limites aux choses. Vous pouvez voler, disparaître, parler aux lapins, ou vous transformer en fleurs si le cœur, ou plutôt si l’esprit vous en dit. Vous pouvez comprendre des langues étrangères, et même les parler. Le conscient est hors service en quelque sorte. Il n’impose plus son modèle rigide. Le subconscient est totalement libre et il en profite pour vous montrer des abstractions fantasques de la réalité. On reconnaît facilement ce type de rêve, mais ce que vous vivez ne ressemble pas à ça non plus.