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Critiques de Frédéric Bertocchini (59)
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Le bagne de la honte - Intégrale

Avec la bande dessinée aussi on peut faire connaître l'histoire.

En l'occurrence Bertocchini et Rückstühl ont choisi de nous raconter l'histoire de ces enfants qu'on envoya au bagne de Castellucio en Corse entre 1855 et 1866.

Il est sûr que notre pays ne doit pas s'enorgueillir de ce passé.

Ces établissements pénitentiaires créés sur ordre de Napoléon III pour débarrasser les rues de ces enfants, sans famille, sans domicile, mendiants ou voleurs.

On va vous apprendre à vivre...

Jusqu'à vos vingt ans on va se charger de votre éducation, on va faire de vous des hommes.

Enfin, ça, c'est le discours officiel.

Parce que le bagne, ce n'est pas une simple école où l'on enseigne à lire, écrire, compter et... prier.

On va vous faire travailler, il faut bien gagner son gîte et son couvert, si chiches soient-ils.

Mal nourris, épuisés par des journées de travail harassantes, il faut souvent se battre, au propre comme au figuré, pour survivre.

C'est l'histoire de deux de ces enfants, Joachim et Antoine (qui ont réellement existé) que nous racontent les auteurs de cet album.

Il existe peu d'archives de cette époque (on peut comprendre pourquoi l'État a sans doute choisi de faire disparaître ce triste épisode de la mémoire collective), malgré tout Bertocchini et Rückstühl se sont attaché à restituer au mieux, même s'ils avouent une partie fiction pour alléger le récit, les conditions dramatiques de vie dans cet endroit qui verra mourir environ 160 enfants au cours de ces dix années d'existence.

L'album de luxe que je referme avec émotion est agrémenté de notes des auteurs, de photos et de croquis qui permettent de comprendre que s'il s'agit ici, avant tout, d'une oeuvre de fiction elle prend ses racines dans une réalité dramatique et hélas oubliée.

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L'ombre d'antan

14 récits, oui 14 comme dans 14-18 car c’est bien de la Grande Guerre dont traite ce roman graphique où se côtoient une multitude de talents avec des scénarios écrits, tant par des auteurs francophones, que serbes, et où les dessinateurs sont tous issus de l’ex-Yougoslavie. Vous vous doutez bien qu’avec pareil sujet, il n’est pas un récit qui soit de nature joyeuse. Chaque dessinateur utilise la technique qui lui semble la meilleure pour traiter de cette infâme boucherie qui aurait dû être « La Der des Ders » si les hommes avaient eu un peu plus de jugeotte et si l’esprit de revanche n’avait pas poussé un petit caporal affublé d’une moustachette ridicule à remettre le couvert vingt-et-un ans plus tard.



Les sujets traités sont très variés ce qui m conduit à écrire ma plus longue chronique à ce jour.



« Entre ciel et terre ».

Commençons par la retraite de l’armée serbe, accompagnée de milliers de civils, à travers les montagnes d’Albanie, où les montagnards albanais entraînés et équipés par les Allemands lui tendent des embuscades. J’ai été particulièrement sensible aux dessins de Drazen Kovacevic et à la mise ne couleur dans les tons sépias de Toni Anastasovski. Le scénario de Dragana Stojilkovic est magnifiquement bien ficelé.



« L’odyssée du sous-marin Curie »

Suit l’incroyable histoire du sous-marin français « Curie » qui s’est empêtré dans les filets à l’entrée du port de Pola où il devait se glisser pour détruire les navires austro-hongrois qui s’y trouveraient. Le scénario de Philippe Zytka se réfère à l’histoire authentique de cet équipage. Le dessin de Darko Perovic a quelque chose de « Corto Maltese ». La mise en couleur de Sofjia Perovic est bien adaptée à l’atmosphère nocturne et à la faible lumière à l’intérieur du sous-marin.



« L’ange gardien ».

Le troisième récit, nous narre l’histoire de Milan, blessé à la tête par un shrapnel. Heureusement pour lui, son casque Adrian a amorti le coup. A l’hôpital, on lui rapporte son couvre-chef pour qu’il puisse voir l’effet du shrapnel et ce casque qui lui a sauvé la vie. C’est alors qu’un mot glisse de ce couvre-chef. Un mot en français que Milan se fait traduire. C’est le début d’une nouvelle histoire… Un très beau scénario de Bruno Falba, superbement illustré et mis en couleur sépia par Aleksa Gajic.



« Le retour de Milou », sur un scénario de Rodolphe, nous entraîne à Belgrade en décembre 1918. Zoran Janjetov au dessin et à la couleur offre l’un des styles les plus particuliers de ce court récit.

La mère de Milan est impatiente de le revoir et s’affaire à mettre sa chambre en ordre. Elle contemple sa photo avec son ami français, Louis. Il y a aussi la photo de Vesna, sa petite fiancée. La maman établit déjà des projets d’avenir. Quand Milou va-t-il rentrer ? Voilà le facteur sur son vélo. Il dépose une lettre dans la boîte, enfin !



« Fusillé pour l’exemple », un scénario de Frédéric Bertocchini avec, au dessin, Igor Krstic. Septembre 1914, du côté de Verdun… LOISEAU Marcel est ramené grièvement blessé à la jambe et à la tête par un camarade. Sur sa route, l’infortuné croise un capitaine, genre abruti de première classe avec palmes et grande distinction. Ce capitaine, malgré les graves blessures dont il est affligé, lui ordonne de repartir au front. Marcel désobéit, tourne le dos à ce fou-furieux de capitaine et se rend au poste de secours tandis que le bon samaritain qui l’a secouru s’en retourne dans l’enfer des combats pour éviter des ennuis avec ce farouche capitaine qui se garde bien de foncer risquer sa très précieuse peau… Les ennuis de Loiseau ne font que commencer à cause de cet oiseau de malheur.

Si vous effectuez des recherches sur Internet, vous vous apercevrez bien vite que Marcel Loiseau a bien été « fusillé pour abandon de poste » le 12 octobre 1914. Il était soldat au 106 R.I. Les faits se sont déroulés à Mouilly - Rupt-en-Woëvre, près des Éparges, dans le département de la Meuse. Il a été réhabilité le 17 mars 1922. Son cas était un exemple flagrant d’un abus de pouvoir de l’autorité absurde d’un supérieur. Il fit partie des premiers soldats « fusillés pour l’exemple » réhabilité.

Le dessin de Igor Krstic, tout en nuances de lavis de gris et de noirs correspond idéalement à l’ambiance très sombre de cette histoire marquée par une profonde injustice. Petite observation : dans ce récit, les uniformes ne correspondent pas à ce qu’ils étaient au début de la guerre…

Anatole France avait écrit en 1909 : « L’armée étant une administration comme l’agriculture, les finances ou l’instruction publique, on ne conçoit pas qu’il existe une justice militaire quand il n’existe ni justice agricole, ni justice financière, ni justice universitaire. Toute justice particulière est en opposition avec les principes du droit moderne. Les prévôtés militaires paraîtront à nos descendants aussi gothiques et barbares que nous paraissent à nous les justices seigneuriales et les officialités. »



« Yanko le berger » de Tibery (Tiberiu Beka), seul aux commandes.

1914. Les Austro-Hongrois sont entrés en Serbie. Dans le territoire occupé ne restent que des femmes, des vieillards et des enfants. Yanko, petit berger, se morfond. L’armée ne veut pas de lui. Il garde ses moutons lorsqu’il entend des coups de feu en provenance de son village. Lorsqu’il arrive à portée de vue, des flammes dévorent déjà plusieurs maisons…

Une mise en couleur aux tons chauds et sombres pour accompagner une descente aux enfers qui montre comment certains soldats austro-hongrois se sont comportés dans les malheureux villages se trouvant sur leur passage. Après cela, on peut mieux comprendre pourquoi tant de civils ont pris la fuite avec les restes de l’armée.



« Le conscrit » sur un scénario de Nenad Mikalacki Django, Igor Krstic au dessin.

Les gaz, ces horreurs, sont évoqués dans ce récit qui est une sorte d’allégorie fantastique de la mort. Je ne commenterai pas cette BD en noir et blanc pour garder l’entière surprise qui attend le lecteur.



« Frères d’armes » est un scénario du Français Dobbs (Olivier Dobremel) mis en lumière par Dragan Panovic.

Récit d’un équipage d’avion. Un Français comme pilote, un Serbe comme mitrailleur. Ils sont pris en chasse par un hydravion autrichien…

Les couleurs sont vives comme le sont celles des paysages autour de la rivière Drina. Un paysage magnifique qui ferait presque oublier que des hommes s’entretuent, comme s’ils n’avaient appris à voler que pour pouvoir s’envoyer en l’air afin de mieux s’étriper !



« L’éclaireur et son binôme », on le doit à un scénario de Vasa Pavkovic et aux dessins, puissants, en noir et blanc de Stevan Subic.

Darko Petrovic est éclaireur dans l’armée serbe. Voilà que seulement quatre mois se sont écoulés depuis le début de la guerre, mais déjà le monde de Darko s’est écroulé. Le voilà reparti, seul, une fois de plus, pour une mission de reconnaissance. Mais cette fois, Darko ne reviendra pas seul…



« Le chemin du désespoir » Milenko Misic, accompagné de Darko Stojanovic au dessin.

Un récit où l’on découvre la grave décision que prend l’état-major serbe de fuir le pays vers l’Albanie et le Monténégro, avec les principaux trésors du peuple serbe et des milliers de civils qui ont déjà « goûté » au comportement des troupes bulgares qui sont entrées en guerre avec des promesses effectuées par l’empereur austro-hongrois et le kaiser.

Les dessins sont de très grande qualité, mais pourquoi avoir opté pour un fond aussi foncé qui empêche de profiter pleinement des dessins ?



« Piqûre d’abeille » est une histoire de Pavle Zelic, Maza au dessin et Desko à la couleur.

Cette narration nous transporte à Salonique en Grèce où les populations et les militaires subissent les attaques incessantes, et leurs terribles conséquences, de l’aviation bulgare. La décision est prise de porter la guerre au cœur-même de la Bulgarie, à Sofia, leur capitale ! Et pour mener à bien cette mission, ils peuvent compter sur… un bombardier Farman ! Un caporal français, Royable, et un sous-lieutenant serbe Naumovic se voient confier cette mission…

De très beaux dessins où le noir se détache sur un fond sépia.



« Le sang des damnés » de Michel Dufranne mis en dessin et en couleurs par Milan Drca.

Sergeï Feodorov qu’as-tu fait pour te retrouver à Mers-El-Khébir dans un bataillon disciplinaire en compagnie de tes camarades russes ? Comment, parti de Russie, t’es-tu retrouvé en France à te battre sous les ordres d’officiers incompétents qui te traitaient, toi et tes semblables, comme des esclaves dénués de droits autres que ceux consistant à obéir, à souffrir et à mourir ?

Un récit poignant sur ces soldats traités comme des moins que rien par leurs officiers inaptes au commandement, soldats qui, en France aussi, vont se révolter contre eux et faire leur petite révolution d’Octobre…



« Le billet » de Philippe Zytka dessiné et mis en couleur par Milan Jovanovic.

Hugh Gibson est Australien… Et engagé volontaire. Il quitte son pays en 1915. Sa fiancée lui remet un billet de chemin de fer « aller-retour ». Comme cela, lorsqu’il rentrera en Australie, il n’aura pas à en acheter. Pour Hugh, ce billet va devenir son porte-bonheur. Son sauf-conduit qui doit lui permettre de revenir vivant au pays…

Basé sur le premier combat des Australiens sur le continent européen, à la Bataille de Fromelles, ils perdirent 5533 hommes. Cet épisode constitue les 24 heures les plus sanglantes de l’histoire militaire australienne ! Pour rappel, il n’y eut pas de conscription en Australie durant la Grande Guerre ! Tous les soldats étaient des engagés volontaires.



« Le journal de Corfou », d’après un scénario de Filip Bankovic, mis en images par Ivan Stojkovic.

Milutin Dimitrijevic a 42 ans et il a découvert, à Belgrade, dans l’appartement de ses parents, au milieu d’un tas d’ouvrages poussiéreux, le journal de son arrière-grand-père qui s’appelait exactement comme lui. Le 3 décembre 1914, lors de la contre-offensive serbe, son aïeul n’eut la vie sauve que grâce à un autre soldat qui le jeta à terre au moment d’une explosion. Il retrouvera par hasard cet inconnu sur l’île de Corfou où les survivants de l’armée serbe ont trouvé refuge, évacués par la marine française. Son sauveur s’appelle Lazare. Ils ne se quitteront plus jusqu’à ce que…

Un récit qui montre qu’il s’en faut de peu pour que s’arrête ou survive une lignée. Traité dans les tons sépia, c’est une BD très touchante.



Voilà résumés les courts récits présentés dans ce roman graphique d’excellent facture, tant artistique qu’historique. Il nous ouvre les yeux sur l’implication des Serbes dans la Grande Guerre (mais pas que puisqu’on y relate aussi des histoires de soldats australiens, russes, français, …).



La lecture de cet ouvrage m’a pris des jours ! Heureusement que j’étais en congé pour en profiter pleinement : il m’a mis en appétit pour en savoir davantage sur la participation des Serbes à ce conflit qui a démarré à cause d’un étudiant serbe à Sarajevo. J’ai passé des heures et des heures sur Internet à effectuer des recherches pour m’assurer de la base historique de chacun des récits, mais surtout pour en savoir plus (et pas que sur les Serbes).



A la fin de l’ouvrage, un dossier retrace l’histoire de la Serbie durant la Grande Guerre.



Je ne puis qu’en recommander l’achat à tous les passionnés d’histoire, en particulier ceux intéressés par la Première Guerre mondiale, mais aussi par l’histoire de l’aviation. Au niveau du graphisme, il y en a pour tous les goûts. Pour cette raison aussi, si vous voulez sortir des sentiers battus au niveau du « dessin », osez vous aventurer dans « L’ombre d’antan ».



Merci aux éditions INUKSHUK et à cette Masse critique « spéciale » qui m’ont permis de déguster une œuvre très originale.

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Le Horla Maupassant (BD)

C’est le printemps et Guy de Maupassant flâne en Normandie en réfléchissant à son prochain roman. Mais il se met à avoir des insomnies et de la fièvre : le sommeil et l’appétit le fuient. Devant ce mal étrange, l’auteur cherche à se distraire par des séjours à Paris ou de longues promenades avec son ami Gustave. Hélas, rien n’y fait : quelque chose persiste à se glisser dans ses nuits et à vider sa carafe d’eau. Maupassant essaie de se libérer de ses terreurs, mais on dit dans la région qu’un démon serait de retour et qu’il rôderait. Si ce n’est lui, qui donc passe dans le miroir de l’auteur et occulte son reflet ? Qui pèse sur ses nuits et infiltre ses cauchemars ? Maupassant n’en peut plus, il veut se libérer de cette funeste emprise : « Ce n’est pas pour me protéger que je vous ai appelé, mais pour constituer une cage, une sorte de prison… C’est que j’envisage de séquestrer quelqu’un. » (p. 42) Pour en finir, il en vient à la plus terrible des extrémités.



La seconde moitié du XIXe siècle a été le théâtre de prodigieuses avancées scientifiques, notamment dans le domaine de la psychiatrie. Mais cette époque était bien loin d’avoir fait le tour du pouvoir et des mystères de l’inconscient ou d’avoir mis des mots rationnels sur les phénomènes surnaturels. « Vous savez à présent que de puissantes forces occultes habitent l’invisible et se manifestent parfois à nous, sous certaines conditions. Nous baignons dedans constamment, même si nous ne les percevons pas… mais l’obscur est bien là, entre deux rayons de lumière. » (p. 29) Alors, que faut-il comprendre des troubles que rencontre Guy de Maupassant : est-ce la folie ou la rencontre avec le surnaturel ?



Cette bande dessinée propose une lecture très intéressante de la célèbre nouvelle de Guy de Maupassant. Dans le texte original, le narrateur n’est pas l’auteur, même si la nouvelle renvoie au problème d’altérité subi par Maupassant. Frédéric Bertocchini a pris le parti de faire de Guy de Maupassant le personnage de sa propre nouvelle, effaçant ainsi les frontières entre narrateur et auteur. La bande dessinée se propose alors de dresser un portrait inédit du nouvelliste et d’écrire une biographie originale parfaitement sous-tendue par une création littéraire.



Puech dessine avec un grand talent la différence entre la vie paisible et les épisodes psychotiques qui causent la terreur du personnage. Si la couleur est lumineuse et dynamique dans le premier cas, elle devient lourde et épaisse dans le second, mais sans se départir d’un mouvement inquiétant : c’est celui d’une ombre qui ne cesse de se mouvoir dès que l’on a le dos tourné.



Je ne garde pas un souvenir très positif de la nouvelle de Guy de Maupassant, mais sans doute l’ai-je lu trop jeune. L’œuvre de Frédéric Bertocchini et de Puech a cela d’extraordinaire qu’elle tire un texte célèbre de l’univers des classiques pour en faire une quasi-nouveauté et un nouveau chef-d’œuvre. Et surtout, la bande dessinée donne furieusement envie de redécouvrir les nouvelles fantastiques de Maupassant. À la fois hommage au maître et dépassement, Le Horla, Maupassant est une belle réussite du neuvième art.

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Aio Zitelli, tome 1 : Récits de guerre 14-18

Le titre. C'est d'abord le titre qui m'a attirée. Comme j'apprends le corse depuis deux ans, j'ai été intriguée par ce titre, peu courant parmi les BD actuelles !



Moi qui suis "peu BD", j'ai apprécié le travail intéressant et le rendu émouvant. Des pages sanglantes, d'autres plus blanches dans l'hiver rigoureux et neigeux des Vosges ... Quelques notes par moments, pour insister sur le côté véridique d'anecdotes qui peuvent nous paraître insolites, pour traduire un mot militaire ...



La BD réussit à nous intéresser à des sujets difficiles et à nous documenter en peu de mots et peu de pages. Le livre se présente en huit courts chapitres, huit tranches de vies sur la Grande Guerre. J'ai donc saisi l'occasion avec cette BD de commencer à me renseigner sur l'histoire de la Grande Guerre du côté corse.



Les différents chapitres se complètent, sans lourdeur, et abordent avec justesse les différents aspects de la guerre.

La mobilisation en masse, en Corse comme ailleurs : des jeunes garçons de 17 ans partent au front, mais aussi des hommes de 47 à 50 ans, certains étant pères de 4, 5, 6 enfants ... Beaucoup y resteront, laissant veuves et orphelins.



L'exil aussi est très dur. L'hiver froid dans les Vosges, les tranchées, la pénurie ... Certains soldats parlent surtout le corse et maîtrisent mal le français. Des hommes parfois malheureux, paumés, se retrouvent jugés sommairement, puis exécutés comme traîtres et déserteurs, dès 1914 et non à partir de 1917 vers la fin de la guerre, comme on le prétend parfois.

Certains seront réhabilités très tardivement.



Des Allemands sont faits prisonniers en Corse dès le début de la guerre. Ils essaient d'écrire des lettres à leur famille et de garder espoir, d'espérer la fin de la guerre, leur retour en Allemagne ... Un chapitre relate ces faits, sans haine, avec sensibilité et mesure. C'était aussi cela, la guerre, une guerre longue, horrible, injuste, qui séparait les familles, dans les deux camps.



Des lettres circulent parfois, entre les Poilus qui laissent femme, enfants, parents ... au village, et la Corse où les conditions de vie sont très dures depuis le début de la guerre. Les femmes doivent remplacer les hommes valides partis au front, en assurant les travaux des champs, en s'occupant des enfants, en tenant les maisons, en essayant de rassurer les anciens.

Certaines femmes découvrent qu'elles sont enceintes, et espèrent le retour du mari parti au front, pour combien de temps encore ?



En 50 pages à peine, nous arrivons à nous documenter sur une guerre longue, éprouvante, à partager quelques images et quelques mots avec ces ancêtres.

C'était il y a un siècle, en 1914.
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Colomba

Bande dessinée de Frédéric Bertocchini (scénario), Sandro, et Pascal Nino. D’après la nouvelle de Prosper Mérimée.



Pietranera, petit village des montagnes corses, pleure la mort de Della Rebbia. Pour Colomba, sa fille, l’assassinat est l’œuvre de l’avocat Barricini et l’homme doit être châtié à la mesure de son crime. « L’affront sera lavé par le sang. On n’assassine pas un Della Rebbia ainsi, en toute impunité. » (p. 3) Mais une femme ne peut pas se venger elle-même et Colomba doit attendre le retour de son frère, Orso. Après avoir servi dans l’armée napoléonienne, le jeune homme revient en Corse sur le même bateau que le colonel Nevil et sa fille Lydia. Et il revient du continent avec un certain calme, disposé à croire à la justice plutôt qu’à la vengeance.



« Pensez-vous, Monsieur le Préfet, qu’un Corse, pour être un homme d’honneur, ait besoin de servir dans l’armée française ? » (p. 6) Pour Colomba, Orso n’aura de l’honneur que s’il venge leur père en tuant Barricini. En l’absence de son frère, elle s’est attachée la fidélité de quelques bandits qui ont pris le maquis et elle a armé la maison, selon le proverbe, Si vis pacem, para bellum. Mais Colomba veut la guerre, jurant que le sang appelle le sang. « Sais-tu que la nature a eu tort de faire de toi une femme. Tu aurais été un excellent militaire. » (p. 39) Résolue à faire d’Oreste son bras armé, elle a fait de la vengeance sa raison de vivre, bien loin des préoccupations maritales qui animent les filles de son âge. « C’est très bien d’avoir du courage, mais il faut encore qu’une femme sache tenir une maison. » (p. 41) Cette parole d’Orso, nul doute qu’elle restera lettre morte tant que le père Della Rebbia n’aura pas obtenu réparation.



Quel plaisir de retrouver le texte de Mérimée ainsi sublimé par l’image ! Fascinée depuis longtemps par le mythe d’Électre, j’ai toujours beaucoup apprécié l’adaptation régionale qu’en avait faite Prosper Mérimée. Colomba est une farouche Électre qui pousse son frère Orso/Oreste à accomplir une vengeance dont il n’est pas convaincu au premier abord. Ah, ce que c’est d’avoir un destin et un devoir imposé par les traditions ! On peut aisément dire de Colomba qu’elle est mal nommée, n’ayant rien d’un oiseau de paix. Sombre, dure et inflexible dans ses éternels vêtements de deuil, elle est la première Érynie à tourmenter Oreste.



Dans son adaptation, Frédéric Bertocchini rend un superbe hommage à cette nouvelle corse et à l’île de beauté en général. La Corse est peinte en ce qu’elle a de plus sauvage et de plus fier. La bande dessinée est parfaitement fidèle au texte et lui apporte un dynamisme certain. La tragédie corse est magnifiquement servie par un dessin net et tranché, habillé de couleurs vibrantes. Et tout est dit dès la page de garde, aussi sanglante que superbe, à l’image de l’héroïne éponyme.



Une nouvelle fois, je ne peux que vous conseiller les œuvres de Frédéric Bertocchini, dont son magnifique Jim Morrison, poète du chaos. Il a prouvé qu’il était plus qu’à l’aise dans l’adaptation de textes courts en bandes dessinées : en témoigne Le horla d’après de la nouvelle de Maupassant ou encore Kirsten, la petite fille aux allumettes d’après le conte d’Andersen.

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Jim Morrison, poète du chaos

Cet album est destiné à ceux qui aiment les Doors, mais aussi à ceux qui ne les aiment pas. A ceux qui aiment les Doors, il les leur fera aimer encore davantage. A ceux qui ne les aiment pas, il leur donnera envie de considérer leur musique sous un autre angle, et puisqu’il n’est pas question uniquement de musique, il leur fera surtout découvrir les différents aspects de la personnalité de Jim Morrison.



Je craignais que le livre ne s’emballe dans un éloge adressé à la gloire de Jim Morrison, ou plus généralement adressé aux actes de provocation et de révolte contre l’autorité dont il a pu être l’auteur à diverses reprises. Evidemment, ces passages ne sont pas occultés, mais ils n’occupent pas une trop grande partie de l’ouvrage et savent trouver un écho avec l’intimité de Jim Morrison, son passé, ses pensées et ses convictions. Il n’apparaît pas comme un héros venu sur Terre pour renverser l’ordre établi, mais comme un homme qui s’est abreuvé à diverses sources (William Blake, Jack Kerouac, les romantiques allemands, les surréalistes…) pour construire une pensée qu’il a essayé d’appliquer à la réalité.



Loin des débordements provoqués par le succès de The Doors, on découvre Jim Morrison comme un individu quelconque, un peu paumé, mais qui essaie de donner du sens à sa vie. Quelques petites anecdotes intéressantes concernant la formation du groupe sont également éparpillées au fil des pages, et on apprendra par exemple l’origine des paroles de certaines chansons ou l’origine du nom du groupe :



« Les Doors… Les portes de la perception… C’était une référence directe à William Blake : « Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est, infime. » On avait la prétention de tout savoir et d’incarner l’Amérique nouvelle. On voulait tout foutre en l’air et inventer un monde nouveau. »



Enfin, le dessin, qui met en valeur l’univers sombre qui était celui de Jim Morrison, est un régal pour les yeux.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Le bagne de la honte - Intégrale

Tome 1 : Castelluciu

Joachim Evain, petit orphelin breton de 11 ans, est envoyé en Corse, à la colonie agricole de Saint-Antoine. Il s’agit en fait d’un bagne pour enfants. « Nous venions de toute la France. Vagabonds, voleurs, fortes têtes, orphelins… Napoléon III voulait éradiquer toute cette « mauvaise graine. » (p. 12) Là-bas, il se lie d’amitié avec Antoine Teurice, à peine plus âgé que lui. La vie au bagne est difficile : entre les travaux éreintants, les mauvais traitements et les sinistres penchants de certains détenus plus âgés, les jeunes prisonniers doivent s’endurcir s’ils veulent survivre. « Nous autres, les bagnards en culotte courte, étions condamnés jusqu’à nos vingt ans… Autant dire que c’est notre jeunesse qu’on nous volait. » (p. 14) Joachim, sans cesse, tente d’échapper aux brutalités de Xavier Trouvé, jeune bagnard défiguré qui est bien décidé à imposer sa loi sur les plus faibles et les plus petites.



Tome 2 : Francesca

Les jeunes bagnards du premier tome ont grandi. « Sous le drapeau de la République, nous autres, les enfants, on nous remplissait de haine. » (p. 13) Désormais, c’est Joachim qui protège les plus petits. En secret et avec la complicité d’un gardien, il vit une idylle avec Francesca, une jeune fille corse. Hélas, un autre gardien, Giocanti, n’a aucune indulgence pour les jeunes prisonniers et ne leur accorde aucun instant de répit ou de bonheur. Au bagne de Saint-Antoine, les enfants meurent par dizaines, par centaines : accidents, malnutrition et suicides sont dissimulés derrière le vocable général de maladie. Pas question de laisser entendre en haut lieu que les jeunes bagnards vivent dans des conditions épouvantables. Il faut donc qu’une voix s’élève et crie la vérité. Et quelle voix est mieux placée que celle d’Antoine Teurice, survivant du bagne de la honte ?



Ce terrible épisode du Second Empire est une verrue de l’histoire, ainsi que la qualifie Frédéric Bertocchini. La définition est juste : des enfants traités comme des adultes et maltraités comme s’ils étaient les pires vermines, voilà qui a de quoi indigner quand on tourne les pages d’un manuel d’histoire. Sauf que… ce n’est pas le genre de choses dont on parle dans les manuels. Il fallait l’ouvrage de Frédéric Berocchini et d’Éric RückStülh pour ouvrir nos yeux. Cette bande dessinée est pleine de violence, mais nécessaire. Pour de nombreux personnages, pas de fin heureuse, rien que la peine et la mort. Les dessins d’Éric Rückstühl rendent hommage à la souffrance des jeunes victimes de l’administration française : les visages et les corps sont tourmentés, mais il émane d'eux la grâce farouche propre aux innocents privés d'espoir. Et même si les paysages corses sont de toute beauté, ils restent le sinistre décor d’une mise à mort minutieuse et impardonnable.

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Kirsten : La petite fille aux allumettes

Bande dessinée de Frédéric Bertocchini (scénario), Sandro, Marko et Sayago. D’après le conte de Hans Christian Andersen.



Nous sommes le 31 décembre 1851 à Copenhague. La neige tombe en abondance et le froid des rues contraste durement avec la chaleur des intérieurs bourgeois. En ce jour de réveillon, la très jeune Kirsten tente de gagner quelques sous. « Malgré le froid saisissant, mon père m’avait envoyée dans la rue pour vendre quelques boîtes d’allumettes qu’on lui avait gracieusement données. » (p. 2) Mais personne ne s’arrête auprès de la misérable enfant qui tend, en vain, ses maigres allumettes. La ville entière se presse pour achever les derniers préparatifs de la soirée de réjouissances qui s’annonce. Mais de réjouissances, pour Kirsten, il n’y aura que des coups si elle rentre au logis sans avoir obtenu quelques pièces.



Pendant toute une journée, on suit la fillette dans les rues enneigées. En dépit de l’indifférence, voire de la cruauté des passants, elle garde une candeur joyeuse et elle s’autoproclame princesse des allumettes pour faire sourire un plus petit qu’elle. Mais le jour s’éteint et les rues se vident. Avec son pauvre chargement invendu, Kirsten préfère le recoin d’un escalier à la menace d’une correction. Dans l’obscurité glacée, elle gratte une allumette pour lutter contre le froid. La faible lueur soufrée lui ouvre les portes d’un monde merveilleux. Pour ne pas le quitter, elle gratte toutes les allumettes et, au plus froid de la nuit, elle retrouve sa chère grand-mère. Hélas, la flamme éphémère qui se reflète dans les grands yeux bleus verts de l’enfant n’éclaire déjà plus qu’un regard vide.



Cette adaptation très libre du conte d’Andersen reste, dans l’esprit, très fidèle à l’histoire originale, tout en étant moins macabre. Kirsten est telle que je me suis toujours représenté la petite fille aux allumettes, gracieuse en sa misère. Les dessinateurs ont rendu avec beaucoup de talent le froid qui envahit les rues et la bêtise qui règne sur les cœurs. L’image est belle et mélancolique : elle m’a replongée dans ce conte qui a toujours été un de mes préférés.



De Frédéric Bertocchini, outre son excellent Jim Morrison, poète du chaos, je vous conseille Le horla, bande dessinée adaptée de la nouvelle de Maupassant.

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Aio Zitelli, tome 1 : Récits de guerre 14-18

À la fin de l’été 1914, la mobilisation générale appelait les Français sous les drapeaux. Tous les Français, même les insulaires. Les Corses mobilisés, pour certains, quittaient pour la première fois leur île. Parmi eux, il y a des vieux et des enfants, aucun n’imaginant ce qui les attend alors qu’il y a tant à faire au pays, les labours et le reste. La guerre se charge rapidement de faire tomber les illusions. « Nous n’étions pas des assassins… C’était eux ou nous… Pas des assassins… Eux ou nous… Putain de guerre ! » (p. 25)



Les tranchées, le froid, la faim, la vermine, tout cela a déjà été écrit et lu, mais ici, on parle des poilus corses qui, dans certaines missions, se sont illustrés. Quelque part dans les Vosges, une plaque leur est dédiée, à eux qui ont quitté une île de soleil pour se battre dans la neige et creuser des galeries sous les tranchées ennemies. « On nous appelait ‘les Corses’, alors que c’était pour la France que nous nous battions. Nous étions misérables. Désespérés. Mais fiers. » (p. 19)



Cette bande dessinée m’a rappelé Le bataillon créole de Raphaël Confiant qui raconte comment d’autres iliens ont tout quitté pour défendre la métropole, laissant des familles qui devaient faire face à l’absence des hommes, à l’incertitude et au chagrin. Il est manifeste que l’auteur s’est grandement documenté pour écrire son scénario : les noms, les situations et les lieux sont véridiques, certaines paroles également, et tout cela rappelle que si la guerre peut être un sujet de fiction, elle reste avant tout marquée du sceau de la réalité.



L’image est très dynamique et si la mort est très présente, il n’y a aucun étalage inutile de violence et de douleur. Bien que sobre, le dessin est doté d’une belle force évocatrice, quelques coups de crayon suffisant à en montrer beaucoup. Les chapitres parlent des vivants, des morts et des rescapés, sur le mode de la lettre envoyée ou reçue. Le dialogue a toujours lieu avec l’absent, celui qui est prisonnier de la tranchée ou de la geôle ou celui qui est resté au pays, chacun éprouvant une solitude déchirante et un manque incommensurable, bravement dissimulés sous un masque de courage et d’espoir.



J’adresse toutefois un reproche à cet ouvrage : chaque chapitre se concentre sur un personnage pendant quelques courtes pages et l’abandonne au chapitre suivant. Il est donc difficile de s’attacher à une figure et de la suivre. Certes, les victimes de la guerre ont mille visages et mille douleurs, mais le découpage de cette bande dessinée est trop haché à mon goût. Et s’il permet une progression temporelle dans les années de la guerre, il ne m’a pas laissé le temps de saluer chacune des figures choisies par l’auteur.

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Jim Morrison, poète du chaos

Roman graphique de Frédéric Bertocchini (scénario) et Jef (dessin).

Extrait de l'avant-propos de Frédéric Bertocchini : « Bien que construit sur des faits réels, ce récit n'est pas historique. Jim Morrison n'aurait pas aimé être cloisonné ainsi dans une réalité, ou bien appartenir à quelqu'un. Il s'agit simplement d'une perception... Celle de deux auteurs fans de sa musique et de son univers mystérieux que nous vous invitons à partager. » Fidèle mais audacieuse, cette œuvre est une réussite.

Nous sommes à Paris en 1971. Loin des Doors et de l'Amérique, Jim Morrison traîne sa solitude et son mal de vivre dans les bars et les rues de la capitale. Sa compagne, Pamela Courson, ne sait comment le retenir, le faire parler ou lui rendre la foi dans son talent créateur. Au gré de va-et-vient dans ses souvenirs, Jim retrace son parcours : son adolescence, les débuts du groupe, l'exaltation de la scène, les studios d'enregistrement, le succès et ses démons. Les auteurs donnent la parole au chanteur-poète : sous leurs plumes, Jim Morrison se livre comme dans une autobiographie désabusée. "J'ai toujours dit que je n'étais qu'un pitre... mais un pitre de qualité."(p. 40) Jim Morrison, un pitre ? Rien dans cette œuvre ne montre un guignol. Chaque planche dresse le portrait d'un homme rongé de souffrances, réfugié dans un alcool qui devient un ennemi, fasciné par la mort. "J'ai visité le Père-Lachaise aussi... Fascinant cimetière..." (p. 31) Phrase prophétique quand on sait que c'est là qu'il repose. Mais si la mort est au cœur de son existence, il ne cherche pas à s'en emparer. Flirter avec elle et l'éprouver au quotidien lui suffit: "La simple idée du néant me maintenait en vie." (p. 25)

Jim Morrison ne concevait la vie qu'en mouvement et sensation. Devant des émeutes parisiennes, il répond à Pam : "Ce qui m'intéresse n'est pas la cause, mais l'action. Je crois que la rébellion intérieure est une façon de parvenir à la liberté intérieure. Le mental à travers le physique." (p. 104) Chaque chose inextricablement liée à une autre, il avance dans le monde comme on entre en guerre. "J'ai alors appris à aimer. Et à souffrir aussi... De toute façon, l'un ne va pas sans l'autre..." (p. 24)

L'épisode originel de la rencontre avec l'Indien mort sur le bord de la route préfigure tout le récit : "Ce fut, sans conteste, le moment le plus important de ma vie. C'est là, sans doute... que l'âme du chaman a bondi dans la mienne... Je n'étais plus tout à fait moi-même, tout en l'étant davantage. Non... ce n'était pas un rêve... Non... Ce n'était pas un putain de rêve." (p. 12 & 13) L'album se referme sur cette même communion avec l'esprit du chaman. La conclusion n'est pas la mort, mais la découverte de la plénitude et la reconnaissance de soi-même au sein du monde.

L'album se décline en noir et blanc. Pas de gris. Juste la lumière et le néant. La masse de noir est parfois si opaque, si concentrée qu'il faut prendre un vrai recul par rapport à la page, éloigner le livre pour comprendre l'image. La finesse des portraits est telle qu'un simple trait suffit à suggérer la beauté animale de Jim Morrison. Certaines planches ou images m'ont profondément rappelé l'œuvre d'Oliver Stone, The Doors, comme des négatifs du film. Hommage ? Plagiat ? Il me semble plutôt que l'univers morrisonien se prête à la reproduction de mêmes scènes légendaires. Les choses ne peuvent pas avoir été autrement sur cette plage ou dans ce studio. L'histoire se déploie sur des pleines ou doubles pages où le noir et blanc s'affrontent sans cesse : comme Jim Morrison sans cesse sur le fil, entre ombre et lumière, l'image livre un combat. La seule couleur est celle de la couverture : psychédélique, fluo, stroboscopique pour le texte en quatrième, elle n'est pas de tout repos et c'est avec soulagement qu'on se réfugie dans la monochromie intérieure. La vie du poète a suffisamment explosé de toute part : l'usage du N&B offre un dérisoire et ultime apaisement.

Loin d'être une biographie de ce "poète du chaos", l'album offre une version très humaine de cet homme. On est loin du show-business ou de la folie des groupies. On trouve ça et là des extraits des chansons, mais ce n'est pas non plus l'essentiel. Les excès sont montrés, mais ils ne font pas la une. Ce qu'on voit surtout, c'est un homme seul aux prises avec ses souffrances. Les 120 pages défilent comme les meilleurs des albums des Doors. Et c'est sans relâche qu'on peut relancer la platine.
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Jim Morrison, poète du chaos

‘Je voulais ressembler aux poètes maudits français... Baudelaire, Rimbaud, Verlaine ou encore poursuivre l'oeuvre des surréalistes.'



‘J'étais un poète. Oui, mais un poète perdu.'



Paris, 1971 … quelques jours avant sa mort,



Jim Morrisson, déprimé et brisé se souvient de son enfance, des Doors, de ses excès et de la gloire.



Jim Morrison, poète du chaos est un sublime roman graphique de deux fans de cette comète. Frédéric Bertocchini aux commandes du scénario et Jef à celles du dessin signent un album très poignant sur cette étoile filante.



Une lecture rock'n'roll de la vie de Jim Morrisson que je recommande.



Une pépite !!

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Guide de la Corse en bandes dessinées

Les guides touristiques n'en finissent pas de se réinventer !



La preuve avec ce guide de la Corse en bande dessinées, au carrefour du guide touristique, de la bande dessinée historique et du guide culturel.

En 192 pages, ce guide vous propose de parcourir et de découvrir l'île de Beauté en mettant en avant 30 lieux mythiques du Cap Corse à Corte en passant par Ajaccio et le fameux GR20.

Ce que vous trouverez à l'intérieur de ce guide :

-un petit lexique Corse (des mots utiles, des mots utilisés dans le langage populaire, des mots pour débuter le voyage);

-des planches de BD qui racontent des épisodes de l'histoire de la Corse ;

-des focus sur les choses à voir, sur les spécialités culinaires (avec des liens internet pour avoir la recette), sur l'art de vivre (à quoi ressemble l'apéro ?);

-des idées de lecture pour se mettre dans l'ambiance ;

-des cartes pour vous repérer ;

- et aussi des idées de sortie culturelle (festivals, musées), de musiques à écouter.



Qu'on le feuillette ou qu'on se plonge dedans, on n'a qu'une envie en refermant ce docu-BD, partir immédiatement en Corse !


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Colomba

De retour en Corse, Orso Della Rabbia retrouve sa soeur Colomba, désireuse de venger la mort de son père deux ans plus tôt. Au village de Pietranera l'honneur de la famille Corse est en jeu !!!

Quelques semaines à peine après la sortie du Horla adapté en BD, Frédéric Bertocchini (scénario) associé cette fois-ci à Sandro (dessins) et Nino (couleurs), nous offre une très belle adaptation d'un classique littéraire de Prosper Mérimé, Colomba.

Les personnages qui évoluent dans une très belle ambiance (d'une Corse telle que l'on imagine avoir été) deviennent très rapidement attachants. Le scénario bien construit et rythmé avec habileté, nous embarque sans faillir jusqu'au dénouement.

Il ne manque rien si ce n'est... l'odeur du maquis !

J'ai été séduite...un vrai plaisir lecture.
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Le Horla Maupassant (BD)

Cette adaptation en bande dessinée du roman éponyme de Guy de Maupassant est à la hauteur de l'évènement. L'album retranscrit bien la folie de Maupassant qui se dévoile, de plus en plus intense, tout au long du roman, jusqu'à la fin tragique, par de beaux dessins qui matérialisent cette apparition surnaturelle et fantastique. Les paysages de Normandie sont d'abord bucoliques puis prennent un caractère inquiétant. Un très bel album.
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Sampiero Corso : Tome 1 et 2

J'ai eu la chance d'avoir, entre les mains, ce magnifique coffret du diptyque de la vie de Sampiero Corso. Le design du coffret est vraiment top, les dessins de cet auteur sont toujours aussi beau. Je connaissais l'histoire de ce personnage mais je ne le pensais pas avec ce caractère colérique. On ressent beaucoup d'émotions dans ces albums. Le premier volet se porte sur sa formation militaire puis son engagement auprès des Médicis et se termine par son mariage avec Vannina. Le second volet débute sur la naissance de son premier fils, sa vie de famille (pour ainsi dire inexistante), relate ses batailles pour conquérir son île et s'achève sur sa mort tragique.
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Les Frères corses, tome 1 : Le Paceru

Superbe adaptation en bande dessinée du roman éponyme d'Alexandre Dumas. J'ai aimé l'intensité des personnages : Lucien et sa mère. Les dessins sont vraiment magnifiques, on découvre le village de Sollacaro en 1841. L'auteur nous fait bien ressentir la fascination, mêlée d'inquiétudes, de Dumas pour l'histoire de ces deux frères siamois aux pouvoirs surnaturels.
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Le bagne de la honte - Intégrale

Quel album ! Magnifique dessins et textes chargés d'émotions. On découvre l'horrible histoire du bagne de Castelluccio, sur les hauteurs d'Ajaccio. L'auteur a ajouté un peu d'amour, une romance, pour adoucir toutes ses souffrances et ses injustices.
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Histoires corses, tome 1

J'ai grandement apprécié ce recueil d'histoires courtes concernant la Corse. Les récits abordent des sujets variés, historiques ou fantastiques. Les dessins d'auteurs différents sont très jolis et dans le ton, un vrai moment de plaisir.
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Les Frères corses, tome 2 : Le témoin

Suite et fin de l'adaptation du roman de Dumas. Ce second tome se déroule à Paris. On découvre l'histoire de Louis, frère de Lucien, victime d'un duel. Lucien qui ressent ce que ressent son frère arrive pour le venger. L'auteur nous révèle avec émotions la tragédie des frères corses.
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La Cordillère des âmes, tome 1 : De chair et de..

Un très beau premier tome, rendu agréable par un style graphique épuré et une mise en couleurs avec de subtiles nuances que j'aime tout particulièrement et qui s'accordent parfaitement avec la dimension tragique de l'histoire.

Le scénario est rythmé et très bien construit. Il transpose avec justesse le côté psychologique des survivants du crash, entre doutes et espoir. Les plus sensibles ne seront pas heurtés par la partie cannibalisme, qui est certes présente dans l'histoire, et ne pouvait être occultée puisqu'elle est un fait marquant de ce récit véritable, mais qui est ici traitée avec beaucoup de subtilité et de retenue.

Un très bel album... J'ai donc hâte de découvrir le deuxième et dernier volume, dont la sortie est prévue en mai prochain.
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