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Citations de Frederic Prokosch (69)


Ferme tes yeux ma chérie,
Laisse tes bras reposer enfin.
Le lac de la déception est tranquille
Le vent du désir a soufflé,

Les vagues sur les sables désespérés
Remplissent mon coeur et raccourcissent mes jours,
Sous les caresses de tes mains vagabondes
Toutes mes douleurs s'évanouissent.
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L'orme laisse pendre ses bras, sur la colline
La chaumière fume. Les moutons sont en fleurs
Eparpillés dans la prairie: doucement
Les rayons du soleil déclinent:

Septembre: ah mais, à jamais ces atmosphères, ces heures
Mûriront sans moi, paisibles les amours
Partagées, la fidélité
Les longs jours calmes

Maintenant à jamais au coeur du souvenir perdu
Où ce regard fixe et bleu
Brûle encore: adorable
Encore, perfide toujours.
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Il nous faut encore découvrir et supporter l’éphémère
De la jeunesse resplendissante et la fuite
Irrémédiable des délices, nos vallées adorées,
Nos vagues, et s’étonner. Jupiter miroite,
La nuit est humaine et tranquille. La lune
Pose sa lueur monastique sur les légendes des forêts.
On entend un appel, la vie. Et les voix mobiles
De l’oublié deviendront ma forêt, ma légende.
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L'une après l'autre, les ombres de l'amour
Tombaient sur le dormeur nu à mon côté.
Une veine bleue palpitait, c'était le plein minuit.
"Cela - pensai-je - est tout mon bien.
Après, je n'ai plus rien." Cette pensée étrange
En entraîna d'autres dans mon esprit de minuit,
"Rien". Le lierre à minuit se plaignait sous la pluie.
"Rien que les os; rien que les rochers, le vide, les grottes".
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Les crises de notre vie gisent, sombres et
indistinctes, au fond de l'océan de la mémoire, comme des bêtes aquatiques flottant dans un obscur univers sous-marin, tandis que certains petits incidents fortuites brillent comme des coraux, nets et luisants, baignés d'une signification qui n'est pas tout à fait la leur.
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Frederic Prokosch
Pour être véridique, on doit toujours mentir un peu, tout comme on doit pour mentir être un peu véridique.
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Les poupées

Je les ai trouvées gisant sur le rivage,
Formes tendres, des lèvres perlées et des yeux en amande:
Nuit après nuit à mes côtés leurs mains implorent
Des grâces attendrissantes.

Elles s'insinuent dans ma nuit secrète
Avec leurs bras pâles et terrifiants
Et offrent avec un plaisir sombre
Leurs charmes subtils et suicidaires.

Doucement elles me susurrent
Des folies à moitié exprimées,
Et quand je rêve à la mort je trouve
De petites larmes de verre sur mon lit.

Ce sont les enfants du désir,
Elles vivent de peur, elles sont mes pensées,
Cachées aux yeux de feu,
Elle sont les furies de mon sommeil.
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Un jour, chez Adolfo, je rencontrai Peggy Guggenheim. Elle était assise sur la terrasse ; je lui portai à boire. Elle me fit un charmant sourire. Elle était rien moins que belle. Son corps demeurait beau mais elle avait le visage étrangement marqué, et des cheveux d'une huileuse et déconcertante noirceur. C'étaient ses yeux qui me plaisaient, et surtout son sourire. Elle avait un sourire si enchanteur que je comprenais pourquoi tant d'hommes étaient tombés amoureux d'elle. Même des hommes d'une grande austérité comme Brâncusi et Beckett, et des hommes d'une féroce perspicacité comme Max Ernst et Marcel Duchamp.
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Vint le froid. L'armure fragile et crissante de bronze violacé qui revêtait les jardins du Luxembourg céda la place à une monotone grisaille embrumée. Le frais soleil d'octobre déserta les rives de la Seine. Les branches d'arbres pendaient d'un air aussi inconsolable qu'un châle de vieille dame. Tous les volets étaient clos le long de l'avenue Gabriel et les murs sombraient dans un lavis de gris ternes et de mauves ridés. Toute la ville semblait plongée dans l'ombre, hantée, impénétrable.
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- Voici ton vieil oncle Franz, mon chéri. Il a été tué en duel à Karlsbad. Et ceci est ton oncle Willibald. Il est mort à Prague, d'épilepsie.
Elle tourna la page en poussant un soupir et m'indiquant du doigt un homme trapu vêtu d'un costume alpin :
- Et voilà ton oncle Claudius qui a étudié la philosophie. Il a quitté Vienne à la suite d'un scandale. Il vit au Wisconsin.
- Où est le Wisconsin ?
- En Amérique, mon chéri.
- Comment est-ce ?
- Assez sauvage , j'imagine.
- Est-ce qu'il y a des tigres ?
- C'est tout à fait possible.
- Et des éléphants ?
- Qui sait ?
- Qu'est-ce qu'il fait, l'oncle Claudius, maman ?
- Il écrit un livre, si je ne me trompe. C'est un homme étrange, un ours mal léché. Il est marié avec ta tante Elfrida, qui a vécu en Orient et refuse de manger du bœuf, et fait de drôles de petits exercices.
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Mais ce qui m'intéressait le plus, c'était la géographie. Je restais pendant des heures en contemplation devant les cartes. Je tombais amoureux des innombrables coins du monde. Il suffisait que je passe le doigt le long de la ligne noire et tortueuse d'une côte ou d'un fleuve pour que surgissent devant mes yeux de tempétueux paysages : étendues couvertes de roseaux en Patagonie, dômes de cristal dans les îles Aléoutiennes, épais fourrés empoisonnés du Sarawak.
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Je suis né dans les bois de la Carinthie un matin d'été en 1914, et le hasard voulu que ce même jour un coup de feu fut tiré à Sarajevo.
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Mr. Waterman était un monsieur à cheveux blancs, en costume rayé noir. Il croyait aux agréments de l'existence autant qu'aux traditions. La vieille marquise malicieuse qui présidait le club de bridge avait coutume de déclarer : "Au lieu d'encre, monsieur Waterman est rempli de whisky."
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Quand j'ai renoncé au théâtre, je me suis mise au chant. J'avais alors un peu plus de vingt ans. J'interprétais des mélodies de Fauré, de Debussy et de ce cher vieux Reynaldo Hahn qui était un ami de ma famille. Après cela j'ai fait de l'aquarelle. Des fleurs surtout : des roses, des pivoines. Et de temps en temps, bien sûr, un nu. Ce fut ma vraie période de vie de bohème. J'ai connu Van Dongen et Berthe Morisot. J'ai rencontré Proust un jour au Bois. J'étais pleine de curiosité, pour parler avec bienséance. Je couchais avec tous les hommes qui me tombaient sous la main. Je prenais de la cocaïne. J'ai même été un peu lesbienne. Tout cela bien innocemment, remarquez ! Je ne peux pas m'empêcher de penser que les choses se passent à présent d'une tout autre manière. L'ardeur, la fraîcheur ont disparu. Ces jeunes gens d'aujourd'hui n'ont pas d'élan. Ils sont vidés, infiniment las. Encore une tasse ? Je vous en prie, appelez-moi Isabelle. Et si vous permettez, je vous appellerai Henry...
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Mon oncle Claudius passait le plus clair de ses journées vêtu d'un pyjama rayé rose, sur lequel les traînées de miel, la transpiration, l'huile d'olive mettaient d'abondantes taches. Il restait assis dans son fauteuil à bascule, à l'ombre d'un érable, et gribouillait avec fièvre, au crayon de couleur - un jour bleu, rouge le lendemain - une "Encyclopédie de l'Esprit humain" : c'était, disait-il, un compendium général de tous les dogmes et doctrines, superstitions et tabous, panacées et utopies qui ont empoisonné cette planète. Il portait un vieux chapeau de cow-boy et une bouteille de bière au gingembre était posée à côté de lui. Quelquefois, à l'approche du crépuscule, il s'endormait et le fauteuil se balançait au rythme de ses ronflements. Quand il se réveillait, il me fixait du regard ambigu de son œil de verre. Sa voix émergeait lentement, non de ses cordes vocales, semblait-il, mais en puissantes vibrations issues de son torse en forme de tambour.
- As-tu appris tes leçons, Henry ?
- Oui, Oncle Claudius.
- Qu'as-tu appris ? Quelque chose d'utile ?
- Je n'en suis pas sûr, oncle Claudius.
- Combien font onze plus quatre ?
- Est-ce quinze ? plaidai-je.
- Et douze moins sept ?
- Est-ce cinq ? demandai-je humblement.
- Où est Tombouctou, mon garçon ?
- Est-ce quelque part en Afrique ?
- Qui est Hamlet ? rugit l'oncle Claudius.
- C'était un jeune homme triste dans une pièce de théâtre, avec de longs bas noirs et un crâne à la main, répondis-je joyeusement.
- Ollé ! rugit l'oncle Claudius. Voilà une conduite que j'approuve ! Continue à t'élargir l'esprit, mon garçon, et tu seras millionnaire un jour !
Et il buvait à petites gorgées, à même sa bouteille tiède, ramassait son crayon rouge et se lançait dans un nouveau paragraphe sur l'hypnotisme en Hongrie ou la lévitation à Bornéo.
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Mrs. Munson se penchait en avant. Elle portait un long manteau de vision, et ses sombres yeux saillants la faisaient ressembler à un rongeur géant.
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- Dis-moi, Stella. Comment imagines-tu le bonheur parfait ?
Un éclair fugitif de gaieté illumina son visage, suivi d'un petit nuage qui se dissipa lentement.
- Le bonheur ? Vraiment, Enrico, tu emploies constamment de drôles de mots démodés !
- Mais cela existe encore, tu ne crois pas ? De temps en temps ? De loin en loin ?
- Et bien, dit Stella, j'ai toujours eu une image cachée au fond de mon esprit. Une petite maison au bord d'une plage. Des palmiers. Des papillons. Des abeilles.
- Ah oui ? Quoi d'autre ?
- Je plonge dans l'eau. Toute nue. Seule dans cette solitude.
- Oui ? Et alors ?
- Je m'impatiente. Je me mets à m'agiter et je languis...
- Après quoi ?
- Oh, disons : après un beau Tarzan.
- Et que lui reproches-tu, à ce rêve, si je peux te demander ?
- Tout, chéri. Il s'écroule et quelque chose d'assez horrible s'introduit en rampant dans le tableau.
- Le serpent. Je vois.
- Oh, c'est pire que le serpent, Enrico ! C'est un horrible singe velu qui ne cesse de lorgner entre les feuilles...
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Une fois de temps en temps, poussé par la seule oisiveté, j'allais rendre visite à Mme Slama. Elle trônait dans la pénombre de son salon, entourée de ses bégonias en pots. Au mur pendaient un masque inca, un moulin à prières tibétain et deux cymbales javanaises. Un parfum de santal imprégnait l'air ; il s'y mêlait quelques relents de salami et une odeur de potiron qui était l'arôme personnel de ma logeuse.
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Nous parlâmes de fantômes. Toni évoqua un rossignol géant, dans un château du Tyrol, qui s'agrippait au bord des fenêtres pour chanter à l'intention des dormeurs inquiets. Il chantait des chants qu'ils n'entendaient qu'au fond de leurs rêves, mais qui les hantaient ensuite à jamais comme les terreurs de l'enfance.
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Je tournais en hâte l'angle de la rue de Beaujolais, grimpai l'escalier, et actionnai la sonnette jaune. Une femme en robe à pois m'ouvrit la porte et m'introduisit dans le "studio", petite pièce encombrée de coussins et de livres, outre un vase de roses et une boîte de papillons.
Elle était là elle-même, étrangement solennelle parmi ses coussins, pas du tout ce à quoi je m'attendais : triste, maigre et très ridée, avec des poches sous ses yeux de la couleur des violettes. Ses cheveux semblaient roussis à la flamme. Sur les épaules, elle portait une écharpe de soie marron ; sous la soie, je distinguais la forme de ses épaules osseuses, qui semblaient fléchir sous le poids des joies passées et des misères présentes. Cette écharpe marron foncé avait un air un peu cérémonieux ; elle pendait sur ses épaules comme la nappe d'un autel, et cette vision de Colette avait de la grandeur aussi bien que de la tristesse. Ses rides devenaient éloquentes, comme la calligraphie d'un recueil de cantiques.
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