Avec ce roman, Gabino Iglesias invente un nouveau genre littéraire : le barrio noir. Kézaco me demanderez-vous ? L’auteur le définit comme un roman noir dans lequel la violence est omniprésente mais dont l’intrigue doit aussi être fortement empreinte du multiculturalisme et du bilinguisme propre à l’exil. Ultime condition, et non des moindres, le récit doit intégrer une dimension mystique non négligeable, quitte à flirter avec le fantastique.
Voilà le cocktail détonant que vous aurez entre les mains en ouvrant Santa Muerte. Le multiculturalisme étant parfaitement représenté par le personnage principal, Fernando, un antihéros par excellence partagé entre les traditions de ses origines mexicaines et sa vie actuelle aux USA.
L’auteur opte pour un récit à la première personne afin de nous plonger au cœur de l’action dans la peau de Fernando. Bien que le gars soit un dealer notable, il est difficile de ne pas éprouver une certaine sympathie pour ce héros un peu dépassé par l’ampleur des événements, mais décidé à faire face au mieux, sans se dégonfler.
Un roman court mais intense au niveau de l’action. Gabino Iglesiais ne vous laissera guère le temps de reprendre votre souffle entre deux poussées d’adrénaline. Le rythme est assuré par des chapitres courts, une écriture sans fioritures et très visuelle. Après tout, nul besoin de prendre des gants quand on veut en foutre plein la tronche à son interlocuteur (le lecteur en l’occurrence).
Et c’est exactement ce que fait Gabino Iglesias avec Santa Muerte. Le bouquin se dévore d’une traite (pas en apnée, mais presque), vous le refermerez à bout de souffle, à la limite du KO technique.
Je pourrai modérer mon enthousiasme en vous disant que j’ai trouvé le bouquin un peu court ; et c’est vrai que j’aurai aimé prolonger l’expérience, mais tout est dit et bien dit, il n’y aurait pas grand chose (sinon rien) à ajouter.
En voulant faire un rapprochement cinématographique j’aurai été tenté de citer instinctivement Quentin Tarantino en pensant au film Reservoir Dogs, mais à la réflexion, le choix de son complice, Robert Rodriguez avec le film Desperado me semble bien plus adapté à l’esprit du roman.
Bref tout ça pour vous dire que ça dépote grave dans ce bouquin mais sans trop se prendre au sérieux. Les morts brutales seront légion au court de ces quelques pages, mais l’intrigue a un côté tellement barré qu’on ne peut la prendre pour argent comptant (un peu à la façon d’un Bourbon Kid).
Derrière cette débauche de violence se cache aussi une réflexion plus profonde sur l’envers du décor du fameux rêve américain pour tous les immigrés qui viennent tenter leur chance de l’autre côté de la frontière (chapitre 6).
Gabino Iglesias a publié un second roman, toujours fidèle à l’esprit du barrio noir, inutile de vous dire qu’il me tarde de le découvrir en français…
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