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Citations de Gabrielle Danoux (77)


Là où la soif de savoir est absente, des espaces se créent. Les diplômés ont tout le temps au cours de leur carrière pour oublier leurs chères connaissances et s’insérer dans la société de consommation. Leur activité la plus intellectuelle consiste dès lors à programmer leur smartphone, qui l’est devenu à leur place
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Constantin Alexandru Rosetti (1816-1885)

À qui la faute ?

Jadis tu me disais jusqu’à la mort conserver
Pour moi, ton amour tout entier
Tu m’as oublié, tu as tout laissé
Ainsi va le monde, ce n’est pas ta faute.

Jadis tu me disais, ah, mon amoureux :
« Ma partie des cieux à toi je donnerai » ;
Tout est perdu, tout est oublié
Ainsi va le siècle, ce n’est pas ta faute.

Quand tu versais, des larmes agenouillé devant moi
Et que tu me disais : « ô ma chère je ne t’oublierai pas ! »
Aussitôt je fus oubliée, morte même pour toi ;
La temps efface tout, ce n’est pas ta faute.

Quand dans mes bras je t’avais, ta lèvre douce
La rosée du bonheur sur la mienne déposait
Désormais du poison et du venin y poussent
Ainsi est ton sexe, ce n’est pas ta faute.

L’or et la gloire chassèrent ton amour
Et je vis ta foi au vent voler
La plaie cicatrisée, ton envie envolée
Ainsi est ton sexe, ce n’est pas ta faute.

Honneur et amour, affection, et foi
Hier à moi tu les jurais, aujourd’hui à tout va ;
Tu ne connais point l’amour, ni le repentir
Ainsi est ton sexe, ce n’est pas ta faute.

Par delà ta manifeste mauvaise foi,
Mon cœur toujours bat quand je te vois ;
Ange tu es pour moi, bien saint être
Ainsi va l’amour, ce n’est pas ma faute !
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Il fréquentait aussi les meilleurs médecins de la ville, tout du moins ceux appartenant au secteur non conventionné qui pratiquaient les tarifs nécessitant la fourniture la plus importante de billets de banque frais . . .
jusqu’à ce qu’il se décide à consulter le traditionnel rebouteux de Brichamps, devenu grâce à la modernisation de la société naturopathe diplômé par validation des acquis de l’expérience.
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Vous l'avez peut-être déjà remarqué les nouvelles sont toujours colportées par paires, sournoises chaussettes des concours de circonstances. Une bonne et une mauvaise, et on nous laisse l'illusion du choix, de la primauté du bien sur le mal ou l'inverse selon qu'on veuille garder le meilleur pour cette insatiable faim, comme si le bon ou le mauvais étaient vraiment universels. Pour monsieur Voltaire, les "bonne nouvelles sont toujours retardées, et les mauvaises ont des ailes."
La bonne nouvelle c'est que je me suis enfin décidée, je commence aujourd'hui même. Pour ce qui est de la mauvaise, je voudrais vous ménager, mais je crains que vous ne l'ayez déjà deviné. Sa fin est improbable : non pas dans sa qualité, ou dans son effet de surprise, mais dans sa matérialité. L'incertitude de l'achèvement est presque acquise.
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Il faut bien habiter et avoir habité quelque part. J’ai habité bien longtemps à Brichamps, durant toute mon enfance. C’était avant, avant que le nom de la ville ne devienne connu plus qu’un autre puis plus que n’importe quel autre. Un peu comme la ville d’Outreau en France a été le théâtre, comme si l’art de la comédie avait joué un rôle dans tout cela, de l’affaire éponyme, Brichamps est désormais la ville où a eu lieu la double tragédie de Brichamps.
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Au moins espère-t-on que les dirigeants des bénéficiaires des commandes publiques se portent aussi bien, c’est-à-dire sirotent tranquillement quelque cocktail sucré en bonne compagnie sur une quelconque plage de l’île de Niue en caressant délicatement la pensée du solde du compte de leur fiducie dans sa banque locale ou pas, que les néo-terroristes du groupement pour le graffiti au feutre (GGAFii), qui sévit aujourd’hui, avec la propagation malsaine et le péril pour la démocratie que nous connaissons.
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Katsuhito Ishii choisit dans son film The Taste of Tea (Le goût du thé) un grand-père veuf : il semble fantasque, mais en réalité son diapason est simplement là pour lui permettre de ne jamais être faux. Il lègue à chacun des siens un livre « parfait », le mouvement du statique comme une image synthétique et symbolique, essence de ce pour quoi il les aime.
Quelle morte pourrait bien incarner pour moi cette impossible rédemption ? Ainsi donc ma nouvelle est rédemption. Désormais je traduis.
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Mais cela ne s’arrêtait pas là et dès son entrée, il rapporte une anecdote surprenante. En demandant au concierge du tribunal où et à qui se présenter, il lui signale dès son arrivée la présence d’une feuille de haschisch taguée à l’entrée du tribunal et s’étonne qu’elle soit toujours présente une semaine plus tard. Il faut dire qu’il n’est entré en France qu’à dix-huit ans pour étudier et n’a donc pas pu connaître en profondeur les ressorts du racisme ordinaire. Le concierge a dû penser à « ce petit prétentieux de noir, arrivé et le premier jour, ça veut déjà nous donner des leçons dans notre pays et nous dire comment faire ». Mais surtout, il est probable que personne au tribunal de Brichamps n’ait su à quoi ressemblait véritablement une feuille de cannabis. Mieux encore, il montre une surprenante connaissance des méthodes de la criminalité organisée, soupçonne dans diverses enquêtes des structures-écran sans que personne, bien entendu, ne l’écoute jamais. Il en va de même lorsqu’il subodore des trafics connexes au travail clandestin, soupçonne la prostitution, les escroqueries à l’assurance chômage ou s’étonne des portées fiscales insoupçonnées des jugements, pressent des facturations de complaisance, des relais dans l’économie officielle, va jusqu’à supposer leurs noms.
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2. Tirée de « Ma Nouvelle » :
« Ma propre mère avait écrit d'inutiles pages de mémoires à l'attention de son petit-fils, dans le dessein de conserver pour lui la substantifique moelle de l'affaire une fois le volumineux dossier judiciaire broyé par le tri sélectif de la France devenue, comme dans la chanson de Camille Dalmais, "celle des photocopies". Si je me souviens de ses feuilles graisseuses et dont la taille des caractères variait sans cesse, au gré de l'importance présumée de l'exploit familial narré, c'est parce que je les ai jetées moi-même, et avec quelle assurance ! Sans douter le moins du monde du caractère indispensable de ce geste d'assainissement. Bien qu'elle ne soit pas réellement au courant, je crois que pour une fois elle ne serait pas en désaccord avec ma destruction. Peut-être écrivait-elle pour ne pas faire le ménage ? » (p. 152)
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Les gens riches étonnent en effet souvent par leur ignorance.
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Jadis, il était encore possible, rationnellement, d’échapper à ses poursuivants : changer de ville, de département, de pays. Les châtiments étaient souvent immédiats, infligés par des bourreaux, et pouvaient aller jusqu’à la mort. Les bourreaux sont désormais les magistrats, jadis roi Salomon, désormais simples bras armés des décideurs, chargés d’exécuter les procès en masse et statistiques.
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Le dessin qu’il conservait m’a fourni son vrai prénom : AROK, surnommé Arok le barbare. Les juges avaient donc fini par avoir sa peau.
Il ne me restait qu’à retrouver sa famille, si c’était possible. Mais je savais par où commencer…
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J'aimais me promener à toute époque à travers la nature. Au printemps, j'avais déjà guetté les perce-neige, les crocus dans les jardins pour sortir dès que possible dans le champ et la forêt cueillir les primevères, les stellaires, les cardamines, les anémones des bois, les pézizes.
Notre instituteur, qui n'est pas resté en poste bien longtemps, à peine plus de deux ans, m'avait beaucoup appris, grâce à l'étrange habitude qu'il avait de nous présenter dès le matin sa récolte de la veille et à nous inviter à en faire autant. Dans un monde de télévision, d'ordinateur, de jeux vidéo, de Facebook, Viadeo, Google, Twitter et autres smartphones, sa tentative ne recueillait que peu d'assentiment. Jusqu'à ce qu'un jour, cherchant le nom d'une espèce qu'il tenait à nous montrer, il se tourne vers Arielle, qui, à ma seule surprise, le reste de la classe étant occupé à bavarder identifia de son mince filet de voix un pin américain.
Le soir même je sautais sur mon vélo pour ramener ce que la saison permettait : linaires, vulnéraires, camomille ainsi que quelques champignons : russule charbonnière, lépiote élevée... J'arrivai bien plus tôt qu'à mon habitude à l'école et, embarrassé, je donnai à Arielle le sachet de ma récolte.
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Notre univers était celui des coïts volés, de l'envie douloureuse, de l'impatience. Rien de créé, ni de construit, la seule destruction du désir, les vêtements arrachés, la terrible fatigue après nous êtres vidés de nos fluides, le rhabillage embarrassé, le petit baiser pro forma, enfin le dégoût et les os brisés. La séparation urgente nous soulageait et nous pouvions bien jurer qu'on ne nous y prendrait plus... jusqu'à la prochaine fois.
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Quant aux autres personnes, elles m’importaient peu : je veillais surtout à leur cacher mes longues heures de lectures, mes curiosités intellectuelles, mon mépris pour les insuffisances scolaires, parentales, villageoises, mondiales.
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La littérature lobangaise malgré tout me poursuit, comme si je ne pouvais m’empêcher de le connaître toujours plus, lui qui avait été si proche (si éloigné) d’elle. J’ai appris à connaître ces auteurs dans leur maison, en lisant ses papiers perdus, ses trésors de guerre qu’il avait, quant à lui, consciencieusement accumulés sans en parler à personne, puis lus et annotés. J’aurais aimé qu’à force de séjours au pays, de rencontres, d’exploitations, le travail me conduise au fond des ténèbres. Au lieu de cela, les livres m’ont donné une lumière blafarde, mais débarrassée d’espoirs inutiles, presque gaie, certaine que la sienne lui ressemble.
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Un fortuné citait Balzac sans l’avoir lu : tant avant lui l’ont fait et il les a entendus faire. Je n’ai pu que lire Balzac et une petite centaine d’auteurs classiques de la littérature française. Que de peines cela m’a-t-il coûtées pour savoir où commencer ma liste de lectures essentielles et où l’arrêter !
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Gabrielle Danoux
Tout se trouvait pourtant juste à côté, il suffisait de quelques déductions faciles, à la portée de n’importe qui. Car que faire si ce n’est labourer sans cesse les mêmes sentiers, agiter les habituels sémaphores, ôter les mêmes œillères, se heurter aux mêmes faits, redire encore que tout a été dit avant, en mieux que moi, plus élégant, plus courageux, plus jeune, plus classique, plus riche, plus politique, plus artistique ?
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Costache Conachi (1777-1849)

Tu es l’unique sous les cieux…

Tu es l’unique sous les cieux
À mériter l’anneau
D’esprit, de verbe, de douceur,
De beauté et d’honneur.
D’un signe de ta main je lie
Toute ma mort, toute ma vie,
Car sur moi ton pouvoir
Est immense à s’émouvoir.
Je ne peux dire que je vis là
Quand ne suis pas dans tes bras,
Que de larmes j’ai, rien ne sens, ni ne vois,
Quand tu n’es pas auprès de moi.

(p. 13)
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Il s'est inspiré des plus grands chefs de la mafia, a doublé son activité d'une façade légale, la holding Mokram, miroir étrange et diurne de l'architecture invisible de son groupe. Subtil, il perd peu et blanchit beaucoup, jusque dans son exquise collection d'œuvres d'art. Son discours politique fut aisé à construire: favoriser l'attractivité fiscale et sociale de son pays afin d'attirer les capitaux massivement. Peut-être ironiquement, y croyait-il plus que les autres. On lui offrit en échange un poste de conseiller, puis d'ambassadeur qui ressemblaient fort à une sinécure.

Page 144
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