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Critiques de Frédéric Brunnquell (20)
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Hommes des tempêtes

Cela fait plusieurs heures que j'ai posé mon pied à terre après ce voyage éprouvant au coeur des tempêtes. Et je n'arrive pas à m'y faire.

Je n'ai pas encore retrouvé mon point de gravité, mon équilibre et ma capacité de réflexion. Je suis encore tout à mes émotions, à ma concentration pour ne pas avoir le mal de mer et je rassemble tout ce qu'il me reste d'énergie pour tenter de ne pas céder à la peur et pour survivre au coeur des éléments.



Je suis sans mots face à l'immensité, à l'adversité de l'Atlantique Nord, à la fascination que me procure cette plongée au coeur de l'infini bleu à bord du Joseph Roty II.

Je suis sans mots devant le courage de ces hommes qui passent leur vie à bord, loin du confort, des êtres aimés et des rêves terrestres.

Je suis sans mots devant ce chalutier gigantesque, dont le coeur bat au rythme des vagues et dont chaque pièce sert à ramener poissons et hommes à bon port, une fois la pêche terminée.

Je suis sans mots devant le talent de Frédéric Brunnquell.

Cet auteur et réalisateur nous raconte avec humilité la force de cette Nature si puissante loin des terres. Il nous partage avec pudeur et admiration l'intimité qu'il a su créer avec ces hommes de la mer avec qui il a partagé angoisses et joies, tranches de vie et rêves.



Hommes des tempêtes...

Ce titre et sa couverture m'ont fait de l'oeil dans ma librairie préférée alors que je m'étais juré de ne rien acheter. (J'étais entrée juste pour me faire envie). Pfff... C'était sans compter l'attrait irrésistible qu'ont sur moi l'océan, ses bateaux et ses hommes.

Face à eux, je suis fascinée... et terrifiée. Je me sens si petite et en même temps si vivante ! Une fois de plus, j'ai l'impression d'avoir poussé au mauvais endroit - dans mes Alpes pourtant si appréciées - tant le monde océan m'attire.



Vous n'allez pas me croire : je viens de terminer ce livre en ce dimanche de Pentecôte et je découvre à l'instant que le film documentaire de Frédéric Brunnquell passe à la télé dans trois jours.

Rien de tel pour prolonger le plaisir d'être en mer et retarder le moment de l'atterrissage dans mon quotidien dispersé.



Embarquez vous aussi pour ce voyage décapant. Vous ne le regretterez pas ! Et puis, vous ne mangerez plus jamais de surimis comme avant !!!

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Le Bûcher des illusions



Ces sept nouvelles mettent en scène des personnages du quotidien, des contemporains , qui ont pour point commun d’être abimés par la vie qu’on leur impose. Difficultés financières liées à des emplois précaires, que la moindre maladie fait sombrer, ou au déséquilibre d’une famille qui se disloque, régression sociale avec la menace de la rue, toutes ces impasses les conduisent à une révolte qui peut se traduire par une occupation de ronds-points, à l’adhésion à un syndicat ou à des choix politiques qui les bercent de nouvelles illusions en pointant du doigt les supposés responsables encore plus miséreux qu’eux.



On y rencontre aussi des femmes épuisées par leur vies multiples, par démission ou du fait du métier du conjoint toujours absent.



Le leitmotiv de ces nouvelles est le désabusement, la perte de l’espoir.



Dans un siècle, le recueil pourrait être un témoin fidèle de ce qu’était la vie des français, ceux qui font marcher les affaires d’une économie qui ne les fait pas bénéficier de son profit. Un témoignage social riche d’authenticité.



196 pages Albin Michel 30 Août 2023



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Hommes des tempêtes

Ce qui au départ était n voyage pour faire un film-reportage sur la vie des marins-pêcheurs hauturiers s'est transformé en pur roman d'aventure pour l'auteur !



Sur le plus grand chalutier français, le Joseph Roty II et ses 90 mètres de long, il embarque avec l'équipage de 55 personnes pour une campagne de pêche du merlan bleu en Atlantique nord.



Le navire a été construit pour la pêche à la morue en 1974 sur un chantier naval polonais. Après l'interdiction de cette pêche sur Terre-Neuve en 1992 il a été transformé en bateau-usine et il est maintenant l'unique bateau européen équipé pour la production du surimi-base.



L'auteur est logé comme les marins même pire puisqu'il s'installe dans la cabine surnommée “le ghetto” avec 2 autres marins. Son espace personnel, une bannette de 2 m sur 60 cm pour les 7 semaines prévues !! En plein coeur de l'hiver il va vivre au rythme de l'équipage, de la recherche du poisson, de la peur que rater la campagne entraine une absence de salaire pour tous.



Tout comme ces hommes il va subir les odeurs, les bruits, la promiscuité, les dissensions, le gros temps et surtout la tempête ! L'angoisse s'installe en même temps que son récit, les odeurs et le bruit sont présents et le danger perceptible. Malgré les avancées technologiques et industrielles, pêcheur hauturier reste un métier dangereux, violent, soumis aux aléas météos ! le merlu bleu n'est pas un poisson qui se localise, la réussite de la pêche dépend du professionnalisme (en termes d'années) du capitaine !



Ces marins, bretons, portugais ou polonais, sont les mêmes qu'à la grande époque de la morue, le mental identique pour supporter ces conditions et parfois ils semblent coller à leur travail comme des bernicles (berniques, arapèdes ou patelles) !



Pour le commun des mortels c'est franchement horrible mais il faut lire ce livre, il n'y en a pas tant que ça à témoigner de ce métier et si la caméra est aussi habile à retranscrire une ambiance que la plume, j'ai hâte de voir le documentaire, qui n'est pas consultable pour l'instant !



#Hommesdestempêtes #NetGalleyFrance



Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge ATOUT PRIX 2021
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Le Bûcher des illusions

Comme quoi une bonne intention ne donne pas forcément un bon livre.

Ces nouvelles ont pour ambition de donner la parole aux précaires, aux ouvriers, à ceux qui vivotent de leur travail, qui ont du mal à finir le mois et à toutes les victimes de la mondialisation.

La nouvelle, c'est déjà un style littéraire que j'apprécie peu ; j'ai besoin de suivre les personnages, de m'attacher, d'aller au fond des choses et les histoires racontées ici auraient eu besoin d'être développées pour toucher la lectrice que je suis.

L'écriture est simple fluide mais la brièveté de ces pans de vie est trop caricaturale pour moi et m'a empêchée d'entrer en empathie avec les protagonistes.
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Le Bûcher des illusions

Grand reporter, Frédéric Brunnquell réalise des reportages dans lesquels il s’attache à donner la parole aux oubliés de notre société de consommation. De ces rencontres sont nées ces histoires de braves gens confrontés à la violence d’une situation professionnelle qui, en leur échappant, les plonge dans un univers sordide. Et quand les Gilets Jaunes symbolisent leur seul espoir de changement, la désillusion est tapie au bord du rond-point. Sylvie voit péricliter sa petite boutique de presse ; Soazic, la femme du pêcheur en mer fait un déni de grossesse ; Marc, serveur dans une brasserie lilloise veut encore croire en sa bonne étoile ; Sidonie peine à vivre de son métier de costumière tant les compagnies de théâtre sont exsangues et quand elle trouve un moyen de s’en sortir, elle se heurte aux dures réalités de la loi ; A Béziers, Florian cède aux sirènes du RN mais ignore tout d’un secret de famille ; Antoine n’en peux plus de subir les humiliations de sa hiérarchie : Tous font partie de cette communauté silencieuse qui souffre sans espoir de voir leur vie s’améliorer et Frédéric Brunnquell a su les écouter.
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Hommes des tempêtes

"Il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et les marins."

Il faut connaître les marins pour comprendre la justesse de cette assertion. Je le sais, je suis mariée à un homme qui n'est ni vivant ni mort ;).

Un monde à part, une vie à part, morcelée, pleine de risques, de folie, de liberté, de souffrances physiques et morales. Un monde complexe mais qui relie les hommes de dizaines de pays si différents : italiens, ukrainiens, polonais, français, russes, philippins, indonésiens, indiens, angolais...

Un métier aussi vieux que le monde et qui, aujourd'hui, fait tourner le monde. Qui nous apporte nos frigos, notre ciment, notre jus d'orange, nos liaisons internet, notre gaz, notre coton, nos poissons, tout. 85% des échanges mondiaux se font par la mer.

Hommes des tempêtes est un livre magnifique, qui raconte la vie en mer. La vraie. Le combat contre la mer, les poissons et les vents, contre les machines, contre soi-même. L'enfermement, l'attente, les blessures et la peur. L'espoir. Les rires et la confiance. La colère. Tout ce que ressentent ces hommes oubliés, que la mer, tout à la fois, sauve et dévore.

Un livre à ne pas manquer.
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Hommes des tempêtes

J’ai dévoré ce récit d’une traite, impossible de le lâcher, j’avais plus l’impression d’être dans un roman que dans un récit d’une histoire vraie. C’était incroyable, une aventure humaine extra. J’ai eu la sensation d’avoir embarquée avec eu pêcher le merlan bleu, j’étais en mer, au delà de l’Irlande, j’étais dans la tempête, dans les creux de 15m. J’étais avec ses marins qui petit à petit, vont se confier , se livrer, leurs faiblesses, leurs peurs mais surtout leurs amours du large et de la mer. On parle souvent d’un appel, ce livre nous le fait vivre.



On voit l’envers du décor, on effleure la rudesse et la dureté du métier, nous bien au chaud dans notre lit douillet.



L’auteur n’embellit pas mais il n’exagère pas non plus, il nous livre un récit franc et humain et on en redemande. Par ce que je vais vous dire, ces pêcheurs, en quelques pages on apprend à les aimer et à les respecter. Ça a été une lecture forte, riche en émotions.
Lien : https://loeildesauron1900819..
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Le Bûcher des illusions

Encore un ouvrage qui m’a échappé lors de sa sortie à la rentrée 2023. L'oubli est réparé et je ne le regrette pas. Ce n’est pas un roman, mais plutôt un recueil de témoignages révélés par l’auteur, Frédéric Brunnquell, au titre explicite "Le bûcher des illusions".



Il l’explique dans le prologue "J’ai vécu des mois avec ces personnes…J’ai écrit leur histoire pour ne pas les quitter…J’ai écrit leurs histoires en bousculant le réel avec délicatesse pour ne jamais trahir leurs convictions." Et de la délicatesse, dans ces petits récits, il y en a. L’écriture est simple mais belle, les personnages sont décrits avec une infinie douceur et leurs vies, leurs combats, leurs désillusions, toujours traités avec un grand respect.

Rien n’est gai dans ces histoires, tout ce qui est raconté est plutôt dilué dans un camaïeu de gris qui souligne la précarité, les difficultés au travail, les pressions de la hiérarchie, voire les pratiques peu orthodoxes destinées à surveiller les employés, les chronométrer, les fouiller, les humilier. Tout est regrets, désirs d’autres chose, d’un nouveau départ. L’auteur a su écouter avec bienveillance ces hommes et ces femmes, tristes, épuisés, croulant, pour certains sous les dettes, avides de changement, d’un monde meilleur.



A travers Sylvie, la marchande de journaux dont les clients se font de plus en plus rares, les Gilets jaunes sur le rond-point, Soazig, femme de marin, et son déni de grossesse, Marc serveur et sa femme Perrine qui travaille pour une marque de robes de mariée en CDD, Sidonie, costumière pour le théâtre, qui n’en vit plus et, se trouve prise dans les filets de l’illégalité pour avoir usé de stratagèmes, Florian et les sirènes du Rassemblement National et Antoine, celles de la CGT, l’auteur nous dresse le portrait d’une société sans espoir et c’est très émouvant.



Un ouvrage plein de désespoir et en même temps de désir de s’en sortir. Frédéric Brunnquell fait preuve d’un immense talent pour nous raconter ces vies cabossées.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Hommes des tempêtes



Récit documentaire au allure de roman d'aventure qui nous embarque pour 7 semaines de pêche dans l'Atlantique Nord à bord du Joseph Roty II, le plus gros chalutier Français en activité, qui concentre son activité dans la pêche au merlan bleu servant a la fabrication du surimi et qui va nous transporter dans l'intimité et la promiscuité que se partage les 55 membres d'équipage.

On plonge avec l'auteur dans la dure réalité du travail de marin pêcheur en haute mer à la rencontre de ces hommes, Portugais, Polonais et Bretons dont la vie oscillent entre terre et mer, entre amour et solitude, entre confort et promiscuité et pour qui l'horizon sans fin de l'océan qui nous fait tant rêver n'est synonymes pour eux que de dur labeur.



On referme le livre en appréhendant le roulis du bateau, on se lève, on tangue un peu, on regarde par la fenêtre comme à travers un hublot, croyant apercevoir la mer en furie, puis on émerge de la tempête dans laquelle nous a plongé ce livre et l'on s'aperçoit rassuré que l'on à les deux pieds bien ancrés sur la terre ferme.

Pour sûr, aux prochains apéros entre amis je regarderai les surimis avec un très profond respect.



Pour les amoureux de la mer, récit court (200 pages) dans lequel l'auteur, a l'aide parfois d'envolée lyrique magnifique, nous embarque pour un voyage immersif et passionnant.

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Hommes des tempêtes

Ce livre est plein d'air frais, de vagues et d'embruns. J'ai vraiment adoré.



Pendant quelques mois l'auteur a accompagné l'equipage du plus grand chalutier Français, le Joseph Rotty II, lors d'une campagne de pêche dans l'Atlantique nord.



L'attente est longue avant de trouver le poisson, le travail est harassant, l'environnement hostile et les aléas incessants. Houragan, pannes, océan démonté, creux de plusieurs mètres contrastent avec la solitude des hommes d'équipage qui passent de longues semaines loin de leurs proches, seuls dans leurs cabine.

Leurs témoignages sont exceptionnels. N'hésitez pas une seconde à embarquer avec eux respirer l'air du large et partager leur expérience. C'est passionant.
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Le Bûcher des illusions

Fréderic Brunnquell était grand reporter, il est désormais réalisateur de documentaires. Il est déjà l’auteur d’un récit de voyage publié chez Grasset Hommes des tempêtes, il se consacre ici, dans ce titre publié par Albin Michel, à la vie de personnes ou de familles, oubliées par la société, du travail, de la consommation. Pourtant, de vraies personnalités, qui tiennent les deux bouts avec une volonté qui force le respect. Comme il le dit : « Des gens de la petite classe moyenne devenus les personnages semi-imaginaires d’un livre« , là où la fiction finit de compléter les observations et souvenirs de Frédéric Brunnquell.



Ce recueil se compose de huit histoires, huit récits de vie-s d’individus différents, qui ne se connaissent pas, qui n’ont rien en commun si ce n’est une vie de contraintes, de labeurs, de solitude, de difficultés financières, écrasés par le rouleau compresseur d’une économie vacillante, d’un gouvernement aveugle aux difficultés des plus pauvres, de ceux qui ne vivent que de presque rien. Le naufrage des cuirassés présente Sylvie, vendeuse de presse, qui arrive à peine à se faire 500 € par mois et qui persiste à tenir boutique. Le deuxième récit est éponyme, Le bûcher des illusions, Francine et Lydie amies engagées dans le mouvement des gilets jaunes. Ensuite Magda, fille de chagrin, présente Magda, femme de marin, mère de deux grandes filles, qui attend son homme. Nous étions libres présente Marc qui s’évertue à trouver un job dans ses compétences pour quitter sa place de serveur. La jurisprudence des meringues montre Sidonie qui n’arrive plus à vivre de son travail de costumière et s’est réorientée dans le massage, bien malgré elle, cette mère de famille de trois ans, qui essaie de s’en sortir avec talent et débrouillardise. Matoub présente un couple dont l’homme, Seb, cède aux sirènes du populisme alors que sa femme se découvre des origines marocaines. CGT OK s’épanche sur Marion, coiffeuse à domicile, épouse de Antoine, cadre dans une enseigne de hard-discount, éreinté par les procédures humiliantes mises en place pour diriger les employés.



Un petit cercle de personnes avec des rêves pleins la tête, des personnes lambda, de classe moyenne, qui se mettent en quatre pour s’en sortir, et qui n’arrivent que très difficilement à boucler leurs fins de mois. Il y a ces couples où les hommes doivent partir loin pour assurer un revenu minimum au foyer, la femme est seule pour s’occuper ce qu’il reste justement du foyer, des femmes qui ont des idéaux, assurer une mission de service public, un combat des gilets jaunes, ou un des hommes qui essaient de reprendre confiance. Des femmes et des hommes qui recherchent toutes les solutions possibles pour sortir la tête de l’eau, ce n’est pas faute de volonté, de travail et de détermination. Des personnes essentielles à la bonne marche de la société, marin, serveur, commerçante, infirmière, maraîcher, cadre, qui pourtant étouffent sous la lourdeur d’un système qui ne donne à ces travailleuses et travailleurs qu’un salaire minimum en contrepartie d’une charge de travail et une pression toujours plus lourdes.



J’ai beaucoup aimé l’œil du journaliste, la plume de l’écrivain, le respect de l’homme pour la vie des personnes qu’il décrit : il met le doigt exactement là où cela fait mal, dans un monde où l’on accuse les gens de ne pas travailler, et de manquer d’effort alors qu’ils se donnent corps et âme, qu’ils se montrent courageux, volontaires et inventifs, assez résilients pour surmonter les difficultés qui se dressent devant eux. Frédéric Brunnquell parle de toutes ces Françaises et Français avec tendresse, toujours avec un grand respect pour souligner la dignité qui est la leur et dont ils ne se départissent jamais, et avec précision. Car il y a toujours le détail, ces anecdotes, qui donnent vie à ces hommes et femmes, et n’en font pas seulement des personnages de papier caricaturaux.



Le titre choisi pour ce recueil est de circonstance : le constat est violent. L’œil extérieur de l’auteur montre, sans jamais le dire, les illusions perdues de ces travailleuses et travailleurs, leur compagne et compagnon respectif, dont l’investissement personnel, professionnel et social ne sera jamais à la hauteur du résultat qui en découle. Le deuxième récit, celui qui met en scène un rassemblement de gilets jaunes, est particulièrement révélateur : de notre distance de lecteur, la tête farcie de l’actualité économique qui est la nôtre, on ressent l’inanité de l’action des deux femmes, d’une croyance trop forte en des idéaux illusoires et qui, comme on a pu le constater, s’avéreront vains. La violence de ces existences est incarnée par cet incendie volontaire qui clôt le deuxième récit, un feu destructeur symbole de la perte des illusions. Il y a le récit qui évoque également le populisme qui va croissant avec les difficultés financières que connaissent les Français, Matoub, évoquant avec ironie cette croyance en une supériorité nationale.



Encore un titre qui a fait les frais de la forte production des rentrées littéraires, pourtant, c’est une folie façon d’attirer l’attention sur un état de fait qui n’intéresse plus personne là-haut, au gouvernement, dont les sous-fifres sont toujours là pour nous marteler la valeur travail, alors même qu’une grande partie des Français aujourd’hui n’a plus les moyens de se payer un chou-fleur à 5 € (prix constaté par moi-même au supermarché le plus proche). Ces textes rendent un très bel hommage à toutes ces vies qui apportent à la société plus qu’elles ne reçoivent, contrairement à notre élite décomplexée, qui ne se refuse jamais le bon homard que le contribuable finance à ses dépens. Enfin, j’aimerais citer Frédéric Brunnquell et cette jolie phrase qu’il a eue dans son introduction : » Je ne crois pas au banal de la vie, il n’est qu’un voile opaque derrière lequel se nichent des trésors de narration« .
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Le Bûcher des illusions

« J’ai vécu des mois avec ces personnes. J’ai essayé de les comprendre. Toutes m’ont ému. Je me suis pris à extrapoler leurs vies pour leur accorder le droit au romanesque. Il était une fois… »



Cette phrase de Frédéric Brunnquell, auteur-réalisateur de commentaires, laisse augurer les rencontres avec des personnes que chacun d’entre nous a pu ou pourrait être, ou que chacun a été amené à côtoyer. Des femmes et des hommes qui n’ont pu ou su maîtriser des situations qui les ont propulsées dans une situation d’inconfort, de mal-être ou d’exclusion.



Ces histoires sont toutes émouvantes et la plupart se confrontent à des faits sociétaux : l’implication active dans le mouvement des gilets jaunes, Sylvie accrochée à son kiosque de journaux que les passants, même les plus anciens délaissent, Marc qui « revit les saynètes de sa vie d’avant », avant qu’il ne soit serveur, il tenait « le Pacific », un bel établissement de la banlieue de Lille, comme s’il en était le propriétaire. Jusqu’au jour où ce dernier change sa stratégie de gestion en faisant de Marc un chômeur. Il y a Sidonie suiveuse des troupes de comédiens qui vont faire leur festival à Avignon, espérant qu’entre les massages qu’elle dispense et son rôle de costumière, ses gains dissimulés sous le matelas lui permettront de vivre avec sa fille toute l’année. Puis il y a celui qui est convaincu que son engagement aux côtés d’un parti extrémiste aidera au redressement de la France, celui qui ne peut accepter les lointaines origines de son enfant à naître... Enfin, un large panel des problèmes de notre société : pauvreté, chômage, racisme, intolérance, évolution et changement des modèles sociaux, associés parfois à leurs décisions légères ou contestataires, forment un bûcher sur lequel s’enflammeront leurs illusions.

Malgré la liberté prise par l’auteur pour faire évoluer chaque histoire, rien ne paraît invraisemblable. Pour autant, leur brièveté m’a laissé un sentiment d’inachevé.

Cet opus ne m’a pas laissée insensible mais il ne m’a pas non plus bouleversée. Est-ce le style journalistique associé à l’histoire romanesque ? Est-ce mon attente d’un plus long développement pour chaque histoire ou alors, aurais-je préféré que chaque cause de désillusion soit réunie pour écrire un seul roman ou chronique sociale ?

Je remercie la Fondation Orange et Lecteurs. Com pour ce cadeau surprise que j’ai eu plaisir à découvrir.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Hommes des tempêtes

Tous les soirs j’ai eu hâte de remonter sur ce bateau et de retrouver le narrateur, parti sur le Joseph Roty II quatre mois, pour filmer un équipage de 55 personnes en pleine campagne de pêche du merlan bleu en Atlantique nord. Le lecteur et le narrateur se trouvent embarqués sur ce bateau-usine et vivent au rythme des tempêtes, des bancs de poissons, et découvrent la promiscuité, la peur, le courage, les odeurs entêtantes, l’angoisse, l’inquiétude de rentrer bredouille et de ne pas ramener la paie à leur famille restée à terre. A chaque page, le danger est là, mais la solidarité aussi.

Ce roman est vraiment magnifique. Il transporte. Il prend aux tripes. On se noie d’émotions et de sensations. Il est fort, puissant comme tous les portraits de pêcheurs qui y sont décrits, avec leurs joies, leurs forces, leurs faiblesses. C’est un combat de tous les jours, un monde à part, de solitude souvent, d’oubli, de choix plus ou moins assumés, de liberté.

J’ai ressenti les mêmes émotions que dans « Le grand marin » de C. Poulain et j’ai hâte de voir le documentaire de l’auteur.

Une pépite à découvrir.

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Le Bûcher des illusions

Frédéric Brunnquell nous parle dans le livre « Le bûcher des illusions » composé de sept nouvelles, du quotidien de sept personnages « semi imaginaires », écrits à partir de témoignages réels recueillis lors de rencontres. Le point commun entre tous (et le plus souvent toutes), quelle que soit leur statut, femme de marin , vendeuse de journaux, infirmière, costumière, aide-soignante ou gérant de supermarché, est la difficulté de leurs vies, le plus souvent sur le fil, rongées par la crainte de ne pas s’en sortir, de perdre le peu qu’ils ont et de finir marginalisés. Il travaillent, bricolent, traficotent, galèrent… essaient de s’en sortir dignement, mais ils sont souvent dépassés, déjà désabusés et en veulent au monde tel qu’il va, où l’on n’achète plus de journaux, où le travail est rare, les salaires bas, les ouvriers disparus et les usines fermées, le RN en embuscade… Certains récits sont émouvants, authentiques, mais d'autres plus naïfs (caricaturaux ?) et rapides ce qui empêche de vraiment s’attacher à ces héros cabossés.
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Le Bûcher des illusions

Huit nouvelles, huit regards portés sur ces déclassés de la société, ces miséreux, ces incertains. On s'attache à certains portraits plus qu'à d'autres, c'est le charme de la nouvelle.

En tout cas, l'auteur a le mérite de mettre en lumière des personnages du quotidien qui jonglent avec des fins de mois difficiles, cherchent malgré leur précarité un sens à leur existence. J'ai bien aimé lire ces destins croisés, ces histoires simples. A travers ces nouvelles, on s'intéresse à la classe moyenne, à la majorité silencieuse, à ses failles et ses espoirs.
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Le Bûcher des illusions

Ils s'appellent Soazic, Marc ou encore Sylvie, ce sont des anonymes et pourtant le temps d'une nouvelle leur histoire va se jouer sous nos yeux mais ce n'est pas leur histoire c'est celle de milliers de français qui tentent d'accéder le niveau supérieur de l'échelle sociale. S'ils la touchent du doigt c'est pour mieux en redescendre car l'époque dans laquelle ils évoluent ne leur fait aucun cadeau.

"Le bûcher des illusions" c'est donc un recueil de nouvelles cruellement réalistes qui choisit de ne pas romancer la réalité
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Hommes des tempêtes

Livre immersif. On embarque sur Joseph Roty II, le plus grand bateau de pêche français, avec l’écrivain qui nous immerge dans la vie à bord à la mesure et à la densité de ses mots, de ses phrases, de ses émotions. Expérience d’une dense réalité, tant dans le récit que dans l’existence atypique de ces marins qui passent neuf mois de l’année en mer.
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Le Bûcher des illusions

« Le bûcher des illusions » de Frédéric Brunnquell est le récit de sept petites gens, confrontés aux difficultés de la vie.



« J’ai vécu des mois avec ces personnes.

J’ai essayé de les comprendre.

Toutes m’ont ému. Je me suis pris à extrapoler leurs vies pour leur accorder le droit au romanesque.

Il était une fois… »

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Le Bûcher des illusions

Le bûcher des illusions vient illustrer cette France des petits, celle pour qui chaque jour est un combat, qui, peut-être même à certains moments s'est illusionnée sur sa capacité à pouvoir changer de classe sociale. 



Certains portraits sont émouvants - j'ai aimé le chapitre Soazig par exemple, celui de Sylvie ou encore celui de Dominique - mais dans l'ensemble, je n'ai pas été convaincue. En effet, le discours est très fataliste : il n'est pas possible de s'en sortir pour les petites professions ou les gens sans qualification, et cela se transmet de génération en génération... 



J'avoue que pour ma part, je ne me suis pas sentie en phase avec ce discours, certains semblant un peu "clichés" (peut-on attendre une prise en charge systématique de l’État, alors qu'on a volontairement choisi de s'affranchir de sa proposition de fonctionnement - déclarer son travail, cotiser pour un chômage, une retraite, ...). Certains chapitres amènent ainsi à réfléchir à ce sujet, mais les personnages sont clivants : on se reconnaît dans le discours des personnages ou non, il n'y a pas de demi-mesure possible. 



Pour ma part, j'ai tout de même le sentiment que la mauvaise fortune d'une grande partie des personnages relève davantage de choix de vie que de coups du sort, et j'ai eu beaucoup de mal à avoir de l'empathie pour eux. Je ne dis pas que certains n'ont pas la vie difficile, mais je ne sais pas si ces portraits le reflètent vraiment - il n'y a pas eu de famille immigrée, avec des travailleurs qui toute leur vie se battent, sans aucune qualification, et la volonté de s'en sortir en comptant le moins possible sur les autres. Ici, je regrette de le dire, mais une grande partie des portraits repose sur l'assistanat, le revendique et n'envisage pas d'autre solution "honnête". Les illusions restent donc très personnelles, et basées sur des croyances, elles-mêmes ... personnelles. Il n'y a pas eu de promesses non tenues. J'ai eu du mal à deviner l'orientation de l'auteur à ce sujet d'ailleurs... 



Ce ne sera définitivement pas le livre de l'année pour moi. Je serais ravie d'échanger sur ce livre avec ceux qui l'auront lu :)
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Hommes des tempêtes

On est bien avec ces ­marins, on les voit vivre, travailler, dormir, manger et essuyer les grains. On les suit. On entend ce qu’ils vivent et confient. Brunnquell a tourné et retourné autour de ce «paradoxe de la liberté des ­marins».
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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