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Citations de Frédéric Aribit (33)


"Une légende basque raconte qu'afin de soumettre les hommes et les femmes de ce pays à la tentation, le diable essaya pendant plus de mille ans d'apprendre l'euskara. N'y parvenant pas, il dut finalement renoncer à envoyer les Basques en enfer.
Je me demande inversement si Dieu, lui, parle le basque. Malgré l'ahurissant renouveau de cette langue en péril dans les années 60 et qui compte aujourd'hui plus d'un million de locuteurs, dont près de 60 000 en Pays basque français, je n'en suis pas certain."
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Vous avez raison, l’histoire d’une vie ne commence pas à la naissance. Jamais. De sorte que vous raconter à mon tour le long cheminement qui nous ramène à ces premiers cris oubliés dans une maternité de Bayonne ne nous avancerait pas, à quoi bon. Il n’y a pas d’origine, non, rien n’a d’origine que celle qu’on se choisit. Pas même notre rencontre, ici, dans ce bar de Guéthary où nous nous apprêtons à vivre la parenthèse d’une soirée estivale qui s’est ouverte sur un pied malencontreusement écrasé devant le comptoir et qui se refermera bientôt, quand vous rejoindrez vos amis et que votre jupe, votre débardeur blanc avec la bouche rouge des Stones s’évanouiront, tel le mirage soudain dissipé d’une fontaine où boire en plein désert,
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— Cette histoire, j’aimerais que tu l’écrives. Que tu la racontes. Elle est dingue, cette histoire, il faut la raconter. Moi c’est la musique, la photo, le dessin. Les mots, c’est toi. Tu dois la raconter, cette histoire. Tu l’écriras, pour moi, pour tous les mots que tu sauras trouver et que tu feras exister, tous les mots qui nous cherchent depuis des jours, qui tournent déjà autour de nous et qui ne doivent pas rester suspendus et s’évanouir dans les airs, comme quand la musique vibre autour de moi et que j’attrape mon violoncelle. Il faut s’y mettre, c’est tout. Tu feras un livre avec cette histoire, tu écriras mon livre, notre livre, le livre de tous ceux qui ont le feu ! Oui, le plus dur, c’est de s’y mettre.
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Et pour commencer : langue ou dialecte ? Je m'y perdais, tout s'embrouillait, les définitions discordaient mais les chiffres étaient accablants : une langue disparaît environ toutes les deux semaines de la surface de la Terre. Plus rapide que pour les espèces animales, allez hop, aux oubliettes tous les quinze jours. C'était une moyenne sans doute. Un chiffre attrape-couillons. Mais tout de même : 15 jours. A peine moins qu'entre deux matches de foot de l'équipe de la Kanboko Izarra de l'équipe de Cambo. Deux par plaquette de pilules environ. Certains pensaient même que d'ici 2100, la moitié des langues existant actuellement auraient disparu. J'étais sur le cul.
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Peut-être n'aimons-nous jamais que les livres qui parlent de nous. Ceux qui nous permettent de devenir nous-même, tout en nous empêchant de n'être que cela. Manqués, ajournés, réussis, la littérature est toujours une affaire de rendez-vous. D'heure exacte et réciproque, qui vient, ne vient pas.
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Je l'ai reconnue immédiatement. Bras écartés, sa silhouette d'ombre crucifiée par le vent, c'était elle.
La fille du métro.
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Ce que j'aime surtout, c'est regarder le vide. Moi, ça me remplit tout ce vide. Il y a tellement d'histoires qui résonnent encore entre les murs... Si seulement on savait les écouter, entendre tout ce que les gens ont pu vivre là d'amour, de bonheur quotidien, de disputes inutiles ou de drames effroyables, tout ce jour après jour qui tresse une vie et qu'ils finissent par aller trimballer ailleurs vers d'autres projets, d'autres envies, avec d'autres gens... Et de tout ce bonheur évaporé il ne reste que ça, cette coquille vide qu'on repeint, qu'on refait à neuf, avant que d'autres viennent à leur tour y jeter leur fantômes. C'est fascinant , tu ne trouves pas ?
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Erik était dans ma classe. Première et terminale, nous suivions la même section B, ancêtre de l'ES au lycée René-Cassin à Bayonne. C'était, sous sa nonchalance débraillée, un garçon physiquement solide et au caractère bien trempé, volontiers sarcastique, qui vous en imposait aussitôt. [...] Il portait le keffieh d'Arafat et des espadrilles noires bien avant qu'elles ne deviennent l'attribut bobo et bariolé des émules de Frédéric Beigbeder dans les bars de Guéthary.
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Comment en est on arrivé là? Comment autant de culture et si peu d'art? Autant de culture et de connerie en même temps? Dis moi comment toute cette rage, cette passion, cette sueur, peut elle terminer dans des bouches en cul de poule et des flûtes à champagne? Si tu savais le nombre de concerts qu'on donne où les gens s'endorment, je les vois clairement depuis mon pupitre, et t'applaudissent à tout rompre à la fin! L'art viendra toujours faire chier cet idéal bourgeois de culture, où on entasse, on collectionne, on empile.
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"Les imbrications corporelles devinrent soudain plus complexes. Nous innovions sans cesse, inventant des positions que je ne savais pas physiquement possibles l'instant d'avant, et vas-y que jet te mets mon bras là, et vas-y que tu lui mets ta jambe ici, et alors que nos innocentes conversations suivaient leur petit bonhomme de chemin, parcourant de A-ha jusqu'à ZZ Top tout l'alphabet discographique du moment, nos souffles s'accéléraient si bien que de consentements tacites en chaleurs inconnues, l'air se raréfiait autour de nous, en autant de touch-and-go qui s'ajournaient d'eux-mêmes."
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"Et puis il y avait cette histoire de jambe, une seule, qu'on n'avait jamais retrouvée. Déchirée sous la force de l'impact, projetée quelque part dans les airs et atterrissant dans le noir alentour, dans un fourré où elle avait lentement pourri, ou dans la gueule d'un chiens moins regardant dont elle avait fait le régal, comme ce morceau de sa propre côte qu'après un pneumothorax, Roland Barthes avoue avoir longtemps conservé dans un tiroir, relique de lui-même, avant de se résigner à le jeter aux clébards du haut de son balcon. On avait enterré un corps unijambiste."
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Ex-ister c'est, littéralement, sortir de soi. Être hors de soi.
On ne vit jamais que hors de soi. Est-ce cela, Lou, que sans le savoir toi-même, tu me disais pourtant ?
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Lui dire les défilés des experts, justement, tous expertisant du haut de leur expertise plus experte que celle des autres experts
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Mais voici que je déroule ma vie, pardon, ces souvenirs sont dérisoires et vous me laissez gentiment parler. Voyez-vous, j’ai longtemps traversé, immunisé, les époques les plus vides de mon existence avec un sentiment d’imminence, la certitude que quelque chose viendrait, que quelque chose m’attendait qui serait enfin à la mesure du désir que je sentais en moi, de cet irrépressible nœud qui s’était formé très jeune dans mon ventre et que j’avais longtemps senti grossir, et puis rien n’est venu, tout est passé, et le nœud sans doute s’est défait, il a fallu composer, se résoudre souvent, abandonner parfois.
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Je n'écris pas pour les adeptes des solutions faciles. Les esprits en angle droit. Cette histoire ne plaira pas aux amateurs innombrables du terre-à-terre...
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La vie défile comme une ligne de métro enchaîne les stations. La mienne ne faisait pas exception...
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Peut-être n'aimons-nous jamais que les livres qui parlent de nous. Ceux qui nous permettent de devenir nous-mêmes, tout en nous empêchant de n'être que cela.
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Ce que j’aime surtout, c’ est regarder le vide. Moi ça me remplit tout ce vide. Il y a tellement d’ histoires qui résonnent encore entre les murs... si seulement on savait les écouter, entendre tout ce que les gens ont pu vivre là d’amour, de bonheur quotidien, de disputes inutiles ou de drames effroyables, tout ce jour après jour qui tresse une vie et qu’ils finissent par aller trimballer ailleurs vers d’autres projets, d’autres envies avec d’autres gens... Et de tout ce bonheur évaporé il ne reste que ça, cette coquille vide qu’on repeint, qu’on refait à neuf, avant que d’autres viennent à leur tour y jeter leurs fantômes.
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A noir, E blanc, I rouge, U vert, ses voyelles ouvertes par la consonne de ma langue, je buvais l'O bleu de Lou.Latences naissantes,Ah, noires bretelles défaites et bouches bées, combinaisons de bombes et roulements habiles, atroce crudité d'elle, Bermudes obscures,Oeufs blancs, ses deux seins fiers lancés hors du bustier, glissement d'éclisses et d'archers, babil d'abeille, I, mon I majuscule dans le nid rouge de ses lèvres, ire d'ivresse et d'or, péchés des crachats rachetésPar son U grand ouvert, trépidations sublimes, furie, furie des chiennes et des oublis chimiques,Ô, Lou de face, Lou de dos, Lou haletant, Lou pleine de grâce, Lou toute entière dans mes mains, dans mes reins,‒ Ô Lou sans mégarde, hurlée jusqu'à la crue –
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Sommeil et silence, rien n'était plus difficile et plus beau que cet échange-là. Rien n'exigeait davantage que l'abandon à l'autre que de lui offrir son sommeil et son silence. Se taire ensemble ce qui peut être aussi un don absolu. Un acquiescement total à l'autre.
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