AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Frederick Exley (95)


J’ai également compris que la plupart des médecins –en tout cas, ceux avec qui j’étais en contact- n’étaient pas particulièrement compétents, et acceptaient en bloc les définitions de la normalité que la société leur avait imposées. Pour la plupart, ils ne considéraient pas de leur ressort de creuser les réalités étranges, angoissées et perverses que nous nous étions fabriquées. Surtout sans doute par manque de temps et dans l’ignorance de leurs propres faiblesses, ils trouvaient plus simple de rayer nos réalités pour les remplacer par celles de la société.
Commenter  J’apprécie          170
"Car mon cœur, écrivis-je, penchera toujours du côté de l’ivrogne, du poète, du prophète, du criminel, du peintre, du fou, de tous ceux qui aspirent à s’isoler de la banalité du quotidien."
Commenter  J’apprécie          160
Sois heureuse et dis à mes fils que j'étais un ivrogne, un rêveur, un être faible, un fou, mais ne dis jamais que je ne les ai pas aimés.
Commenter  J’apprécie          140
Debout à la proue du bateau, tandis que les embruns de l’Hudson se mêlaient aux rayons du soleil, je levai le regard dans la brume d’eau et de chaleur, et découvris, à mon grand étonnement, non pas quantité de tours mais une seule colonne majestueuse et dorée. S’il ombre d’or projetée sur l’eau évoquait un bras m’apportant sa bénédiction, comme s’engageant à ne rien me refuser.
Commenter  J’apprécie          140
Quelques années plus tard, en ouvrant le journal, j’appris que Robert R. Young, après avoir avalé œufs et jambon au petit-déjeuner, était remonté dans son bureau, avait calé le canon d’un fusil à pompe dans sa bouche et s’était fait exploser la cervelle. Cela me fit sourire. Il n’y avait rien de vindicatif dans ce sourire : je n’avais jamais considéré Young comme un homme de chair et de sang. Pour moi, ce n’était qu’un petit être guilleret que je voyais sautiller en haut de Grand Central, entouré d’une escouade d’encravatés. Je n’avais jamais cru en sa réalité. Je souris car tous ceux que je connaissais à New-York Central […] pensaient que Young était un homme décidé, un homme qui allait sauver l’industrie tout entière de quelques prises de décisions bien senties, de transport intermodal, de trains ultralégers et de prestations sur tout le territoire, oui monsieur ! Et mon sourire se fit triste, puis éploré : Young, avec ce seul beau geste, était devenu vivant pour moi, était devenu un homme. Car le suicide est le plus éloquent cri du cœur de ceux qui cherchent en vain leur chemin.
Commenter  J’apprécie          140
Dans un pays où le mouvement est la plus grande des vertus, où le claquement rapide des talons sur le bitume est érigé en sainte valeur, rester allongé pendant six mois relève du geste grandiose, rebelle et édifiant.
Commenter  J’apprécie          140
Le problème de l’écriture – que l’écrivain soit talentueux ou non, c’est qu’au bout d’un moment, celui qui écrit se détache des relations humaines et devient d’une certaine façon inhumain.
Commenter  J’apprécie          132
A la lecture de nombreux livres sur « l’art du roman », je m’étais persuadé que, telle Athéna, déesse de la sagesse qui avait surgi toute formée de la tête de Zeus, l’univers majestueux de mon roman déferlerait dès que j’aurais « vu » ma première phrase –telles les chutes du Niagara à travers une tête d’épingle. J’écrivis « Je vis à Scarsdale », ajoutait un point, et passai les semaines qui suivirent à fixer ces mots d’un regard morose. Ils me rendaient triste. Neuf mois plus tard, après de nombreuses réécritures et fioritures, je me retrouvai avec « Seul, je vis à Scarsdale, Westchester County, New York, à vingt, vingt-cinq minutes de la gare Grand Central, sur la ligne de chemin de fer de New-York. » Le livre était désormais prêt à jaillir de moi, mais comme je n’avais pas écrit un seul autre mot, j’étais toujours triste.
Commenter  J’apprécie          120
Lorsqu'on s'attend au pire, plus rien ne peut vous atteindre.
Commenter  J’apprécie          110
Le peu d'amis que j'avais eus étaient désormais mariés et pères de famille. Enfermés à double tour derrière leurs pelouses parfaitement entretenues et leurs maisons en bois blanc, avec leurs jolis enfants et leurs femmes frigides et angoissées, ils manoeuvraient pour entrer au Black River Valley Club – l'institution la plus vénérable de la ville –, sans se demander à quoi ils allaient bien pouvoir se consacrer une fois ce rêve réalisé.
Commenter  J’apprécie          110
Je m’étais battu car j’avais compris sans le vouloir, que contrairement à mon père, dont le destin avait été de vivre porté par les clameurs, le mien était de rester cantonné dans les gradins avec la foule et d’acclamer les autres. C’était mon sort, mon destin, ma fin que d’être supporter.
Commenter  J’apprécie          110
« Plutarque, ça a l’air d’être un bouquin sacrément cochon. Va falloir que ce bon vieux Bumpy s’en procure en exemplaire. »
Commenter  J’apprécie          110
Nous avions déçu nos familles par notre incapacité à fonctionner correctement en société (une définition de la folie qui en valait bien d’autres). Nos familles, les yeux emplis de larmes et d’auto-apitoiement, avaient prié les médecins de nous donner à nouveau l’envie de redémarrer dans la bonne direction. Ces directions –une famille et une femme, un poste de vice-président et une Cadillac- variaient selon le terne aveuglement familial.
Commenter  J’apprécie          110
Là où, pour reprendre la fameuse phrase de Fitzgerald, « les riches se retrouvent entre eux »
Commenter  J’apprécie          100
Je pleurai jusqu'à l'hystérie, persuadé comme Marche, le héros de Henry James qui savait dès le début qu'une bête rôdait dans son âme, que si jamais je me décidais à vivre, ma vie serait bien plus passionnante que celle des autres, et qu'elle s'offrirait à moi dans cette ville, Chicago.
Commenter  J’apprécie          90
Chez Sam l’on servait des sandwichs de fines tranches de roast-beef fondant et, en une journée, j’en avalais trois ou quatre avec salade, mayonnaise, poivre et sel. Sachant que le cancer se manifestait par une perte de poids soudaine, souvent à la fin de la maladie, je me goinfrais, afin de retarder autant que possible les trompettes de la mort annonçant le moment où j’allais devoir poser le canon du pistolet sur ma tempe. Ainsi devins-je le premier homme dans l’histoire de la médecine à prendre dix kilos tout en mourant d’un cancer.
Commenter  J’apprécie          80
Au bout d’un mois d’abstinence, je voyais le monde avec une telle acuité que cela en devenait insoutenable, j’étais maladivement clairvoyant, avec des aperçus de l’univers dont je me détournais immédiatement. Contrairement à certains, je n’avais pas bu pour faire preuve de témérité, de charme ou d’esprit ; j’avais utilisé l’alcool pour ce qu’il était précisément, un dépresseur me permettant de maîtriser l’excitation mentale produite par une longue abstinence alcoolique.
Commenter  J’apprécie          80
Le problème de l’écriture –que l’écrivain soit talentueux ou non, c’est qu’au bout d’un moment, celui qui écrit se détache des relations humaines et devient d’une certaine façon inhumain.
Commenter  J’apprécie          70
[…] nous nous entassâmes dans la voiture pour aller à l’hôpital, un voyage que je pensais durer trois semaines, au pire, trois mois, et qui prit fin au bout de trois ans. Cela prit tant de temps car je ne savais pas grand-chose à l’époque, pas même ce que Shakespeare avait saisi trois siècles plus tôt : que l’on ne peut « soigner l’âme malade », et que « c’est le malade qui se soigne lui-même ».
Commenter  J’apprécie          71
Je suivais les comédies bon enfant qui ne faisaient naître nul autre rire que ceux préenregistrés, dignes d’Orwell. Sous-entendant, par sa sinistre intimidation, qu’il existait à quelques encablures de là une terre verdoyante de salut où des êtres joufflus et raffinés saisissaient des choses qui échappaient à mon sens brutal de l’humour, ce rire ne faisait que renforcer mon amertume. Plus les fous rires s’amplifiaient, plus mon dégoût devenait sévère et puritain, jusqu’à ce que je me sente dans la peau d’un presbytérien borné parcourant Rabelais.
Commenter  J’apprécie          70



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frederick Exley (597)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Medecin Malgrès lui

Quelle est la fille de Géronte ?

Lucinde
Martine
Jacqueline

3 questions
44 lecteurs ont répondu
Thème : Le médecin malgré lui de MolièreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}